samedi 23 novembre 2024

Reconciliation nationaleLe ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a tenu un point de presse à Ouagadougou ce 1er juin 2021. Au cours de ce face-à-face avec les journalistes, il a procédé à une présentation générale des éléments de la feuille de route dont fait partie le Conseil national d’orientation et de suivi (CNOS) pour la réconciliation nationale. Cette conférence de presse a été l’occasion pour le ministre Diabré de se prononcer sur sa récente visite à Abidjan.

Début mai 2021, le ministre d’État auprès de la présidence du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a rencontré à Abidjan l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. Ce tête-à-tête entre Diabré et Compaoré avait, on se rappelle, défrayé la chronique au pays des hommes intègres.

« L’objectif de cette visite était d’adresser un message du président Roch Kaboré à son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, sur la réconciliation nationale », a précisé le ministre d’Etat. A l’en croire, initialement il n’était nullement question d’une visite à l’ex-président Blaise Compaoré. « C’est le président ivoirien qui a estimé qu’au regard du sujet abordé, il était important que le message soit directement porté à l’intéressé (ndlr Blaise Compaoré) », a-t-il affirmé. Et d’ajouter que c’est à ce titre qu’une rencontre entre lui et Blaise Compaoré a été arrangée par la partie ivoirienne. Zéphirin Diabré, dans la même veine, invite d’ailleurs tous les exilés politiques ou tous ceux qui se considèrent comme exilés à rentrer au Burkina. « Celui qui n’a pas de dossier en justice pourra vaquer librement à ses occupations. Le gouvernement se propose de veiller à sa sécurité au cas où celle-ci serait menacée », a assuré le ministre qui s’est empressé de préciser : « L’exilé qui rentre au pays et qui a un dossier en justice devra au préalable y faire face et il n’est pas question pour le gouvernement d’interférer dans les dossiers de justice. »

Cette conférence a été également l’occasion pour le ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale de donner des éclaircissements sur le décret adopté en Conseil des ministres le lundi 24 mai dernier, lequel crée un Conseil national d'orientation et de suivi (CNOS) pour la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Ce Conseil, faut-il le rappeler, sera sous la présidence du Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, et sera composé d’une centaine de membres. « Tous les présidents d’institution et les anciens chefs d’Etat feront partie du CNOS ; ces personnalités sont au-dessus de moi, donc c’est logique que, outre le chef de l’Etat, ce soit le Premier ministre qui le préside », a expliqué M. Diabré.

Le CNOS est un organe consultatif qui aura pour missions de superviser la démarche et de donner les orientations jugées nécessaires en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale. S’agissant de ses attributions, cette structure est chargée : de donner son avis sur les différents aspects des politiques menées en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale ; d’étudier et de faire des propositions sur les politiques, stratégies et dossiers relatifs à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale qui lui sont soumis par le gouvernement, notamment la stratégie de cohésion sociale, la stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent, la stratégie de réconciliation nationale ainsi que le pacte de vivre- ensemble, et enfin de contribuer à l’organisation du Forum national de la réconciliation.

Le CNOS se réunira chaque fois en cas de besoin sur convocation de son président et intégrera toutes les couches de la société. « Le CNOS est la traduction de la volonté du gouvernement de faire en sorte que le processus de réconciliation soit vraiment participatif », a précisé, en guise de conclusion, Zéphirin Diabré.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

 

sanka uneL’ambassade de France au Burkina Faso a procédé ce samedi 17 avril 2021 à la remise du troisième et dernier lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. C’est des mains de l’ambassadeur Luc Hallade que Maxime Koné, ministre délégué aux Affaires étrangères, représentant le gouvernement burkinabè, a reçu la pile de documents devant permettre au juge burkinabè de continuer son travail d’instruction dans l’affaire Sankara.

« Le président français Emmanuel Macron l’avait annoncé en novembre 2017 lors de sa première visite officielle sur le continent africain à Ouagadougou ». C’est par ces mots que le diplomate français a introduit son discours lors de la remise de ce troisième lot d’archives à propos du dossier Sankara. Selon Luc Hallade, le président français a pris la décision que tous les documents produits par les administrations françaises pendant le régime de Sankara et après son assassinat, couverts par le secret national, soient déclassifiés et consultés en réponse aux demandes de la justice burkinabè.

C’est pourquoi, continue-t-il, les services d’État français ont fait diligence pour que les archives françaises demandées dans le cadre de la commission rogatoire internationale ouverte par M. François Yaméogo, juge d’instruction au tribunal militaire de Ouagadougou, soient, quand cela le nécessitait, déclassifiées et mises à la disposition de la justice.

sanka 2« En effet, toutes les demandes de transmission d’archives sur l’assassinat de Thomas Sankara ont été étudiées favorablement. Et elles ont toutes été transmises en toute transparence selon les termes de la partie burkinabè, c’est-à-dire dans le cadre d’une coopération entre les deux pays qui ont signé des accords d’entraide judiciaire », s’est-il réjoui.

Les deux premiers lots ont été transmis aux autorités burkinabè en octobre et décembre 2018. Le diplomate français a précisé qu’il s’agissait de productions issues à la fois des administrations centrales et des postes (pour l’essentiel Ouagadougou, Abidjan, Lomé, Dakar et Alger). Ces documents, à l’en croire, ne comportent pas uniquement des notes diplomatiques, mais aussi et surtout des notes d’analyse, des notes de renseignements ou encore des documents locaux.

 En ce qui concerne le troisième lot de documents remis ce jour, il s’agit des archives du ministère de l’Intérieur en lien avec le contexte de l’assassinat de Thomas Sankara. Certaines étaient détenues par les Archives nationales et d’autres par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). 8 documents déclassifiés de la Direction générale de la police nationale proviennent des Archives nationales. Ce sont les archives du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP), du Service de coopération policière présent au Burkina Faso eu sein de l’ambassade de France, aujourd’hui Direction centrale de la coopération internationale (DCI). Les autres documents étaient détenus par la DGSI.

« Ces archives sont arrivées à l’ambassade sous plis scellés », a précisé Luc Hallade avant d’ajouter que la qualité de la justice burkinabè est telle que les éléments contenus dans ces dossiers d’archives françaises et portés au dossier d’instruction par le juge burkinabè ne doivent pas nous faire oublier que cette même justice a des moyens d’investigations propres. 

« Le dossier de l’instruction judiciaire qui a amené cette semaine la chambre du tribunal militaire à rendre mardi 13 avril son verdict dans son délibéré contient certainement bien plus d’éléments que les seules archives françaises, sur lesquelles l’opinion se focalise », a conclu le diplomate français.

Bessy François Séni

poli uneLe 13 avril dernier, Blaise Compaoré a été mis en accusation par le tribunal militaire pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre dans le dossier Thomas Sankara. Parlant de cette affaire justement, demain samedi 17 avril 2021, l’ambassade de France au Burkina procédera à la remise du dernier et troisième lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Radar Info Burkina vous propose les avis et impressions du citoyen lambda sur le sujet.

Voilà plus de 34 ans que les familles des victimes du 15 octobre 1987 attendent que justice soit faite, que les restes de leurs parents leur soient restitués afin qu’elles puissent organiser leur inhumation et enfin faire leur deuil. L’attente n’a que trop duré, s’indignent-elles.

Selon Narcisse Gansonré, étudiant en année de licence au département d’histoire et archéologie de l’université Joseph Ki-Zerbo, la France a des intérêts au Burkina qu’elle veut éviter de mettre en péril, donc cette restitution n’est en réalité qu’un dédommagement. « La France n’a pas intérêt à ce que l’affaire Thomas Sankara soit mise au jour, car cela susciterait la révolte de certains peuples victimes de l’assassinat de leur président par la complicité de l’ancienne métropole », argumente-t-il.

poli 2On se rappelle qu’en novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, alors en visite officielle à Ouagadougou, avait promis la restitution des documents administratifs pendant le régime de Sankara et après son assassinat couverts par le « secret national », mais la lenteur que prend ladite restitution laisse à penser que tout n’a pas été fait du côté de l’Hexagone pour que soit élucidé cet assassinat. Les archives constituent donc un enjeu important pour faire la lumière sur l’affaire Thomas Sankara.

Toujours  selon Narcisse Gansonré,  il importe que ces archives soient au préalable authentifiées pour qu’on ait la preuve qu’elles sont vraies et bonnes.

De l’avis d’Adama Badini, également étudiant en histoire, « la France est complice et on ne peut pas compter sur nos bourreaux d’hier pour faire notre justice ».

Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire, c’est que la mise en accusation de l’ancien président Blaise Compaoré et la restitution des archives susmentionnées par l’ancienne métropole constituent une avancée significative dans cette affaire historique.

« Espérons que la justice fera bon usage de ces archives pour qu’on sache enfin qui a fait quoi et pour quelle raison », souhaite, quant à elle, Zoénabo Ouédraogo du département d’études anglophones de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouaga.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

bcbaA l’occasion du bilan mensuel de la situation de la maladie à coronavirus au Burkina Faso, le Dr Brice Bicaba,  directeur du Centre des opérations de  réponse aux urgences sanitaires (CORUS), était face aux hommes de médias le vendredi 26 mars 2021 au Service d’information du gouvernement (SIG).

Au cours de ce point de presse, le Dr Brice Bicaba, directeur du CORUS et par ailleurs coordonnateur du comité sectoriel Santé, a annoncé « la préparation du pays pour la réception de doses de vaccin grâce à l’initiative COVAX ». Après un bref rappel sur l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans la sous-région ouest-africaine et dans le reste du monde, le médecin épidémiologiste a précisé que des efforts sont faits et se poursuivent pour que le Burkina soit techniquement prêt le moment venu pour la réception desdites doses. Il a ajouté qu’une enquête était en cours auprès de la population sur l’acceptation du vaccin.

Le Dr Bicaba, pour terminer, a invité les populations à plus de prudence, à la vigilance et au respect des mesures barrières.

Sié Matthias Kam (stagiaire)

ferro uneLe ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, a conjointement animé avec son collègue ghanéen John Peter Amewu une conférence de presse sur l’état d’avancement du projet d’interconnexion ferroviaire et les perspectives entre les deux pays. C'était ce 25 mars 2021 à Ouagadougou.

Dans sa déclaration liminaire, le ministre Dabilgou a fait savoir que théoriquement, il existe une corrélation entre croissance économique et transport, puis entre croissance démographique et besoins de mobilité durable à l’intérieur des Etats et entre eux.  « Les transports jouent un rôle central dans le développement national et local équilibré en permettant d'accéder matériellement aux marchés, sans quoi aucun échange ne serait possible », a-t-il précisé

Selon le premier responsable du département en charge des Transports au Burkina, tout programme de développement est voué à l'échec si les biens produits ne peuvent être acheminés vers les marchés par manque d'infrastructures et de services de transport adéquats.

Le projet d’interconnexion ferroviaire entre les deux pays présente des avantages à plusieurs titres. ferro 2Il est plus compétitif que la route pour l’acheminement des produits pondéreux (céréales, engrais, ciment, hydrocarbures, fibres de coton) sur des distances relativement longues en raison de la  forte dégressivité des coûts en fonction de la distance à parcourir. Exploité dans des conditions normales, il permet d’évacuer rapidement des tonnages plus importants, notamment par la composition de trains blocs il présente une fiabilité sécuritaire pour les personnes et les biens et est moins polluant.

La construction d’une nouvelle ligne moderne entre le Port de Tema au Ghana et Ouagadougou au Burkina Faso, dira le ministre burkinabè, va favoriser le brassage des deux peuples déjà unis par des liens multiséculaires sur les plans historique et géographique.

Sous réserve des résultats des études techniques détaillées, la proposition de l’itinéraire en territoire burkinabè part de Ouagadougou, dessert Kombissiri, Manga, Béguédo, Garango, Tenkodogo, Bagré-Pôle, Zabré, Pô et se termine au lien frontalier Dakola-Paga, soit une distance totale d’environ 320 km.

ferro 3Quant au tracé en territoire ghanéen, il débute au Port de Tema, longe la partie est du pays et chemine vers le port fluvial d'Akosombo pour desservir Ho et Yendi au nord. La ligne rejoint ensuite Tamale pour emprunter la colonne vertébrale centrale et continuer jusqu'à Paga en passant par Walewale, Bolgatanga et Navrongo, soit une distance totale de 782 km. Il faut noter qu’environ 90 km entre le Port de Tema et Akosombo sont déjà en construction sur fonds propres du gouvernement ghanéen.

Quant aux caractéristiques techniques du projet, il sera entièrement exécuté dans le respect des règles de l’art et dans les standards internationaux comme suit : vitesse trains voyageurs 160 km/h et trains marchandises 120km/h et 55 gares dont 10 au Burkina Faso.

L’interconnexion ferroviaire permettra une demande de trafic passagers estimée entre deux et trois millions de passagers par an. Quant au fret, les prévisions de transport se chiffrent entre sept et dix-sept millions de tonne l’an. Par ailleurs, la réalisation de l’interconnexion ferroviaire entre le Burkina Faso et la République du Ghana, permettra d’atteindre les objectifs suivants : l’amélioration de la balance commerciale des deux pays à travers une facilitation des transports et l’optimisation des coûts d’exploitation des véhicules automobiles par le basculement des surcharges sur le chemin de fer ; la stabilisation des coûts de transport entraînant une réduction du prix des marchandises ; la création de plus de trente mille emplois directs et indirects pendant la phase de construction, l’amélioration des conditions économiques des zones traversées et la création d’activités génératrices de revenus dans les gares et tout le long du chemin de fer ; l’amélioration de l’écoulement des produits de la zone de Bagré-Pole sur le marché ; l’amélioration des exportations de minerais vers les ports ; l’amélioration de la sécurité et de la sûreté des transports terrestres ; la réduction de la pauvreté locale ; la préservation du réseau routier, sujet à des dégradations précoces résultant des surcharges.

Bessy François Séni

wendvenem uneAu Burkina Faso, le débat fait rage au sein de la population, qui est divisée sur le projet de réconciliation promis par le président Kaboré lors de la campagne électorale du scrutin couplé de novembre 2020. Réconcilier les Burkinabè et faire rentrer des exilés comme l’ancien président Blaise Compaoré et l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, c’est ce à quoi ce processus est censé conduire. Des mouvements et partis politiques donnent de la voix en faveur de cette réconciliation. Parmi eux figure le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, le CDP.

Selon le chef de file de l’opposition politique, la question de la réconciliation nationale est présentée sous des formes différentes qui laissent entrevoir une certaine inquiétude, voire de la peur. A son avis, la tendance qu’il est donné de constater au niveau de l’actuel pouvoir, c’est la discordance entre certaines déclarations et le vrai processus de réconciliation nationale. « Certaines figures de la majorité se demandent ce qu’elles deviendront si le CDP revient au pouvoir, ce que je n’arrive pas à comprendre. On a l’impression qu’on parle de réconciliation et qu’on a peur dans le même temps. Que l’on soit de l’opposition ou de la majorité, on n’a pas besoin de se regrouper dans un camp pour aller à une réconciliation. Il n’y a pas de raison d’avoir peur, à moins que les concernés craignent d’avoir posés des actes délictueux ou criminels », a déclaré Eddie Komboïgo à ce propos.

Selon les propos tenus par l’expert-comptable, dans la vision du dialogue politiques tenu avec le président Kaboré en 2020, il n’était pas question de la mise en place d’un ministère de la Réconciliation nationale. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès dit donc ne pas comprendre pourquoi tous les travaux effectués en amont avec l’ancien chef de file de l’opposition sont foulés aux pieds. « D’ores et déjà, on se demande pourquoi avoir nommé un ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale. Ce n’était pas la vision du dialogue mené entre le président Kaboré et l’opposition. Il était convenu de laisser les Burkinabè, notamment les forces vives, s’organiser afin de désigner celui qui allait diriger ce ministère de la réconciliation », a-t-il indiqué.

wendvenem 3S’exprimant sur la question du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le président du CDP a affirmé que l’ex-président du Faso désire ardemment rentrer chez lui, se reposer et apporter son soutien dans la gouvernance politique du Burkina. « Parti suite aux événements des 30 et 31 octobre 2014, il souhaite rentrer chez lui. Les questions de réconciliation, de justice et de vérité seront mieux traitées s’il est présent. Mais si on dit qu’il ne rentre pas chez lui, comment mettre en application le triptyque Justice-Vérité-Réconciliation ?» s’est-il interrogé.

Le processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale étant « un grand pari » dont la réussite requiert l’implication de tous, le chef de file de l’opposition politique souhaite que l’intérêt général soit mis en avant. 

Bruno Bayala  

ddiabr uneLe ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale était face aux hommes de media ce jeudi 4 mars. Au cours de cette rencontre, Zéphirin Diabré a présenté sa stratégie de réconciliation nationale et fait le point des différentes rencontres avec les leaders religieux et coutumiers.

Lors de cette conférence de presse tenue au Service d’information du gouvernement (SIG), Zéphirin Diabré a dit reconnaître la complexité de la mission qui lui a été confiée par le président du Faso. Pour la réussir, il entend s’attaquer avant tout aux 145 dossiers de crimes de sang et aux 106 dossiers liés à des conflits communautaires ayant fait d’énormes victimes, ensuite il s’intéressera aux problèmes ayant trait à la situation sécuritaire du pays et enfin aux accords conflictuels entre l’Etat et ses administrés. « Nous avons 169 conflits communautaires, 1 671 conflits liés au foncier, 33 conflits interreligieux et 67 conflits liés aux politiques locales qu’il faudra impérativement résoudre. Certains de nos compatriotes ont pris les armes contre la nation entière, ce qui a entraîné une stigmatisation et un repli communautaire et créé la méfiance entre les populations et les forces de défense et de sécurité, et depuis 1960, on enregistre des rapports conflictuels sur plusieurs registres qui touchent principalement aux carrières professionnelles », a détaillé le ministre d’Etat.

diabr 2A ces problèmes s’ajoute la question du retour des exilés politiques. A ce sujet, le ministre de la Cohésion sociale assure que toutes les conditions sont en train d’être réunies afin d’y trouver une solution. « Nous allons les recenser (NDLR : Les exilés) et échanger avec eux pour voir les conditions de leur retour. S’il y a des gens qui veulent revenir au bercail, nous leur dirons les conditions dans lesquelles ils pourront le faire, conditions qui seront portées à leur connaissance à l’avance. Il faut être sûr que ce ne sera pas une prime à l’impunité, donc on discutera avec ces exilés d’abord, vu qu’ils sont hors du pays pour certaines raisons», a précisé celui qui fut chef de file de l’opposition politique dans une autre vie.

diabr 3Tout en admettant que les guerres se terminent grâce à des négociations, Zeph s’est empressé d’ajouter que ce n’est pas pour autant que le Burkina Faso négociera avec les terroristes. « Je dis et je confirme que nous (le gouvernement) ne négocions ni ne négocierons avec les terroristes », a-t-il martelé avant de conclure que la réconciliation nationale ne saurait se limiter à la dimension sociopolitique, car il faut l’implication de tout le monde.

Bruno Bayala

corromp uneDans le dernier rapport en date du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’Union pour le progrès et le changement (UPC) sont classés respectivement 1er, 2e et 3e en matière de corruption électorale lors du scrutin couplé de 2020. Mais les principaux partis mis à l’index dans ledit rapport réfutent les faits qui leur sont imputés.

Le REN-LAC, en tant qu’organisation de la société civile, s’est engagé dans l’observation du double scrutin couplé de 2020 en vue de contribuer à lutter contre la fraude et la corruption électorales. Selon le rapport dudit Réseau, la corruption et la fraude électorales s’entendent comme des pratiques ou manœuvres illégitimes dans le processus électoral qui pourraient entacher la sincérité des votes. Sur les 439 pratiques de corruption recensées, on note 314 observations directes et 125 cas de témoignages. corromp 2On y relève également une distribution importante d’argent aux potentiels électeurs à hauteur de 43%, une distribution de carburant de l’ordre de 16%, la distribution de tee-shirts avec ou sans l’effigie du parti (14%). A cela se sont ajoutés les dons en nature (14%) et l’utilisation des biens de l’État à des fins de campagne électorale (5%). Selon ces résultats, en considérant l’ensemble des faits de corruption observés, le MPP est classé 1er avec 46,9% des cas de corruption électorale. Il est suivi du CDP et de l’UPC avec respectivement 10,3% et 7,3%.

Selon le président du parti au pouvoir, après la proclamation des résultats, il y a eu plusieurs rapports et des conclusions ont été tirées. Simon Compaoré estime que c’est la Cour constitutionnelle qui est habilitée à valider les élections. « Chacun fait son rapport. Il y a d’autres structures de la société civile aussi qui ont fait leur rapport. Moi, je veux simplement dire que nous sommes fiers de notre victoire. Nous n’avons jamais compté sur la fraude ni la corruption pour gagner ces élections-là. Vous avez été témoins, en tout cas, je ne vais pas faire de commentaire outre mesure, je vais dire simplement que nous sommes de ceux-là qui sont extrêmement fiers parce que notre victoire n’a pas été volée, elle a été acquise de haute lutte », a martelé le président du MPP.

corromp 3D’après Moussa Zerbo de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), leur parti respecte le rapport fait par le REN-LAC mais ne s’y reconnaît pas. Pour lui, si l’UPC avait effectivement fraudé durant la campagne électorale, elle ne se serait pas classée 3e aux élections. « Est-ce que vous pensez qu’un parti qui a eu les moyens de corrompre des gens pourrait raisonnablement  occuper un tel rang ? Nous, on ne reconnaît pas avoir usé de corruption. Si on avait les moyens de corrompre les gens, je pense que notre classement aux élections aurait été différent », a-t-il affirmé.

Selon ce rapport du REN-LAC, seuls les candidats du MPP, du CDP et de l’UPC avaient des représentants dans au moins 70% des bureaux de vote supervisés ; le REN-LAC et le reste des candidats n’avaient pas de représentants dans plus 80% des bureaux de vote observés.

Bruno Bayala

cifo uneSelon le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB), ce sont 4 354 811 505 FCFA qui ont été servis en moyenne comme rémunération salariale à l’ensemble des ministres des gouvernements de 2016 à 2020. Ainsi, le montant total du trop-perçu des salaires, au regard des dispositions du décret, est  de 2 090 741 505 FCFA.  

Au Burkina Faso, depuis 2008, le salaire des membres du gouvernement et des présidents d’institution est régi par le décret N°2008-891/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2008, portant rémunération du Premier ministre, des présidents d’institution et des membres du gouvernement. Ce décret est le résultat des modifications portées aux décrets N°2005-195/PRES/PM/MFB/MFPRE du 04 avril 2005 et N°2007-328/PM/MFB/MFPRE du 25 mai 2007. Sa mise en application a permis de déceler un trop-perçu moyen de 1 068 886 FCFA des ministres de 2016-2020 par rapport à la norme. cifo 2«  Avec les avantages dont ils bénéficient, on pouvait demander aux ministres de ne conserver que leur salaire antérieur. Ils disent être disponibles pour servir le pays, pourtant…», a affirmé Me Kyelem. 

cifo 3Selon lui, on pouvait empêcher cette anomalie qui dure depuis des années par un contrôle de l’exécutif. A l’en croire, les structures de l’Etat chargées de contrôler le budget ne font que dénoncer et produire des rapports qui restent sans suite. « La Cour des comptes, le REN-LAC et l’ASCE-LC produisent chaque fois des rapports et dénoncent certaines pratiques des dirigeants, mais cela ne peut rien changer si l’exécutif lui-même ne contrôle rien », a indiqué l’homme de droit.

De la lecture du coût salarial mensuel prévisionnel du gouvernement Dabiré II, il ressort que le coût salarial mensuel du gouvernement DABIRE, sera de 39 573 000 FCFA si le décret de rémunération conforme au décret N° 2008-891/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2008 est respecté.

Dans le cas contraire, ce montant sera de 75 915 133 FCFA si l’on tient compte du salaire mensuel moyen servi aux membres des gouvernements antérieurs.

Bruno Bayala

plt uneZéphirin Diabré, en retirant sa plainte contre Simon Compaoré dans l’affaire dite « tranquillos », a dit vouloir donner le bon exemple en matière de réconciliation au Burkina Faso. Sauf que pour certains de ses compatriotes,  son acte suscite des inquiétudes d’autant plus qu’il fait penser à une réconciliation sans au préalable la justice. Et des voix continuent de s’élever contre ce qu’elles qualifient de « deal politique » du régime en place.

En la matière, la justice a tranché. Pour l’avocat Apollinaire Kyelem, sur le plan du droit, toute personne qui estime être lésée peut mettre en branle l'action publique par une plainte ou par citation directe. La plainte peut ensuite être retirée par celui qui l'a déposée. « Généralement, en matière délictuelle, le retrait de la plainte met fin à l'action publique. Mais en matière criminelle, ce n’est pas le cas », a tenu à préciser l’homme de droit.

plt 2La justice étant indépendante, elle a aussi la possibilité de poursuivre une affaire si le caractère criminel est ressorti et confirmé par celle-ci. Me Kyelem explique que dans le cas Diabré, « si le ministère public est informé des faits, il peut décider de poursuivre, car il a l'opportunité des poursuites. Tout dépend de la qualification des faits, en délit ou en crime, et de la décision du parquet au vu des faits et des circonstances sociopolitiques ». Il a terminé en affirmant que ce n’est pas parce que la plainte du désormais ministre d’Etat a été retirée que ça signifie forcément que cette affaire est close, car la justice a aussi son mot à dire, sinon elle ne serait pas indépendante.

Bruno Bayala

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