Connu pour son franc-parler et sa maîtrise des questions de démocratie et de bonne gouvernance, l'ancien ministre de la Culture Abdoul Karim Sango, qui occupe actuellement les fonctions de conseiller culturel du président du Faso, a su retenir l'attention du parterre d'étudiants, de jeunes issus des milieux associatif et politique, d'enseignants et de journalistes lors de la conférence régionale publique du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qu'il a tenue le samedi 30 octobre 2021 à Bobo-Dioulasso. C’était sur le thème «La promotion des valeurs démocratiques en vue de la promotion de la stabilité institutionnelle et de la cohésion sociale au Burkina Faso».
D'entrée de jeu, Abdoul Karim Sango a fait observer que la démocratie, sous nos cieux, est caractérisée par de sérieux dysfonctionnements, lesquels ont pour noms : coups de force récurrents, pléthore inutile de partis politiques, politisation à outrance de l'administration publique, scrutins à suffrage universel direct pour des populations qui ne comprennent pas grand-chose à la politique, etc. Pour remédier à ces dysfonctionnements, le conférencier du jour a fait les propositions ci-après : la dépolitisation des postes de nomination dans l'administration publique ainsi que dans l'armée, le retrait de la chefferie traditionnelle de la sphère politique et son remplacement par un « Haut Conseil de la chefferie traditionnelle », la création des institutions en prenant en compte nos réalités culturelles, ainsi que le scrutin à suffrage universel indirect.
Le Dr Sango suggère également qu’en «s'inspirant des erreurs du passé, en se refondant sur leur propre identité, les Africains bâtissent des institutions qui apportent des réponses aux problèmes des Africains».
Face à l'impatience de certains de voir les États africains parvenir à un ancrage démocratique avancé, le conférencier a rappelé que «la démocratie est un processus lent dont la mise en oeuvre peut prendre du temps». Pour illustrer son propos, il a cité l’exemple des États-Unis et de la Grande-Bretagne, deux grandes démocraties dont les processus démocratiques ont commencé il y a quelques siècles.
L’Union pour la renaissance/Mouvement patriotique sankariste (UNIR/MPS), c’est le nom du tout nouveau parti porté sur les fonts baptismaux par les partis d'obédience progressistes burkinabè ce lundi 1er novembre à Ouagadougou au cours d’un congrès. Me Bénéwendé Stanislas Sankara, ex-président de l'UNIR/PS, est le tout premier président de ce parti et Yacouba Issac Zida, ex-président d'honneur du MPS, en est le président d'honneur.
Ainsi en ont décidé les congressistes : l’Union pour la renaissance/Mouvement patriotique sankariste (UNIR/MPS) est née. Fruit de la fusion entre l’Union pour la renaissance parti sankariste (UNIR/PS), du Mouvement pour le salut (MPS), de FasoKooz, du Parti de la justice et du développement (PJD), de l’Union pour la renaissance démocratique/Mouvement sankariste (URD/MS), de la Jeunesse sankariste unie (JSU) et du CPP/FB, ce nouveau parti est le résultat de 72 heures de travaux des militants des 6 partis unitaires, réunis en congrès depuis le 30 Octobre dernier. L’UNIR/MPS a adopté ce lundi une motion de soutien à Roch Kaboré, président du Faso. Inscrite à l’ordre du jour du congrès, une autre motion a été prise pour appeler les autorités burkinabè à faciliter un « retour sécurisé » au Burkina de Yacouba Isaac Zida, président d’honneur du nouveau parti. Ce dernier, depuis le Canada, s'est exprimé à l’occasion de la création du nouveau parti, ce 1er novembre 2021. « J’invite les Burkinabé à accueillir l’UNIR/MPS, non pas comme un parti de plus, mais plutôt comme leur parti, celui qui portera désormais le flambeau du patriotisme, de l’intégrité, du panafricanisme et qui remettra notre peuple sur la trajectoire du développement endogène », a lancé le président d'honneur de l’UNIR/MPS, Yacouba Isaac Zida. Désigné président de l’UNIR/MPS, Me Bénéwendé Stanislas Sankara a évoqué le défi majeur que doit relever ce nouveau parti, à savoir la conquête du pouvoir d’Etat. Mais, a-t-il précisé, les échéances électorales municipales de mai 2022 seront pour eux une occasion de jauger leur forces. Cette union, a-t-il poursuivi, s’inscrit dans l’esprit de mutualisation des efforts et des actions des partis se réclamant de l’idéologie sankariste pour proposer aux Burkinabè une alternative nouvelle dans la gestion du pouvoir d’Etat. « Notre peuple a des aspirations profondes et celles-ci ne peuvent trouver de solutions qu’à travers un projet de société fondé sur des valeurs que nous sommes en train de défendre avec cette dynamique unitaire », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas bon que notre président d’honneur soit en exil, nous demandons son retour avec toutes les conditions possible », a lancé un congressiste.
Dans la même veine que les congressistes qui ont réclamé le retour du fraîchement désigné président d’honneur Yacouba Isaac Zida, Me Bénéwendé Stanislas Sankara a soutenu que le retour de ce dernier est déjà à l’ordre du jour dans le processus de réconciliation nationale. « Les congressistes ont pris cette motion pour insister sur le fait qu’il faut le faire le plus urgemment possible », a-t-il conclu.
L’UNIR/MPS a un bureau exécutif national fort de 121 membres. Son 1er vice-président est le Pr Augustin Loada. Ce congrès qui a refermé ses portes ce 1er novembre s’est tenu sous le thème « L'unité des forces progressistes comme alternative crédible à la lutte contre l'insécurité et pour le progrès du Burkina Faso ».
La nation burkinabè a rendu hommage aux martyrs de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015 au cours d’une cérémonie à laquelle était présent le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Des parents des victimes de ces tragiques événements, les membres du gouvernement, ainsi que des personnalités politiques et institutionnelles étaientégalementprésents ce dimanche 31 octobre 2021 àla place du monument des Martyrs.
Observation d’une minute de silence à 10h 00, lecture des noms des victimes, dépôt de gerbe de fleurs par le président du Faso, sonnerie aux morts et exécution de l'hymne national : telles sont les différentes étapes qui ont ponctué la cérémonie d'hommage aux martyrs de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015.
Le président du Faso a salué l’engagement et la détermination du peuple burkinabè comme facteur essentiel dans l’histoire politique du pays. « C’était un combat pour la démocratie, un combat pour lutter contre la gestion à vie du pouvoir d’Etat, un combat pour éviter également la patrimonialisation de l’Etat », a déclaré Roch Marc Christian Kaboré.
De leur côté, les familles des victimes non seulement exhortent le président du Faso et le gouvernement à avoir un regard sur les veuves et orphelins des martyrs, mais aussi demandent justice pour tous ceux tombés pour la liberté et la démocratie.
Selon Victor Pouahoulabou, président de l'union des familles des victimes de l'insurrection populaire, cette commémoration est une bonne chose mais importe peu aux familles des victimes. « Au nom des familles des victimes, nous voulons que désormais tous les dossiers soient traités avant la fin de l'année. Nous pensons qu'il y a eu une négligence quelque part. En outre, je pense qu'il est le devoir du président du Faso de prendre tous ces enfants-là en charge. C'est 75 000 F qu'ils avaient prévu àl'époque comme frais de scolarité. Nous trouvons que cela est très peu et nous demandons qu'ils revoient ce montantàla hausse (...). Ce n'est ni le discours ni la cérémonie qui nous intéresse», a-t-il martelé.
En rappel, ce sont une quarantaine de personnes qui ont été tuées lors de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015. Le Conseil national de la transition, organe législatif mis en place à la suite de l’insurrection, a institué la date du 31 octobre comme jour commémoratif afin de rendre hommage à toutes les victimes de ces tragiques événements.
Le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune s’est ouvert ce lundi 11 octobre 2021 à la salle des banquets de Ouagadougou, transformée en tribunal militaire pour la circonstance. 12 accusés sur 14 ont répondu présents à l’appel du tribunal militaire. Seuls Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando sont absents. Mariam, la veuve de Thomas Sankara, était présente. Radars Info Burkina a pu recueillir quelques avis au sortir de la première journée de ce jugement renvoyé au 25 octobre à la demande des avocats de la défense.
34 ans, c’est le temps qu’il a fallu attendre avant de voir enfin ce procès se tenir. « C'est un jour de vérité pour moi, ma famille et tous les Burkinabè », a déclaré la veuve de Thomas Sankara, Mariam, à l’ouverture dudit procès. Pour Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, la tenue de ce procès est une première grande victoire. Mais, poursuit-il, nous ne sommes là ni pour une chasse aux sorcières ni pour une vengeance, encore moins pour une revanche ; seulement pour la vérité et la justice. Et toujours selon l’avocat de la partie civile, l’absence de Blaise Comparoé ne gêne en rien la manifestation de la vérité. « La justice recherche la vérité. Pas la vérité forcément de la bouche de Blaise Compaoré ; il aurait pu être présent sans dire la vérité », a-t-il déclaré. Si ce jour est historique eu égard au caractère emblématique que revêt ce procès du père de la Révolution, les avocats de la défense ne l’entendent pas de cette oreille. Il rejette catégoriquement que ce procès soit enregistré sous quelque forme que ce soit. Selon Me Moumouni Kopio, avocat de la défense, on ne peut pas déroger à la loi pour un dossier que les uns « jugent emblématique ». « J’ai dit que je ne veux entendre ma voix ni dans une radio ni dans une télé parce que je ne vais pas m’aligner sur une violation de la loi. La loi dit qu’on n’enregistre pas », a-t-il ajouté pour justifier son refus. Pour l’histoire et les générations futures, il n’y aura donc pas d’archives audio ni visuel. Et Me Moumouni Kopio d’ajouter : « Le tribunal n’a pas pour vocation de constituer les archives de l’histoire ; c’est pour rendre la justice, il ne faut pas se tromper sur l’objet du tribunal ». C’est une « grande déception », a pour sa part jugé Me Prosper Farama. Etant du même avis que ce dernier, Sam’K exprime sa déception également. « Ma seule déception aujourd’hui, c’est que la décision a été prise de ne pas enregistrer ce procès. Je trouve que c’est vraiment dommage. Pour l’histoire, Sankara ce n’est pas n’importe qui », a soufflé Sam’s K Le Jah, membre de la société civile.
A en croire Me Bénéwendé Sankara, ce procès ne sera pas une partie de plaisir. Et, confie-t-il, j’ai un pincement en cœur de ne pas être en robe du fait de mes occupations gouvernementales. « Nous allons enfin savoir la vérité même si c’est une vérité partielle. Nous allons enfin savoir qui a fait quoi, comment et pourquoi le 15 octobre 1987 », a déclaré Jean Hubert Bazié, compagnon de Thomas Sanakara.
Ce sera un tribunal militaire constitué pour la circonstance qui aura la lourde charge de dire le droit. Le Bâtonnier Siaka Niamba se réjouit que ce pas soit franchi. « Le tribunal a été très bien composé. Ceux qui ont été retenus pourront faire efficacement leur travail », a-t-il soutenu. Une notification va être envoyée au domicile de Blaise Compaoré, absent à l’appel, qui aura 10 jours pour répondre. Faute de quoi, il sera jugé par contumace et là, il risque la peine maximale s’il est reconnu coupable, nous dit Me Prosper Farama. Idem pour Hyacinthe Kafando, l'ancien chef de la sécurité de Blaise Compaoré.
En rappel, le procès a été suspendu à la demande de la défense pour mieux prendre connaissance des 20 000 pages du dossier. Il est supposé reprendre le lundi 25 octobre 2021 à 9h. Le Tribunal militaire, chargé de juger cette emblématique affaire, est composé de 3 juges assesseurs titulaires, à savoir le colonel major Boureima Ouédraogo, le colonel major Alfred Somda et le colonel de gendarmerie Saturnin Poda. Il est en outre constitué de trois assesseurs suppléants qui sont le commandant Christine Sougué, le commandant Abdoul Karim Ky et le capitaine Hygia Capuce. Me Urbain Méda assure la présidence dudit tribunal. Il est assisté d’une conseillère.
Le Parti de la renaissance nationale (PAREN) a effectué sa rentrée politique aujourd’hui samedi 9 octobre 2021 à Ouagadougou. Le thème retenu était : « Le retour des coups d'État : causes, conséquences et solutions ».
Trois coups d’Etat en Afrique francophone (Guinée Conakry, Mali et Tchad) en moins d’une année : c’est après avoir fait le triste constat d’une résurgence des putschs dans cette partie du monde que le parti qui prône le « tercérisme » a décidé de conscientiser ses militants et le reste de la population burkinabè sur cet état de fait. Selon le président dudit parti, le choix du thème de leur rentrée politique cette année est justifié par le « recul de la démocratie » dans notre sous-région, et il y a péril en la demeure. « Nous avons voulu échanger sur ce thème pour faire comprendre à nos militants et au reste de la population que le coup d’Etat constitue une violation du droit libre du citoyen. Il peut paraître une réponse mais nous estimons que c’est en définitive une mauvaise réponse à un vrai problème, celui de la qualité de la gouvernance en Afrique », a déclaré Abdoul Karim Sango.
Depuis que le vent de la démocratie a commencé à souffler sur le continent, plusieurs pays africains ont connu des interruptions anticonstitutionnelles. Face à cela, le président du PAREN soutient que « l'intrusion militaire dans la politique doit être close…Nous souhaitons que les interruptions de processus démocratiques prennent fin puisque. L’Afrique, jusqu’autour de 1990, baignait dans un climat de coups d’Etat. Si cela devait apporter le développement, il y a longtemps que nous serions développés », a martelé le président du parti créé par le professeur Kilachiu Laurent Bado. Pour cela, le PAREN invite le gouvernement, les OSC et les partis politiques à œuvrer afin que nous ayons une gouvernance de qualité à tous les niveaux qui redonnera espoir aux populations. A cet effet, le PAREN propose une transparence électorale. « Il y a un jeu de mensonge et de comédie électorale dont il faut se départir. Qu’il n’y ait pas de violation du droit du peuple au suffrage. L’achat des consciences est une violation des consciences citoyennes du peuple et il faut y mettre un terme », a clamé le Dr Sango. Il faut que le dispositif institutionnel soit tel qu’aucun parti, quelle que soit sa force, ne peut détenir plus de 50% des suffrages, car la démocratie est pluraliste, a-t-il ajouté pour conclure son propos.
Créé en 2000 par le Pr Laurent Bado, le Parti pour la renaissance nationale (PAREN), aux dernières élections législatives de novembre 2020, n’a pu engranger aucun siège de député. Ledit parti est membre de la majorité présidentielle depuis 2015.
Dans le cadre de la célébration du 61e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso dans la région du Plateau central, le comité national d’organisation de l’événement, présidé par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, a tenu sa toute première rencontre ce vendredi. A cette occasion, ledit comité a été installé, et le nouveau visuel de l'événement dévoilé.
« Cette célébration reste d’actualité. Son organisation implique certes un aspect festif mais s’il n’y avait que cet aspect festif, vu le contexte national nous nous en serions passés, mais c’est de la commémoration de l’indépendance du Burkina Faso, c’est-à-dire l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, qu’il s’agit ! C’est un moment au cours duquel on célèbre l’honneur et la dignité de notre nation. C’est pourquoi on ne peut pas faire l’économie de cet évènement », a argumenté d’entrée de jeu le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo. Le comité national d’organisation de cet événement d’importance est composé d’une dizaine de commissions qui vont travailler sur plusieurs volets. C’est en tout cas ce qu’a précisé le ministre. Il s’agit de commissions comme “communication”, “matériel”, “transport”, “hébergement”, “protocole” et “restauration”, entre autres. Y travailleront aussi bien des structures civiles que militaires, d’après le ministre d’Etat. Clément Sawadogo, qui a tenu a rassurer sur la qualité des infrastructures qui, à l’en croire, seront livrées à temps. «Avant l’installation de ce comité, il y a un travail qui est fait sur le terrain et qui porte sur le volet infrastructurel au niveau régional. Plusieurs ministères sont à pied d’œuvre pour que les réalisations à effectuer soient de bonne qualité et livrées à bonne date », a-t-il confié.
Le visuel de la fête de l’indépendance dévoilé au public par le comité prend en compte les potentialités culturelles et économiques de la région du Plateau central. Il est composé de symboles forts comme une main, une calebasse, une colombe et un barrage. « La main tient une calebasse d’eau, l’eau de la réconciliation. La calebasse est le symbole du vivre-ensemble et est utilisée par plusieurs communautés. Elle comporte une suture sur le côté qui vient rappeler la fragilité de la paix, du vivre-ensemble et interpelle à plus d’attention pour la préservation de la cohésion sociale. En haut de l’affiche, on aperçoit une colombe, symbole de paix et de cohésion. Au pied du visuel on constate la présence du barrage de Ziga, principal barrage ravitaillant en eau de la ville de Ouagadougou et ses environs. Ce barrage joue un rôle prépondérant dans le maraîchage et les cultures de contre-saison dans la région du Plateau central. Enfin, la couleur blanche est en lien avec le thème retenu cette année, qui porte sur la réconciliation et la cohésion », a expliqué en détail le comité d’organisation. Placé sur le thème « Réconciliation nationale et cohésion sociale : devoir et responsabilité de tous pour un développement durable du Burkina Faso », le 61e anniversaire de l’accession du Burkina Faso à l’indépendance sera célébré à Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau central, le 11 décembre 2021.
En prélude à la tenue du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, le tribunal militaire a tenu un point de presse à Ouagadougou le jeudi 7 octobre 2021 pour donner des informations pratiques sur le déroulé du jugement. Il en ressort que contrairement à ce qui est souhaité par certains Burkinabè, le procès ne sera diffusé ni à la télévision ni à la radio.
Le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara sera public : c’est en tout cas l’information donnée par le tribunal militaire, mais il ne sera ni enregistré ni filmé. « L’article 314-5 du Code de procédure pénale interdit l’utilisation de tout appareil d’enregistrement ou de diffusion sonore, de toute caméra de télévision ou de cinéma et de tout appareil photographique ou similaire dans la salle d’audience », a déclaré le tribunal militaire. Mais, a-t-il précisé, « exceptionnellement, le président du tribunal, sur réquisition du procureur général, peut autoriser l’emploi d’un des moyens susmentionnés». Et d’ajouter qu’effectivement, des correspondances lui sont parvenues, dans lesquelles les expéditeurs disent souhaiter la retransmission dudit procès à la télé et à la radio. « Nous avons reçu des correspondances sollicitant la retransmission du procès mais on s’en tient au Code de procédure pénale en vigueur, qui dispose que l’enregistrement est interdit, n’en parlons pas de la diffusion télé », a précisé ledit tribunal.
La salle d’audience comportera trois entrées : une pour le public, une réservée aux magistrats et officiels accompagnés des médias et une autre pour les accusés. L’accès à cette salle d’audience est conditionné par le respect strict des mesures édictées : « Pas d’appareil électronique, pas de caméra, pas de sac, port obligatoire d’un masque de protection et respect strict des mesures de distanciation sociale ». Le tribunal militaire prévient qu'une amende comprise entre 250 000 et 5 000 000 de FCFA sera infligée à tout contrevenant à ces mesures. Son matériel sera par ailleurs saisi.
Le procès des personnes mises en accusation dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara et de ses douze compagnons s’ouvre le lundi 11 octobre 2021 à 9h. Cette audience de la Chambre de première instance du tribunal militaire se tiendra dans la salle des banquets de Ouaga 2 000.
Ceci est une tribune de Maître Arnaud Ouédraogo, avocat burkinabè. Selon l'homme de droit, la patrie des hommes intègres dispose d'un formidable atout pour faire face aux maux qui l'assaillent : il s'agit de l'intégrité. Lisez plutôt.
Ce sont les grandes épreuves qui font les grandes nations comme les temps difficiles révèlent les grands hommes. Les difficultés ne sont rien tant que nous savons les tourner à notre avantage en saisissant l'occasion d'en sortir plus forts.
1. Notre intégrité sera notre cri de ralliement
Face à la menace, chaque peuple doit découvrir son cri de ralliement. Certains peuples ont trouvé ce dénominateur commun dans une religion ou une ethnie. Nous avons eu le génie de transcender la religion et l'ethnie pour trouver notre force motrice collective dans une valeur sanctifiée : l’intégrité.
Celui qui nous a baptisés du glorieux nom de « Patrie des Hommes Intègres » nous a légué un précieux héritage. Nous échappons ainsi au piège de la religion et de l'ethnie qui enserre plusieurs peuples en Afrique. Les jeunes gens qui se battent contre le terrorisme ne défendent pas seulement une intégrité territoriale ; ils défendent aussi un patrimoine immatériel : notre intégrité identitaire.
2. Découvrir la portée stratégique de l'intégrité
L’intégrité est notre matière première stratégique. Il reste à lui conférer une dimension opératoire par sa transcription dans la gouvernance, le droit, la culture et l'économie, afin qu’elle ne soit pas un vœu pieux.
Dans ces temps graves pour le devenir de la nation, la première application de l'intégrité consistera à mener de front la lutte contre le terrorisme avec la lutte contre la corruption. La question de la corruption se pose en des termes de survie collective puisque la corruption s'attaque à notre identité commune revendiquée. Comme le terrorisme, la corruption engendre un Etat parallèle : règles parallèles, justice parallèle, territoire parallèle, citoyens parallèles, gouvernement parallèle, armée parallèle, économie parallèle. Comme le terrorisme, la corruption déshumanise : le terrorisme tue l'homme, la corruption tue l'humain.
Que le Burkina Faso figure sur une liste de pays parrainant le blanchiment de capitaux est contre-nature. Un Burkina Faso des affaires prospère dans le terrorisme et une économie de guerre s'incruste durablement. Cela va de l’opacité des dépenses militaires aux rackets sur les routes et aux frontières, tout cela paradoxalement au nom de la lutte contre le terrorisme.
Nous ne mesurons pas encore l’extraordinaire opportunité de la transcription de l’intégrité dans l’économie ni l’opportunité d’une économie de l’intégrité autocentrée sur la qualité des hommes. Cette économie de la ressource humaine permet de surmonter la rigueur des conditions physiques et de sortir de l’enclavement. C’est le secret de la « Richesse des nations ». Même le colon a pressenti avant l’heure la voie de ce grand destin. On connait l’exclamation du Général de Gaulle à son arrivée en Haute Volta : « Ouagadougou, Terre des Hommes ! » – toute une prophétie.
3. Face au terrorisme, une perspective globale
Le seul honneur que nous font les terroristes, c’est de nous obliger à redoubler d’intelligence et de discernement. Les terrorismes ne sont pas bêtes et sont loin d’être « fous ». Leur mode opératoire au Sahel démontre qu'ils évoluent dans une sphère rationnelle cohérente. Remonter la pente de cette cynique rationalité permet de reconstituer la matrice d’une réponse stratégique globale.
Le terrorisme nous introduit dans un univers de complexité. Réduit à sa plus simple expression, le terrorisme est assis sur le triptyque : « Armement - Financement - Idéologie ». Mais ce « Triangle des Bermudes » recèle un nœud d’interactions : guerre de religions larvée - circulation incontrôlée des personnes - circulation incontrôlée des armes - frontières poreuses - filière de recrutement - faible contrôle des systèmes de communication - conquête territoriale - alliance stratégique entre groupes - adossement à d'autres formes de criminalité - corruption - blanchiment de capitaux - drogue - orpaillage - désagrégation des familles - destruction du système scolaire - destruction des structures économiques - pillage de récolte et de cheptel - exode de populations - destruction des institutions sociales - déculturation – faiblesse de la coopération régionale - hypocrisie de la vie internationale - sous-traitance locale - ingénierie de la terreur au sommet de la pyramide.
4. Face au terrorisme, mobiliser aussi les armes de la culture
Toute guerre se gagne ou se perd sur le terrain de la culture. Les terroristes sont les premiers à investir le terrain de la culture, quitte à y pénétrer par effraction. Ils développent l’ingénierie de la terreur comme un haut-lieu de déconstruction de la culture. C’est sur les ailes de l’idéologie, donc de la culture, qu’ils portent leurs armes puis opèrent la sous-traitance locale de la guerre. Ils ruinent les légitimités politiques, économiques et sociales, détruisent les vecteurs de sens (écoles, monuments historiques et spiritualité endogène) pour mieux demeurer maîtres de la raison d’agir. C’est Bernanos qui disait : « Qui dispose de sa mort tient tous les enjeux ». L'Afrique voit ainsi se dérouler sur son sol une guerre de religions larvée, entre Christianisme et Islam, qui ne lui laisse pas l’occasion de sublimer sa propre spiritualité en tant que moteur de son inventivité.
En donnant du sens à l'action, la culture rend la guerre intelligente et préserve de la tentation de riposter par les mêmes armes de la terreur. La culture se dresse comme un rideau de fer contre la barbarie. C’est ce supplément d’âme auquel la culture oblige qui rend aussi la guerre plus difficile pour les nations civilisées.
La culture permet de retrouver le sens de l’altérité et du rapport à l’autre. En disqualifiant la perspective manichéenne d’un « axe du mal », la culture sort le terrorisme de la fatalité et replace l’homme au pied de l’humanité. Elle ouvre le champ à la réconciliation des antagonismes politiques.
5. Restaurer les digues de la confiance
Il faut un exhaussement de la politique par la réhabilitation de la parole publique devenue une « langue morte ». Certes, la globalisation délocalise les causalités et fait ressentir d’ici le contrecoup d’une action menée à mille lieux : guerre en Libye et en Irak, conflit israélo-palestinien, guerre en Afghanistan et en Syrie ont ouvert les vannes pour la circulation massive des armes au Sahel. Mais il ne faut pas que l’hypocrisie internationale (celle qui vend des armes contre des pétrodollars à des Etats dont le lien avec le terrorisme est trouble) vienne rencontrer une hypocrisie locale. Il faut restaurer les digues qui maintiennent la confiance, le droit, les institutions, le bien commun et la redevabilité, car ce sont elles qui rendent possible la collectivité humaine organisée. Il faut changer le rapport au pouvoir marqué par une trop grande verticalité face à une société qui aspire à l’idéal démocratique. Seule la confiance retrouvée scellera l’union sacrée, percera le mur du désespoir et portera la plus haute espérance pour le Burkina Faso que nous aimons.
Le Discours d’orientation politique (DOP) a été diffusé à la radio le 2 octobre 1983, à partir d’un enregistrement effectué la veille par le président Thomas Sankara. A Ouagadougou, un monument a été érigé pour marquer ce point crucial dans l’évolution de l’histoire du pays des hommes intègres. Que savent les populations de cette place ? Radars Info Burkina est allé à leur rencontre pour s’imprégner de ce qu’elles retiennent de l’historique du « rond-point du 2-Octobre ».
« C’est un repère, une référence », nous dit Dao Amoul sur sa connaissance de la place qui matérialise le 02 octobre. Par repère celui-ci explique qu’il se sert de ce lieu pour indiquer une position ou un lieu à d’autres personnes. Comme M. Dao, ils sont nombreux à ne pas connaitre la signification de ce monument placé en face du lycée Marien N’Gouabi en direction de la Mairie de la ville de Ouagadougou. Koanda Cheikh Oumar se rappelle que cette place marque un évènement, mais il n’en sait pas davantage. « Je sais que cette place du 02 octobre c’est le discours d’orientation politique, c’est tout », affirme-t-il. Belem Hamado nous confie qu’il n’a jamais eu d’explication sur ce monument. « Je vois seulement l’écriture, 02 octobre ou discours d’orientation politique, mais je ne sais rien d’autre à part ça » raconte-t-il. Un autre, Kabré Arouna, affirme que cette place rappelle d’emblée à vue d’œil la Révolution démocratique et populaire mais, poursuit-il, les jeunes ne savent pas ce que ce monument expriment, car « ceux qui ont mis fin à la révolution ont tué ce discours ». « On dit qu’une révolution n’a pas de Constitution mais le DOP de Thomas Sankara représente tout », a clamé ce quinquagénaire. Le « rond-point du 02 octobre » a été érigé en mémoire du Discours d’orientation politique prononcé par le président de la révolution, Thomas Sankara, deux mois seulement après sa prise du pouvoir. Son emplacement correspond à une interrogation capitale du discours d’orientation prononcé le 02 octobre 1983, à savoir « D’où sommes-nous venus et où allons-nous ? Ce sont là les questions de l’heure qui exigent de nous une réponse claire et résolue si nous voulons marcher hardiment vers de plus grandes victoires ». Ce monument rappelle à la nouvelle génération ce discours mémorable, consigné dans les annales de la révolution.
Le D.O.P a constitué, faut-il le rappeler, la référence théorique de la révolution. On y trouve l’analyse de la société et les rapports de classe, fortement inspirée des thèses marxistes, dont le texte emprunte le vocabulaire. Mais ce discours ébauche aussi un programme assez complet dont la priorité reste la satisfaction des besoins des populations. Le monument du 02 octobre, d’environ 4 mètres de hauteur, est un support de ferraille qui soutient un livre ouvert à trois sens sur lequel est écrit en blanc « Discours d’orientation politique ». Sur le tronc du monument, il est écrit également en blanc « 02 octobre », comme pour officialiser le nom du rond-point.
Le 2e congrès extraordinaire du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a refermé ses portes le dimanche 26 septembre 2021 à Ouagadougou. Alassane Bala Sakandé prend le relais tandis que son prédécesseur Simon Compaoré est élevé au rang de pésident d'honneur par le parti.
« Il y a un temps pour tout dans ce monde. Dans mon parcours politique, ce moment constitue un moment particulier pour moi. Voici venue l’heure de vous dire au revoir. Ma fierté est légitimement grande d’avoir donné de moi pour ce parti. Je garde de beaux souvenirs. Je devrais maintenant me taire, m’effacer comme un brouillard qui s’évapore (…) » : tels furent les mots d’au revoir de Simon Compaoré. Président du mouvement du peuple pour le progrès (MPP) depuis 2017 après la mort de Salif Diallo, Simon Compaoré a passé le témoin à l’actuel président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé mais avant, il a été élevé par son parti au rang de président d’honneur. « Je pars à un moment où des hommes et des femmes continuent à rejoindre le MPP. Quelle joie ! (…) j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé mon parcours politique ; à présent, c’est le repos », a conclu le désormais président d’honneur du MPP.