Les habitants de Ouagadougou ont passé une longue journée d’attente ce lundi 24 janvier 2022. En effet, après une journée de dimanche marquée par une mutinerie dans certaines casernes du pays, des informations relayées sur les réseaux sociaux et dans les médias faisaient cas d’une déclaration des mutins à la télévision nationale. Des jeunes sont donc sortis apporter leur soutien aux militaires. Mais ce n’est qu’à 17h que le coup d’Etat est officialisé avec la déclaration du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), lue ce lundi 24 janvier 2022 à la RTB par le capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo.
Suspension de la Constitution, dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale, fermeture des frontières aériennes et terrestres, couvre-feu de 21h à 5h, ce sont en substance les décisions prises par les nouveaux maîtres du Pays des hommes intègres. Selon les putschistes, leur objectif à travers la prise du pouvoir, c’est « de permettre au pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté ». À en croire le capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo, les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans violence physique sur les personnes arrêtées, qui sont en lieu sûr dans le respect de leur dignité. Dans leur déclaration, les militaires assurent que le Burkina Faso respectera ses engagements internationaux, notamment en matière de droits de l’homme.
Dans la matinée, plusieurs jeunes s’étaient rassemblées à la place de la Nation à Ouagadougou pour soutenir les militaires. « Moi je n’ai pas de problème avec le Président Kaboré, mais quand je vois que le Burkina Faso est gouverné dans le mensonge et sans les valeurs du pays, cela m’amène à rejoindre les autres pour qu’on puisse reconquérir ce qu’on a perdu, c’est-à-dire la liberté », a déclaré Philadelphie Balma. Pour Lassané sawadogo, coordonnateur du mouvement « la France doit partir », il faut que les militaires changent de mode de gouvernance. « Ce que nous leur demandons, c’est d’être dignes. Ce que la jeunesse demande aujourd’hui, c’est la liberté comme Assimi Goïta a fait au Mali. Nous ne voulons plus cette mauvaise démocratie que la France nous a imposée ici. Nous leur demandons même de rompre les liens avec la France », affirme-t-il.
Silas Taboudou, quant à lui, dit que ce coup d’Etat ne surprend personne. Car depuis la prise du pouvoir par Roch Kaboré, ça n’allait plus dans le pays. Insécurité, famine ; le pouvoir n’a pas pu régler les problèmes des Burkinabè.
En rappel, avant le putsch du 24 janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba était commandant de la troisième région militaire. Un poste qu’il occupe depuis décembre 2021. Sur le plan académique, le nouvel homme fort du pays est détenteur d’un diplôme de l’école militaire de Paris. Il est aussi titulaire d’un master 2 en sciences criminelles du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris et d’une certification d’expert de la Défense en management, commandement et stratégie.
Barthélémy Paul Tindano