samedi 23 novembre 2024

appou uneLes premiers responsables de l'Office  national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), notamment les directeurs régionaux,  ont organisé une conférence de presse ce jeudi 21 avril 2022 à Ouagadougou. Cette rencontre avec les hommes de médias avait pour objectifs  de faire le point sur la situation globale de la desserte, les contraintes d'approvisionnement de la population en eau, les mesures d'atténuation et d’envisager les perspectives.

La nationale de  l'eau a pour missions principales d'assurer la production et la distribution de l'eau potable, mais également de créer et gérer des installations d'assainissement en milieu urbain et semi-urbain. Dans ce sens, elle couvre à l’échelle nationale 58 localités appelées centres ONEA. Cependant, nombre de ces centres connaissent des déficits dans l'approvisionnement en eau potable. Selon les conférenciers, l'ONEA a une capacité de production moyenne  journalière de 349 742m3, avec un déficit journalier d'environ 51 568 m3, ce qui  correspond au cumul des besoins des centres déficitaires.

appou 2À en croire les premiers responsables de l'ONEA, ce déficit résulte de plusieurs facteurs qui sont, entre autres, le contexte hydrogéologique défavorable ;  l'instabilité de la fourniture d'énergie électrique ; la démographie et l'urbanisation galopantes ; la situation sécuritaire dans certains centres comme Arbinda, Djibo, Titao, Tougan, Dori, Sebba, Diapaga, Pama, Gayéri, Gorom Gorom ; l'afflux des déplacés internes dans certains centres comme Kaya, Kongoussi, Fada, Djibo, Ouahigouya, Tougan et Toma ; les difficultés avec les propriétaires terriens pour la réalisation des investissements ; l'occupation des berges des barrages exploités et la pollution liée aux activités anthropiques.

"Aujourd'hui, nous ne pouvons pas dire que tout de suite nous allons satisfaire tous les besoins, c'est un peu difficile. Mais nous faisons de notre mieux pour que tout le monde ait de l'eau", a déclaré Francis D. Kéré, directeur régional de l'ONEA du Centre.

appou 3À court terme, l'ONEA compte renforcer sa production et la distribution, étendre les réseaux d'adduction et de distribution et réaliser des branchements ainsi que des bornes-fontaines. Il sera également question d'augmenter les capacités de pompage des stations de Ouagadougou, Koudougou, Dori, Kaya et bien d'autres villes et de procéder au raccordement de 43 forages dans plus de 20 centres.

À long terme, la nationale de l'eau va réaliser d'autres projets à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, mais également créer 5  centres de production d'eau à partir des barrages et lacs. Selon les conférenciers, d'autres projets d'alimentation en eau potable sont également prévus à Fada, Banfora, Niangoloko, Bérégadougou, Ouahigouya et Séguénéga. Au regard de tous les défis liés à l'accès à l'eau potable, les responsables de l'ONEA appellent chaque citoyen à agir de façon à assurer la pérennité de l’or bleu en facilitant l'accès au foncier, la protection de la ressource et à avoir un comportement éco-citoyen.

Barthélémy Paul Tindano

rité uneLe Burkina Faso fait face à une crise sécuritaire sans précédent. En effet, de nombreuses régions sont touchées par des attaques terroristes à répétition. Celle de l’Est est l’une dont les groupes armés contrôlent la majeure partie du territoire. Face à cette inquiétante situation, les populations de cette partie du pays ne cessent de lancer des cris du cœur aux autorités afin qu'elles volent à leur secours.

Kompienga, Gayéri, Nadiagou, Pama, Tankoalou, voilà autant de communes de la région de l’Est qui sont   devenues, de nos jours, tristement célèbres en raison de la récurrence des attaques terroristes qui y sont perpétrées. La Gnagna, qui était la seule province qui connaissait un calme relatif,  est aujourd’hui sous la menace des groupes armés. Cette situation est évidemment préoccupante pour la population de cette partie du Burkina Faso, qui élève la voix pour demander des actions concrètes aux nouvelles autorités afin d’y remédier.

riye 2« Aujourd’hui, les fils et filles de la région de l’Est ont le sentiment qu’ils sont délaissés au regard de tout ce que vous voyez. Plusieurs localités sont coupées du reste du pays, car il n’y a ni voie d’accès, ni eau potable, encore moins de quoi s’alimenter, ce qui pose problème (…). Ces populations, bien qu’elles  vivent dans le pays, ne s’y reconnaissent plus car elles sont carrément déconnectées », soutient Daaga Nassouri, député à l’Assemblée législative de Transition (ALT).

riye 3Pour Emmanuel Ouoba, coordonnateur du mouvement UGulmu Fi, le gouvernement doit réagir rapidement, car la population a perdu espoir dans certaines localités. « La situation sécuritaire est similaire à la situation des routes. C’est une dégradation continue.  En effet, le nombre de déplacés ne fait que croître dans la région et aujourd’hui, le nombre de localités touchées par la crise sécuritaire ne fait que croître également (…). Aujourd’hui les populations sont dans la détresse. Le cas le plus éloquent, c’est celui de la Kompienga où, pendant longtemps c’était le département de Madjoari qui était sous embargo. Aujourd’hui, c’est quasiment toute la province de la Kompienga qui est sous embargo », a-t-il précisé.

Lors de sa rencontre avec les directeurs de publication et les rédacteurs en chef des médias le 13 avril dernier, le président du Faso, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, avait assuré que l’armée était en train de monter en force et que les résultats seraient bientôt visibles. Il a affirmé par ailleurs que l’amée a eu du succès le 12 avril 2022 dans la région, sans donner plus de détails.  En tout cas, le président du Faso connaît bien cette région pour en avoir été le chef d’état-major tactique numéro 2 basé à Fada avant son accession au pouvoir.

Barthélémy Paul Tindano

aardr uneLors de sa présentation de la feuille de route de la Transition le 4 avril 2022 à l'Assemblée législative de Transition (ALT), le Premier ministre, Albert Ouédraogo, avait annoncé la suspension des recrutements sur mesures nouvelles. Une décision que le ministre de la Fonction publique, Bossolma Bazié, n'a pas tardé à appliquer.  Radars Info Burkina a interrogé quelques étudiants de l'université Joseph Ki-Zerbo sur cette mesure qui les concerne. Dans l'ensemble, ceux-ci saluent cette décision gouvernementale tout en demandant aux autorités de revoir à la hausse le nombre de postes à pourvoir dans les concours directs.

Selon la note du ministre Bassolma Bazié adressée aux autres ministres et présidents d'institutions, cette suspension a pour objectif d'améliorer la gouvernance de l'État, particulièrement la gestion des ressources humaines.  “Cette modalité de planification et de recrutement favorise la rupture du principe d'égalité des citoyens devant la loi. Ainsi, le recrutement sur mesures nouvelles ordinaires a été totalement dévoyé par l'absence de concours au sens strict et le recrutement sur mesures nouvelles spéciales sur la base des diplômes des écoles professionnelles n'est accessible qu'à une certaine catégorie sociale", a écrit le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale.

aardr 2De l’avis des étudiants que nous avons interrogés, cette décision est la bienvenue, car elle va permettre de corriger l'injustice dans la recherche de l'emploi dans la fonction publique.

"Les concours sur nouvelles mesures, c'est vrai, permettent à certains d’avoir des emplois, mais nous constatons que bon nombre d'étudiants qui prennent part à ces concours ne sont pas admis.(...) Nous constatons également qu'il y a des gens qui agissent dans l'ombre  pour intégrer des proches qui n'auraient pas dû être là-bas", déclare Julien Demé. À l'en croire, certaines personnes qui réussissent à ces concours sur mesures sont au-delà de la limite d’âge. "Si les autorités actuelles ont suspendu ce type de recrutement, cela veut dire qu'elles ont quelque chose de meilleur à nous proposer. Et nous attendons la suite pour vérifier si c’est le cas ou pas", a dit pour sa part Talato Issia Boa.

aardr 3"Si je prends un domaine particulier comme l'enseignement, nous savons tous que le développement d'un pays repose sur la qualité de l'éducation qu'on donne aux enfants. Maintenant si on doit prendre quelqu'un qui va aller faire deux mois de formation, je ne sais pas quelle sera la qualité de l'éducation que cet enseignant va donner à un élève pour que demain on puisse compter sur cet individu. Donc je me dis qu'il serait mieux qu'on recrute les gens normalement et qu'on les forme normalement pour qu'ils aient les compétences nécessaires pour dispenser les cours avec qualité", estime quant à lui  Lami Tié Dah.

Pour la majorité de nos interlocuteurs dans ce temple du savoir,  il ne suffit pas de supprimer cette forme de recrutement ; il faut aussi et surtout revoir à la hausse le nombre de concours lancés chaque année ainsi que le nombre de postes à pourvoir si les autorités veulent véritablement réduire le chômage des jeunes.

Barthélémy Paul Tindano

aaaaaprc uneLe verdict du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons est connu depuis le 6 avril 2022 mais l’audience se poursuit avec les plaidoiries sur les intérêts civils. Reprise ce mercredi 13 avril, elle a été renvoyée au 25 avril prochain à la demande des différentes parties afin de mieux prendre connaissance des écrits fournis tardivement par l’agent judiciaire de l’État (AJE). 

Trois semaines plus deux semaines, plus une semaine, le tout divisé par trois moins deux est égal à douze. C’est le nombre de jours que le président de la Chambre Urbain Méda a accordés aux différentes parties pour s’imprégner du document volumineux que l’AJE a produit et que tout le monde n’a pas encore. En effet, la défense a demandé un renvoi de trois semaines, le parquet une semaine et la partie civile deux semaines. Dans sa réponse, la Chambre a fait la somme des semaines demandées et l’a divisée par trois selon le nombre des parties. « La Chambre a fait moins deux ; je pense que vous tous serez satisfaits », déclare Urbain Méda.

aaaaaprc 2La défense, par la voix de Me Mathieu Somé, a plaidé également pour la mise en état des bulletins de paie des demandeurs et des critères des réparations indemnitaires en ce qui concerne les réclamations économiques et morales.  Mais déjà, le président de la Chambre a précisé que Denis Bicaba a demandé la restitution de sa villa dont il a été injustement exproprié après les évènements du 15-Octobre. La Chambre a également noté que Me Ollo Larousse Hien, conseil de Ninda Tondé, dit Pascal, a demandé la mise en liberté provisoire de son client. Et selon la Chambre, la réponse sera connue le 25 avril 2022, jour de reprise du procès.

Barthélémy Paul Tindano

dlg uneLe Premier ministre, Albert Ouédraogo, a eu une série d’échanges avec les partenaires sociaux ce mardi 12 avril 2022 à Ouagadougou. Il s’agit de l’Unité d’action syndicale (UAS), du Conseil national du patronat et des organisations syndicales autonomes non affiliées à l’UAS. Le chef du gouvernement dit avoir organisé ces rencontres afin d’exprimer solennellement la disponibilité constante de son gouvernement   à œuvrer avec ses partenaires pour répondre aux attentes du moment. Les différentes parties ont pris l’engagement de maintenir le dialogue afin d’éviter d’éventuelles crises sociales et de travailler à relever les défis auxquels sont confrontés les Burkinabè.

Lors de cette série de rencontres de prise de contact, le chef du gouvernement a été on ne peut plus clair : il faut garder un dialogue social permanent empreint de sincérité et de respect mutuel durant cette période de transition, dans la perspective d'instaurer un climat social propice au développement économique et social du pays. « Mon gouvernement voudrait s’inscrire dans la dynamique d’un dialogue permanent et continu comme seul moyen de prévenir les conflits et d’anticiper sur les crises sociales », a-t-il affirmé.

dlg 2Albert Ouédraogo a en outre annoncé que son gouvernement est disposé à accompagner les partenaires sociaux dans l’amélioration du climat des affaires et dans la recherche de nouvelles bases de coopération entre les acteurs du développement, à travers les cadres de dialogue existants. « Je sors de ces séances très satisfait et nous avons constaté une disponibilité des acteurs à engager un dialogue franc, continu et empreint de respect mutuel», a affirmé le chef de la primature.

Pour leur part, les partenaires rencontrés ont salué cette prise de contact et se sont engagés à accompagner le gouvernement. « Nous saluons cette initiative, qui est une première en matière de rencontres entre les organisations syndicales et le chef du gouvernement. Nous avons promis aussi de nous concerter, étant donné que nous n’avons pas eu l’occasion de le faire avant cette rencontre, pour faire ressortir les préoccupations essentielles à chaque secteur d’activité et les porter à la connaissance du gouvernement », a déclaré Sidiki Dramé, porte-parole des organisations des syndicats autonomes non affiliés à l’UAS. 

dlg 3« Nous sommes toujours prêts à accompagner le gouvernement, mais toujours dans la dynamique de respect, de liberté syndicale et de respect des droits des travailleurs. Dans ce cadre-là, nous sommes prêts à accompagner le gouvernement et à permettre que nous puissions sortir de cette transition dans de bonnes conditions. Nous pensons qu’avec le nouveau gouvernement et avec cette volonté, nous allons pouvoir reprendre de plus belle les rencontres avec les syndicats », a affirmé pour sa part Marcel Zanté, président du mois de l’UAS. Même son de cloche chez les opérateurs économiques, dont l’insécurité impacte négativement les activités. « Nous attendons de notre gouvernement la pacification de notre pays d’abord, parce qu’il n’y a pas de business s’il n’y a pas stabilité. Vous ne pouvez pas non plus faire d’opérations si vos infrastructures ne sont pas sécurisées (…). On se réjouit aujourd’hui qu’il y ait une bonne perception par le gouvernement de transition de ces questions majeures. Ensemble, on va se donner la main pour avancer et pousser hors de notre pays ce fléau qui handicape énormément notre économie », a soutenu Seydou Diakité, vice-président du CNPB.

Le Premier ministre dit avoir instruit les ministres de prendre les dispositions, chacun à son niveau, pour faire le point des engagements que les gouvernements antérieurs ont pris, à travers les différents protocoles d’accord signés avec les partenaires sociaux et qui ne sont pas encore mis en œuvre intégralement afin d’en comprendre les raisons et de remédier à la situation.

Barthélémy Paul Tindano

lng uneLe Cercle national de linguistique (CNL) est une association principalement constituée d’étudiants en linguistique dont l’objectif principal est de mettre en valeur le linguiste burkinabè et ses domaines d’action, notamment l’étude scientifique des différentes langues. Il a procédé au lancement de ses activités au cours d’un panel ce samedi 9 avril 2022 à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Etudiants et professeurs du département de linguistique ont échangé, au cours de cette rencontre, sur l’historique et l’émergence des sciences du langage au Burkina Faso, ainsi que sur les perspectives qui en découlent.

Le CNL se veut un cadre de réflexion scientifique sur la linguistique et les langues nationales.  Selon le professeur Pierre Malgoubri, enseignant chercheur au département de linguistique de l’UO, panéliste, il est démontré que personne ne peut se développer en dehors de sa langue. C’est pourquoi la linguistique occupe une place importante dans le développement de tout pays. La Chine, qui s’est développée à partir de sa langue et est aujourd’hui une grande puissance mondiale, en est un exemple illustratif. lng 2« Si on veut vraiment se développer, il nous faut prendre en compte nos langues nationales. On ne dit pas de le faire en excluant les autres langues. Nous prônons l’utilisation de nos langues nationales en partenariat avec les autres langues comme le français, l’anglais, le chinois ou le japonais. L’essentiel, c’est que nous sachions qu’on ne peut se développer en dehors de nos langues », a déclaré le professeur Malgoubri.

lng 3Lors des assises nationales sur l’éducation nationale tenues en décembre 2021, il a été décidé d’insérer des langues nationales dans l’enseignement. Pour le coordonnateur du Cercle national de linguistique, Drissa Guiatin, si on veut élaborer des documents d’enseignement en langues nationales, le CNL peut être mis à contribution. Toujours selon lui, la linguistique revêt une importance capitale dans la compréhension des phénomènes sociolinguistiques d’une nation. « Le rôle du linguiste ne se limite pas à la description des langues. Il va au-delà du volet interne pour embrasser la dimension sociale des langues. Le linguiste est celui-là qui étudie le rapport entre la langue, la culture et la société, c’est-à-dire l’évolution des langues dans le temps et dans l’espace ainsi que les différentes influences qui peuvent exister entre elles », a expliqué M. Guiatin.

Science par excellence de description des langues humaines, la linguistique occupe une place importante   dans la survie des langues endogènes d’un pays. Dans un pays comme le Burkina Faso, où la langue officielle est toujours une langue étrangère, la contribution du linguiste à la valorisation, la promotion et même la protection de nos langues nationales n’est plus à démontrer.

Barthélémy Paul Tindano

secure uneDans l’un de nos précédents articles, nous avons fait le bilan des 6 années de pouvoir de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré dans un entretien que nous a accordé Aseghna Anselme Somda, chef des programmes du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Dans le présent article, il aborde la question de l’insécurité qui a fragilisé le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

Dès son arrivée au pouvoir, l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré a été accueilli par une attaque terroriste survenue le 15 janvier 2016 avant même la prise de fonction des membres du gouvernement. Et ses 6 années de pouvoir ont été marquées par des attaques à répétition.   Chaque Burkinabè ne devrait-il pas faire son autocritique et reconnaître que dans ce qui arrive au pays, il y a une sorte de faillite collective ? Les militaires qui sont au pouvoir ne doivent donc pas accuser les hommes politiques d’être seuls responsables de cette situation.

secure 2« Si on n’a pas la sécurité, l’institution militaire ne peut pas dire qu’elle est exempte de reproches. Je pense que c’est l’occasion de dire aux militaires qu’ils doivent balayer devant leur porte aussi.  Parce que tout ce qu’on reproche au président Kaboré en matière d’ingouvernance au niveau du secteur de la sécurité, on ne peut pas lui imputer toutes les fautes. Les évènements d’Inata sont une illustration. Si des soldats n’ont pas à manger, de vous à moi, est-ce que c’est le président Kaboré qui va aller aussi donner à manger aux soldats ? Si l’Assemblée a voté la loi de finances, on a alloué un budget aux forces de défense et de sécurité, si les soldats n’ont pas à manger ce n’est pas la faute à l’Assemblée ni la faute au président du Faso. Parce que des ressources sont allouées, mais ce sont des personnes qui n’ont pas fait leur travail », a-t-il déclaré.

secure 3Selon le chef des programmes du CGD, en plus de l’insécurité qui régnait, l’ancien président n’a pas sur manager son pouvoir qui était devenu autoritaire vers sa fin pendant que la corruption était devenue monnaie courante. Les coupures intempestives d’Internet, le refus d’accorder les autorisations de manifester étaient devenus quasi systématiques lorsque les manifestations ne partaient pas dans le sens du soutien au régime.

« Vous savez, l’ex-président Kaboré a toujours été vanté comme étant un véritable démocrate sur la gouvernance. Oui je ne croyais pas trop en l’homme, mais sa foi en la démocratie, ça quand même je n’en doutais pas. Parce que ce sont deux choses différentes. On peut être un bon démocrate et du point de vue de la gouvernance être une catastrophe. Tout comme on peut être un dictateur mais avoir une gouvernance vertueuse. Si le Rwanda peut nous servir d’exemple, on ne peut pas dire que c’est une grande démocratie mais du point de vue de la gouvernance, tout le monde sait que c’est la vertu qui est mise en avant au Rwanda. Mais le Rwanda, ce n’est pas une démocratie comme au Burkina. Il n’y a pratiquement pas d’opposition là-bas et la liberté d’expression, ce n’est pas la chose la mieux partagée non plus. Mais du point de vue de la gouvernance, on sent un monsieur (Paul Kagame : ndlr) qui dit zéro tolérance à la corruption », a-t-il ajouté. De l’avis d’Anselme Somda, la mal gouvernance, caractérisée par la corruption et la restriction des libertés, a contribué à la chute du régime de Roch Marc Christian Kaboré.

Barthélémy Paul Tindano

iavocats uneAprès le verdict rendu le 6 avril 2022 par la chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou dans l’affaire « Thomas Sankara et 12 autres », le collectif des avocats de la famille du défunt père de la Révolution a tenu une conférence de presse ce jeudi 7 avril à Ouagadougou.  Objectif : donner à l’opinion nationale et internationale son appréciation du verdict du procès Thomas Sankara. Selon les conférenciers, la justice a été rendue dans un procès équitable et conforme aux normes internationales.

Les conférenciers de ce point de presse étaient Maîtres Bénéwendé Sankara, Prosper Farama, Lalgo Patrice Yaméogo ainsi que la veuve du président Sankara, Mariam.  Selon Me Sankara, qui a fait la déclaration liminaire, la chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou, par cette décision, inscrit en lettres d’or dans l’histoire judiciaire du Burkina Faso le nom du juge Urbain Méda et ceux  de tous les membres de la chambre qui, pour la postérité, ont courageusement dit le droit et rendu la justice au nom du peuple burkinabè. iavocats 2« Cette décision, si elle est une victoire, est le mérite d’abord de notre cliente principale Madame Mariam Sankara, dont il faut saluer le courage, la bravoure et l’abnégation. Ensuite, elle est le fruit du combat de tous les hommes et femmes épris de justice, de vérité, de paix et de liberté comme valeurs cardinales de la dignité humaine. Cette victoire, il faut aussi la dédier à la presse », a déclaré Me Sankara, pour qui la manifestation de la vérité doit être intégrale, car elle ne peut être révélée à moitié.

« Beaucoup de zones d’ombre subsistent, notamment sur le plan des complicités internationales, et il est également vrai que les véritables auteurs, Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, ont pu fuir leur pays pour tenter de se dérober à la justice, mais l’aspiration essentielle du peuple burkinabè, de l’Afrique et de l’opinion en générale est atteinte en ce sens que la vérité s’est manifestée », a-t-il ajouté.

iavocats 3A la question de savoir si les condamnés pourraient bénéficier d’une grâce présidentielle dans le cadre de la réconciliation nationale, Me Prosper Farama répond que même s’il doit y avoir amnistie, cela devra se faire dans les règles de l’art. Il ajoute qu’on ne peut pas pardonner à des gens qui n’ont pas reconnu leurs torts ni demandé pardon. « Même si on suppose que Diendéré a la clé magique pour nous sortir du terrorisme, c’est comme si on nous disait que si un médecin tue quelqu’un et qu’on l’amène en prison, il faudra le libérer car il y a des patients dehors. Si le salut de notre peuple doit venir de Diendéré, nous sommes morts », soutient le défenseur de la veuve et de l’orphelin. 

Mariam Sankara, la veuve du défunt président, quant à elle, s’indigne que les condamnés n'aient pas reconnu leur crime, mais elle se réjouit tout de même que certaines révélations aient été faites lors du procès. « Nous, les familles des victimes, nous avons pensé que les accusés comme les témoins diraient des vérités pour libérer leur conscience et pour nous soulager. Malheureusement, beaucoup d’entre eux ont tout nié. Il y a des gens qui ont livré des témoignages édifiants et d’autres en revanche qui n’ont rien dit. Les personnes dont on pensait qu’elles donneraient beaucoup d’informations n’ont presque rien dit. Et cela nous a permis de savoir qui est qui, quelles étaient les personnes qui entouraient Thomas et qui clamaient qu’elles étaient des révolutionnaires », a-telle affirmé.

Selon Mariam Sankara, qui a pratiquement suivi de bout en bout ce marathon judiciaire, s’il y a la vérité aujourd’hui sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, c’est en partie grâce à la presse et à la société civile burkinabè. C’est pourquoi elle n’a cessé de remercier ces acteurs de la société.

Barthélémy Paul Tindano

tci unePeu de gens espéraient la tenue un jour d’un procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, mais certaines personnes y croyaient dur comme fer. Et 35 ans après, l’histoire leur a donné raison. En effet, après la chute de l’ex-président Compaoré, les lignes ont commencé à bouger dans cette affaire. Et aujourd’hui, le verdict sur ce jugement historique est tombé. Pour beaucoup, on doit tirer des leçons de ce procès.

« Nous souhaitons que cela serve de leçon à tout le monde, aux parents des victimes que nous sommes, au public et aux autres. Nous souhaitons que le verdict calme un peu tout ce que nous avions comme ressentiment », tels sont les propos de Mousbila Sankara, qui s’exprime en tant qu’ancien membre CDR (comité de défense de la révolution).  

Pour Me Prosper Farama, l’un des avocats de la partie civile, le combat pour la justice et la vérité ne s’arrête jamais à un procès. Et ce procès doit servir d’exemple pour empêcher d’autres personnes d’emprunter le chemin des condamnés. « C’est un jour de délivrance pour le peuple burkinabè, un jour de délivrance aussi pour les familles de ces victimes qui ont souffert le martyre pendant près de 35 ans. L’Afrique tout entière et peut-être le monde se souviendront un jour qu’un peuple s’est battu pendant plus de 34 ans pour que justice soit rendue à des hommes valeureux qui sont tombés le 15 octobre 1987, tués par la barbarie de leurs camarades. Notre espoir aujourd’hui de ce procès, c’est que ce genre de crime odieux n’arrive jamais au Burkina ni ailleurs en Afrique », a-t-il déclaré.

tci 2« L’histoire retiendra que Thomas a aimé son pays », déclare Alouna Traoré, le seul rescapé du 15-Octobre parmi ceux qui étaient avec Thomas Sankara. Pour lui, Thomas Sankara a été tué pour avoir aimé son pays. « Nous avons rêvé le Burkina. Ils ont attaqué notre rêve, pensant pouvoir le tuer. 35 ans après, je me rends compte que le rêve burkinabè tient la route, enthousiasme tout le continent et que les lignes sont en train de bouger. Thomas a fait œuvre utile, son exemple est en train d’être suivi », a-t-il martelé.

tci 3Mais pour certains, ce n’est que partie remise, car le procès doit se poursuivre. « N'oublions pas que le procès Sankara n’est pas fini. Ce n’est que la partie nationale qui a été jugée.  Il reste la complicité internationale. Comme le juge a fait une disjonction de procédure, ce n’est là qu’une victoire d’étape. Il y a encore d’autres étapes à franchir, notamment la réhabilitation de la mémoire de Thomas Sankara en construisant le mémorial Thomas Sankara et en organisant des obsèques nationales dignes de son nom parce que toute l’Afrique nous regarde », affirme pour sa part Luc Damiba du Comité international du mémorial Thomas-Sankara.

Cependant, les avocats de la défense trouvent les peines très lourdes pour leurs clients, mais ils s’en tiennent à la décision du juge Urbain Méda. Maître Mathieu Somé est l’un des avocats du général Gilbert Diendéré, condamné à la prison à vie. « La peine est excessive, de mon point de vue. Etant accusé présent, il (ndlr : Gilbert Dienderé) a pris la même peine que ceux qui étaient absents.  J’ai trouvé cela, sans entrer dans les détails, pas tout à fait juste. Parce qu’il est venu quand même apporter sa contribution en s’expliquant devant le juge », a déclaré l’avocat. A l’en croire, un recours pourrait être engagé dans les 15 jours qui viennent si son client juge cela nécessaire, car la loi l’y autorise. 

Barthélémy Paul Tindano

vrdc uneLa sentence du juge Urbain Méda dans le procès dit « Thomas Sankara et 12 autres » est tombée ce mercredi 6 avril 2022 au tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. Les principaux accusés, à savoir Blaise Compaoré dit Jubal, Hyacinthe Kafando  et le général Gilbert Diendéré, ont tous été condamnés à la prison à vie, tandis que les médecins militaires Hamado Kafando et Alidou Jean Christophe Diébré ainsi que l’accusé Bossobè Traoré ont été acquittés.

Débuté le 11 octobre 2021, l’historique procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et 12 autres le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente à Ouagadougou a connu son épilogue ce mercredi 6 avril 2022. Si le parquet militaire avait requis 30 ans de prison ferme contre Blaise Compaoré et Hyacinte Kafando et 20 ans contre Gilbert Diendéré, le tribunal, lui,  a décidé de condamner ces trois derniers  à la prison à perpétuité. En revanche, il a acquitté l’accusé Bossobè Traoré, contre qui le parquet avait requis 20 ans, ainsi que les deux médecins militaires Hamado Kafando et Alidou Jean Christophe Diébré, auteurs du certificat de décès portant la mention « mort naturelle » et poursuivis pour faux en écriture publique.  vrdc 2Les accusés Nabonsseouindé Ouédraogo et Idrissa Sawadogo, quant à eux, écopent chacun de 20 ans de prison ferme. 10 de prison ferme, c’est la peine « servie » à Tibo Ouédraogo ainsi qu’à l’officier de gendarmerie à la retraite Jean Pierre Palm. Yamba Elisé Ilboudo, celui-là même dont les précisions ont permis au cours de ce jugement emblématique de mieux comprendre le déroulement du drame du 15 octobre, prend 11 ans de prison ferme. Albert Belemliliga et Diakalia Démé écopent chacun de 5 ans de prison avec sursis. S’agissant de Ninda Tondé dit Pascal, c’est 3 ans de prison ferme qu’il prend.

vrdc 3Le moins qu’on puisse dire, c’est que le verdict de ce procès était très attendu par les familles des victimes, qui estiment que ce jugement servira de leçon aux Burkinabè. « Nous avons attendu 35 ans. On a tous ensemble entendu aujourd’hui le verdict du juge.  C’est quelque chose qu’on a demandé. On a demandé la justice, on a demandé la vérité. Nous pouvons dire que nous avons pris connaissance de beaucoup de choses, des choses qui avaient été dites et que ce procès a permis de confirmer », a déclaré Mariam Sankara, veuve de l’ancien président Thomas Sankara. Elle estime par ailleurs que ce procès donnera des leçons sur les violences politiques au Burkina. Malgré sa condamnation à la prison à vie, le général Diendéré est resté égal à lui-même. Il a même été acclamé par certains de ses partisans venus le soutenir.

Suspendue, l’audience reprendra le mercredi 13 avril avec les réclamations des différentes parties et des échanges d’écritures.

Barthélémy Paul Tindano

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