jeudi 24 octobre 2024

fnatt uneL’histoire politique de l’actuel Burkina Faso est jalonnée d’évènements. Les dates marquant lesdits évènements sont restées gravées tant dans la mémoire  individuelle que collective. Il en est ainsi du 4 août, une date historique et mémorable. Dans l’histoire politique du pays des hommes intègres, le 4 août marque un tournant sur lequel il convient de marquer un arrêt. Que constitue cette date aux yeux des citoyens ? Le Dr Ali Ouédraogo, historien, enseignant chercheur, nous fait l’historique de cette date combien importante.

Jadis Haute-Volta à la proclamation de la République le 11 décembre 1958 par Maurice Yaméogo, suivie de la proclamation solennelle de l’indépendance le 5 août 1960, l’appellation actuelle Burkina Faso intervient 24 ans après sous la Révolution démocratique et populaire (RDP) du capitaine Thomas Sankara en 1984.

Arrivé au pouvoir le 4 août 1983 suite à un coup de force contre le Comité de salut du peuple (CSP), alors dirigé par le médecin commandant Jean Baptiste Ouédraogo, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara va marquer de façon indélébile son passage à la tête de l’Etat par plusieurs actions révolutionnaires. 4 août 1983 : prise du pouvoir par le jeune capitaine avec ses frères d’armes Blaise Compaoré, Henry Zongo et Boukary Lingani. Le Conseil national de la révolution (CNR) est mis en place. Selon le Dr Ali Ouédraogo, ce qui a motivé  Thomas Sankara à changer le nom du pays dès l’An 1 de son règne, c’était sa volonté de rupture : rompre avec la passé colonial, donner à la population une identité dans laquelle elle sentirait son appartenance. fnatt 2« Le nom Burkina Faso est synonyme d’espoir. Ce nom redonnait la vraie fierté, le vrai honneur au peuple », dit-il. Et l’histoire ne s’arrête pas là puisque dans le souci de faire table rase du « passé néocolonial », Thomas Sankara change aussi à la même époque le drapeau national. Le drapeau de l’ancienne Haute-Volta, composé de trois bandes (noire, blanche et rouge), est remplacé. Le nouvel étendard national est désormais composé de deux bandes horizontales rouge et verte, frappées d’une étoile jaune à cinq branches au milieu, « le tout représentant la mémoire des hommes et femmes qui ont donné de leur vie pour la liberté », commente le Dr Ali Ouédraogo. Ce changement, précise-t-il, répondait aussi aux idéaux de Révolution démocratique et populaire, de travail de la terre par les fils et les filles de la Nation.

Autre transformation majeure intervenue le 4 août 1984 : le remplacement de l’hymne national d'alors, à savoir ‘’Fière Volta’’, par le Ditanyè ou ‘’chant de la victoire’’. fnatt 3Une victoire multiforme comme le rappelle le Dr Ali Ouédraogo en ces termes : « La victoire sur le néocolonialisme, sur un passé douloureux et sur nos bourreaux d’hier.» Précédemment ‘’Unité-travail-justice’’, la devise nationale devient elle aussi ‘’La patrie ou la mort, nous vaincrons’’. Ces changements, l’enseignant chercheur Ali Ouédraogo les qualifie d’« audacieux et courageux » pour une république qui cherchait ses repères et qui était classée parmi les plus pauvres au monde, avec un pouvoir aux mains d’une armée « bicéphale » partagée entre la politique et la défense de la Nation. Thomas Sankara avait d’ailleurs souligné cela par ces mots : « Il fallait prendre des initiatives audacieuses et radicales, entre autres effacer les traces du colonialisme. À commencer par l’appellation donnée par le colon à notre pays. Le nom Haute-Volta ne répondait ni à des critères géographiques ni à des critères sociologiques ou culturels ».

Burkina est un terme moaga qui signifie « homme intègre » et Faso est un mot dioula qui veut dire « terre natale ». Le Burkina Faso, qui signifie donc de façon littérale « le pays des hommes intègres », est un pays de l’Afrique de l’Ouest indépendant depuis le 5 août 1960. Sa population est estimée à 20 487 979 habitants selon les chiffres du Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) 2020.

Sié Mathias Kam

donsin uneL’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, a été reçu en audience ce lundi 2 août par le Premier ministre, Christophe Dabiré. Au menu des échanges, il y avait la sécurisation de  l’axe Ouaga-Kaya-Dori  en vue du retour de l’Etat dans les localités situées dans cette zone et le contrat de concession signé entre le gouvernement burkinabè le groupement français Méridian-AMP pour la réalisation et l’exploitation de l’aéroport international Ouagadougou-Donsin.

A sa sortie d’audience, Luc Hallade dit avoir évoqué avec le Premier ministre burkinabè  quelques sujets d’intérêt communs au Burkina Faso et à la France. Parmi ces derniers figure le programme de sécurisation de l’axe Ouaga-Kaya-Dori. Selon le diplomate français, c’est un axe sur lequel les deux pays travaillent dans le cadre du sursaut civil et du retour de l’administration dans une zone d’où elle a un peu disparu ou fui sous la contrainte à travers le renforcement des capacités de la police et de la gendarmerie.

donsin 2L’autre sujet évoqué par les deux hommes était celui des infrastructures, notamment aéroportuaires.

Luc Hallade s’est réjoui de la décision prise lors du dernier Conseil des ministres burkinabè d’accepter le principe de signer un contrat de concession avec le groupement Meridian-AMP pour la réalisation et l’exploitation de l’Aéroport international Ouagadougou-Donsin. La question de l’aéroport de Dori était également sur la table des discussions. « Je suis venu voir le Premier ministre pour lui demander de m’aider à trouver le fil conducteur ou directeur qui me permettra de bien identifier les besoins exprimés », a conclu le diplomate français.

Bessy François Séni

comss uneLa Commission électorale nationale indépendante (CENI) burkinabè est depuis quelques jours sous le feu des projecteurs. La raison ? La récusation de certains commissaires proposés pour siéger dans l’institution chargée de l’organisation des élections. A ce propos, on peut citer le représentant de la chefferie coutumière, le Sao Naaba, et celui de l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA).
 
Cette situation qui mine la CENI a été à l'origine du report à deux reprises de la prestation de serment des nouveaux commissaires. C’est dans ce contexte qu’une note émanant de la communauté musulmane a annoncé le remplacement de son commissaire d’alors et actuel président de la CENI, Newton Ahmed Barry, par un nouveau venu, en l'occurrence le magistrat Adama Kafando.
comss 2Pour Tahirou Barry, président du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR), à qui nous avons tendu notre micro après la prière de l'Aïd el kébir à la place de la Nation, quelle que soit la personne choisie, la priorité, c'est l'unité et l'entente entre Burkinabè. « Tout ce que je peux souhaiter, c'est de prier pour que Dieu sème l'entente dans le cœur des Burkinabè », a-t-il affirmé.
El hadj Mohamed Ouédraogo, vice-président de la communauté musulmane que nous avons également rencontré sur ces lieux, précise que ce changement fait suite à des considérations que le présidium a prises en compte. « Ce changement répond à des considérations à propos desquelles seule la Fédération (NDLR : La Fédération des associations islamiques du Burkina) peut donner de plus amples explications », a-t-il déclaré. comss 3Et el hadj Salif Tassembédo, un autre fidèle musulman, de nous confier : « Je ne sais quoi dire. C'est la volonté de Dieu ».
En rappel, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est constituée de 15 commissaires : 5 issus des partis de la majorité, 5 de l’opposition politique et 5 venant des organisations de la société civile, à savoir 3 représentants des communautés religieuses, 1 représentant de la chefferie coutumière et 1 représentant des associations de défense des droits humains. Le mandat de l'actuelle équipe prend fin le 31 juillet 2021. Il dure 5 ans et est renouvelable.
La date de prestation de serment des nouveaux commissaires n’est pas encore connue mais selon la loi, ils sont censés prendre fonction le 1er août 2021. La raison invoquée par le ministère de l’Administration territoriale est qu’il laisse le temps à la Cour constitutionnelle de statuer sur ces cas de désaccord.
Sié Mathias Kam et Ariane Congo (stagiaires)

mlench uneLe président de la France insoumise, le député Jean-Luc Mélenchon, était face à la jeunesse burkinabè le mercredi 21 juillet 2021 à l’université Joseph Ki-Zerbo. Avec cette frange instruite de la population, l’homme politique et philosophe français a échangé sur le thème « Y-a-t-il un avenir en commun dans la francophonie ? »
 
Dans ce temple du savoir, le candidat à la présidentielle française de 2022 a expliqué aux étudiants, sortis nombreux pour l’occasion, l’intérêt de travailler à sauvegarder la langue commune à l’espace francophone. Il a souhaité voir la création d'une université de la langue commune à cet espace linguistique qui formera des techniciens mais aussi des spécialistes de tout ce qui va avec la technique. Selon l’homme politique français titulaire d’une licence en philosophie, dans ce nouvel âge de l’humanité, il ne faut pas se recroqueviller sur soi-même mais faire appel à une immense réserve d’intelligence. Il a appelé à une collaboration plus étroite entre la France et les pays qui ont en partage la langue française dans plusieurs secteurs d’activité.
mlench 2Si certaines propositions du député français ont reçu l’approbation des étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo, sur d’autres sujets par contre, les avis de ces jeunes épris de liberté restent tranchés.
Par exemple pour Ahmed Tiendrebéogo, vice-président de l’Union internationale des jeunes socialistes, la francophonie dans sa forme actuelle est toujours empreinte de colonialisme et ne vise que la la promotion de la langue et de la culture françaises dans les anciennes colonies de l’Hexagone. Néanmoins, dit-il, lui et ses amis ont porté un grand intérêt à l’intervention du député français Mélenchon, venu leur imprimer sa vision de la francophonie. « Aujourd’hui, rester dans la francophonie, c’est demeurer dans l’impérialisme, dans la colonisation », a-t-il déclaré. Et de suggérer aux jeunes de mener la réflexion pour voir comment en sortir.
mlench 3Pour Nebon Gérard Bado, dit « l’avocat du peuple », également étudiant, Mélenchon est juste venu battre campagne et ne pourra rien changer s’il accède au pouvoir en France. « Il ne pourra pas défendre les intérêts des Africains au détriment de ceux des Français », a-t-il martelé. L’étudiant apprécie néanmoins les propositions de Jean Luc Mélenchon en ce qui concerne la monnaie unique. « Il nous appartient, en tant qu’Africains, de nous libérer des griffes de nos oppresseurs. La France n'aidera pas l'Afrique à son propre détriment», a-t-il lancé.
Bessy François Séni

melench uneL’homme politique français Jean-Luc Mélenchon est présent à Ouagadougou depuis le dimanche 18 juillet 2021 pour une visite de 4 jours. Le candidat de ‘’la France insoumise'' à la présidentielle de 2022 s’est rendu au Mémorial Thomas Sankara accompagné, entre autres, de Valentin Sankara, frère de Thomas Sankara, de Luc Damiba, secrétaire général du comité international Mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), et de Serge Bayala, secrétaire général du Cadre Kamita, membre du CIM-TS. A l’occasion de cette visite, Mélenchon a déposé une gerbe de fleurs et planté un arbre en hommage au père de la révolution burkinabè.

Jean-Luc Mélenchon a atterri au Burkina le dimanche 18 juillet 2021 pour une visite de 96 h. Le candidat de ‘’la France insoumise'' à l’élection présidentielle de 2022 dit être venu apprendre l’histoire de Thomas Sankara, un homme digne qui a lutté pour l’écologie et défendu des valeurs. « Nous sommes venus apprendre et non donner des leçons comme y sont enclins les Européens », a déclaré Jean-Luc Mélenchon.

Arrivé à Ouagadougou, l'homme politique français s’est rendu dans l’après-midi sur le site le plus visité de la capitale burkinabè, à savoir le Mémorial Thomas Sankara, si l'on en croit les statistiques du Comité international du Mémorial Thomas Sankara (CIM-TS). Cette visite a été marquée par un dépôt de gerbe de fleurs en hommage au père de la révolution burkinabè. S'en est suivie une visite dans l’enceinte du Mémorial guidée par Luc Damiba, secrétaire général du CIM-TS. Jean Luc Mélenchon a aussi planté un moringa, un arbre « choisi pour ses valeurs nutritives et thérapeutiques », selon Serge Bayala.

mlench 2Pour Jean-Luc Mélenchon, nous avons plus que besoin de l’âme de Thomas Sankara, qui a osé. « L’avenir, ce n’est pas ce qui doit arriver mais plutôt ce que nous devons faire et pour le faire nous avons besoin de la mémoire vivante de Thomas Sankara. Nous voulons l’inscrire dans le Panthéon des idées de la France insoumise », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Il a précisé en sus : « Thomas Sankara est une grande figure des valeurs auxquelles nous adhérons, les valeurs de l’insoumission. L’insoumission n’est pas un état d’esprit de désordre permanent, mais c’est avant toute chose le refus de la résignation, de se plier quelle que soit la nature de l’adversité », a-t-il ajouté. Les autorités françaises ayant déjà remis au Burkina plusieurs lots de dossiers sur l’affaire Thomas Sankara, Jean-Luc Mélenchon a pour sa part promis d’œuvrer à la lumière sur l’assassinat de Thomas Sankara en mettant à la disposition du Faso tous les documents que la France a en sa procession s’il est élu.

mlench 3Le Comité international du mémorial Thomas Sankara (CIM-TS) a exprimé sa satisfaction de cette visite en ces termes : « Nous sommes contents qu’un homme politique qui rend visite dans un pays choisisse de venir au mémorial, de venir rendre hommage et de venir s’inspirer, apprendre de Sankara. Nous pensons que beaucoup de leaders africains doivent s’inspirer de cela ».

Pour Serge Bayala, membre du comité du Mémorial, la visite de Jean-Luc Mélenchon est un acte de reconnaissance, d’acceptation que Sankara symbolise une force de valeur universalisable. Il dit être convaincu de la déclaration de Mélenchon. « Le voir tenir ce discours, c’est une marque de courage, parce que  j’ai rarement entendu cela de la bouche des officiels français ». Et Bayala d'ajouter :  « Je dirai qu'il ne faut pas être assez "con". Il faut aussi tirer d'un discours la force de sa réalité, la force de sa vérité», a conclu le secrétaire du Cadre Kamita.

Durant son séjour du 18 au 21 juillet 2021, Jean-Luc Mélenchon a prévu plusieurs activités, notamment des rencontres avec des autorités burkinabè. Le 21 juillet, il donnera une conférence à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou sur le thème « Y-a-t-il un avenir en commun dans la francophonie ?»

Sié Mathias Kam (stagiaire)

opna uneLes partis politiques membres de l'Opposition non affiliée (ONA),  au cours d'une conférence de presse, se sont prononcés le jeudi 15 juillet sur certains sujets brûlants de l'actualité nationale. Il s'agit notamment de la sécurité, de la réconciliation nationale, de la gouvernance et des grands dossiers d'importance nationale.

Avant tout propos, le conférencier Abdoulaye Soma, président du parti "Soleil d'Avenir", a donné des éclaircissements sur le statut juridique de l'ONA. Selon lui, l'existence de l'ONA est fondée sur la Constitution et les lois de la République, notamment la loi sur le statut de l'opposition politique. "L'opposition politique comporte le groupe de partis politiques regroupés dans le cadre de concertation du Chef de file de l'opposition politique (CFOP) et le groupe de partis politiques regroupés au sein de l'ONA", a-t-il précisé. "L'ONA rejette énergiquement les positions prises par les autorités nationales, notamment le ministre d'État en charge de l'Administration territoriale, de ne considérer comme cadre de l'opposition dans le dialogue politique national que le groupe informel qu'est le le cadre de concertation du CFOP. Le CFOP est un individu et le cadre de concertation qu'il met en place n'est pas prévu par la loi", a-t-il martelé.

opna 2S’appuyant sur ce qui précède, l'ONA réclame sa prise en compte dans les grands dossiers d'importance nationale. Il propose à cet effet que la loi actuelle sur le statut de l'opposition politique soit modifiée ou que l'ONA soit appelée dans tous les débats et instances de représentation de l'opposition politique et de la classe politique au Burkina Faso. Abdoulaye Soma n'a pas manqué de préciser que l'ONA rejette le format du dialogue politique mené entre l’APMP et le CFOP, mais aussi la désignation unilatérale par le CFOP des commissaires représentant l'opposition à la CENI.

"L'ONA se réserve le droit de ne pas se reconnaître dans les conclusions d'un dialogue politique d'exclusion, ni dans la validation d'une CENI irrégulièrement formée", conclut-il.

Bessy François Séni

nium uneLe Comité d'orientation et de suivi du programme américain de développement dénommé Millennium Challenge Account II continue sa démarche de renforcement des capacités de l'énergie solaire au Burkina Faso.

Il a tenu une session ce mercredi 14 juillet 2021 à Ouagadougou afin de réfléchir sur la mise en place d'un organigramme qui va contribuer à diminuer les délestage et coupures dans les unités industrielles et ateliers. Selon le président dudit comité, Mamady Sanoh, ce programme concerne l'énergie solaire, notamment le transport et le stockage de cette ressource énergétique.

nium 2Dans ce sens, le Millennium Challenge Account II travaillera avec la Sonabel, l'Agence de régulation de l'électricité et surtout le ministère de l'Energie dans son ensemble, a-t-il précisé. « L'objectif, c'est de ne plus connaître de délestages, de coupures, de baisse de rendement dans les différentes unités industrielles et même dans les ateliers », a conclu Mamady Sanoh.

Bessy François Séni

mceni uneLe Chef de file de l’opposition politique (CFOP), dans une correspondance adressée au ministre d’Etat, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, s’oppose à la candidature d’un commissaire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à la présidence de ladite institution pour le compte des Organisations de la société civile (OSC). Raison invoquée : celui-ci appartiendrait à un parti politique. A la suite de cette correspondance, le ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale, Clément P. Sawadogo, a donné sa lecture, ce mardi 13 juillet 2021, de ce Nième point de désaccord entre majorité et opposition.

Le ministre a réagi aux différentes oppositions manifestées contre la candidature du chef traditionnel Sao Naaba, représentant des OSC, pour la tête de la CENI. Selon Clément P. Sawadogo, son département ne dispose pas des éléments juridiques pour surseoir à la candidature d’un membre à la présidence de la CENI. « Le département dont j’ai la charge n’a pas les éléments matériels et juridiques pour engager une procédure de récusation de la candidature de Bonaventure Dimsongdo Ouédraogo ‘’Sao Naaba’’ pour siéger à la CENI », a-t-il déclaré. mceni 2Selon le ministre Clément Sawadogo, il y aura une délibération sur la question de l’appartenance politique. De même, il rappelle les dispositions établies par la loi burkinabè dans le Code électoral. « La loi ne prévoit pas une validation de la désignation de chaque représentant par les autres composantes. Elle dit que chaque composante désigne son représentant », précise-t-il. Et d'ajouter : «  Nous (Ndlr :  le ministère de l’Administration) sommes chargés de recueillir les désignations, de faire un rapport au Conseil des ministres pour leur nomination », explique M. Sawadogo.

Un autre mouvement, le Réseau des mouvements du Burkina, dans la même veine, a aussi demandé la récusation de Tasséré Sawadogo, militant de l'Alliance démocratique et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), nommé au compte du CFOP, pour « son activisme politique débordant sur les réseau sociaux ». mceni 3A ce sujet, le ministre Sawadogo a répondu ceci : « La loi ne dit pas qu'il est interdit à un commissaire à la CENI de continuer à être membre de son parti ».

En rappel, la CENI est composée de représentants de tous bords de la société burkinabè ainsi qu’il suit : 5 représentants des partis de la majorité au pouvoir, 5 membres de l’opposition politique, 5 représentants des OSC à raison de 3 représentants des communautés religieuses, 1 représentant de la chefferie coutumière et 1 représentant des associations de défense des droits humains.

Initialement prévue le 12 juillet dernier, l'élection du président de cette institution chargée de l'organisation des élections a été repoussée au jeudi 15 juillet prochain pour donner du temps aux acteurs et permettre de peaufiner le processus.

C’est le décret 2021-0715 du 12 juillet 2021 qui nomme les membres de la commission de la CENI en vue du renouvellement de cette institution. Les nouveaux membres prendront officiellement fonction le 1er août 2021.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

Dr Karim Sango imgEntamé le jeudi 17 juin 2021, le dialogue politique entre acteurs politiques burkinabè avait pour objectif, entre autres, de proposer des solutions au terrorisme qui hante le Burkina depuis maintenant 6 ans. Pour Abdoul Karim Sango, président du Parti de la renaissance nationale (PAREN), la sécurité est un sujet tellement sérieux qu'elle ne saurait être abordée exclusivement dans un environnement de « politique politicienne ».

 De l'avis d’Abdoul Karim Sango, « Le cadre du dialogue politique n'est même pas approprié pour traiter de la question sécuritaire nationale, parce que  c'est un sujet tellement sérieux qu'il ne saurait être abordé exclusivement dans un environnement de politique politicienne ».  Et de marteler : « Exiger la démission de X ou Y n'est pas l'idéal. L'opposition, en  faisant cela, fait ce que j'appelle de la politique politicienne. »

« Pour résoudre la question sécuritaire au Burkina Faso, des solutions existent », s'est empressé d’ajouter notre interlocuteur. « L’essentiel, c’est de les opérationnaliser », a-t-il souligné. Le président du PAREN propose, à cet effet, ses solutions pour venir à bout de l'hydre terroriste. Dans un premier temps, M. Sango suggère que les Burkinabè resserrent  les liens qui les unissent.  « Il faut renforcer chez les Burkinabè le sentiment que ce pays appartient à tout le monde. Il faut que celui qui est à Gorom-Gorom, par exemple, sente la présence d'un État qui peut lui garantir un minimum de droits en matière d’éducation, de santé, d’eau potable, d’infrastructures routières et  d'emploi, car toutes ces zones délaissées ont finalement fait le nid du djihadisme et du terrorisme avec certainement la complicité des populations qui sont grillées des deux côtés », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Il faut un plan Marshall d'investissement réel transparent dans ces zones. » Ensuite, le premier responsable du PAREN propose au gouvernement d'investir dans l'armée afin de permettre aux soldats qui sont sur le terrain de riposter efficacement en cas d'attaque. Voici sa 3e proposition de solution contre l'insécurité : il faut une bonne coordination sur le plan hiérarchique. Il faut revenir à cette règle de base de l'armée qu'est la discipline. Enfin, l'ancien ministre de la Culture Sango pense que le renseignement est déjà un atout pour réussir sur le terrain. « Tous les éléments dont je dispose me confortent que le dispositif de renseignement burkinabè fonctionne parfaitement. Par exemple, concernant ce qui s'est passé à Solhan, selon les informations que j'ai lues dans la presse et que j'ai entendues de part et d’autre, on savait ce qui s'y préparait. Je crois qu'on a les moyens. Le véritable problème, c'est l'organisation que nous mettons en place », a-t-il conclu.

Bessy François Séni.

 

Constitution du 2 juin« La Constitution du 2 juin 1991 face aux crises sociopolitiques de 1991 à 2020 », c'est le thème sur lequel a exposé à Ouagadougou le Dr Luc Marius Ibriga à l'occasion des 30 ans de la Constitution burkinabè du 2 juin 1991, célébrés par la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) le samedi 19 juin 2021 au cours d’un panel. Selon le Dr Ibriga, la Constitution de 1991 n'est pas sans mécanismes de résolution de crises sociopolitiques. Malheureusement, tous sont demeurés inefficaces à les juguler.

 « Les conflits et les crises sont inévitables dans toutes les sociétés. Mieux, ils peuvent constituer un moteur du changement social. Mais pour éviter qu'ils ébranlent la cohésion sociale et emportent la société, des mécanismes de régulation sociale sont institués : les uns pour anticiper ces crises ou conflits, les autres pour les juguler et en tirer profit. En démocratie, le système de régulation des conflits repose, entre autres, sur les libertés fondamentales telles que les libertés d'expression, d'opinion, d'information, la recherche du dialogue, de la négociation et du compromis ». C’est en ces termes que le Dr Luc Marius Ibriga a débuté son intervention. Il a cité à titre illustratif les grandes crises sociopolitiques qui  ébranlent le Burkina Faso depuis 1998. Il s'agit, selon lui, des manifestations consécutives au drame de Sapouy (13 décembre 1998 ), des émeutes de 2003 consécutives à l'incendie du marché central Rood-woko, de la révolte contre le port du casque en 2006, des affrontement entre policiers et militaires en décembre 2006, du saccage des bars ‘’Kundé" en 2007, des émeutes contre la vie chère de 2008, des mutineries de 2011, de la crise née de l'instauration du Sénat en 2012, de la révision de l'article 37 de la loi fondamentale burkinabè, de l'insurrection populaire de 2014 et du contexte sécuritaire consécutif à l'expansion du terrorisme en 2019-2020.

Comment la Constitution du 2 juin 1991 a permis de résoudre ces crises à répétition ? À cette interrogation,  le Dr Ibriga répond que « bien que la Constitution ait prévu des mécanismes de sortie de crise, ces deniers se sont révélés inefficaces tant dans la prévention que dans la résolution des crises sociopolitiques ». Ce fut le cas avec le drame de Sapouy, dont la résolution de la crise s'est faite par l'entremise d'un collège de Sages, la mise sous éteignoir de la Constitution par la charte de la Transition suite à l'insurrection populaire et avec l'intervention du Mogho Naaba lors du putsch de septembre 2015. Cette incapacité de la Constitution du 2 juin 1991 à juguler les crises est, selon Luc Marius Ibriga, liée aux conséquences d'une transition par le haut, parce que contenant un processus insuffisamment inclusif ou consensuel, l'orientation présidentialiste qui fait que le débat constitutionnel tourne presque toujours autour du sort du chef de l'État. Cette incapacité est aussi liée à son faible ancrage, parce que la Constitution n'est pas que l'agencement de relations entre les instances de pouvoir ; elle n'est pas qu'une «mécanique » du pouvoir, elle demeure aussi un « ordre de valeur ».

Le Dr Luc Marius Ibriga a conclu son intervention en ces termes :  « Le grand mérite de la démocratie est d'avoir mis au premier plan de la vie collective le sort du plus grand nombre. C'est pourquoi il importe de se souvenir, dans l'écriture de la Constitution, que les citoyen(ne) s attendent de leurs gouvernants : plus d'équité dans la redistribution des richesses, plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, ainsi que plus d'éthique dans les comportements sociaux et politiques, plus de participation à la définition, à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques publiques ».

Bessy François Séni

 

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