Au Burkina Faso, le débat fait rage au sein de la population, qui est divisée sur le projet de réconciliation promis par le président Kaboré lors de la campagne électorale du scrutin couplé de novembre 2020. Réconcilier les Burkinabè et faire rentrer des exilés comme l’ancien président Blaise Compaoré et l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, c’est ce à quoi ce processus est censé conduire. Des mouvements et partis politiques donnent de la voix en faveur de cette réconciliation. Parmi eux figure le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, le CDP.
Selon le chef de file de l’opposition politique, la question de la réconciliation nationale est présentée sous des formes différentes qui laissent entrevoir une certaine inquiétude, voire de la peur. A son avis, la tendance qu’il est donné de constater au niveau de l’actuel pouvoir, c’est la discordance entre certaines déclarations et le vrai processus de réconciliation nationale. « Certaines figures de la majorité se demandent ce qu’elles deviendront si le CDP revient au pouvoir, ce que je n’arrive pas à comprendre. On a l’impression qu’on parle de réconciliation et qu’on a peur dans le même temps. Que l’on soit de l’opposition ou de la majorité, on n’a pas besoin de se regrouper dans un camp pour aller à une réconciliation. Il n’y a pas de raison d’avoir peur, à moins que les concernés craignent d’avoir posés des actes délictueux ou criminels », a déclaré Eddie Komboïgo à ce propos.
Selon les propos tenus par l’expert-comptable, dans la vision du dialogue politiques tenu avec le président Kaboré en 2020, il n’était pas question de la mise en place d’un ministère de la Réconciliation nationale. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès dit donc ne pas comprendre pourquoi tous les travaux effectués en amont avec l’ancien chef de file de l’opposition sont foulés aux pieds. « D’ores et déjà, on se demande pourquoi avoir nommé un ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale. Ce n’était pas la vision du dialogue mené entre le président Kaboré et l’opposition. Il était convenu de laisser les Burkinabè, notamment les forces vives, s’organiser afin de désigner celui qui allait diriger ce ministère de la réconciliation », a-t-il indiqué.
S’exprimant sur la question du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le président du CDP a affirmé que l’ex-président du Faso désire ardemment rentrer chez lui, se reposer et apporter son soutien dans la gouvernance politique du Burkina. « Parti suite aux événements des 30 et 31 octobre 2014, il souhaite rentrer chez lui. Les questions de réconciliation, de justice et de vérité seront mieux traitées s’il est présent. Mais si on dit qu’il ne rentre pas chez lui, comment mettre en application le triptyque Justice-Vérité-Réconciliation ?» s’est-il interrogé.
Le processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale étant « un grand pari » dont la réussite requiert l’implication de tous, le chef de file de l’opposition politique souhaite que l’intérêt général soit mis en avant.
Bruno Bayala