Le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, a conjointement animé avec son collègue ghanéen John Peter Amewu une conférence de presse sur l’état d’avancement du projet d’interconnexion ferroviaire et les perspectives entre les deux pays. C'était ce 25 mars 2021 à Ouagadougou.
Dans sa déclaration liminaire, le ministre Dabilgou a fait savoir que théoriquement, il existe une corrélation entre croissance économique et transport, puis entre croissance démographique et besoins de mobilité durable à l’intérieur des Etats et entre eux. « Les transports jouent un rôle central dans le développement national et local équilibré en permettant d'accéder matériellement aux marchés, sans quoi aucun échange ne serait possible », a-t-il précisé
Selon le premier responsable du département en charge des Transports au Burkina, tout programme de développement est voué à l'échec si les biens produits ne peuvent être acheminés vers les marchés par manque d'infrastructures et de services de transport adéquats.
Le projet d’interconnexion ferroviaire entre les deux pays présente des avantages à plusieurs titres. Il est plus compétitif que la route pour l’acheminement des produits pondéreux (céréales, engrais, ciment, hydrocarbures, fibres de coton) sur des distances relativement longues en raison de la forte dégressivité des coûts en fonction de la distance à parcourir. Exploité dans des conditions normales, il permet d’évacuer rapidement des tonnages plus importants, notamment par la composition de trains blocs il présente une fiabilité sécuritaire pour les personnes et les biens et est moins polluant.
La construction d’une nouvelle ligne moderne entre le Port de Tema au Ghana et Ouagadougou au Burkina Faso, dira le ministre burkinabè, va favoriser le brassage des deux peuples déjà unis par des liens multiséculaires sur les plans historique et géographique.
Sous réserve des résultats des études techniques détaillées, la proposition de l’itinéraire en territoire burkinabè part de Ouagadougou, dessert Kombissiri, Manga, Béguédo, Garango, Tenkodogo, Bagré-Pôle, Zabré, Pô et se termine au lien frontalier Dakola-Paga, soit une distance totale d’environ 320 km.
Quant au tracé en territoire ghanéen, il débute au Port de Tema, longe la partie est du pays et chemine vers le port fluvial d'Akosombo pour desservir Ho et Yendi au nord. La ligne rejoint ensuite Tamale pour emprunter la colonne vertébrale centrale et continuer jusqu'à Paga en passant par Walewale, Bolgatanga et Navrongo, soit une distance totale de 782 km. Il faut noter qu’environ 90 km entre le Port de Tema et Akosombo sont déjà en construction sur fonds propres du gouvernement ghanéen.
Quant aux caractéristiques techniques du projet, il sera entièrement exécuté dans le respect des règles de l’art et dans les standards internationaux comme suit : vitesse trains voyageurs 160 km/h et trains marchandises 120km/h et 55 gares dont 10 au Burkina Faso.
L’interconnexion ferroviaire permettra une demande de trafic passagers estimée entre deux et trois millions de passagers par an. Quant au fret, les prévisions de transport se chiffrent entre sept et dix-sept millions de tonne l’an. Par ailleurs, la réalisation de l’interconnexion ferroviaire entre le Burkina Faso et la République du Ghana, permettra d’atteindre les objectifs suivants : l’amélioration de la balance commerciale des deux pays à travers une facilitation des transports et l’optimisation des coûts d’exploitation des véhicules automobiles par le basculement des surcharges sur le chemin de fer ; la stabilisation des coûts de transport entraînant une réduction du prix des marchandises ; la création de plus de trente mille emplois directs et indirects pendant la phase de construction, l’amélioration des conditions économiques des zones traversées et la création d’activités génératrices de revenus dans les gares et tout le long du chemin de fer ; l’amélioration de l’écoulement des produits de la zone de Bagré-Pole sur le marché ; l’amélioration des exportations de minerais vers les ports ; l’amélioration de la sécurité et de la sûreté des transports terrestres ; la réduction de la pauvreté locale ; la préservation du réseau routier, sujet à des dégradations précoces résultant des surcharges.
Bessy François Séni