L’investissement en ligne a pris de l’ampleur avec l’essor des technologies de l’information et de la communication. Même si des pays comme le Burkina Faso sont encore à la traîne, on constate que les Burkinabè s’y adonnent de plus en plus. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de David Kogo, entrepreneur digital et dans le secteur du BTP, pour en savoir davantage sur ce sujet. Sans langue de bois, il parle des pièges dans lesquels les Burkinabè ont tendance à facilement tomber. Interview.
Radars Info Burkina : Quels sont les types d’investissements qu’on peut trouver en ligne et qui sont accessibles au public burkinabè ?
David Kogo : La liste est longue. Aujourd’hui avec l’évolution de la technologie, on peut dire que tout est possible dans le monde. Avant les choses étaient restreintes mais maintenant tout est ouvert aux pays. Il reste peut-être la sensibilisation ou la conscientisation. On peut citer le e-commerce qui est un commerce en ligne comme quelqu’un qui part acheter ses marchandises qui vient mettre ça dans son magasin et qui vend. Sauf que dans ce cas on a digitalisé cela. Et on peut rester juste dans son bureau sans même aller prendre une marchandise mais vendre tout ce que l’on veut grâce à son ordinateur. Deuxièmement il y a le trading des devises qui est aussi très important parce que cela entre dans le cadre des échanges et on peut dire que ce sont les échanges de différentes devises. Quand vous voulez voyager, vous volez prendre l’avion pour aller aux Etats-Unis, arrivé à l’aéroport, vous devez échanger vos francs CFA contre de l’euro ou du dollar. Du coup comme le taux varie, vous pouvez perdre comme vous pouvez gagner. C’est dans ce sens que le trading est né et c’est possible, à partir de son ordinateur, de faire du change et réaliser du profit sans bouger. Le troisième, c’est la blockchain qui est la technologie la plus révolutionnaire à l’heure actuelle et sur laquelle sont basées les cryptomonnaies, notamment le Bitcoin que tout le monde connaît qui est né en 2008 après la crise, pour résoudre les problèmes liés aux transactions. C’est une monnaie décentralisée qui permet à tout le monde d’échanger de l’argent sans passer par les banques conventionnelles. Et là encore il y a des opportunités à saisir parce qu’on peut avoir des plus-values lorsque les cryptos prennent ou non de la valeur. C’est un domaine qui n’est pas très bien étudié en Afrique. A l’heure actuelle on estime à 3% la population mondiale qui est au courant de l’existence même des cryptomonnaies. Mais c’est une chose qui va s’imposer à tous les pays dans quelques années. Comme le monde évolue, c’est un domaine que les jeunes Burkinabè doivent tenter de maîtriser. Il y en a beaucoup mais ce sont ces trois que je vais citer qui regroupent beaucoup d’autres et qui sont des domaines accessibles au Burkinabè. Parce que des domaines comme le dropshipping sont inclus dans le e-commerce. Ensuite, les gens ne savent pas qu’à partir du Burkina on peut être actionnaire de multinationales comme Alibaba, Facebook ou Google grâce au trading.
Radars Info Burkina : Quel est le facteur le plus important à prendre en compte quand on veut se lancer dans l’investissement en ligne ?
DK : Quand on veut se lancer dans l’entrepreneuriat ou l’investissement en ligne, le premier facteur, c’est l’information ; la bonne et la juste surtout. Il faut aller chercher l’information parce que si vous n’avez pas l’information vous ne pouvez pas décider de faire quelque chose que vous ne connaissez pas. Après l’information, c’est la formation. Vous vous lancez alors en connaissance de cause.
Radars Info Burkina : Comment trouver une formation adéquate, vu que beaucoup d’individus prétendent être des connaisseurs aguerris du domaine, surtout pour ce qui est du trading, et proposent des formations au premier venu ?
DK : Comme dans toute entreprise, quand vous voulez vous lancer il faut aller vers ceux qui sont dans le domaine. Il faut vous renseigner auprès de ceux qui sont dedans et qui engrangent des fruits. Vous ne pouvez pas aller chercher des mangues sur un goyavier. Il faut aller sur un manguier. Il y en a aussi qui, dès qu’ils voient une information en ligne, sautent dessus. Le Burkinabè est trop naïf et c’est ce qui peut lui faire perdre énormément. On ne veut pas aller à la source. On aime les raccourcis, on aime les moins chers et ce qui est facile. Voilà le véritable problème au Burkina. Sans cela, si vous êtes minutieux vous allez y réussir sans problème.
Radars Info Burkina : Est-il possible de réussir dans le domaine en moins d’une année ?
DK : Je ne dirai pas que c’est impossible mais ce n’est pas chose aisée non plus car c’est une activité à part entière qu’il faut apprendre avec le temps. Comme toute autre, il faut apprendre les bases, s’essayer et tirer des leçons et cela peut prendre énormément de temps. C’est encore plus complexe parce que ça engage de l’argent directement quand vous y êtes. Ce qui fait que les émotions s’éveillent rapidement. Ce n’est pas comme dans le monde réel où c’est direct. Mais là aussi il faut apprendre. Ici l’argent est devant toi et c’est ce qui rend des activités comme le trading complexes. Et dès que tu t’engages les émotions sont là. Donc il faut prendre le temps de bien te familiariser avec ça pour pouvoir engranger des profits.
Radars Info Burkina : Parlant de vous, quand avez-vous commencé à aborder le domaine ?
DK : Depuis pratiquement cinq ans. Un peu avant cela j’ai découvert le trading mais je ne m’y suis pas lancé tout de suite.
Radars Info Burkina : Quels sont vos projets actuels ?
DK : Pour le moment je suis passionné des marchés financiers. En outre, j’ai une entreprise à Ouagadougou qui œuvre dans le BTP et l’agropastoral.
Radars Info Burkina : Vous avez une plateforme télégramme que vous offrez aux jeunes gratuitement, les appelant à se mettre ensemble pour apprendre. Qu’en est-il exactement ?
Le trading, beaucoup ne veulent plus en entendre parler parce qu’ils ont été traumatisés et arnaqués. Je n’ai pas été en marge de cela mais Dieu merci, je me suis formé et j’ai voulu avoir un groupe de jeunes aussi passionnés que moi pour qu’on puisse se donner la main. Au Burkina Faso on a un véritable problème. Quand quelqu’un se lance dans une activité qui est vraiment intéressante, les nouveaux venus deviennent comme une proie pour lui. Au lieu de se positionner comme quelqu’un qui a trouvé une solution aux problèmes de plusieurs, on veut tout faire pour gagner sur le dos des autres. Et les jeunes ont peur de certaines propositions de nos jours parce qu’ils se disent que c’est de l’arnaque. Pourtant, on peut faire autrement, avoir une approche différente et aller de façon collégiale pour pouvoir faire quelque chose sur l’échiquier international.
Interview réalisée par Etienne Lankoandé