mercredi 16 octobre 2024

poli uneLe 13 avril dernier, Blaise Compaoré a été mis en accusation par le tribunal militaire pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre dans le dossier Thomas Sankara. Parlant de cette affaire justement, demain samedi 17 avril 2021, l’ambassade de France au Burkina procédera à la remise du dernier et troisième lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Radar Info Burkina vous propose les avis et impressions du citoyen lambda sur le sujet.

Voilà plus de 34 ans que les familles des victimes du 15 octobre 1987 attendent que justice soit faite, que les restes de leurs parents leur soient restitués afin qu’elles puissent organiser leur inhumation et enfin faire leur deuil. L’attente n’a que trop duré, s’indignent-elles.

Selon Narcisse Gansonré, étudiant en année de licence au département d’histoire et archéologie de l’université Joseph Ki-Zerbo, la France a des intérêts au Burkina qu’elle veut éviter de mettre en péril, donc cette restitution n’est en réalité qu’un dédommagement. « La France n’a pas intérêt à ce que l’affaire Thomas Sankara soit mise au jour, car cela susciterait la révolte de certains peuples victimes de l’assassinat de leur président par la complicité de l’ancienne métropole », argumente-t-il.

poli 2On se rappelle qu’en novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, alors en visite officielle à Ouagadougou, avait promis la restitution des documents administratifs pendant le régime de Sankara et après son assassinat couverts par le « secret national », mais la lenteur que prend ladite restitution laisse à penser que tout n’a pas été fait du côté de l’Hexagone pour que soit élucidé cet assassinat. Les archives constituent donc un enjeu important pour faire la lumière sur l’affaire Thomas Sankara.

Toujours  selon Narcisse Gansonré,  il importe que ces archives soient au préalable authentifiées pour qu’on ait la preuve qu’elles sont vraies et bonnes.

De l’avis d’Adama Badini, également étudiant en histoire, « la France est complice et on ne peut pas compter sur nos bourreaux d’hier pour faire notre justice ».

Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire, c’est que la mise en accusation de l’ancien président Blaise Compaoré et la restitution des archives susmentionnées par l’ancienne métropole constituent une avancée significative dans cette affaire historique.

« Espérons que la justice fera bon usage de ces archives pour qu’on sache enfin qui a fait quoi et pour quelle raison », souhaite, quant à elle, Zoénabo Ouédraogo du département d’études anglophones de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouaga.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

bcbaA l’occasion du bilan mensuel de la situation de la maladie à coronavirus au Burkina Faso, le Dr Brice Bicaba,  directeur du Centre des opérations de  réponse aux urgences sanitaires (CORUS), était face aux hommes de médias le vendredi 26 mars 2021 au Service d’information du gouvernement (SIG).

Au cours de ce point de presse, le Dr Brice Bicaba, directeur du CORUS et par ailleurs coordonnateur du comité sectoriel Santé, a annoncé « la préparation du pays pour la réception de doses de vaccin grâce à l’initiative COVAX ». Après un bref rappel sur l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans la sous-région ouest-africaine et dans le reste du monde, le médecin épidémiologiste a précisé que des efforts sont faits et se poursuivent pour que le Burkina soit techniquement prêt le moment venu pour la réception desdites doses. Il a ajouté qu’une enquête était en cours auprès de la population sur l’acceptation du vaccin.

Le Dr Bicaba, pour terminer, a invité les populations à plus de prudence, à la vigilance et au respect des mesures barrières.

Sié Matthias Kam (stagiaire)

ferro uneLe ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, a conjointement animé avec son collègue ghanéen John Peter Amewu une conférence de presse sur l’état d’avancement du projet d’interconnexion ferroviaire et les perspectives entre les deux pays. C'était ce 25 mars 2021 à Ouagadougou.

Dans sa déclaration liminaire, le ministre Dabilgou a fait savoir que théoriquement, il existe une corrélation entre croissance économique et transport, puis entre croissance démographique et besoins de mobilité durable à l’intérieur des Etats et entre eux.  « Les transports jouent un rôle central dans le développement national et local équilibré en permettant d'accéder matériellement aux marchés, sans quoi aucun échange ne serait possible », a-t-il précisé

Selon le premier responsable du département en charge des Transports au Burkina, tout programme de développement est voué à l'échec si les biens produits ne peuvent être acheminés vers les marchés par manque d'infrastructures et de services de transport adéquats.

Le projet d’interconnexion ferroviaire entre les deux pays présente des avantages à plusieurs titres. ferro 2Il est plus compétitif que la route pour l’acheminement des produits pondéreux (céréales, engrais, ciment, hydrocarbures, fibres de coton) sur des distances relativement longues en raison de la  forte dégressivité des coûts en fonction de la distance à parcourir. Exploité dans des conditions normales, il permet d’évacuer rapidement des tonnages plus importants, notamment par la composition de trains blocs il présente une fiabilité sécuritaire pour les personnes et les biens et est moins polluant.

La construction d’une nouvelle ligne moderne entre le Port de Tema au Ghana et Ouagadougou au Burkina Faso, dira le ministre burkinabè, va favoriser le brassage des deux peuples déjà unis par des liens multiséculaires sur les plans historique et géographique.

Sous réserve des résultats des études techniques détaillées, la proposition de l’itinéraire en territoire burkinabè part de Ouagadougou, dessert Kombissiri, Manga, Béguédo, Garango, Tenkodogo, Bagré-Pôle, Zabré, Pô et se termine au lien frontalier Dakola-Paga, soit une distance totale d’environ 320 km.

ferro 3Quant au tracé en territoire ghanéen, il débute au Port de Tema, longe la partie est du pays et chemine vers le port fluvial d'Akosombo pour desservir Ho et Yendi au nord. La ligne rejoint ensuite Tamale pour emprunter la colonne vertébrale centrale et continuer jusqu'à Paga en passant par Walewale, Bolgatanga et Navrongo, soit une distance totale de 782 km. Il faut noter qu’environ 90 km entre le Port de Tema et Akosombo sont déjà en construction sur fonds propres du gouvernement ghanéen.

Quant aux caractéristiques techniques du projet, il sera entièrement exécuté dans le respect des règles de l’art et dans les standards internationaux comme suit : vitesse trains voyageurs 160 km/h et trains marchandises 120km/h et 55 gares dont 10 au Burkina Faso.

L’interconnexion ferroviaire permettra une demande de trafic passagers estimée entre deux et trois millions de passagers par an. Quant au fret, les prévisions de transport se chiffrent entre sept et dix-sept millions de tonne l’an. Par ailleurs, la réalisation de l’interconnexion ferroviaire entre le Burkina Faso et la République du Ghana, permettra d’atteindre les objectifs suivants : l’amélioration de la balance commerciale des deux pays à travers une facilitation des transports et l’optimisation des coûts d’exploitation des véhicules automobiles par le basculement des surcharges sur le chemin de fer ; la stabilisation des coûts de transport entraînant une réduction du prix des marchandises ; la création de plus de trente mille emplois directs et indirects pendant la phase de construction, l’amélioration des conditions économiques des zones traversées et la création d’activités génératrices de revenus dans les gares et tout le long du chemin de fer ; l’amélioration de l’écoulement des produits de la zone de Bagré-Pole sur le marché ; l’amélioration des exportations de minerais vers les ports ; l’amélioration de la sécurité et de la sûreté des transports terrestres ; la réduction de la pauvreté locale ; la préservation du réseau routier, sujet à des dégradations précoces résultant des surcharges.

Bessy François Séni

wendvenem uneAu Burkina Faso, le débat fait rage au sein de la population, qui est divisée sur le projet de réconciliation promis par le président Kaboré lors de la campagne électorale du scrutin couplé de novembre 2020. Réconcilier les Burkinabè et faire rentrer des exilés comme l’ancien président Blaise Compaoré et l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, c’est ce à quoi ce processus est censé conduire. Des mouvements et partis politiques donnent de la voix en faveur de cette réconciliation. Parmi eux figure le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, le CDP.

Selon le chef de file de l’opposition politique, la question de la réconciliation nationale est présentée sous des formes différentes qui laissent entrevoir une certaine inquiétude, voire de la peur. A son avis, la tendance qu’il est donné de constater au niveau de l’actuel pouvoir, c’est la discordance entre certaines déclarations et le vrai processus de réconciliation nationale. « Certaines figures de la majorité se demandent ce qu’elles deviendront si le CDP revient au pouvoir, ce que je n’arrive pas à comprendre. On a l’impression qu’on parle de réconciliation et qu’on a peur dans le même temps. Que l’on soit de l’opposition ou de la majorité, on n’a pas besoin de se regrouper dans un camp pour aller à une réconciliation. Il n’y a pas de raison d’avoir peur, à moins que les concernés craignent d’avoir posés des actes délictueux ou criminels », a déclaré Eddie Komboïgo à ce propos.

Selon les propos tenus par l’expert-comptable, dans la vision du dialogue politiques tenu avec le président Kaboré en 2020, il n’était pas question de la mise en place d’un ministère de la Réconciliation nationale. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès dit donc ne pas comprendre pourquoi tous les travaux effectués en amont avec l’ancien chef de file de l’opposition sont foulés aux pieds. « D’ores et déjà, on se demande pourquoi avoir nommé un ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale. Ce n’était pas la vision du dialogue mené entre le président Kaboré et l’opposition. Il était convenu de laisser les Burkinabè, notamment les forces vives, s’organiser afin de désigner celui qui allait diriger ce ministère de la réconciliation », a-t-il indiqué.

wendvenem 3S’exprimant sur la question du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le président du CDP a affirmé que l’ex-président du Faso désire ardemment rentrer chez lui, se reposer et apporter son soutien dans la gouvernance politique du Burkina. « Parti suite aux événements des 30 et 31 octobre 2014, il souhaite rentrer chez lui. Les questions de réconciliation, de justice et de vérité seront mieux traitées s’il est présent. Mais si on dit qu’il ne rentre pas chez lui, comment mettre en application le triptyque Justice-Vérité-Réconciliation ?» s’est-il interrogé.

Le processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale étant « un grand pari » dont la réussite requiert l’implication de tous, le chef de file de l’opposition politique souhaite que l’intérêt général soit mis en avant. 

Bruno Bayala  

ddiabr uneLe ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale était face aux hommes de media ce jeudi 4 mars. Au cours de cette rencontre, Zéphirin Diabré a présenté sa stratégie de réconciliation nationale et fait le point des différentes rencontres avec les leaders religieux et coutumiers.

Lors de cette conférence de presse tenue au Service d’information du gouvernement (SIG), Zéphirin Diabré a dit reconnaître la complexité de la mission qui lui a été confiée par le président du Faso. Pour la réussir, il entend s’attaquer avant tout aux 145 dossiers de crimes de sang et aux 106 dossiers liés à des conflits communautaires ayant fait d’énormes victimes, ensuite il s’intéressera aux problèmes ayant trait à la situation sécuritaire du pays et enfin aux accords conflictuels entre l’Etat et ses administrés. « Nous avons 169 conflits communautaires, 1 671 conflits liés au foncier, 33 conflits interreligieux et 67 conflits liés aux politiques locales qu’il faudra impérativement résoudre. Certains de nos compatriotes ont pris les armes contre la nation entière, ce qui a entraîné une stigmatisation et un repli communautaire et créé la méfiance entre les populations et les forces de défense et de sécurité, et depuis 1960, on enregistre des rapports conflictuels sur plusieurs registres qui touchent principalement aux carrières professionnelles », a détaillé le ministre d’Etat.

diabr 2A ces problèmes s’ajoute la question du retour des exilés politiques. A ce sujet, le ministre de la Cohésion sociale assure que toutes les conditions sont en train d’être réunies afin d’y trouver une solution. « Nous allons les recenser (NDLR : Les exilés) et échanger avec eux pour voir les conditions de leur retour. S’il y a des gens qui veulent revenir au bercail, nous leur dirons les conditions dans lesquelles ils pourront le faire, conditions qui seront portées à leur connaissance à l’avance. Il faut être sûr que ce ne sera pas une prime à l’impunité, donc on discutera avec ces exilés d’abord, vu qu’ils sont hors du pays pour certaines raisons», a précisé celui qui fut chef de file de l’opposition politique dans une autre vie.

diabr 3Tout en admettant que les guerres se terminent grâce à des négociations, Zeph s’est empressé d’ajouter que ce n’est pas pour autant que le Burkina Faso négociera avec les terroristes. « Je dis et je confirme que nous (le gouvernement) ne négocions ni ne négocierons avec les terroristes », a-t-il martelé avant de conclure que la réconciliation nationale ne saurait se limiter à la dimension sociopolitique, car il faut l’implication de tout le monde.

Bruno Bayala

corromp uneDans le dernier rapport en date du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’Union pour le progrès et le changement (UPC) sont classés respectivement 1er, 2e et 3e en matière de corruption électorale lors du scrutin couplé de 2020. Mais les principaux partis mis à l’index dans ledit rapport réfutent les faits qui leur sont imputés.

Le REN-LAC, en tant qu’organisation de la société civile, s’est engagé dans l’observation du double scrutin couplé de 2020 en vue de contribuer à lutter contre la fraude et la corruption électorales. Selon le rapport dudit Réseau, la corruption et la fraude électorales s’entendent comme des pratiques ou manœuvres illégitimes dans le processus électoral qui pourraient entacher la sincérité des votes. Sur les 439 pratiques de corruption recensées, on note 314 observations directes et 125 cas de témoignages. corromp 2On y relève également une distribution importante d’argent aux potentiels électeurs à hauteur de 43%, une distribution de carburant de l’ordre de 16%, la distribution de tee-shirts avec ou sans l’effigie du parti (14%). A cela se sont ajoutés les dons en nature (14%) et l’utilisation des biens de l’État à des fins de campagne électorale (5%). Selon ces résultats, en considérant l’ensemble des faits de corruption observés, le MPP est classé 1er avec 46,9% des cas de corruption électorale. Il est suivi du CDP et de l’UPC avec respectivement 10,3% et 7,3%.

Selon le président du parti au pouvoir, après la proclamation des résultats, il y a eu plusieurs rapports et des conclusions ont été tirées. Simon Compaoré estime que c’est la Cour constitutionnelle qui est habilitée à valider les élections. « Chacun fait son rapport. Il y a d’autres structures de la société civile aussi qui ont fait leur rapport. Moi, je veux simplement dire que nous sommes fiers de notre victoire. Nous n’avons jamais compté sur la fraude ni la corruption pour gagner ces élections-là. Vous avez été témoins, en tout cas, je ne vais pas faire de commentaire outre mesure, je vais dire simplement que nous sommes de ceux-là qui sont extrêmement fiers parce que notre victoire n’a pas été volée, elle a été acquise de haute lutte », a martelé le président du MPP.

corromp 3D’après Moussa Zerbo de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), leur parti respecte le rapport fait par le REN-LAC mais ne s’y reconnaît pas. Pour lui, si l’UPC avait effectivement fraudé durant la campagne électorale, elle ne se serait pas classée 3e aux élections. « Est-ce que vous pensez qu’un parti qui a eu les moyens de corrompre des gens pourrait raisonnablement  occuper un tel rang ? Nous, on ne reconnaît pas avoir usé de corruption. Si on avait les moyens de corrompre les gens, je pense que notre classement aux élections aurait été différent », a-t-il affirmé.

Selon ce rapport du REN-LAC, seuls les candidats du MPP, du CDP et de l’UPC avaient des représentants dans au moins 70% des bureaux de vote supervisés ; le REN-LAC et le reste des candidats n’avaient pas de représentants dans plus 80% des bureaux de vote observés.

Bruno Bayala

cifo uneSelon le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB), ce sont 4 354 811 505 FCFA qui ont été servis en moyenne comme rémunération salariale à l’ensemble des ministres des gouvernements de 2016 à 2020. Ainsi, le montant total du trop-perçu des salaires, au regard des dispositions du décret, est  de 2 090 741 505 FCFA.  

Au Burkina Faso, depuis 2008, le salaire des membres du gouvernement et des présidents d’institution est régi par le décret N°2008-891/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2008, portant rémunération du Premier ministre, des présidents d’institution et des membres du gouvernement. Ce décret est le résultat des modifications portées aux décrets N°2005-195/PRES/PM/MFB/MFPRE du 04 avril 2005 et N°2007-328/PM/MFB/MFPRE du 25 mai 2007. Sa mise en application a permis de déceler un trop-perçu moyen de 1 068 886 FCFA des ministres de 2016-2020 par rapport à la norme. cifo 2«  Avec les avantages dont ils bénéficient, on pouvait demander aux ministres de ne conserver que leur salaire antérieur. Ils disent être disponibles pour servir le pays, pourtant…», a affirmé Me Kyelem. 

cifo 3Selon lui, on pouvait empêcher cette anomalie qui dure depuis des années par un contrôle de l’exécutif. A l’en croire, les structures de l’Etat chargées de contrôler le budget ne font que dénoncer et produire des rapports qui restent sans suite. « La Cour des comptes, le REN-LAC et l’ASCE-LC produisent chaque fois des rapports et dénoncent certaines pratiques des dirigeants, mais cela ne peut rien changer si l’exécutif lui-même ne contrôle rien », a indiqué l’homme de droit.

De la lecture du coût salarial mensuel prévisionnel du gouvernement Dabiré II, il ressort que le coût salarial mensuel du gouvernement DABIRE, sera de 39 573 000 FCFA si le décret de rémunération conforme au décret N° 2008-891/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2008 est respecté.

Dans le cas contraire, ce montant sera de 75 915 133 FCFA si l’on tient compte du salaire mensuel moyen servi aux membres des gouvernements antérieurs.

Bruno Bayala

plt uneZéphirin Diabré, en retirant sa plainte contre Simon Compaoré dans l’affaire dite « tranquillos », a dit vouloir donner le bon exemple en matière de réconciliation au Burkina Faso. Sauf que pour certains de ses compatriotes,  son acte suscite des inquiétudes d’autant plus qu’il fait penser à une réconciliation sans au préalable la justice. Et des voix continuent de s’élever contre ce qu’elles qualifient de « deal politique » du régime en place.

En la matière, la justice a tranché. Pour l’avocat Apollinaire Kyelem, sur le plan du droit, toute personne qui estime être lésée peut mettre en branle l'action publique par une plainte ou par citation directe. La plainte peut ensuite être retirée par celui qui l'a déposée. « Généralement, en matière délictuelle, le retrait de la plainte met fin à l'action publique. Mais en matière criminelle, ce n’est pas le cas », a tenu à préciser l’homme de droit.

plt 2La justice étant indépendante, elle a aussi la possibilité de poursuivre une affaire si le caractère criminel est ressorti et confirmé par celle-ci. Me Kyelem explique que dans le cas Diabré, « si le ministère public est informé des faits, il peut décider de poursuivre, car il a l'opportunité des poursuites. Tout dépend de la qualification des faits, en délit ou en crime, et de la décision du parquet au vu des faits et des circonstances sociopolitiques ». Il a terminé en affirmant que ce n’est pas parce que la plainte du désormais ministre d’Etat a été retirée que ça signifie forcément que cette affaire est close, car la justice a aussi son mot à dire, sinon elle ne serait pas indépendante.

Bruno Bayala

bay uneDepuis la formation du gouvernement Dabiré II, l’arène politique burkinabè s’est métamorphosée. En effet, on constate un déferlement de certains partis politiques vers la majorité suite à la nomination de l’ex-chef de file de l’opposition politique au poste de ministre chargé de la Réconciliation nationale. Une configuration qui laisse à penser qu'il y a des incompréhensions au sein du CFOP. Sur la question, chacun y va de son analyse.  

Le Burkina Faso connaîtra à coup sûr un changement politique de grande envergure les 5 années à venir. Les partis politiques commencent à revoir leur stratégie dans une compétition visant pour eux à rejoindre la mouvance présidentielle. Et déjà la réconciliation nationale semble lancée avec le retrait de la plainte de Zéphirin Diabré contre Simon Compaoré dans l’affaire dite « tranquillos ». Un signal très fort qui n’a laissé aucun acteur politique indifférent. Cette réconciliation tant prônée lors des campagnes électorales ne semble être possible qu’aux côtés du régime en place.  De l’analyse de Lionel Bilgo, il ressort que ce déferlement pourrait se justifier par ce qu’il qualifie de raisons inavouables de certains partis politiques. « Ce mouvement migratoire qui fait de la majorité présidentielle un mammouth dans l'arène politique de notre pays peut avoir plusieurs raisons : un lot de raisons avouées et un lot parfois bien caché de raisons inavouables », a-t-il affirmé.

bay 2Des raisons qui, selon cet analyste politique, vont avoir des répercussions au sein de l’institution chef de file de l’opposition, notamment une réorganisation du champ politique. « L'opposition va devoir, après cette vague de départs, se réorganiser pour tenir en existant dans un champ politique déséquilibré. Je suis convaincu que certains migrants auront la gueule de bois une fois leurs valises posées de l'autre côté sur la rive opposée », a-t-il indiqué. Cet écrivain dit aussi avoir l'impression que l'on assiste à une sorte de retour de gifle de la part des leaders politiques à leurs électeurs. Selon lui, les résultats des élections, à entendre certains opposants, sont paradoxalement à l'opposé du désarroi longtemps chanté par les populations.

bay 3Pour le politologue Abdoul Karim Saïdou, l’une des raisons pour lesquelles des partis décident de rejoindre la majorité serait une rationalité des acteurs et les motivations de la création des partis politiques. « Beaucoup de partis politiques se créent, non pour défendre des idéaux ou une vision précise mais pour espérer que les dirigeants desdits partis puissent avoir des postes politiques et autres opportunités. La compétition politique ne se base pas fondamentalement sur des clivages idéologiques. On peut donc comprendre qu’un parti décide de quitter l’opposition pour rejoindre la majorité », a-t-il expliqué. Selon lui, au lieu que les partis politiques changent de position en fonction des saisons, la question importante que les acteurs doivent se poser est la raison de leur engagement en politique et les valeurs autour desquelles ils créent leur parti.

A l’entendre, si le départ de certains partis politiques pour la majorité est consolidé et renforcé, au Burkina Faso on risque d’assister à un affaiblissement de l’opposition politique. Or, « dans une démocratie lorsque les fonctions oppositionnelles sont très faibles, le risque est d’aller vers les dérives dans la mesure où il n’y a presque personne pour tirer la sonnette d’alarme et cela peut engendrer une vague de contestation », s’est-il inquiété. Abdoul Karim Saïdou dit craindre par ailleurs que cette migration n’oblige le président du Faso à créer d’autres postes politiques pour récompenser les alliés politiques. « On va assister à un élargissement de l’architecture gouvernementale, au fait qu’on crée de toutes pièces des postes politiques pour récompenser les uns et les autres », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, les populations, dans toutes leurs composantes, ne demandent que de meilleures conditions de vie et de travail. Les élections sont terminées, place à la concrétisation des promesses faites.

Bruno Bayala

audic uneLe président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a pris part ce samedi 23 janvier à la 58e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Au cours de cette rencontre tenue par visioconférence, les dossiers du rapport annuel 2020 de la commission, le rapport de la 45e session ordinaire du conseil de médiation de même que le rapport de la 85e session ordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO ont été examinés. Il été aussi question des rapports sur la situation au Mali, du programme de monnaie unique ainsi que de l’état de mise en œuvre de la ZLECAf dans l’espace communautaire.

Le premier point à l’ordre du jour a été le déroulement des élections dans les pays membres de la CEDEAO. A ce propos, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, a expliqué à la presse que les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont unanimement reconnu le bon déroulement desdites élections. audic 2« On peut dire que les scrutins se sont déroulés globalement sans problème dans les différents pays, et les chefs d’Etat élu ont été félicité par la conférences des chefs d’Etat », a-t-il déclaré. La situation politique au Mali a également fait l’objet d’échanges au cours de cette rencontre par visioconférence. Ce fut l’occasion pour le médiateur de cette crise et les autorités maliennes de faire le point des négociations. « Les autorités maliennes ont assuré que la dissolution du CNP était pour très bientôt », a-t-précisé.

audic 3S’agissant de la gestion de la Covid-19, il a été noté des efforts de la CEDEAO et la disponibilité d’un vaccin contre cette pandémie. Une réflexion sera menée par les chefs d’Etat afin de permettre à chaque pays de l’acquérir et de s’assurer de son efficacité sur ses populations. « Le point de vue des chefs d’Etat était la concertation avec l’OAS et l’OMS pour aboutir à une solution d’approvisionnement, de l’efficacité et du coût du vaccin contre la Covid-19 », a indiqué le diplomate burkinabè.

Concernant la situation sécuritaire, le point des financements a été fait par les chefs d’Etat. Et à ce jour, ce sont environ 900 millions qui ont pu être mobilisés par l’ensemble des pays membres de la CEDEAO. Toutefois, 100 millions sont toujours attendus. Rappelons qu’une partie de ces fonds servira aux opérations dans les frontières.

Bruno Bayala

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