A l’occasion de la tenue de la 1re édition de la Journée de l’artisan minier (JNA), la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) a abordé la question de l’impact de la fraude sur la commercialisation du métal jaune au Burkina Faso. La BNAF révèle que 99,97% de la production aurifère artisanale du Burkina Faso fait l’objet de fraude chaque année et qu’une grande partie de cet or quitte la région à travers le Togo, chose qui illustre l’ampleur du phénomène au Burkina Faso.
Selon Alain Farma, directeur général de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF), « la fraude est un problème majeur au Burkina alors que l’or est la première marchandise d’exportation de notre pays et que frauder, dans ce domaine, engendre un vrai manque à gagner».
Les actes constitutifs d’infraction sont, entre autres, la vente ou la tentation de vente par les producteurs artisanaux d’or à des personnes autres que les détenteurs d’autorisation d’exploitation artisanale, l’importation de l’or sans déclaration et l’utilisation de matériel non conforme par les services de la qualité ou autres structures administratives habilitées.
En cas de fraude, le règlement prévoit deux modes de résolution du contentieux : soit le principe du règlement transactionnel, soit celui du règlement judiciaire.
Pour lutter contre la fraude dans la commercialisation de l’or, la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) propose qu’on renforce les contrôles aux frontières, qu’on accroisse la sensibilisation des acteurs du domaine et qu’on suscite leur adhésion à la mise en œuvre des politiques minières.
La Brigade propose également la création d’une « raffinerie nationale pour réduire la contrebande d’or et le renforcement des synergies entre les différents acteurs du domaine afin qu’ils puissent se parler et lever les goulots d’étranglement ».
Il faut aussi « travailler à accélérer les réformes du secteur pour clarifier les choses et alléger la réglementation pour rendre ledit secteur plus compétitif, comparativement aux autres pays de la sous-région et même à l’international », affirme Alain Farma, DG de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF).
La Journée de l’artisan minier (JAM) est une initiative du ministère burkinabè des Mines et des Carrières. Placée sous le thème «Exploitation artisanale de l’or dans un contexte sécuritaire difficile : défis et perspectives», elle se tient les 14 et 15 juillet 2022 à Ouagadougou sous le patronage du Premier ministre, représenté par le ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, et la présidence du ministre des Mines, Jean Alphonse Somé. Le Conseil burkinabè des mines, de la géologie et des carrières (CBMGC), une organisation de la société civile, est l’un des partenaires de l’événement.
« L’exploitation minière artisanale a connu un essor ces dernières années avec une explosion du nombre de sites (environ 800 dont 600 actifs, selon l’étude de l’ANEEMAS réalisée en 2018 sur la cartographie des sites d’orpaillage) », a précisé le ministre des Mines et des Carrières du Burkina, Jean Alphonse Somé. En outre, si l’on en croit le ministre, le nombre de personnes directement touchées par l’orpaillage au Burkina Faso était estimé déjà en 2011 à 1,3 million, soit 7% de la population, selon les chiffres du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et l’exploitation minière artisanale contribue à l’économie du Burkina à hauteur d’environ 235 milliards de FCFA, d’après l’enquête de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) réalisée en 2017.
Cependant, «depuis 2016, le sous-secteur de l’artisanat minier est en proie à d’énormes difficultés dues à la dégradation sécuritaire avec les attaques terroristes, à la mauvaise organisation de ce domaine qui entraîne une déperdition des richesses nationales, ainsi qu’aux conflits récurrents entre exploitants miniers industriels et artisanaux», a expliqué le ministre Somé. Et ce dernier de préciser : «La Journée de l’artisan minier s’est inscrite dans l’optique de trouver des solutions appropriées à ces multiples problèmes à travers des échanges avec les acteurs dudit secteur en vue de réorganiser l’activité d’orpaillage et de contribuer au développement de l’économie nationale.»
Selon le directeur général de l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières et semi-mécanisées (ANEEMAS), Jacob Ouédraogo, il s’agissait de voir comment travailler à dédier des espaces pour que l’artisan minier puisse travailler dans la sécurité et surtout dans la protection de ses droits et de voir aussi avec les acteurs comment implémenter les différentes approches technologiques que l’État et les partenaires promeuvent sur le terrain pour, selon ses propres termes, « retravailler le visage sombre du secteur de l’orpaillage». Autrement dit, il s’agissait d’échanger avec les acteurs de ce secteur d’activité pour revoir, sur le plan de l’encadrement technique, les meilleures pratiques à promouvoir en vue de mieux encadrer le secteur et d’augmenter les recettes pour le budget de l’État.
« L’exploitation artisanale est confrontée à des préoccupations liées à la cohabitation des populations riveraines, à la faible organisation du secteur avec la prédominance de l’informel et à l’insécurité sur les sites », a déclaré le représentant des artisans miniers, Mahamadou K. Koama. C’est pourquoi il sollicite l’accompagnement de l’État pour un encadrement de proximité et le renforcement des capacités opérationnelles en vue d’une meilleure organisation du secteur.
Le vice-président du CBMGC, Batibié Philippe Yao, représentant le président de cette organisation, a au nom de celui-ci salué cette initiative des hautes autorités burkinabè, particulièrement du ministère des Mines et des Carrières. Pour lui, le thème de cette première édition est d’actualité, car il y a des défis relatifs à l’exploitation artisanale de l’or dans un contexte sécuritaire difficile et il faut qu’il y ait des perspectives.
Il existe déjà un salon international qui fait la promotion des compagnies minières de l’Afrique de l’Ouest, particulièrement du Burkina Faso. Cependant, il n'existait jusque-là pas de cadre formel de promotion de l’exploitation minière artisanale, donc de l’artisan minier, a-t-il indiqué. De ce fait, c’est là une initiative innovante qui est à saluer.
Pour ce qui est du thème proprement dit, le CBMGC l'a apprécié à deux niveaux. Il s’agit, dans le premier niveau, de la cohabitation entre les compagnies minières et les exploitations artisanales. Cette cohabitation est assez difficile, selon le vice-président du CBMGC.
Pour étayer ses propos, il a cité des exemples comme Bissa Gold et Houndé Gold qui, dans un passé récent, ont été saccagées, ce qui a engendré des pertes énormes en termes de millions de dollars.
La cohabitation entre les compagnies minières et les exploitations artisanales étant une question cruciale et primordiale, il faut que des voies et moyens soient trouvés afin de créer une cohabitation pacifique dans le cadre des activités des compagnies minières, a-t-il signifié. Il a justifié cela par le fait que les investissements doivent se faire dans un cadre de paix et de quiétude alors que les deux évènements ci-dessus mentionnés ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs.
Le second niveau concerne la situation sécuritaire. Pour M. Yao, les sites artisanaux doivent être encadrés et il faut trouver des mécanismes qui vont régenter ces sites artisanaux pour éviter qu’ils soient des sources de financement, des lieux de recrutement et dans une certaine mesure des lieux de refuge des terroristes. Cela serait une catastrophe, une situation difficile pour le Burkina, a-t-il renchéri. Pour conclure, il a dit que le CBMGC se réjouissait de la tenue de cette première édition de la JAM.
FloraSanou
Encadré : Qu’est-ce que le CBMGC ?
Créé en 2021, le Conseil burkinabè des mines, de la géologie et des carrières (CBMGC), une organisation de la société civile, est un cadre de réflexion et d’action qui regroupe plusieurs acteurs évoluant dans le secteur minier, à savoir des juristes, des économistes, des journalistes, des géologues, des environnementalistes, des fiscalistes, des diplomates, etc., qui ont la même vision du secteur des mines, de la géologie et des carrières au Burkina Faso.
Ses principales missions sont la promotion du droit minier, l’amélioration et la compétitivité du secteur minier burkinabè, l’amélioration et la contribution du secteur minier au développement du Burkina Faso et la conciliation des intérêts des investisseurs, des communautés locales et de l’Etat.
L’exploitation minière artisanale est une activité qui occupe une grande partie de la population burkinabè. La technique d’extraction étant restée traditionnelle, la saison pluvieuse ne favorise pas la continuité des activités. Les exploitants sont le plus souvent confrontés à des risques d’éboulements dus aux pluies. Ces derniers temps, le secteur, qui occupe 20% de la population, connaît des difficultés liées à l’insécurité.
L’ANEEMAS a relevé l’insuffisance de la sécurisation des sites artisanaux et la récurrence des conflits sur ces lieux. Entre autres, on note le faible niveau d'organisation des sites, l’insécurité des zones de non-droit dans certaines parties, la mauvaise cohabitation entre artisanaux et industriels, d'une part, et les populations riveraines, d'autre part.
Plus de 800 sites artisanaux sont répertoriés et 600 sont fonctionnels. Ces sites sont le plus souvent découverts de façon fortuite et ils ont une durée de vie incertaine.
L’ANEEMAS indique que le nord du pays, qui fait partie des principales zones minières du Burkina Faso, est devenu difficile d'accès à cause de l’insécurité. Les sites miniers y sont régulièrement la cible de divers acteurs armés, y compris des terroristes.
Autant de difficultés qui émaillent ce secteur. Il faut donc plus d’actions pour le recadrer et encourager les acteurs concernés à moderniser leurs techniques de travail.
Les kystes sont des enveloppes qui contiennent un liquide et forment des tissus. Ces tissus peuvent se loger dans les ovaires ou les seins. Ils sont appelés kystes mammaires lorsqu’ils se situent dans les seins. Quels sont les symptômes des kystes mammaires ? Comment se manifestent-ils ? Eléments de réponse avec le Dr Eliane Kaboré, gynécologue obstétricienne.
Radars Info : Quelle définition peut-on donner des kystes mammaires ?
Docteur Eliane Kaboré : On peut définir un kyste comme une poche contenant du liquide. Quand le kyste est logé dans le sein, on le qualifie de mammaire. Les kystes mammaires sont généralement plusieurs et parfois on les retrouve dans les 2 seins. Ils sont différents du cancer du sein. C’est une maladie bénigne.
Radars Info : Quelles sont les causes des kystes mammaires ?
Dr EK : Ces causes ne sont pas déterminées en tant que telles. On a constaté que ce type de kystes apparaissent généralement entre 18 et 45 ans, c’est-à-dire pendant la période d’activité génitale. C’est très rare de trouver des kystes mammaires chez une femme ménopausée. Ils sont plus sensibles et plus douloureux à l’approche des règles. Ils semblent donc liés aux hormones sexuelles féminines.
Radars Info : Quels sont les symptômes de ces kystes et comment sont-ils diagnostiqués ?
Dr EK : Le kyste mammaire se présente comme une boule lisse et molle du sein. Elle bouge quand on la touche et semble glisser dans le sein. Quand les kystes mammaires sont trop petits, on ne peut pas les sentir. A l’approche des règles, les kystes peuvent être tendus ou douloureux.
Quand le kyste est très gros ou quand il est tendu, on peut sentir comme un poids sur le sein ou des étirements.
Le diagnostic se fait à l’échographie mammaire ou à la mammographie, qui va révéler la nature de la ou des boules qui sont dans le sein.
Radars Info :Quelles sont les statistiques en la matière au Burkina ?
Dr EK : A ma connaissance, il n’existe pas d’études relatives aux kystes mammaires au Burkina.
Mais les consultations des femmes en âge de procréer pour une/des boules dans le sein sont relativement fréquentes.
Radars Info :Comment traite-t-on les kystes mammaires ?
Dr EK : Les kystes mammaires qui ne sont pas douloureux ni trop gros ne sont pas traités.
Il y a plusieurs traitements :
- ne rien faire parce que les kystes mammaires ne sont pas dangereux ;
- les crèmes à appliquer sur les seins : exemple la crème de progestérone ou l’huile d’onagre ;
- les comprimés à base de progestérone ;
- la ponction du contenu du kyste : avec une aiguille, on aspire le contenu du kyste pour diminuer sa taille et permettre de soulager la femme. La ponction aussi peut servir à analyser le contenu du kyste ;
- l’intervention chirurgicale pour enlever le kyste.
Ce mardi 12 juillet, deux jeunes gens ont comparu au tribunal de grande instance de Ouagadougou pour destruction et vol de biens.Reconnus coupables, les accusés ont écopé chacun de 36 mois d'emprisonnement et d’une amende d'un million, le tout ferme. Ils ont, en outre, été condamnés à payer au total 23 325 169 FCFA pour dédommager leurs victimes.
Les faits remontent au mois de mai 2022 où Ouédraogo Karim et Dakissaga Ousséni (NDLR : Ce sont des noms d’emprunt) ont été pris en flagrant délit à petit Paris, un quartier de Ouagadougou. Il leur est reproché, d’une part, la destruction d’installations électriques, notamment de compteurs SONABEL, de prises électriques, de climatiseurs ainsi que de têtes de robinet et de lavabos. D’autre part, ils ont été interpellés pour faits de vol dans les mêmes lieux. Leur mode opératoire était le suivant : escalader le mur pour accéder aux logis, briser ensuite les vitres ou passer par le plafond pour s’y introduire. Cinq domiciles ont été visités par les présumés cambrioleurs.
A la barre, Karim Ouédraogo et Ousséni Dakissaga, ainsi que nous avons choisi de les appeler, ont seulement reconnu avoir volé du fer, pour le premier, et un filtre à eau, concernant le second, dans un seul domicile sur les cinq signalés. Tous les deux ont nié les faits de destruction ci-dessus mentionnés. Mais sur l’insistance du procureur à travers des questions et des parties civiles, qui ont brandi des preuves, ceux-ci ont finalement reconnu les faits. Ils ont justifié leurs actes répréhensibles par la recherche de leur pitance quotidienne, tout en implorant la clémence des juges.
Le total des dégâts causés par les deux indélicats a été estimé par chacune des victimes présentes à l’audience, que nous allons désigner par des lettres de l’alphabet, à 23 325 169 FCFA. Il s'agit de 8 548 300 FCFA pour A, 7 millions de FCFA pour B, 3 millions FCFA pour C et 4 776 869 FCFA pour D. La cinquième victime était absente lors de l’audience.
Pour le procureur, les 2 jeunes sont coupables de s’en être pris à des biens dans des domiciles, ils ont détruit des climatiseurs, des prises électriques et dérobé des pièces pour les revendre. Jugeant les faits graves, il a donc requis contre chacun d’eux 24 mois de prison et une amende d’un million de FCFA, le tout ferme.
Après délibération, le tribunal a finalement condamné chacun des prévenus à 36 mois de prison et à une amende d’un million de F CFA, le tout ferme. Il les a, en outre, condamnés à payer tous les dommages causés aux victimes, lesquels s’élèvent à 23 325 169 FCFA. Il a, enfin, été notifié aux 2 condamnés qu’ils ont 15 jours pour interjeter appel du verdict.
72 heures après la rencontre entre les anciens chefs d’État Blaise Compaoré et Jean Baptiste Ouédraogo et l’actuel président, Paul Henri Sandaogo Damiba, Radars Info Burkina est allé sur le terrain pour recueillir les avis des citoyens sur ce huis clos présidentiel qui s’est tenu malgré la polémique qu’il avait suscitée.
Pour certains citoyens, il n’y a pas de dissensions entre les Burkinabè au point qu’on ait besoin de parler de réconciliation. Ce sont des politiciens qui luttent pour leurs intérêts. Donc cette rencontre n’a été, à leur avis, que du folklore.
Selon Augustin Hien, dans le fond, la rencontre pourrait constituer une violation et un mépris de la justice car l’ancien président Compaoré a été condamné par la justice burkinabè pour des faits qui lui sont reprochés. Sa venue à cette rencontre est donc ridicule, voire insultante, a ajouté M. Hien. « C’est un échec pour le président Damiba et son gouvernement, car ils ont perdu le peu de considération que le peuple leur portait. Cette rencontre ne peut rien changer à la situation actuelle du pays. C’est juste un processus pour restaurer l’ancien système et gracier le président Compaoré. C’est une manière d’imposer la réconciliation », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il pense que la rencontre est louable de par sa forme car c’était pour la recherche de solutions avec l’ensemble des devanciers en vue de trouver la paix qui est une priorité majeure pour le Burkinabè, au regard des innocents civils et militaires qui meurent d’une part et d’autre part du nombre croissant des Personnes déplacées internes (PDI).
Pour un autre citoyen ayant requis l’anonymat, cette rencontre est de prime abord un échec car c’est une rencontre qui prévoyait de réunir 6 chefs d’État et seulement 3 qui ont pu prendre part. Partant des objectifs visés que sont la cohésion sociale et la réconciliation nationale, c’est également un échec car la majorité des Burkinabè n’ont pas apprécié la manière de faire des gouvernants, indique celui-ci. « La rencontre avait sa raison d’être mais la façon de faire n’a pas été la bonne. Aux yeux de tous, c’est la restauration de l’ancien système. Une personne qui est poursuivie par la justice foule le sol burkinabè et repart tranquillement sans que l’autorité judiciaire agisse ; c’est de l’impunité tout simplement ». La réconciliation nationale mise en avant pour justifier cette rencontre n’est pas du goût de celui-ci, car il estime que ce n'est pas une priorité pour le peuple burkinabè. A la question de savoir si l’on peut espérer une réconciliation entre les Burkinabè il répond : « Les Mossé n’ont pas de griefs contre les Gourmantché ni les Dioula contre une quelconque ethnie, pour ne citer que ceux-là. Il n’y a pas de problème ethnique ni de problème religieux, donc il n’y a pas de fracture sociale. C’est purement politique. Ce sont des clans au sommet qui sont ‘’divisés’’. La priorité des Burkinabè, ce n'est pas la réconciliation mais la lutte contre des maux sociaux comme la faim, la pauvreté et le chômage. La réconciliation est purement politique », a-t-il souligné.
A la différence de ceux-ci, d’autres pensent que cette rencontre a été une réussite. C’est, par exemple, le cas d’Hamidou Kindo, qui estime que malgré l’absence de 3 anciens présidents, la rencontre a pu se tenir, ce qui est déjà une victoire. L’urgence, pour lui, c’est de sauver le pays avant de penser aux questions judiciaires.
Par ailleurs, pour Boureima Traoré, ce n’est ni un échec ni une réussite. C’est un bon départ vers un succès. « Ce n’est pas ce qu’on avait prévu, donc l’objectif n’est pas atteint. Cependant, on ne peut pas dire que c’est un échec dans la mesure où ça n’avait jamais été fait. Donc en matière de processus, c’est une petite avancée en brisant le tabou qui est la venue de Blaise Compaoré au Burkina, car personne ne s’imaginait cela. Ce n’est pas forcément un échec mais ce n’est pas non plus une réussite. C’est plutôt une petite victoire d’étape, car on était dans une situation de réconciliation sans acte indiqué », a-t-il affirmé.
En rappel, le président du Faso, Paul Henri Sandaogo Damiba, s’est entretenu avec les anciens chefs d’État Jean Baptiste Ouédraogo et Blaise Compaoré le vendredi 8 juillet 2022 à Ouagadougou. Cette rencontre a porté principalement sur la recherche d’une paix durable pour le Burkina Faso. Initialement, cinq anciens chefs d’État étaient attendus, à savoir Blaise Compaoré, Jean Baptiste Ouédraogo, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando et Roch Marc Christian Kaboré.
Le Conseil national de la défense a décidé de rassembler les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) au sein d’une brigade pour de meilleurs résultats dans la lutte contre le terrorisme. Le format est bien mais la formule magique pour un engagement patriotique du peuple n’a pas été encore été trouvée. Même quand l’idée trouve sa source dans la période révolutionnaire au Burkina Faso, elle s’en éloigne aussi bien dans le fond que dans la pratique.
Sous la Révolution démocratique et populaire au Burkina Faso, plusieurs actions portées par les leaders de la révolution ont suscité une forte adhésion des populations. Après la révolution, on a dénombré plus de réalisations que pendant les 27 ans de présidence de Blaise Compaoré. Des barrages, des écoles, des centres de santé et autres infrastructures sociales ont été construits grâce à la mobilisation populaire. L’Etat se contentait d’apporter l’appui technique, les ingénieurs et la matière première. Sous la révolution, la création des CDR, qui étaient porteurs de projets de l’Etat, a permis de résoudre beaucoup de problèmes de société tels que la malnutrition, la soif, la propagation de maladies et l’analphabétisme. Les exemples d’engagements patriotiques pendant cette période révolutionnaire sont légion. Tout cela a été possible grâce à une adhésion des populations, qui étaient en phase avec les actions gouvernementales de l’époque. Comment ont-ils réussi à susciter de tels engagements de la part des populations ? La réponse est toute simple : le peuple était en communion avec son autorité. L’autorité comprenait son peuple et tentait d’aller exactement dans le sens voulu par ce dernier et de gouverner par l’exemple et avec patriotisme. Si aujourd’hui au Mali, l’engagement autour de Goïta est plus poussé qu’au Burkina, c’est parce qu’il a mis en œuvre la volonté de son peuple, il a écouté le cri du cœur des intellectuels panafricanistes, le refus de la compromission.
Revenons au Burkina Faso pour dire qu’en 2018, le pouvoir du MPP s’est inscrit dans la logique des CDR, en créant les VDP. Mais sur le terrain de la mobilisation des populations, c’est un échec. Même si le problème de moyens est brandi comme raison, la confiance que les populations placent aux porteurs des projets est un facteur fondamental. Pourtant au Burkina Faso, il s’est creusé un écart d’incompréhension entre le pouvoir public et les populations, entre les populations des villes et celle des campagnes et enfin entre les instruits et les non-instruits. Alors on imagine la difficulté des gouvernants à expliquer clairement aux populations la source, l’identité et les capacités de l’ennemi en face. Qui les a amenés ? d’où viennent-ils ? Peut-on les tuer tous ? Telles sont les questions qui alimentent le débat dans nos campagnes. Les populations estiment que seuls les gouvernants savent d’où vient l’ennemi, seuls eux disposent des moyens militaires nécessaires pour le vaincre. Et ce qui rend pire cette incompréhension, c’est l’absence de l’Etat quand des populations sont en détresse. Dans cet état des faits, il est tout à fait compréhensible que nos populations soient réticentes à l’appel de l’Etat.
En effet, cette idée des VDP est un appel patriotique aux populations à lutter pour leur propre survie. Chaque citoyen peut et devait être volontaire de quelque manière que ce soit. Cependant, chaque citoyen ne trouve pas en l’autorité le patriotisme sankariste, qui l’approche du gouverné qu’il est. Ces autorités qui font leur appel à la résistance depuis la capitale sont absentes lorsque les contrées prises en tenailles par des groupes terroristes crient au secours. Alors arrêtons de remettre en cause le patriotisme des populations burkinabè. Tous les peuples sont capables de patriotisme tout comme ils le sont quand il s’agit d’incivisme. Cependant, le patriotisme d’un peuple dépend de son leader ou de celui qui le gouverne.
Le Burkina Faso vit des moments difficiles consécutifs à l’insécurité. L’implication de toutes les communautés s’impose, surtout celle traditionnelle parce qu’elle exerce encore une grande influence sur les populations. Mais pour maître Frédéric Titinga Pacéré, cette chefferie ne peut contribuer à ramener la paix que si elle est reconnue légalement. En effet, en 1983 le gouvernement de l’époque a mis fin à l’existence légale de la chefferie coutumière. Il faut donc, selon l’avocat à la retraite, rétablir cette légitimité en lui donnant une fonction qui « n’empiète pas sur la fonction de l’administration de l’Etat moderne ».
« La chefferie coutumière peut être d’un apport très important à la paix au Burkina Faso, à condition qu’on sache exploiter ses potentialités et qu’on la reconnaisse légalement », a affirmé d’entrée de jeu Me Frédéric Titinga Pacéré.
Pour lui, l’histoire montre que la chefferie coutumière était très bien organisée de sorte qu’aucun ennemi ne pouvait toucher aux royaumes. Il y a des principes de la coutume qu’on aurait dû préserver, comme son organisation militaire. Il est donc possible aujourd’hui de s’inspirer de ces techniques pour traquer l’ennemi, précise-t-il.
« J’ai appris la rencontre des responsables coutumiers du Burkina Faso qui ont lancé un appel à la paix et au vivre-ensemble, ce qui est important et s’imposait. Seulement, la chefferie coutumière a peur de son institution parce qu’elle n’existe pas. En 1983, une loi qui supprime la chefferie coutumière a été prise », a-t-il expliqué.
Cette loi qui prouve l’existence légale de la chefferie coutumière étant inexistante, les chefs coutumiers hésitent à prendre des décisions quand une situation se pose. « On a créé un ministère des Affaires religieuses et coutumières, mais vis-à-vis de la chefferie c’est une coquille vide », fait-il remarquer.
Maître Pacéré ajoute que si les chefs coutumiers doivent participer activement, « il faut légaliser l’existence de la chefferie coutumière en lui donnant une fonction qui n’empiète pas sur la fonction de l’administration de l’Etat moderne ».
Il a précisé que la chefferie coutumière a un pouvoir moral mais manque de pouvoir de coercition. Pour cela, il faut régler le problème de cette chefferie sous l’angle de son existence en soumettant des textes à l’Assemblée législative de transition pour adoption et ne lui donner que le pouvoir de contribution à la paix.
« Il lui faut une existence minimale et légale ; cela est possible et rapidement. Dans ce cas, les chefs coutumiers deviennent un appui à la société moderne. Ainsi, ils auront le plein pouvoir d’installer un chef des étrangers dans chaque quartier ou village », poursuit l’avocat à la retraite.
Maître Frédéric Titinga Pacéré a appelé les chefs coutumiers à travailler à soigner leur image. Il est inconcevable, a-t-il dit, que des chefs coutumiers prennent part à des meetings politiques. « S’ils y tiennent, qu’ils y participent sans leur bonnet, qui représente toute une communauté », a-t-il conclu.
Ce jeudi 7 juillet 2022, il y avait une forte mobilisation du côté de l’aéroport international de Ouagadougou pour accueillir l’ancien président Blaise Compaoré dont la venue avait été annoncée à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 6 juillet 2022. Sur place, Radars Info Burkina a recueilli les avis de citoyens sur cette venue.
De l’avis de Nana Thibaut, président du Rassemblement démocratique et populaire (RDP), un parti politique burkinabè, «la contribution de Blaise Compaoré à la lutte, ce n’est pas de prendre les armes pour un règlement de comptes mais juste d'apporter un plus à ce que nous recherchons aujourd’hui, notamment la réconciliation nationale, le pardon, la cohésion sociale et l’entente entre les filles et fils du Burkina Faso. Les Burkinabè portent dans leur cœur la jalousie, la haine, choses qui ne mènent nulle part. Il faut qu’ensemble nous décidions de l’avenir de notre pays », a-t-il indiqué. A la question de savoir ce que la venue de Blaise peut avoir comme impact sur la situation actuelle du Burkina Faso, voici la réponse de notre interlocuteur : «A moins que les Burkinabè soient malhonnêtes et têtus, si un fils revient dans son pays pour contribuer à sa bonne marche, il n’y a rien de plus normal.» Et d’ajouter : «Blaise ne peut pas faire au-delà de ce que le peuple demande. Avec l’expérience qu’il a (27 ans au pouvoir), il peut contribuer à l’apaisement du pays.» Sur la question du verdict de la justice, Nana pense que la justice a déjà fait son travail en condamnant l’ancien président à perpétuité. Cependant, il espère qu’une grâce présidentielle pourra être accordée par le président Damiba, en tant que premier magistrat du Burkina Faso, à l’ancien président Blaise Compaoré.
Pour Bernadette Ouédraogo/Nassa, qui milite pour le retour de Blaise Compaoré, «l’ancien président va apporter son expertise en matière de paix au niveau de la sous-région. Cette expertise va énormément servir au Burkina Faso. C’est un homme de paix, de dialogue, s’il s’est sacrifié pendant 27 ans pour son pays, il pourra encore se sacrifier pour que le Burkina renoue avec la paix». A l'en croire, l’heure n’est plus aux questions judiciaires car c’est un sujet clos. «Pour sa situation judiciaire, la justice a déjà fait son travail. L’heure n’est plus à ça. C’est l’intérêt général qui prime aujourd’hui. Si le président Blaise Compaoré s’engage pour le Burkina Faso, il faut lui permettre de travailler avec les autres pour que le Burkina retrouve la paix».
Adama Bonkoungou, membre du Mouvement des jeunes pour un peuple uni (MJPU), pense que la venue de Compaoré va apporter un grand changement au regard de son expérience dans la gestion du pays. Pour lui, l’on doit surpasser les questions judiciaires pour sauver le pays d’abord car «c’est parce que le pays existe qu’on peut parler de justice. Pour le moment le pays est menacé, donc il faut chercher à le stabiliser avant de parler de justice», a-t-il conclu.
Mathias Ouédraogo, qui se réclame admirateur de Blaise Compaoré, s’est prononcé sur la question judiciaire. A son avis, «si quelqu’un peut contribuer à sauver une seule vie, c’est bien plus prioritaire que de condamner des vies par pure rancune ou pour des questions qui peuvent être réglées plus tard. La priorité, c’est de sauver ceux qui sont toujours vivants.» Il pense qu'avec l’expérience de l’ancien président, s'il peut contribuer à sauver des vies, c'est une piste qui peut déboucher à la pacification du pays. «D’abord, il faut que notre pays existe. C’est parce qu’il y a le Burkina Faso qu’on parle de sa justice. Si le pays n’existe pas, il n’y a pas d’institution, il n’y a pas de justice».
De l’avis des uns et des autres, la sentence judiciaire contre l’ancien président Compaoré n’est pas une priorité pour le moment ; il faut plutôt s’unir pour sortir le Burkina de la crise qui le secoue actuellement.
Le chef de l’Etat actuel du Burkina Faso, Paul Henri Sandaogo Damiba, tiendra une rencontre avec les ex-présidents du Burkina encore en vie. Certains anciens présidents ont des comptes à rendre à la justice. Blaise Compaoré a été condamné par contumace à la prison à vie par la justice lors du procès Thomas Sankara. Pour Roland Bayala, porte-parole de la COPA/BF, la réconciliation nationale doit être primordiale. Après cela, la justice pourrait appliquer sa sentence.
« Si la présence de Blaise Compaoré doit permettre aux Burkinabè de s’asseoir autour d’une même table, nous n’y voyons pas d’inconvénient. Il faut d’abord se pencher sur la question de la réconciliation. Après cela, la justice sera libre de se prononcer », affirme Roland Bayala, porte-parole de la Coalition des patriotes africains (COPA/BF). Il estime opportun que les anciens présidents burkinabè s’asseyent avec l’actuel chef de l’Etat autour d’une même table, car ce sera l’occasion de situer les responsabilités et de parvenir à des solutions pour la sécurisation du pays.
« Si en Côte d’Ivoire, bien qu’Alassane Ouattara ait fait autant de mal à Laurent Gbagbo ce dernier a accepté de lui serrer la main, je pense que c’est aussi possible chez nous. Il faut mettre balle à terre et voir ce qui peut être avantageux pour le Burkina », a-t-il ajouté.
Selon Roland Bayala, vu la situation sécuritaire du Burkina Faso, c’est le pardon qui doit primer. Le porte-parole de la COPA/BF a poursuivi en disant que c’est même là l’occasion pour l’ancien président Compaoré d’aller « s’incliner sur la tombe de Thomas Sankara et d’approcher la veuve Sankara pour lui demander pardon ».
« Il est vrai que le droit a été dit, mais est-ce que la situation sécuritaire du Burkina Faso va changer parce qu’on aura mis en prison Blaise ? N’oubliez pas que ce dernier a eu à faire ses preuves au Burkina Faso et qu’on peut recourir à ses compétences avec les autres chefs de l’Etat pour venir à bout du terrorisme », a-t-il souligné.
Pour Roland Bayala, porte-parole de la COPA/BF, l’essentiel, c’est que les Burkinabè se réunissent autour d’une même table pour trouver des solutions à la crise sécuritaire à laquelle leur pays est en proie. « La justice pourrait trancher après. »