samedi 23 novembre 2024

war 1Depuis le 24 février, le monde entier retient son souffle, craignant une 3e Guerre mondiale. En effet, c’est à cette date que la Russie a lancé une action militaire contre son voisin ukrainien. Un conflit qui n’est pas sans inquiéter le continent africain. C’est au regard de cette situation que la Société burkinabè de géopolitique (SBG) a tenu une conférence publique ce samedi 2 avril 2022 à Ouagadougou pour analyser les enjeux de cette guerre entre russophones sur l’Afrique.

Deux thèmes ont été au menu de cette conférence animée par deux personnalités.  Le premier : « Guerre Russie/Ukraine : quels sont les enjeux et opportunités pour l’Afrique ? » a été développé par Angeline Savadogo, communicatrice et membre de la SBG. Selon cette panéliste, les questions relatives aux conséquences de cette guerre pour le Burkina et les autres pays de l’Afrique se situent au niveau des importations, notamment en termes de hausse des prix du carburant. Pour Angeline Savadogo, cette hausse des prix qui est déjà constatée dans certains pays voisins va se généraliser un peu partout en Afrique.

war 2Le professeur Ousseni Illy, quant à lui, a entretenu l’auditoire sur le thème « Sommes-nous aux portes d’un nouvel ordre mondial ? » Une question à laquelle le conférencier a répondu par l’affirmative, lui qui soutient que  l’ordre mondial, qui est traditionnellement dominé  depuis les trente dernières années par la puissance américaine, était déjà bousculé. De son  point de vue donc, cette guerre vient confirmer un retour de la Russie sur la scène internationale qui avait déjà été amorcé avec son intervention en Syrie et l’annexion de la Crimée en 2014 .

war 3«Tous ces faits montrent que la Russie, qui s’était éclipsée pendant un moment après la chute du mur de Berlin et l’éclatement de l’ex-URSS, est en train de revenir sur la scène internationale et cela avec d’autres puissances comme la Chine, le Brésil et l’Inde, qui ont émergé entre-temps», a-t-il déclaré. Cette remise en cause de la puissance américaine et des Etats occidentaux n’est pas sans risques pour le continent africain, selon le professeur Illy. « Il y a comme deux blocs qui se forment : le bloc russo-chinois et le bloc occidental autour des Etats-Unis et de l’Europe, mais pour l’instant on sent que du coté occidental il y a un peu de retenue », a-t-il ajouté.

Pour le second conférencier, les conséquences directes de cette guerre sur l’Afrique sont des répercussions   sur le plan économique car les deux Etats en conflit sont des pays majeurs, à la fois en termes de productions agricoles comme le blé, ce qui a un impact sur le prix de la farine de blé et du pain, et en termes de production d’hydrocarbures, ce qui a pour conséquence une hausse des prix du carburant.

Barthélémy Paul Tindano

rchb uneDeuxième président civil démocratiquement élu de son pays,  Roch Marc Christian Kaboré a été renversé suite à un putsch perpétré par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR),  dirigé par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Après 7 ans de gestion du Faso par le président déchu, quel bilan peut-on faire en matière de gouvernance démocratique ?  Radars Info Burkina s'est entretenu avec Asseghna Anselme Somda, chef des programmes du Centre pour la gouvernance démocratique  (CGD), qui soutient que le regime Kaboré n'a pas été à la hauteur des attentes du peuple burkinabè.

Pour Asseghna Anselme Somda, il est vrai que le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès  (MPP) n'a pas été à la hauteur des attentes,  mais dire qu’il n’a rien fait n’est pas non plus exact. Pour lui, les points relativement positifs du régime Kaboré sont, entre autres, la réalisation d’infrastructures routières. Car en 6 années de pouvoir, le régime Kaboré a augmenté les capacités du Burkina Faso en termes d’infrastructures routières ; que ce soit en termes de nouvelles routes ou de routes qui étaient dégradées qu’il fallait rependre. Même si  beaucoup de ces routes en réalité ont fait l’objet d’accords négociés et signés depuis Blaise Compaoré, ratifiés sous la Transition 2014-2015 et réalisées au cours du mandat de Roch.

rchb 2"Je prends l’exemple de  la route Toma-Tougan-Didyr. Lors du  lancement des travaux, le Premier ministre d'alors, juste après être revenu de Paris pour la collecte des fonds pour le PNDES, avait affirmé que c’est le PNDES (ndlr : Plan national pour le développement économique et social) qui est en marche. Or, il s’agissait d’un projet  dont l’accord de prêt avait été signé sous Blaise Compaoré, ratifié sous la Transition post-insurrection et dont les financements étaient déjà dans les circuits. Il faut dire qu’il y avait une communication politique qui a attribué exclusivement à Roch Kaboré la réalisation de certaines infrastructures routières alors que ses prédécesseurs ont aussi fait des réalisations dans ce domaine. Cependant, de façon globale, il faut reconnaître qu’il y a eu une évolution majeure en matière d’infrastructures routières sous l’ère Kaboré", a-t-il déclaré.

rchb 3Un autre acquis, selon M. Somda, c'est  qu’il y avait  une sorte de réceptivité du régime déchu en matière de débats publics.  Les autorités étaient disposées à mener les débats publics avec des citoyens. "En tant qu’acteur de la gouvernance, nous avons pu implémenter un programme dénommé le ‘’Présimètre'', où Roch Kaboré a autorisé son gouvernement à se prêter à l’exercice. Si vous faites le tour de la sous-région, vous ne verrez aucun plateau de télévision qui faisait l’exercice dans le cadre du “Présimètre” où sur des politiques publiques sectorielles un ministre du secteur concerné était interpellé à la télévision nationale par des organisations de la société civile, par des citoyens au cours d’émissions et ces derniers adressaient clairement des questions audit ministre sur la gestion de son secteur ministériel", a-t-il ajouté.

En outre pour le chef des programmes du CGD, la politique de soins gratuits au profit des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes, quoi qu'on en dise, a été également un acquis du régime Kaboré. Car cette politique a soulagé de nombreuses  femmes enceintes et beaucoup de foyers. "Dans nos enquêtes relatives aux sondages Présimètre, c’est l’une des satisfactions qui ressortait au niveau de la population, même si cette politique comportait quelques insuffisances. Parce qu’il y a un certain nombre de produits qu’on disait gratuits mais qui en réalité étaient inaccessibles", a-t-il poursuivi.

Cependant, de  l'avis d’Anselme Somda, le régime de Roch Kaboré n'a pas rompu avec les pratiques malsaines décriées sous l'ère Compaoré. Pour lui, l'ancien président Roch Kaboré ne s'est pas entouré des personnes qu'il fallait, ce qui a été un obstacle à la bonne gouvernance.

À en croire Anselme Somda, il y avait également  une sorte de racket à la présidence du Faso. Pour certains qui voulaient voir le président, il fallait payer. Outre cela, la gouvernance du secteur de la sécurité a été très ‘’métissée''. ‘’C'est pourquoi le coup d'Etat du 24 janvier n’a pas véritablement surpris les Burkinabè”, a conclu notre interlocuteur.

Barthélémy Paul Tindano

yssef uneYoussef  Ouédraogo ou Issouf Ouédraogo à l’état civil vient d’enrichir les rayons des librairies d’un essai de 113 pages intitulé « Crises sociopolitiques en Afrique : Rôles des médias dans l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso ». La cérémonie de dédicace dudit ouvrage a eu lieu ce 30 mars 2022 à la librairie Mercury à Ouagadougou en présence d’hommes de médias et de lettres.

Selon l’auteur, le contenu de son ouvrage est la synthèse de son mémoire de master en communication et médias à l’université Senghor d’Alexandrie, campus d’Abidjan.  Un mémoire qui tire sa substance des crises sociopolitiques qui affectent de nombreux pays dans le monde en général et en particulier le Burkina Faso.

Présentant l’auteur et son œuvre, Boureima Ouédraogo, directeur de publication du journal « Le Reporter », a déclaré que l’ouvrage a le mérite d’essayer de poser le débat et d’attirer l’attention sur des acteurs visibles parfois oubliés (les hommes de médias, Ndlr). Les actions de ces derniers peuvent soit mettre à mal le climat sociopolitique, soit au contraire participer à la décrispation des situations de détresse collective, à en croire le présentateur. « Certes, ils n’ont pas pour habitude de revendiquer un rôle dans la survenue des évènements marquant l’histoire des peuples. Leur rôle semble parfois si évident que l’on en parle peu », a soutenu Boureima Ouédraogo.

yssef 2Selon Youssef Ouédraogo, cet ouvrage est sa « modeste contribution à la documentation sur l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso ». Un évènement historique, d'après lui, qui présageait un Burkina Faso havre de paix et de bonheur si et seulement si les acteurs du moment avaient pris conscience de la nécessité de capitaliser les acquis pour refonder la société burkinabè. « D’une façon générale, le présent ouvrage se fixe pour objectifs d’évaluer l’ensemble des actions médiatiques pendant l’insurrection populaire, d'une part, et d’autre part de proposer un vade mecum pour les journalistes et les médias en vue d’un meilleur traitement de l’information en temps de crise », a affirmé l’auteur.

yssef 3Né en 1979, M. Ouédraogo évolue aussi bien dans les lettres, les arts et la culture que dans les médias. « Crises sociopolitiques en Afrique : Rôles des médias dans l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso » est subdivisé en trois chapitres. Le premier est intitulé « Médias et espaces publics au Burkina Faso : l’autre acteur de l’insurrection populaire ». Le deuxième chapitre a pour titre : « Rôle des médias dans les crises sociologiques : quelques expériences en Afrique et dans le monde ». Quant au troisième et dernier chapitre, il est intitulé « Défis et perspectives ».

Le livre est disponible dans les rayons des librairies au prix unitaire de 5000 F CFA.

Barthélemy Paul Tindano

isid uneWendlassida Isidor Bouda a obtenu sa licence en science de gestion, option communication des organes, avec brio le mardi 29 mars 2022 à l’Université Aube Nouvelle à Ouagadougou. Son travail a porté sur le thème : « L’utilisation du digital par les organes de presse : cas de Radars Info Burkina ». Durant 15 mn, l’impétrant a séduit le jury qui n’a pas hésité à lui accorder la note de 17/20.

Comment les organes de presse utilisent-ils le digital ? C’est la question à laquelle Wendlassida Isidor Bouda a répondu dans son mémoire. Pour lui, Internet est devenu aujourd’hui un outil incontournable. Il est vital pour les organes de presse, surtout pour les médias n’existant qu’en ligne, car il leur permet de « maîtriser et d’exploiter conséquemment les technologies rendues disponibles par Internet ».

Les chiffres de Hootsuite We are social les plus récents, cités par l’impétrant, révèlent qu’il y a plus de 5 millions d’utilisateurs d’Internet au Burkina parmi lesquels seulement 2 millions sont sur les réseaux sociaux.

isid 2Or, souligne Isidor Bouda, « le nombre de médias en ligne augmente chaque année et le monopole de l’information n’est plus l’apanage des médias ». Le monde de l’information au Burkina est alors très concurrentiel pour une audience plus ou moins restreinte.

Une enquête et des recommandations

Pour la rédaction de son document, il a fallu que M. Bouda enquête afin de recueillir des avis auprès des internautes. Il ressort de cette démarche que 60% des enquêtés connaissent Radars Info Burkina, non seulement à travers les réseaux sociaux mais aussi par le biais de la télévision, avec la chronique hebdomadaire « Dans vos colonnes » diffusée sur Burkina Info. En outre, 61,4% des sondés jugent les informations de ce média crédibles. Cependant, plus de la moitié des personnes enquêtées estiment que les formats des contenus utilisés par le journal doivent être améliorés. 

Pour Isidor Bouda, Radars Info Burkina bénéficiant déjà d’une notoriété auprès des internautes, il doit améliorer ses formats de diffusion. « Les lecteurs sont de nos jours fugaces. Il leur faut donc des contenus accrocheurs, faciles à lire et à comprendre », soutient-il.

Pour y arriver, il propose d’intégrer des contenus innovants en diversifiant les contenus et en incluant plus de sons et de vidéos sur le site et sur la page Facebook du journal. En outre, il recommande d’améliorer la présentation du site web et la charte graphique.

Un thème d’actualité

L’impétrant dit avoir choisi ce thème au regard du développement exponentiel des outils qu’offre internet et qui ont révolutionné les moyens d’accès à l’information ainsi que la façon de la consommer.

isid 3Selon lui, le principal enjeu pour les éditeurs semble être alors de développer leurs contenus sur tous les supports, traditionnels comme numériques, et de réussir à les monétiser afin de faire vivre leur entreprise.

« La transformation des modes de consommation et des modalités d’accès à l’information ainsi que l’émergence de formats natifs ont pour effet de pousser les médias à s’adapter et à produire des contenus adaptés au mobile.  La plupart des médias ont donc décidé de se mettre en ligne. Certains organes de presse décident même d’être des Pure Player dans l’optique de se rapprocher au mieux des lecteurs », a-il-déclaré. 

Le jury, composé du Dr Evariste Dakouré, président, de Jean-Baptiste Dipama, professeur de suivi de l’impétrant, et de Richard Tiéné, directeur de publication de Radars Info Burkina, a salué la pertinence du sujet, qui est unique, mais aussi la qualité et le professionnalisme de l’impétrant, ainsi que la présentation. 

A l’issue de l’exposé de l’impétrant, le directeur de publication de Radars Info Burkina l’a félicité pour la qualité de son travail et confié que le document servirait de base pour continuer à construire et à développer son média.

Pour le Dr Evariste Dakouré, « c’est un plaisir » pour les encadreurs d’assister à ce type de soutenance. Il a encouragé l’étudiant à persévérer dans l’excellence.

A l’unanimité, la note de 17 sur 20 lui a été attribuée par le jury.

www.radarsburkina.net

deut uneMalgré la situation sécuritaire difficile, la DW Akademie renforce son engagement pour la liberté de la presse et contre la désinformation au Burkina Faso. Cet engagement est marqué par l’ouverture, en partenariat avec Fasocheck, de son nouveau siège à Ouagadougou. La cérémonie d’ouverture est intervenue le lundi 28 mars 2022 en présence du directeur général de la DW Akademie, Carsten von Nahmen, et des partenaires de ladite structure.

C’est un bâtiment de type R+2 composé de deux salles de réunion, de huit bureaux, de deux garages et d’un espace aérien moderne pour les loisirs et les échanges qui servira de cadre de travail à la DW Akademie. Engagée au Burkina Faso depuis 2015, cette structure a tenu de nombreux ateliers de développement des médias dans le pays ainsi que d’autres activités, en collaboration avec ses organisations partenaires parmi lesquelles Fasocheck, qui a pour principaux objectifs la pratique et la promotion du fact-checking au Burkina Faso.

deut 2Le renforcement des capacités journalistiques et managériales des radios communautaires, c’est l’une des missions de la DW Akademie. Quatre radios partenaires sont bénéficiaires de ce programme. Une collaboration qui a rehaussé le niveau desdites radios. « Cette collaboration nous a permis non seulement d’améliorer nos émissions participatives et de rapprocher la radio de ses auditeurs, mais également de former et d’éduquer les communautés. Nous entamons la huitième année de partenariat avec la DW Akademie et c’est plusieurs résultats qui ont été engagés au cours de ces années. Nous les devons en grande partie à la collaboration avec la DW Akademie », a déclaré Yves Yemboini Ouoba de la radio TIN TUA de Fada.

deut 3Satisfecit du premier responsable de cette structure allemande, Carsten von Nahmen, qui apprécie positivement le travail des partenaires. Il promet d’ailleurs de renforcer cette collaboration qui vise la promotion des médias et de l’information. « Nous allons tout faire pour renforcer le travail de Fosocheck contre la désinformation (…). C’est le début d’un engagement à long terme. Nous ne sommes pas venus ici pour regarder mais pour rester. Nous sommes ici parce que nous avons des partenaires très forts et très engagés. Notre pays se focalise sur le Burkina Faso », a-t-il déclaré.

La DW Akademie est le centre de la Deutsche Welle pour le développement international des médias, la formation journalistique et le transfert de connaissances. Par ses projets, elle renforce le droit du citoyen à la liberté d’expression et à un accès sans entrave à l’information.

Barthélemy Paul Tindano

cepro uneDébuté le 11 octobre 2021, le procès historique Thomas Sankara et 12 autres connaîtra son dénouement le mercredi 6 avril 2022 à 10 heures. C’est l’information donnée par le président de la chambre criminelle du tribunal militaire de Ouagadougou, Urbain Somé, au terme des plaidoiries ce vendredi 25 mars 2022, notamment avec la défense de l’accusé Diendéré.  Maîtres Paul Kéré et Mathieu Somé ont été les derniers à défendre le général.  Infraction pour prescription, c’est ce qu'on peut retenir des plaidoiries de ces avocats.

Lentement mais sûrement, le procès Thomas Sankara et 12 autres tire à sa fin. Le verdict de ce jugement marathon tombera en principe le 6 avril prochain. Les plaidoiries de la défense ont pris fin le vendredi 25 mars avec le mémoire en défense des avocats du général Gilbert Diendéré, poursuivi pour subornation, recel de cadavres, attentat à la sûreté de l'État et complicité d'assassinat par abstention. 5 avocats défendent « Golf ». Ce sont : Mes Abdoul Latif Dabo, Kossi Saba, Olivier Yelikouni, Paul Kéré et Mathieu Somé. Les trois premiers cités avaient fait leurs plaidoiries la veille jeudi. En une quinzaine de minutes, maître Kéré a fait le tour des chefs d'accusation qui pèsent contre son client. Selon lui, les déclarations faites par des témoins sur l'implication de Gilbert Diendéré sont fausses et il n'y a aucune preuve étayant les infractions reprochées à ce dernier. C'est pourquoi l’avocat a demandé au président du tribunal de faire justice dans ce procès historique en acquittant son client.

cepro 2Intervenu en dernière position sur les infractions, maître Somé note qu'il y a prescription en la matière. « Si on considère la première plainte de 1997 comme un fait qui a interrompu le délai prévu, on recompte à partir de la dernière décision de 2001 jusqu’en 2015 quand on disait de reprendre. On n’avait pas dix ans révolus, on avait déjà 14 ans 9 mois. Donc une prescription de 10 ans plus 4 ans déjà. Même sans tenir compte du fait que cela a déjà été jugé et qu’on ne peut pas revenir dessus, c’est prescrit », a-t-il déclaré. Un point de vue que ne partage pas la partie civile. « Cette question de prescription, ils l’évoquent depuis l’instruction mais ils ont été battus sur cette question et ils la ramènent. Pour nous, le dossier ne montre aucune prescription. Sur le fait qu’il y a eu plusieurs actes qui ont été posés quand on a entendu la défense parler de prescription, ils se limitent à prendre quelques actes », soutient Me Prosper Farama.

cepro 3Pour Me Farama, la partie civile est déjà satisfaite que ce procès se tienne et c’est pour elle une victoire. « Depuis le début de ce procès, nous avons dit que pour nous c’était la première victoire. Très peu de personnes s’attendaient à ce qu’il y ait un jour procès dans cette affaire. Mais nous avons fait cinq mois de procès. Comme vous l’avez vu, les avocats du général Diendéré ont pu argumenter pour demander son acquittement. Notre combat, c’est cela. Nous pouvons avoir des positions divergentes, mais nous souhaitons que cela ne soit pas résolu par les armes, que ça ne soit jamais résolu par des assassinats. Que la liberté soit donnée à chacun de dire au cours d’un procès sa position, sa participation ou non à ce qui lui est reproché (…). Vous avez même entendu le général aujourd’hui dévoiler des choses que personne n’avait entendue », explique Me Farama.  

Le général Diendéré est revenu sur les charges qui pèsent contre lui en se défendant comme avocat et mettant en garde le procureur. « Si on vous envoie, il faut savoir vous envoyer aussi. Ce n’est pas parce qu’on vous dit de me condamner que vous allez me condamner à 20 ans de prison. Je suis à la MACA, mais je sais ce qui se passe dehors », a-t-il déclaré.

L’audience reprend le mercredi 6 avril avec les délibérations.

Barthélémy Paul Tindano

skara 2L'audience s'est poursuivie ce jeudi 24 mars 2022 à la chambre  criminelle du tribunal militaire de Ouagadougou,  délocalisée à la salle des Banquets de Ouaga 2000, dans l'affaire de l'assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. Une journée consacrée aux plaidoiries des avocats du général Gilbert Diendéré. Maîtres Abdoul Latif Dabo, Kossi Saba, Olivier Yelikouni sont ainsi, tour à tour, intervenus pour prouver l'innocence du général. Retour sur cette journée qui a été plus longue que les autres.

Débuté en octobre, le procès Thomas Sankara et 12 autres tire inexorablement à sa fin. En effet, les plaidoiries des avocats de la défense sont presque terminées. Le jeudi 24 mars a été particulièrement insuffisant pour les avocats de l'accusé Gilbert Diendéré, poursuivi pour subornation, attentat à la sûreté de l'État, complicité d'assassinat, recel de cadavres et complicité de recel.

C'est  maître Abdoul Latif Dabo qui a ouvert les plaidoiries en tentant de démontrer que le général Diendéré n'est pas coupable de subornation. En effet, le général est accusé d'avoir envoyé son ancien chauffeur, en l’occurrence Ninda Pascal Tondé, dire au témoin Zetiyenga ne pas dire la vérité lorsqu'il sera entendu par le juge. Une accusation que l'avocat a  rejetée en bloc car selon lui, l'infraction n'est pas constituée puisque Tondé a fait cela de sa propre initiative et non sur ordre de  Diendéré.

skara 3Après lui, c'est maître Kossi  Saba qui a plaidé l'innocence de l'accusé sur l'infraction de recel de  cadavres. Selon l'avocat, un  recel de cadavre, c'est le fait de dissimuler un cadavre dans le but d'empêcher la justice de faire la lumière sur le décès de ce dernier. Mais l'avocat trouve que cette infraction est prescrite et non constituée. À la suite de maître Saba,  maître Olivier Yelikouni a abondé dans ce sens.  Selon lui, ce n'est pas Diendéré qui a ordonné la levée des corps mais Blaise Compaoré, si l’on s'en tient aux documents déclassifiés sur le dossier Sankara. Et d'autres témoins indiquent que l'ordre de lever les corps serait venu du commandant du haut commandement qui était Jean Baptiste Lingani. Donc pour l’avocat, aucun élément n'implique Diendéré dans le recel de cadavres ou la complicité de recel de cadavres. S'agissant de l'infraction d'attentat à la sûreté de l'État, maître Yelikouni demande au tribunal d'acquitter  son client pour infraction non constituée.  Selon lui, le général est poursuivi parce qu'il a été très  loyal à Blaise Compaoré pendant 27 ans. Tout ce qu'il a fait le 15 octobre et dans la suite des événements, il le faisait sous les ordres de ses supérieurs hiérarchiques.  Il n'était au courant de rien en ce qui concerne la préparation et l'exécution du coup d'Etat qui a coûté la vie à Thomas Sankara ainsi qu'à ses 12 compagnons.

Après lui, maître Dabo, dans  une plaidoirie de près de 3h, a défendu le général concernant l’infraction de complicité d'assassinat. Dans son intervention,  maître Abdoul Latif Dabo s'est particulièrement attardé sur ce qu’il a qualifié de contradictions dans les déclarations des témoins incriminant le général. "Ce qu'il faut dire, c'est qu'en droit il ne suffit pas dire que telle personne est coupable.  Il faut amener des éléments qui prouvent que l'intéressé est vraiment coupable. C'est cette preuve que nous avons apportée aujourd'hui. Nos adversaires n'ont fourni aucune preuve", soutient l'avocat. Selon maître Dabo, ce procès est une cabale à la fois médiatique et  judiciaire. "Nous avons des pièces du dossier qui se retrouvent dans la presse. Ce n'est pas normal. Lorsqu'un dossier est en instruction, il est soumis au secret de l'instruction. Des pans du dossier ne devraient pas se retrouver dans la presse", a déclaré l'avocat.

Barthélémy Paul Tindano

kyli uneLe procès Thomas Sankara et 12 autres s’est poursuivi ce mercredi 22 mars au tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des Banquets de Ouaga 2000. Au cours de l’audience du jour, les avocats de la défense, en l’occurrence Mes Natacha Kaboré, Mamoudou Sombié, Maria Kanyili et Hien Ollo Larousse, ont plaidé la cause de leurs clients, à savoir Yamba Elisé Ilboudo, Nabonswendé Ouédraogo, Bossobè Traoré et Ninda Pascal Tondé.

Maître Natacha Éliane Kaboré a plaidé pour l'acquittement de son client Yamba Elisé Ilboudo qui, d'ailleurs, n’a pas nié les faits et, mieux, a donné des détails sur le drame du 15 octobre 1987 au Conseil de l'entente, lui qui était le chauffeur du chef du commando Hyacinthe Kafando, qui a donné l'assaut. Les avocats de la partie civile avaient même félicité l’accusé pour cela.  Pour maître Kaboré, il ne faut pas condamner quelqu’un qui a obéi à un ordre légal, celui de conduire son chef (NDLR : Kafando). Elle ajoute que son client est devenu veuf pendant qu’il était en prison.

kyli 2L’accusé Nabonswendé Ouédraogo, lui, a été défendu par Me Mamadou Sombié. Après avoir dressé la biographie et le portrait moral et physique du capitaine Thomas Sankara, l’avocat a affirmé que le procès a été mal préparé et mal monté. Pour lui, les vrais coupables sont là mais on ne cherche pas à les interroger. A son avis, le tribunal pouvait prendre des mesures pour que Blaise Compaoré soit entendu par un juge ivoirien. Maître Sombié déclare par ailleurs que l’intitulé « Procès Thomas Sankara et 12 autres » n’est pas juridiquement normal. Il soutient qu’il ne s’agit pas d’un procès de morts mais de vivants. La preuve, ce n’est pas ceux qui sont morts qu’on juge mais les vivants. Selon lui, on aurait pu dire « Procès Blaise Compaoré et autres ». Si c’est de Blaise Compaoré aussi qu’on a peur, qu’on dise « Procès Hyacinthe Kafando et autres », a-t-il indiqué. S’agissant des chefs d’accusation qui pèsent contre son client, l’homme en robe noire les rejette en bloc, soutenant que l’attentat à la sûreté de l’Etat est prescrite et qu’il n’y a pas de preuves contre Nabonswendé. Par conséquent, il rejette les témoignages de Yamba Elisé Ilboudo et d’Eugène Somda qui soutiennent que Nabonswendé faisait partie du commando qui a assassiné Thomas Sankara et ses compagnons. Maître Sombié a donc plaidé pour l’acquittement de son client ou, le cas échéant, une condamnation avec sursis.

kyli 3Après Me Sombié, ce fut le tour de Me Maria Kanyili de défendre l’accusé Bossobè Traoré, poursuivi pour complicité d’assassinat et attentat à la sûreté de l’Etat. Membre de la garde rapprochée du président Thomas Sankara, Bossobè est accusé d’avoir donné l’alerte au commando qui a assassiné le père de la révolution et ses compagnons. Des faits que son avocate a rejetés en martelant que le dossier est seulement basé sur les déclarations de témoins, ce qui, d’après elle, n’est pas une preuve concrète. Elle a poursuivi en affirmant que Bossobè entretenait de bonnes relations avec Thomas Sankara, donc qu’il ne peut avoir trahi ce dernier. En raison de cette relation avec Sankara, Bossobè aurait même gardé la tenue de sport qu’il portait le 15 octobre 1987 pour témoigner son attachement au président, une tenue de couleur verte que l’avocate a brandie dans la salle. Maître Kanyili plaide pour l’acquittement de son client au bénéfice du doute ou pour infraction non constituée et, dans le pire des cas, pour une condamnation avec un sursis. 

Me Ahoga Zalyata, quant à elle, a défendu l’accusé Idrissa Savadogo, poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat et assassinat. Son client est accusé d’avoir fait partie du commando qui a assassiné Thomas Sankara et ses 12 compagnons le 15 octobre. L’avocate rejette les faits, soutenant qu’il y a des contradictions dans les déclarations des témoins, donc pas de preuves contre son client. C’est pourquoi elle plaide pour la prescription subsidiaire et la non-constitution des faits. 

C’est Me Hien Ollo Larousse qui a défendu Ninda Pascal Tondé, accusé de subornation. Ce dernier aurait été envoyé par le général Diendéré pour dire à Zetyenga de ne pas révéler la vérité s’il est interrogé par le juge sur le drame survenu le 15 octobre 1987. Mais Zetyenga avait pris le soin d’enregistrer la conversation sur son téléphone. Son avocat rejette les faits et plaide pour son acquittement. Suspendue, l’audience reprend le jeudi 24 mars.

Barthélémy Paul Tindano

prcss uneL'audience avait été suspendue le 3 mars 2022 suite à une exception d’inconstitutionnalité soulevée par les avocats de la défense et relative aux coups d’Etat. En effet, s’appuyant sur le cas du président de la Transition, Paul Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch et dont le Conseil constitutionnel a validé le mandat, ces avocats estimaient que leurs clients ne pouvaient plus être poursuivis pour attentat à la sûreté de l’Etat. Mais en définitive, leur requête sera rejetée par le Conseil constitutionnel. Le procès a donc repris aujourd’hui mardi 22 mars 2022 à la Chambre criminelle du tribunal militaire de Ouagadougou. Une audience consacrée aux plaidoiries de la défense.

Ce sont des plaidoiries aux allures de cours de droit que les avocats de la défense ont faites ce mardi 22 mars. C’est Me Abdoul Latif Dabo qui a ouvert le bal en décortiquant les valeurs et les limites des témoignages dans un procès. Une manière de battre en brèche les témoignages livrés contre leurs clients au cours de ce jugement. Tour à tour, les avocats ont rejeté en bloc les réquisitions du parquet et réclamé que leurs clients soient déclarés innocents pour manque de preuves. De l’avis de Me Moumouny Kopiho, avocat du colonel major à la retraite Jean Pierre Palm, le procès est un assassinat du droit, une parodie, un montage contre son client. prcss 2Selon l’homme en robe noire, Jean Pierre Palm, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, est un officier exemplaire et il n’est impliqué ni de près ni de loin dans le coup d’Etat du 15 octobre 1987. Et d’ajouter que ce n’est pas parce qu’il était proche de Blaise Compaoré que ça signifie forcément qu’il est impliqué dans les événements. Toujours selon l’avocat, en tant que gendarme Palm ne peut pas s’impliquer dans un putsch puisque les pandores prêtent serment qu’ils seront loyaux aux institutions et au pouvoir en place. Pour lui, les témoignages de ceux qui sont passés à la barre ne sont pas des preuves. « C’est n’est pas parce qu’on accuse qu’on condamne. Le témoignage lui-même ne constitue pas une preuve. Ce n’est pas parce que quelqu’un a dit que vous l’avez violé qu’on doit vous traiter de violeur et vous condamner. Un témoignage peut être une preuve s’il y a des éléments tangibles et matériels. Mais le simple témoignage n’est pas une preuve. En droit, on dit que toute infraction est constituée de deux éléments : l’élément matériel et l’élément psychologique, qui est l’élément intentionnel », affirme l’homme de droit.

Avant Me Kopiho, ce sont les avocats Issiaka Ouattara et Aliou Diakité qui ont défendu les médecins militaires Alidou Guebré et Amadou Kafando, qui ont livré les actes de décès des victimes du 15 octobre 1987 où il est mentionné « mort accidentelle » et « mort naturelle ». Ces avocats ont plaidé pour l’acquittement de leurs clients pour infraction non constituée.

En outre, les accusés Albert Belemgniliga, Diakalia Démé et Tibo Ouedraogo ont été respectivement défendus par Mes Mamadou Koulibaly, Olivier Somé et Victoria Nébié. Tous ont plaidé pour que leurs clients soient acquités pour manque de preuves.

L’audience reprend le mercredi 23 mars à 9h00. Il faut souligner que le nombre de personnes assistant au procès diminue de jour en jour. Ce 22 mars 2022, par exemple, la salle d’audience était presque vide.

Barthélémy Paul Tindano

infras uneCela fait déjà 18 mois que l’ancien chef du gouvernement Christophe Marie Joseph Dabiré a lancé les travaux de bitumage de la route nationale numéro 4 (RN4), notamment le tronçon Gounghin-Fada frontière du Niger. Mais jusqu’à présent, rien ne se dessine sur le terrain. Une situation difficile à laquelle vient s’ajouter l’insécurité grandissante dans la région de l’Est. Pour Emmanuel Ouoba, coordonnateur du mouvement U Gulmu fi, les autorités actuelles doivent veiller à la reprise des travaux sur cet axe.  

Les usagers de la RN4 sont fatigués de parler de l’état de dégradation de cette grande route qui relie les capitales burkinabè et nigérienne. Selon le coordonnateur du mouvement U Gulmu fi, le réseau routier est quasi inexistant dans la région de l’Est. Car outre une bonne partie de la RN4, les autres voies sont également dans un état de dégradation avancé. S’il est vrai que les travaux sont avancés sur la RN18, tronçon Fada-Bogandé, c’est tout autre chose sur le tronçon Fada N’Gourma-Pama-frontière du Bénin. Sans compter que la voie Fada-Gayeri est parfois impraticable. La route Kantchari-Diapaga vient d’être achevée mais côté qualité, il y a à redire, selon Emmanuel Ouoba. « En matière de routes, la situation au niveau de la région de l’Est est vraiment lamentable. Il n’y a pratiquement pas de route. D’abord la route principale d’entrée dans la région quand on quitte la capitale est vraiment belle jusqu’à la limite de la région du Centre-Est. Après la région du Centre-Est, notamment à partir de Gounghin, c’est autre chose. La route est totalement délabrée et il est vraiment difficile d’y circuler si bien que beaucoup de véhicules préfèrent rouler sur le bas-côté. Et c’est ainsi de Gounghin jusqu’à la frontière Burkina-Niger », déclare-t-il.  

infras 2Lorsque l’ex-Premier ministre Christophe Marie Joseph Dabiré procédait au lancement des travaux de la RN4 le 19 septembre 2021, les populations de la région de l’Est étaient très optimistes. Mais 18 mois après, c’est la déception. « 18 mois après le lancement des travaux, il n’y a rien de concret sur le terrain. Aux dernières nouvelles, le contrat entre l’Etat burkinabè et l’entreprise Sitram, en charge des travaux du tronçon Gounghin-Fada, aurait même été résilié. Quant au reste de la route, notamment les lots 2 et 3, il n’y a pas de résiliation de contrat mais il n’y a rien non plus comme activité concrète. C’est dire donc qu’aujourd’hui au niveau de la RN4, c’est le statu quo. On peut même dire que la situation a empiré. La dégradation ne fait que s’accentuer au fil des saisons», explique le coordonnateur du mouvement U Gulmu fi.

infras 3Lorsque le 9 mars 2022 le ministre des Infrastructure et du Désenclavement, le colonel major Charles Josaphat Zoungrana, prenait fonction, il a dit que son département, en particulier dans cette phase cruciale de restauration de l'intégrité du territoire national, devrait impérativement travailler en parfaite synergie avec les départements en charge de la Défense et de la Sécurité afin de trouver les meilleures stratégies pour permettre la reprise progressive et l'aboutissement des projets du ministère. En tout cas la population de l’Est attend beaucoup de lui.

« Les attentes sur la question des routes demeurent fortes vis-à-vis du nouveau gouvernement. C’est vrai que la situation sécuritaire est une grande préoccupation, mais au-delà de cela, aujourd’hui notre préoccupation majeure, c’est le désenclavement de notre région. Les autorités actuelles devraient donc tirer des leçons de ce qu’il y a eu comme difficultés avec le régime passé et prendre les dispositions idoines pour réaliser rapidement ces voies », a conclu le coordonnateur du mouvement U Gulmu fi, qui annonce par ailleurs des actions dans les prochains jours pour se faire entendre par les nouvelles autorités.

Barthélémy Paul Tindano

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