Les Burkinabè sont allés aux urnes le dimanche 22 novembre 2020 pour élire et le président du Faso et les députés de la 8e législature. A l’issue de ce double scrutin, c’est le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, qui a été réélu, selon les résultats provisoires, dès le premier tour avec 57,87% des suffrages pendant que son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), se taille la part du lion à l’Assemblée nationale (AN) en remportant 56 sièges sur les 127 en jeu. Radars Info Burkina vous propose une analyse synthèse du verdict de ce double scrutin.
Ces élections du 22 novembre se sont déroulées dans un contexte d’insécurité qui a impacté le processus aussi bien au moment de l’enrôlement que le jour même du double scrutin. Au départ il y avait 21 154 bureaux de vote. Pour des raisons d’insécurité, 1 318 ne pouvaient ouvrir. Ainsi, 19 836 bureaux de vote étaient prévus le jour du scrutin. Sur ces 19 836 bureaux, 926 n’ont pu ouvrir le jour des élections, donne sécuritaire oblige. Donc des Burkinabè n’ont pas pu voter malgré eux.
Au cours de la campagne électorale, la sécurité était le principal sujet de débat et d’attaques entre le président sortant et ses principaux adversaires comme Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et Eddie Komboïgo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ex-parti au pouvoir.
Au lendemain du scrutin, pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) publiait les premiers résultats de la présidentielle commune par commune, les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition se sont réunis au siège du CFOP pour fustiger la « mauvaise organisation des élections » par la CENI. Ils ont, dans la foulée, prévenu qu’ils « n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé ».
Le processus de publication des premiers résultats commune par commue de la présidentielle a ainsi connu une suspension le lundi 23 pour reprendre le mardi 24 dans l’après-midi à cause du retrait de 5 commissaires sur les 15 que compte la CENI.
En ce qui concerne l’observation électorale, la mission conjointe d’observation électorale Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – Union africaine (UA), 3 jours après le scrutin, a déclaré que les élections se sont déroulées dans un « environnement paisible sans incident majeur, de manière satisfaisante ».
La cérémonie tant attendue par l’électorat et l’ensemble du peuple burkinabè a eu lieu le jeudi 26 novembre à la salle de conférences de Ouaga 2000. Newton Ahmed Barry, président de la CENI, annonce Kaboré Roch Marc Christian élu, selon les résultats provisoires de la présidentielle, dès le premier tour président du Faso avec 57,87% des suffrages. Eddie Komboïgo arrive 2e avec 15,48% des suffrages. Zéphirin Diabré), lui, se classe 3e avec 12,46% des voix.
« Je serai le président de tous les Burkinabè. Nous allons nous mettre au travail immédiatement. Dieu bénisse le Burkina Faso », tels ont été les premiers mots du vainqueur. Ce même jour dans la soirée, les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition, dans une deuxième déclaration, indiquent qu’ils prennent acte de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle et se réservent le droit d'utiliser les voies de recours légales pour traiter les irrégularités relevées au cours du scrutin.
De ces résultats on retient le grand écart entre le président réélu et ses challengers ainsi que l’effectivité du coup K.-O. tant prédit par les leaders et militants du MPP, même si ce parti s’était fixé pour objectif de faire réélire Roch Marc Christian Kaboré dès le 1er tour avec 60% des voix, soit 6 points de plus qu'en 2015. Zéphirin Diabré, arrivé deuxième en 2015, cède cette fois-ci la place à Eddie Komboïgo. Le rêve d’un second tour tant caressé par l’opposition ne s’est pas réalisé.
Zéphirin Diabré et plusieurs autres candidats se sont rendus au siège de campagne du MPP pour féliciter Roch Marc Christian Kaboré. Une démarche républicaine très noble.
C’est le samedi 28 novembre dans la soirée que la CENI a procédé à la publication des résultats provisoires des élections des députés à l'AN. 15 partis ou formations politiques auront des élus à l’hémicycle. Sur 127 sièges, le MPP se taille la part du lion en remportant 56. Suivent le CDP (20 sièges), le Nouveau Temps pour la démocratie (NTD) du ministre des Transports, Vincent Dabilgou, (13 sièges), l’UPC (12 sièges)…
Avec l'Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), le parti au pouvoir obtient donc la majorité absolue à l’AN. La grande surprise de ces législatives aura été le NTD (APMP) qui a conquis 13 sièges contre 3 en 2015. L’ex-parti au pouvoir, le CDP, obtient 2 sièges de plus qu’en en 2015. Quant à l’UPC, de 33 sièges en 2015, elle passe à 12 à cette 8e législature. Ainsi, le CDP devient la 2e force politique en lieu et place de l’UPC. Cette situation à l’UPC peut s’expliquer par le fait qu’en 2017, une dizaine de députés ont démissionné du groupe parlementaire UPC. De plus, à quelques semaines du début de la campagne électorale, le parti du Lion a encore enregistré des démissions en cascade, dont des figures de proue dudit parti.
Parmi les partis et élus nationaux qui seront absents de l’hémicycle à cette 8e législature on peut citer le Parti de la renaissance nationale (PAREN) de Laurent Bado, Le Faso Autrement d’Ablassé Ouédraogo ainsi que Tahirou Barry, qui siégeait à la 7e législature sous la bannière du PAREN.
Les jours ou les semaines à venir nous dévoileront certainement la reconfiguration de la classe politique burkinabè.
Roch Marc Christian Kaboré a été réélu président du Faso dès le 1er touravec 57,87% des suffrages, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le jeudi 26 novembre 2020. Eddie Komboïgo, le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), arrive 2e avec 15, 48% des suffrages. Zéphirin Diabré, candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), est classé 3e avec 12, 46% des voix. Radars Info Burkina a promené son micro dans la capitale burkinabè pour savoir ce que les citoyens pensent de ces résultats du scrutin présidentiel.
Le sexagénaire Mahamadi Congo est en train de prendre son petit déjeuner dans un kiosque. Voici ce qu’il nous a confié : « Le coup K.-O. a été réalisé, Dieu merci. Roch Marc Christian Kaboré avait de l’assurance, même si sur le plan sécuritaire le pays rencontre beaucoup de difficultés. Que ses adversaires acceptent leur défaite et contribuent au développement de la nation. »
Mohamed Ouaro dit ne pas être surpris par la victoire dès le premier tour du candidat Roch Marc Christian Kaboré. En raison de ses réalisations lors de son mandat, la population ne pouvait que lui renouveler sa confiance, foi de M. Ouaro. « Donc il a largement mérité sa victoire au premier tour», ajoute-t-il.
Selon Awa Sawadogo, étudiante à l’université Joseph Ki-Zerbo, Roch Kaboré a mieux battu campagne que ses challengers. En plus, la scission du CDP et les démissions au sein de l’UPC ont porté préjudice à ces partis d’opposition lors de la présidentielle.
« J’ai voté pour Roch Marc Christian Kaboré. Je lui adresse mes félicitations. Je ne suis pas surpris de ces résultats. Les autres candidats sont des adversaires et non des ennemis. Je souhaite qu’ils se mettent ensemble pour répondre aux besoins de la population », déclare Moussa Bako, étudiant.
Quant à Mohamed Rabo, il dit être très surpris de la victoire de Roch Marc Christian Kaboré. « La gestion du pays ces 5 dernières années par le président sortant a été un échec. Donc je ne peux qu’être étonné de le voir réélu pour un second mandat », affirme-t-il.
Jules Ouédraogo, jeune étudiant, est dans la déception également, lui qui ne pensait pas que Roch Kaboré remporterait aussi facilement l’élection présidentielle. « Son bilan n’est satisfaisant sur aucun plan, mais comme vous le savez, les Burkinabè ne votent pas pour un candidat sur la base de son programme ou de son bilan. Il y a d’autres considérations qui les motivent », déplore-t-il. Il ajoute qu’une chose est sûre en tout cas : si Eddie Komboïgo devient chef de file de l’opposition politique, Roch Kaboré aura du pain sur la planche, eu égard à la rivalité qui existe entre les partis des deux hommes.
Alassane Kinda s’attendait à un second tour. « Cette année, il y a trois partis influents qui ont participé à ces élections couplées. Or, en 2015 les plus influents étaient le MPP et l’UPC et malgré cette situation, Roch Kaboré a remporté les élections avec un pourcentage qui n’atteint pas le taux qu’il a réalisé cette année. En outre, on a noté des irrégularités dans ces élections. Mobiliser autant de ressources pour acheter les voix de ses compatriotes, c’est indécent. On doit se faire élire sur la base de son programme et non sur la base d’autre chose », martèle-t-il.
Selon Ouaba Madiéba, la classe politique actuelle doit être renouvelée. « Parce que, que ce soit Roch Kaboré, Eddie Komboïgo ou Zéphirin Diabré, c’est la même chose en matière de gouvernance », soutient-il.
4 jours après la tenue des élections couplées du 22 novembre, Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a procédé à la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, a été réélu dès le 1er tour avec 57,87 des voix. « Je serai le président de tous les Burkinabè. Nous allons nous mettre au travail immédiatement », a annoncé le vainqueur quelque temps après la proclamation.
La cérémonie tant attendue par l’électorat et l’ensemble du peuple burkinabè a eu lieu ce jeudi 26 novembre à la salle de conférences de Ouaga 2000 vers 13h.
Avant l’arrivée du président de la CENI et de ses commissaires dans la salle, on notait la présence de Simon Compaoré, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), représentant Roch Marc Christian Kaboré, l’unique candidate à la présidentielle, Yéli Monique Kam, un représentant du candidat Ambroise Farama, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo, etc.
Selon Newton Ahmed Barry, au départ il y avait 21 154 bureaux de vote. Pour des raisons d’insécurité, 1318 ne pouvaient ouvrir. Ainsi, 19 836 bureaux de vote étaient prévus le jour du scrutin. Sur ces 19 836 bureaux, 926 n’ont pu ouvrir le jour des élections, donne sécuritaire oblige.
Le nombre total de volants à l’élection du 22 novembre est de 2 993 288. On enregistre 133 496 bulletins nuls, soit 4,46%. Le total des suffrages exprimés est de 2 859 784. Le taux de participation, lui, est de 50,79%.
Voix obtenues par candidat
Sessouma Kiemdoro Pascal obtient 20 158 voix, soit 0,70%. Komboïgo Eddie obtient 442 742 voix, soit 15, 48%. Famara Ambroise obtient 25 783 voix, soit 0,90%. Ouédraogo Ablassé obtient 51 575 voix, soit 1,80%. Ouédraogo Kadré Désiré obtient 95 977 voix, soit 3, 36%. Zida Yacouba Isaac obtient 43 403 voix, soit 1,52%. Diabré Zéphirin obtient 356 388 voix, soit 12, 46%. Ouédraogo Gilbert Noël obtient 44 347 voix, soit 1,55%. Kaboré Roch Marc Christian obtient 1 654 982 voix, soit 57,87%. Soma Abdoulaye obtient 40 217 voix, soit 1,41 %. Kam Yéli Monique obtient 15 124 voix, soit 0,53%. Barry Tahirou obtient 62 639 voix, soit 2,19%. Et Tassembedo Claude Aimé obtient 6 449 voix, soit 0,23%.
« Après cette proclamation, Monsieur Kaboré Roch Marc Christian, avec 57,87% des suffrages, est déclaré élu provisoirement dès le premier tour comme président du Faso», a déclaré Newton Ahmed Barry, sous les applaudissements des militants du MPP.
Eddie Komboïgo, le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), arrive 2e avec 15, 48% des suffrages. Zéphirin Diabré candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) est classé 3e avec 12, 46%. Kadré Désiré Ouédraogo d’Agir-Ensemble occupe la 4e place avec 3,36% des suffrages. Tahirou Barry du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) arrive cinquième avec 2, 19% des suffrages.
« Des Burkinabè m’ont donné leurs voix. J’ai eu un score, cela veut dire que des Burkinabè m’ont fait confiance et je les en remercie », a indiqué Yéli Monique Kam.
Cyprien Nanéma, représentant le candidat Me Ambroise Farama, a félicité le vainqueur non sans dire que son candidat était celui du changement, de la rupture. « Malheureusement nous constatons qu’il y en encore des difficultés tant au niveau des gouvernants que des populations. Au niveau des gouvernants nous n’avons pas constaté de rupture et quant aux populations le changement de mentalité que nous attendons tant n’est pas encore au rendez-vous », a-t-il soutenu.
Quant à Me Halidou Ouédraogo, président de la Convention des organisations de la société civile pour l'observation domestique des élections (CODEL), il a salué les citoyens burkinabè qui se sont mobilisés dans un contexte très difficile marqué par l’insécurité et la COVID-19 pour aller accomplir leur devoir de citoyen. Il a également souhaité que les acteurs politiques se parlent, discutent afin de consolider la démocratie et de promouvoir le développement.
Suite à la proclamation des résultats, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a fait une déclaration au siège dudit parti. « C'est avec humilité et émotion que j'accueille les résultats annoncés ce jeudi par la CENI qui me donnent vainqueur de la présidentielle », a-t-il déclaré avant de conclure : « Je serai le président de tous les Burkinabè. Nous allons nous mettre au travail immédiatement. Dieu bénisse le Burkina Faso ».
A 16h, les journalistes avaient rendez-vous avec les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition qui avaient, dans une déclaration, annoncé qu’ils n’accepteraient pas des résultats entachés d’irrégularités. Dans cette deuxième déclaration, ils ont indiqué qu’ils prennent acte de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle et se réservent le droit d'utiliser les voies de recours légales pour traiter les irrégularités relevées au cours du scrutin.
Aujourd’hui 26 novembre, était attendue la proclamation des résultats provisoires du scrutin présidentiel du 22 novembre 2020. Comment les militants des différents partis vivent-ils ce moment d’attente de la proclamation desdits résultats ? Radars Infos Burkina est allé prendre le pouls de la situation au siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et à celui de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
C’est un siège du CDP quasi désert qu’il nous a été donné de voir. Aucune animation comme c’était le cas lors de la nuit des élections. L’attention de quelques-unes des rares personnes présentes sur les lieux est captée par un petit écran installé dans une des salles du parti ; d’autres par contre sont toujours dans les bras de Morphée, toujours affalés.
Un hall vide, des chaises empilées, une cour quasi vide de monde, voilà l’aspect que présente le siège du CDP. L’engouement ne semble pas au rendez-vous. La fièvre des élections semble être retombée, laissant place à une ambiance post électorale assez morose.
Si au siège du CDP la fièvre semble être déjà passée, ce n’est pas le cas au siège de l’UPC. Cependant, l’atmosphère y est assez calme avec quelques jeunes rassemblés dans un coin de la cour et une faible ambiance sonore animant les lieux. Quelques autres militants du parti attendent devant le petit écran la proclamation provisoire des résultats qui sera diffusée en direct sur les ondes hertziennes.
A l’heure tant attendue, tous sont suspendus aux lèvres de Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui proclame les résultats. Après, c’est un silence de mort qui règne au siège du parti du « Lion ». On peut lire tristesse et désolation sur le visage des quelques militants présents sur les lieux. « Je ne suis pas contente », nous confie Samira qui souhaitait la victoire de son candidat. M. Justin, quant à lui, bien que déçu, dit qu’il reconnaît le verdict des urnes et encourage les candidats malheureux. « Que les perdants ne se découragent pas. Je félicite tous les Burkinabè, c’est le meilleur qui a gagné», a conclu notre interlocuteur.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déclaré le président sortant, Roch Kaboré, vainqueur de l’élection présidentielle de 2020. Après la proclamation des résultats, Roch Marc Christian Kaboré a adressé un message au peuple burkinabè. Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) y soutient que cette élection est historique parce qu’elle confirme l’existence d’une réelle démocratie au Burkina. Il a également soulevé les questions pertinentes auxquelles il compte apporter très rapidement des réponses.
« C’est avec humilité et grande émotion que j’accueille les résultats provisoires qui ont été annoncés ce matin par la CENI concernant l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. Je voudrais, dans un premier temps, traduire toute ma reconnaissance au peuple burkinabè, tant à mes compatriotes de l’intérieur qu’à ceux de la diaspora, pour leur engagement et la foi qu’ils ont en la démocratie», a indiqué le président réélu.
Pour Roch Kaboré, cette élection est historique pour plusieurs raisons. « La première, c’est le contexte dans lequel cette élection s’est déroulée, à savoir le contexte d’insécurité. La seconde, c’est que c’est la première fois que des Burkinabè de la diaspora participent aux élections. La troisième enfin confirme l’ancrage de la démocratie dans notre pays », a-t-il détaillé. Le président réélu n’a pas manqué de saluer tous les autres candidats qui ont participé à ces élections couplées en ces termes : « J’ai un profond respect pour leur engagement et pour les différents programmes qu’ils ont déroulés durant cette campagne ».
S’agissant du programme qu’il a présenté tout au long de la campagne électorale, Roch Kaboré s’engage à le mettre en œuvre. « Il est vrai que c’est une victoire que nous avions obtenue, ce qui nous réjouit, mais c’est également une responsabilité importante, celle d’être le président de tous les Burkinabè sans exception », a fait remarquer le président du Faso. Roch Kaboré affirme que les questions comme la sécurité, la réconciliation nationale, le développement, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des Burkinabè sont pertinentes et qu’il va s’atteler très rapidement à y apporter des éléments de réponses.
« Je voudrais encore une fois vous remercier pour votre attention et dire que je souhaite que Dieu bénisse le Burkina Faso et qu’ensemble, fils et filles, nous puissions bâtir notre pays dans la paix, la sécurité et le développement. Je vous remercie », a dit pour conclure Roch Kaboré.
La mission conjointe d’observation électorale Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – Union africaine (UA) a tenu une conférence de presse ce mercredi 25 novembre à Ouagadougou, soit 3 jours après les élections présidentielle et législatives, à l’issue de ses observations. La mission de la CEDEAO indique que globalement le processus électoral s’est déroulé dans un environnement paisible, sans incident majeur, et celle de l’UA affirme que « les élections se sont déroulées de manière satisfaisante ».
La Mission d’observation électorale (MOE) de la CEDEAO est dirigée par Kabiné Komara, ancien Premier ministre de la République de Guinée. A partir du 29 octobre 2020, la Commission de la CEDEAO a déployé une équipe de quatre (4) experts spécialistes d’opérations électorales, de questions juridiques, genre et prévention des conflits et médias et communication. Cette équipe a été renforcée par l’arrivée d’une Mission d’observation électorale à long terme (MOELT) de 10 membres au Burkina.
A ces deux missions s’est ajoutée une Mission d’observation électorale à court terme (MOECT) de 70 membres. Au total, la MOE de la CEDEAO, forte de 84 membres, a été déployée dans 29 provinces de toutes les 13 régions du Burkina Faso pour observer les phases pré-électorale, électorale et post-électorale.
En ce qui concerne la campagne électorale, la mission note qu’elle a eu lieu dans toutes les régions du pays, à l’exception des régions où il avait été déjà convenu que les élections ne pourraient pas avoir lieu pour des raisons de sécurité. Tout en regrettant l’attaque terroriste du 11 novembre au Sahel qui a coûté la vie à 14 soldats, la mission souligne que l’Etat a pris des dispositions pour assurer la sécurité des candidats à l’élection présidentielle pendant la campagne et plus généralement tout au long du processus électoral.
Selon la mission, 380 bureaux de vote dans 29 provinces des 13 régions ont été visités par les observateurs de la CEDEAO. Sur 72 bureaux de vote visités à l’ouverture, deux incidents ont été enregistrés ; les 72 bureaux de vote visités à l’ouverture disposaient du matériel électoral et tous les agents étaient présents ; aucun problème opérationnel ni logistique majeur n’a été signalé ou observé. Les listes d’électeurs n’étaient pas affichées à l’entrée de la plupart des bureaux de vote, les opérations de vote ont commencé à 6h et se sont terminées à 18h dans la majorité des bureaux de vote visités.
Les insuffisances relevées au fur et à mesure par les observateurs de la société civile après l’ouverture du scrutin ont été portées à la connaissance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), laquelle y a trouvé des solutions au fur et à mesure. Les représentants du MPP, de l’UPC et du CDP étaient présents dans la plupart des bureaux de vote visités. Certains partis, notamment Agir ensemble, l’ADF-RDA, le MCR, le MPS, l’OPA-BF, Le Faso Autrement et Vision Burkina étaient par endroits assez bien représentés.
Toujours selon la MOE, la plupart de leurs observateurs ont attesté de la qualité de la centralisation au niveau communal.
S’agissant des recommandations, la MOE de la CEDEAO demande, entre autres, l’amélioration substantielle de l’affichage des listes électorales dans les centres de vote, l’amélioration de la communication entre la CENI et les acteurs politiques engagés dans la compétition de façon que les mesures prises arrivent très rapidement à ceux qui doivent les mettre en œuvre.
Concernant les réserves formulées par les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition, la mission conjointe CEDEAO-UA, dans le but de trouver une solution consensuelle à cette situation de derrière minute, s’est associée à celles de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et des Nations unies (NU) pour entreprendre des actions de bons offices. Elles ont rencontré successivement les partis de l’opposition, ceux de la mouvance présidentielle, des OSC et la CENI.
La MOE de la CEDEAO « s’est félicitée qu’à la suite de toutes ces initiatives, les 5 commissaires représentant l’opposition qui s’étaient retirés du travail de centralisation aient décidé de reprendre leur place (ce mercredi 25 novembre, Ndlr)», s’est réjoui, Kabiné Komara.
Quant à la mission d’observation électorale de l’UA (MOEUA), elle a déployé douze (12) équipes d’observateurs dans les provinces du Kadiogo, du Ganzourgou, de l’Oubritenga, du Houet, du Ziro, du Boulgou, du Boulkiemdé et du Bam. Celles-ci ont visité 143 bureaux de vote.
En matière d’appréciation globale du double scrutin, la MOE de la CEDEAO indique que le processus s’est déroulé dans un environnement paisible sans incident majeur, en dépit du contexte général sécuritaire tendu et de certaines contraintes logistiques.
Elle félicite le peuple burkinabè et le gouvernement pour les dispositions prises pour la tenue de ces élections. La mission salue le patriotisme, la patience et le civisme dont les électeurs ont fait preuve au cours du double scrutin. Elle encourage les électeurs à maintenir leur comportement exemplaire jusqu'à la proclamation définitive des résultats et les exhorte à garder ce sens élevé de responsabilité et à préserver les valeurs de tolérance et de paix.
Par ailleurs, la mission lance un appel aux candidats aux deux élections à respecter les résultats issus des urnes et les exhorte à recourir, en cas de besoin, aux voies légales pour le règlement de tout contentieux électoral. Enfin, la mission observera les développements post-électoraux.
De l'avis du chef de la mission d’observation électorale de l’UA, Bernard Makuza, malgré les crises sécuritaire, humanitaire et sanitaire, les élections couplées du dimanche 22 se sont déroulées de manière satisfaisante.
Deux jours après la tenue des élections du 22 novembre, la Coalition des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) a fait face aux hommes de médias une déclaration sur le déroulement du scrutin. Elle se félicite de la tenue effective de ce double scrutin et appelle l’ensemble des acteurs en compétition à suivre les voies de recours légales en cas de contestation des résultats. En ce qui concerne les réserves émises par l’opposition politique, CODEL va aller vers les différents acteurs pour une approche de médiation.
Pour les élections couplées du 22 novembre 2020, la CODEL a élaboré une stratégie qui lui a permis de se prononcer sur la régularité des opérations de vote. Selon elle, la méthodologie adoptée, basée sur le déploiement proportionnel des observateurs, est éprouvée dans plusieurs pays. Le dispositif adopté a permis de suivre activement le déroulement du scrutin et d’interpeller directement les organes de gestion des élections en vue de la correction des incidents et manquements qui leur ont été rapportés tout au long de la journée.
Le monitoring a permis de collecter, d’analyser et de diffuser des informations sur le déroulement du scrutin en temps réel afin d’en garantir la crédibilité, la fiabilité et la transparence ; d’optimiser un système d’alerte précoce le jour du scrutin ; de dissuader toute velléité de fraude par la présence massive des observateurs dans les bureaux de vote ; de contribuer à corriger tout dysfonctionnement constaté le jour du scrutin en saisissant les autorités et institutions chargées de l’organisation, de la supervision et de la gestion du processus électoral.
La CODEL a déployé 121 observateurs du processus d’enrôlement des électeurs et 200 moniteurs de la violence électorale sur l’ensemble du territoire pour suivre et faire remonter tous les incidents de violence liés à la mise en œuvre du processus électoral, mais également apprécier le niveau de tension électorale. Il a aussi déployé 10 journalistes et acteurs de la société civile pour la sensibilisation sur les fake news et la promotion du fact checking.
Ce sont au total 3800 citoyens mobilisés par la CODEL sur toute l’étendue du territoire qui ont rendu compte de ces élections aux différentes parties prenantes par le truchement de la CODEL sur le site www.burkinavote.org et sur les réseaux sociaux à travers le hashtag burkinavote2020.
A la suite des observations faites sur le scrutin, la CODEL présente les constatations suivantes comme premières données. Au niveau de l’observation classique, plusieurs dysfonctionnements leur ont été remontés dès l’ouverture des bureaux de vote. On peut citer l’indisponibilité du matériel électoral dans certains bureaux de vote ; la distribution erronée des bulletins de vote des législatives ; l’absence ou l’arrivée tardive de forces de sécurité dans certains bureaux de vote dans la région du Nord (cas de Mako, Kasseba samo, Zoongo, Zondoma/Gourcy, Tangaye) ; l’absence des noms de certains électeurs sur la liste électorale ; les changements opérés dans les bureaux de vote qui ont désorienté certains électeurs.
Au total, sur plus de quarante alertes, 90% ont été résolues par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
En matière de violence électorale, de la date du 10 au 22 novembre, le groupe d’analystes a reçu 165 alertes de violence. La majorité des alertes a porté sur les violences verbales, saccage d’affiches, intimidations et achats de conscience, nuisances sonores, affrontements entre militants de partis politiques, etc. Les auteurs de ces violences sont principalement les militants des partis politiques. Et la victime provenait du même groupe.
Plus de 200 sites web, réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Twitter) stations radio, et de partis et leaders politiques ont été recensés et suivis. Une cinquantaine de publications partagées par diverses sources a fait l’objet d’analyse et de vérification des faits. Plusieurs tentatives de désinformation liées aux dysfonctionnements de certains bureaux de vote, à l’achat de conscience, à la fraude et à la violence électorale ont été identifiées. Des cas de fausses informations (fake news) ayant un degré de gravité élevée ont été traités de manière à restituer la bonne information au public.
A l’ouverture, dans les zones sécurisées, 90% des bureaux de vote ont ouvert avant 6 heures 15 mn. Dans 98,20% des bureaux de vote observés, les présidents étaient présents. 18 % des présidents des bureaux de vote étaient des femmes. Les forces de l’ordre étaient présentes dans 94,40% des bureaux de vote observés.
Dans les zones rouges, 77% des bureaux ouverts à l’heure avant 6h15mn. Dans 94% de bureaux le président était présent à l’ouverture. 12% de bureaux de vote étaient présidés par les femmes. 70% de bureaux de vote étaient sécurisés.
Du matériel électoral et procédures d’ouverture dans les zones sécurisées : Dans 70% des bureaux de vote, le matériel était complet. 94% des bureaux de vote ont respecté les procédures d’ouverture.
Dans les zones rouges : 71% des bureaux de vote, le matériel était complet. 96% des bureaux de vote ont respecté les procédures d’ouverture. De manière spécifique, le problème de matériel a concerné les procès-verbaux de dépouillement dans 22% de bureaux de vote, suivront ensuite les enveloppes sécurisées (4%), la liste des électeurs (3%), la liste d’émargement (2%), etc.
Dans les zones sécurisées, dans 98% des bureaux, les électeurs ont émargé sur les listes. 100% des électeurs ont reçu un seul bulletin par scrutin. 82 % des électeurs n’ont pas eu de difficulté à voter. 91% des électeurs ont prouvé qu’ils n’avaient pas déjà voté.
Dans les zones rouges, dans 100% des bureaux, les électeurs ont émargé sur les listes. 100% des électeurs ont reçu un seul bulletin par scrutin. 94 % des électeurs n’ont pas eu de difficultés à voter. 87% des électeurs ont prouvé qu’ils n’avaient pas déjà voté.
En ce qui concerne la clôture dans les zones sécurisées, 98% des bureaux de vote ont fermé à l’heure. 85 % des bureaux de vote ne présentaient pas de file d’attente à la clôture.
Dans les zones rouges, 97% des bureaux de vote ont fermé à l’heure. 87% des bureaux de vote ne présentaient pas de file d’attente à la clôture.
Quant au dépouillement dans les zones sécurisées, dans 59 % des bureaux de vote le dépouillement s’est déroulé sans incidents. Dans 11 % des bureaux de vote, des réclamations ont été consignées sur les procès-verbaux.
Dans les zones rouges, dans 66 % des bureaux de vote le dépouillement s’est déroulé sans incidents. Dans 20% des bureaux de vote des réclamations ont été consignées sur les procès-verbaux.
La plupart des réclamations et des désaccords concernaient la non-réception des copies des résultats par les représentants des candidats, l’absence de consensus sur l’appréciation de la qualité des bulletins nuls, le non-affichage des résultats du dépouillement à l’entrée du bureau de vote (entre 20 à 23 %).
S’agissant de l’appréciation globale du processus, la CODEL se félicite de la tenue effective de ce double scrutin dans un contexte de crise sécuritaire, humanitaire et sanitaire. « C’est l’occasion de féliciter l’ensemble des acteurs du processus électoral pour leur sens de responsabilité. La CODEL félicite plus particulièrement les forces de défense et de sécurité pour la sécurisation de l’ensemble du processus électoral.
La CODEL se félicite, pour une première, d’avoir déployé 12 observateurs pour le vote des Burkinabè de l’étranger, plus spécifiquement en République de Côte d’Ivoire. Selon nos observateurs, le vote s’est déroulé sans incidents avec un taux de participation appréciable, même s’il faut regretter le faible taux d’enrôlement », a-t-elle indiqué.
Elle a malheureusement observé la persistance de plusieurs dysfonctionnements dans l’organisation matérielle des élections. Elle déplore également les violations de la loi électorale, notamment sur la corruption électorale, les violences verbales, les affichages anarchiques, etc.
La CODEL appelle l’ensemble des acteurs en compétition à suivre les voies de recours légales en cas de contestation des résultats.
En ce qui concerne les réserves émises par l’opposition politique, la CODEL dit qu’elle va aller vers les différents acteurs pour une approche de médiation.
Elle a également formulé des recommandations à l’endroit de la CENI, des partis politiques, des médias, etc.
Après avoir suspendu hier 23 novembre 2020 la publication des premiers résultats commune par commue de la présidentielle à cause du retrait de cinq commissaires, Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a invité les hommes de médias cet après-midi du mardi 24 novembre, pour faire une déclaration sur la situation post-électorale au sein de sa structure. Jusqu’à 15h, les 5 commissaires n’étant toujours pas présents, les 10 autres ont décidé de poursuivre la proclamation des résultats car le quorum était atteint.
Hier 23 novembre à 9h, conformément à la lettre de convocation de la plénière du 22 novembre, les quinze commissaires se sont retrouvés pour commencer la validation et la proclamation des résultats de la présidentielle.
Selon Newton Ahmed Barry, avant le début des travaux, le constat était qu’à côté de la compilation manuelle et conformément à l’article 97 du Code électoral, certains Centres de compilation des résultats (CCR) n’avaient pas fait de compilation manuelle.
Alors, ils ont échangé et délibéré au sein de la commission pour voir si ce facteur pouvait empêcher le début des travaux.
« Nous avons dit que nous allions instruire tous les CCR qui ne l’avaient pas fait afin que dans la diligence ils nous fassent parvenir les compilations manuelles. De façon unanime, nous avons commencé la délibération et la proclamation des premiers résultats des communes », a-t-il expliqué.
Mais vers 16h, alors qu’ils avaient fait deux à trois tours de proclamation des résultats, cinq des commissaires (ceux de l’opposition politique) sont revenus sur la question de la compilation manuelle des résultats.
« Ils ont dit que comme ils n’avaient pas une vue très précise sur le fait que cela a été fait dans la majorité des cas ou pas, il était préférable que nous suspendions la proclamation et que nous nous donnions toute la nuit pour instruire les CCR pour que dans la diligence les compilations manuelles nous parviennent jusqu’à 8h ce mardi pour nous permettre de rependre nos travaux », a précisé M. Barry.
Ce matin à 8h, les dix commissaires étaient présents. L’absence des cinq autres a pu être constatée. « Nous avons pris l’initiative de savoir pourquoi ils n’étaient pas au rendez-vous. Ils nous ont répondu que c’est parce qu’ils n’étaient pas sûrs que la compilation manuelle a pu être faite sur l’ensemble des CCR. Que pour s’en convaincre, c’était mieux de reporter l’heure de la reprise des travaux », a-t-il confié.
Après concertation, les 10 commissaires ont accepté le report pour 10h. A cette heure, les 5 autres n’étaient toujours pas présents.
« Une fois de plus nous sommes entrés en contact avec eux. La question leur avait été posée de savoir éventuellement si le fait de ne pas venir constituait une suspension de leur participation aux travaux de délibération et de proclamation des résultats. Ils nous ont tous assurés qu’il n’en était pas ainsi et que si on se donnait suffisamment de temps on pouvait avoir toutes les compilations manuelles et commencer. Nous avons dit que dans ce cas nous allons proroger les délais de reprise et nous donner comme deadline 14h de ce jour », a poursuivi le président de la CENI.
A 15h, les 5 commissaires n’étaient toujours pas revenus. « Les 10 commissaires ici présents, en application du règlement intérieur de la CENI sur la question du quorum, ont décidé de la reprise de l’examen de la validation et de la publication des résultats », a indiqué Newton Ahmed Barry.
Selon lui, la CENI est tenue par les délais et c’est sa responsabilité de proclamer les résultats provisoires.
« Il appartiendra au Conseil constitutionnel d’en décider en dernier ressort », a conclu Newton Ahmed Barry.
En rappel, hier lundi dans la soirée, 6 candidats de l’opposition politique ont prévenu qu’ils n’accepteraient pas des résultats entachés d’irrégularités.
On a constaté depuis hier, lundi 23 novembre, l’arrêt de la publication des résultats du double scrutin du 22 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pourtant, de nombreux Burkinabè étaient impatients d’avoir les résultats finaux de cette élection couplée. Radars Info Burkina a promené son micro dans la ville de Ouagadougou pour recueillir les impressions des citoyens sur cette situation. Lisez plutôt.
Les avis au sein de la population sont partagés. Si pour certains citoyens burkinabè il n’y a pas lieu de contester les résultats des votes, pour d’autres par contre il faut les revoir sans pour autant annuler les élections. Mais il y a aussi ceux qui pensent que les différents partis doivent trouver un consensus pour éviter que la situation dégénère.
Jean Camille Ziba dit avoir appris depuis hier dans l’après-midi la suspension de la proclamation des premiers résultats du double scrutin en raison de la fraude dénoncée par l’opposition politique. « Je pense que cet arrêt relève d’une grande sagesse pour ne pas créer plus de polémique et de tension entre les gens. Mieux vaut arrêter, trouver un terrain d’entente pour que tout le monde soit au même niveau de compréhension et qu’il y ait la transparence », déclare-t-il. Et d’ajouter qu’il pense que ce temps mort permettra de calmer la population. Il pense également que l’opposition est dans son rôle quand elle dénonce cette situation. Elle doit porter plainte en cas de fraude et se concerter.
« Nous ne sommes pas sans savoir qu’ils ont également injecté de l’argent dans leur campagne comme tout autre parti et que le Code électoral sanctionne la fraude », lance M. Ziba.
Augustin Zongo abonde dans le même sens, lui qui déclare : « Je pense que la CENI veut aller dans le sens de l’apaisement, au moins écouter les opposants avant de se prononcer sur la suite du processus. » A son avis, cette suspension est une bonne chose et la réaction de l’opposition est normale parce qu’elle a eu ses représentants dans les bureaux de vote. « Il se peut que les opposants aient d’autres informations sur lesdites fraudes, mais la manière de se plaindre n’est pas bonne », affirme M. Zongo, qui ajoute que l’opposition burkinabè est composée d’hommes qui devraient suivre les voies légales de recours en cas de suspicions de fraude électorale.
Selon Cédric Bazié, il n’y a pas eu de magouilles à ces élections. « Si le MPP a gagné, l’opposition doit l’accepter et ceux qui ont perdu devront s’armer de patience et de courage et attendre les prochaines échéances électorales». Pour lui, les membres de l’opposition ne sont que de mauvais perdants.
Pour le Dr Inoussa Zongo, « il faut proclamer les résultats tels que nous les avons actuellement ; il faut aller jusqu’au bout. C’est vrai que l’opposition les conteste au motif qu’il y a eu fraude,mais où sont les preuves de cette présumée fraude ? On entend parler d’irrégularités. Une irrégularité n’est pas forcément une fraude, mais peut être due à une mauvaise organisation du scrutin, donc aujourd’hui tout le monde devrait accepter les résultats de ces élections. »
Si la plupart des citoyens prônent l’entente et la paix, d’autres personnes, à l’exemple d’un commerçant de la place, affirment être prêtes à descendre dans la rue s’il le faut.
Un autre a abondé dans ce sens, lequel a déclaré : « J’adhère à cette contestation des résultats car pour moi, s’il y a eu des irrégularités il faut les dénoncer. »
Arnold Junior Sawadogo et Farida Elise Sawadogo (stagiaires)
Au lendemain de la tenue des élections couplées, pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) publiait les premiers résultats de la présidentielle commune par commune, les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition se sont réunis au siège du CFOP. Objectif : Fustiger la « mauvaise organisation des élections » par la CENI. Ils ont, dans la foulée, prévenu qu’ils « n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé ».
Ce sont les candidats à la présidentielle Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, Me Gilbert Noël Ouédraogo, Tahirou Barry, Ablassé Ouédraogo et Kadré Désiré Ouédraogo qui ont convié les hommes de médias pour livrer leur déclaration commune en lien avec les élections du dimanche 22 novembre 2020.
Ils ont d’abord exprimé leur consternation quant à la manière dont les élections ont été organisées.
« Contrairement aux dispositions du Code électoral qui prévoient une compilation manuelle des résultats au niveau des Centres communaux de compilation (CCCR), la CENI a procédé à l’annonce de résultats largement favorables à la majorité sortante sans avoir procédé à cette compilation manuelle », ont-ils dénoncé.
Pour ces candidats, l’ensemble du processus a été fortement émaillé de fraudes. Comme autres irrégularités et insuffisances qu’ils ont relevées, on peut citer la modification, à la dernier minute et de manière informelle, du nombre et de la cartographie des bureaux de vote retenus pour les élections ; l’ouverture tardive et même la non-ouverture de plusieurs dizaines de bureaux sur l’ensemble du territoire national ; le fait que des électeurs détenteurs de cartes d’électeur ont été refoulés des bureaux de vote du fait de l’absence de leurs noms sur les listes imprimées ; le non-affichage des listes des électeurs devant les bureaux de vote comme cela est prescrit par les textes ; la non-prise en charge des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote contrairement aux dispositions de la loi électorale.
« De ce qui précède, il est constant que la CENI n’a pas été à la hauteur de la mission de bonne organisation des élections qui est à sa charge, chose qui a été relevée expressément par plusieurs observateurs internationaux », ont regretté les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition.
Ainsi, pour eux, cette « mauvaise organisation » des élections a deux conséquences majeures : d’abord, elle pénalise les candidats de l’opposition, le pouvoir ayant toujours la possibilité de se réorganiser par rapport à la situation ; ensuite, elle jette le discrédit sur les résultats des scrutins dont la CENI a commencé la proclamation. « En tout état de cause, les signataires de l’accord politique de l’opposition n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé », ont-ils conclu.
A la fin de lecture de cette déclaration commune par Tahirou Barry, des militants des partis de ces candidats ont fait irruption dans la salle. Dans le brouhaha, ils ont clairement dit qu’ils étaient déterminés à « empêcher une victoire par la fraude ».