Ouvert ce vendredi 16 septembre 2022 à la chambre de comparution correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga I, le jugement d’Ollo Mathias Kambou a été renvoyé au 23 septembre 2022. Les avocats du prévenu, après avoir demandé le renvoi dudit procès, ont plaidé une liberté provisoire pour leur client, placé sous mandat de dépôt à la MACO depuis le 6 septembre. Cependant, le tribunal a rejeté leur requête.
Me Prosper Farama, l’un des avocats d’Ollo Mathias Kambou, alias KAMAO, a demandé une liberté provisoire pour son client et ce, après avoir sollicité le renvoi du procès. L'homme en robe noire reconnaît que son client a « injurié par voie d’Internet le chef d’État », mais il s'empresse d'ajouter que Kambou est « assistant doctorant à l’université ; il poursuit ses études. Il ne peut pas avoir à l’esprit de quitter le pays ni refuser de se présenter à l'audience si on lui accorde cette liberté provisoire. Cela briserait même sa carrière s’il le fait ». L'avocat a aussi relevé que son client étant membre d’un mouvement de la société civile, ce qui lui est reproché touche à son engagement, à son militantisme.
Donc « ce procès est [pour KAMAO] l’opportunité de venir expliquer comment il en est arrivé à cette situation », a poursuivi Me Farama.
Ainsi, ce sont tous ces éléments jugés « objectifs » selon lui, mis ensemble, qui les amènent à demander une liberté provisoire pour celui qu'ils défendent.
« Nous ne minimisons pas les principes logiques de la justice. Nous vous prions respectueusement d’accorder la liberté provisoire à notre client pour lui permettre de continuer ses activités. Nous essayons de rester dans une logique juridique », a plaidé l’auxiliaire de justice.
Cependant, cette requête de mise en liberté provisoire des avocats d’Ollo Kambou a été rejetée par Mme le procureur. « Si l’avocat du client demande la liberté provisoire en nous disant qu’il est assistant chercheur doctorant et militant engagé dans un mouvement, ce n’est pas une excuse car au Burkina, il y a plusieurs hommes et femmes qui sont engagés mais qui ne transgressent pas la loi », a-t-elle fait remarquer. Selon la magistrate, « cette demande porte sa propre contradiction » car « le prévenu n’a aucune garantie de représentation en justice ». Donc, « je demande de rejeter la demande de mise en liberté provisoire », a-t-elle conclu.
« On reproche à notre client d’avoir offensé le chef de l’Etat. C’est une infraction moyenâgeuse parce que dans aucune démocratie moderne au monde vous ne trouverez encore ce type d’infraction. Quand on est dans un Etat de droit, en démocratie, quand on est un homme politique, on doit admettre que la critique politique soit quelquefois très obscène», a pour sa part affirmé Me Prosper Farama.
A noter que le procès d'Ollo Kambou, dit KAMAO, a été renvoyé au vendredi 23 septembre 2022 et ce, à la demande de ses différents avocats.
Flora Sanou