Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde, a célébré la Journée mondiale de la démocratie le jeudi 15 septembre 2022. En marge de cela, l’enseignant-chercheur Alkassoum Maïga, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, a déclaré : « La démocratie, si elle n'a pas une dose de dictature, ça va être l’anarchie. » C’était au cours d’un panel en lien avec la démocratie organisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et ses partenaires. Question à mille balles : La dictature est-elle compatible avec la démocratie ? Radars Info Burkina a recueilli l’opinion d’Abdoul Karim Sango, ancien ministre de la Culture et par ailleurs président du Parti pour la renaissance (PAREN), sur le sujet.
Pour l’enseignant en droit constitutionnel Abdoul Karim Sango, démocratie et dictature sont deux concepts incompatibles.En effet, selon lui, là où il y a la démocratie on ne peut pas parler de dictature et là où il y a la dictature, on ne parle pas non plus de démocratie. Et d’ajouter que démocratie et dictature ne peuvent aller de pair.
La démocratie peut être définie comme un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions publiques et à la vie politique de la cité. Selon Abraham Lincoln, c'est « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ». Abdoul Karim Sango, lui, définit la démocratie comme la liberté et la responsabilité à tous les niveaux, c'est-à-dire au niveau de l'État et des populations.
Mais chez nous, fait-il remarquer, le constat est tout autre car depuis 1990, l’accent est mis exclusivement sur la liberté au point que certains citoyens abusent de cette liberté et agissent comme si tout était permis.
De ce fait, il estime que l’assertion du Pr Alkassoum Maïga selon laquelle « la démocratie, si elle n'a pas une dose de dictature, ça va être l’anarchie » vise probablement à « dénoncer le désordre des systèmes politiques africains en général et burkinabè en particulier que l’on appelle maladroitement démocratie ».
Qu’à cela ne tienne, M. Sango n’adhère pas à l’idée d’une démocratie avec une dose de dictature et cela, il le martèle sans ambages : « Je ne crois pas à l’idée d’une démocratie avec une dose de dictature. Je crois plutôt à une démocratie dans laquelle les institutions sont définies selon notre culture et qui fonctionne véritablement. »
De l’avis du président du PAREN, pour un bon fonctionnement de l’Etat, il faut donc des citoyens responsables et conscients de leur rôle tant individuel que collectif car, a-t-il fait remarquer, la liberté sans la responsabilité va virer évidemment à l’anarchie, or ce n’est pas ce qui est souhaitable pour un État.
En 2014, cinq États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, avaient décidé de fédérer leurs actions pour, entre autres, lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. 8 ans plus tard, cette organisation qui peinait à fonctionner commence à fléchir. Le Mali voulant rompre toute relation avec la France, il a rompu avec le G5 Sahel qui est fortement soutenu par Barkhane. Le G5 Sahel faisait obstacle également à la transition malienne. Faut-il que le Burkina Faso reste membre de ce regroupement qui n’a presque pas produit de résultats ou devrait-il emboîter le pas à son voisin malien ? L’expert en sécurité Mahamadi Sawadogo nous en dit plus !
« Cette situation de retrait du Mali du G5 Sahel met mal à l’aise le Burkina Faso. Sur le plan militaire et stratégiquement, il est quasi impossible pour le Burkina de mener des opérations étant donné que le Burkina forme le fuseau central avec le Mali », affirme Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité.
L’expert en sécurité rappelle que le G5 Sahel a trois fuseaux : le fuseau central, qui est composé du Burkina Faso, du Mali et du Niger ; le fuseau ouest, composé du Tchad et du Niger, et le fuseau est, qui regroupe le Mali et la Mauritanie.
Il explique que le fuseau central est le plus touché par la menace djihadiste, « alors qu’il y a un verrou, c'est-à-dire le Mali, qui a sauté, ce qui va compliquer la tâche aujourd’hui de mener des opérations sans pouvoir impliquer le Mali sous la bannière du G5 Sahel. Cela signifie qu’on ne pourrait pas aller au-delà des 50 km prévus, ce qui limiterait les opérations ».
Barkhane est l’un des partenaires privilégiés du G5 Sahel ; il est le bras logistique du G5 Sahel et comme il n’est plus disponible pour travailler avec le Mali, il serait difficile qu’il limite ses opérations au Burkina et au Niger.
« Le G5 Sahel est un mort-né malgré la volonté pour le Burkina Faso de le redynamiser »
Le Mali s’étant retiré de ce regroupement, il ne reste que quatre pays qui sont impliqués. Il faut aussi noter qu’à la dernière conférence du G5 Sahel, la Mauritanie était absente. Pour quelle raison ? On ne le sait trop. Le départ du Mali semble avoir refroidi l’engouement de la Mauritanie. Pour Mahamadi Sawadogo, « l’absence des deux pays est le signe que sur le plan institutionnel, le fonctionnement sera difficile».
S’il ne reste que 3 pays membres actifs, il faut songer, selon l’expert en sécurité, à changer la dénomination, car « le G5 Sahel était une organisation fermée, c'est-à-dire qu’au-delà des cinq pays, aucun autre pays ne pouvait être membre. Ils peuvent revoir, intégrer un autre pays, où bien changer carrément de dénomination ».
« Le Burkina gagnerait à se concentrer sur d’autres organisations comme l’initiative d’Accra, la CEDEAO où bien même à ‘’réchauffer’’ le Liptako Gourma pour pouvoir faire face à la lutte contre le terrorisme », conseille l’expert en sécurité.
Le Burkina Faso et le Niger comptent plaider pour le retour du Mali au sein du G5 Sahel, mais pour le spécialiste en sécurité il serait difficile pour le Mali de réintégrer le G5 Sahel parce que c’est Barkhane qui mène les opérations d’appui et aériennes. « Si le Mali accepte, il va aussi accepter que son territoire soit foulé encore une fois par Barkhane, chose que le Mali ne va plus concevoir », a-t-il affirmé.
Le G5 Sahel peut-il changer de partenaire ?
« Le G5 Sahel a pour ossature Barkhane ; il serait donc difficile de parler de changement de partenaires », selon Mahamadi Sawadogo.
L’expert en sécurité est convaincu que le mieux pour le Burkina Faso, c’est de laisser tomber le G5 Sahel et d’opter pour une autre organisation. « C’est vers cela que les autres pays sont en train de tendre. Par exemple l’initiative d’Accra, c’est cette organisation qui est en train de prendre le relais du G5 Sahel. Cette organisation a l’avantage d’avoir l’appui des pays côtiers, qui attirent beaucoup plus les bailleurs. La particularité de l’initiative d’accra, c’est qu’elle refuse tout financement extérieur. La meilleure solution, c’est de se rabattre sur l’initiative d’Accra, sinon ça va être difficile pour le G5 Sahel de ressusciter dans ses commissions », fait-il remarquer.
Mahamadi Sawadogo affirme que le G5 Sahel est une organisation mort-née, malgré la volonté du Burkina Faso de le redynamiser. « Cette organisation défend des intérêts institutionnels et non des intérêts stratégiques et opérationnels qui permettront au Burkina Faso de lutter contre le terrorisme », lance-t-il.
Pour Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité, le Burkina Faso gagnerait à opter pour d’autres alternatives et à se faire à l’idée que sans le Mali, le G5 Sahel ne peut pas fonctionner, d’autant plus que le Mali occupe une place stratégique.
La France a beau avoir expliqué la bonne foi de sa présence en Afrique, plusieurs Africains, la jeunesse en particulier, ne la croient pas. En témoigne tout le mal que se donnent les autorités françaises pour redorer l’image de l’Hexagone en Afrique. Cela s’est ressenti au cours de la récente venue d’Emmanuel Macron en Algérie. Plusieurs panafricanistes, analystes ou journalistes ont une fois de plus décrié l’attitude de l’autorité française. Radars Info Burkina s’est intéressé aux publications de quelques-uns.
« Emmanuel Macron en Algérie. A la différence de la tournée qu’il vient de faire dans les colonies du Cameroun, du Bénin et de Guinée-Bissau, vous verrez qu’il va choisir ses mots avec grand soin. S’il y a des gens qui ont appris aux Français à les respecter, ce sont les Algériens », écrivait Natalie Yamb sur sa page Facebook le 25 août 2022. Pour elle, d’autres pays comme le Mali et la République de Centrafrique sont des obsessions pour le président français, car leur émancipation équivaut « à la fin irrévocable de l’abondance pour les élites françaises… L’indépendance se conquiert et le respect s’impose », conclut-elle.
Ce point de vie est, en partie, partagé par Sébastien Chenu, français et vice-président de l'Assemblée nationale, qui a déclaré sur Europe1 que ce voyage de Macron a été une humiliation pour les Français. En réalité, dit-il, « Emmanuel Macron est allé s'agenouiller encore une fois devant un pays qui ne reconnaît rien ». Pour lui, ce voyage en Algérie « n'a servi à rien, à part ouvrir la porte à une immigration » et la France « n'a rien à gagner dans ce voyage, pas même de gaz ». Une autre action a retenu l'attention de Sébastien Chenu : le bain de foule improvisé d'Emmanuel Macron dans les rues d'Oran. « Finalement on a vu, à travers Emmanuel Macron, la France humiliée, se faire huer, se faire insulter, quand on a entendu des Algériens dire au président de la France, va te faire foutre, one, two, three, viva Algérie», lance le vice-président de l'Assemblée nationale.
D’autres web journalistes n’ont pas manqué de réagir aux déclarations du président français en Algérie. En effet, le président français a accusé la Russie, la Chine et la Turquie de nourrir un sentiment anti-français chez les jeunes algériens et africains. Yingping, dans une revue publiée sur Ondes sur Seine, a qualifié cette accusation de regrettable, lourde et sans fondement. « Accuser d’autres pays n’aidera pas les choses. Aussi, on ne peut pas les accuser en se basant sur des observations personnelles », a-t-elle déclaré. Pour elle, il est temps d’arrêter de considérer l’Afrique comme la chasse-gardée d’un pays ou d’un autre.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Seglaro Abel Somé, a été auditionné ce vendredi 2 septembre 2022 à Ouagadougou par la commission des finances et du budget. L’audition a porté sur l’ouverture de 230 comptes bancaires de façon illégale par des structures publiques. Selon le président de la Commission des finances et du budget (Comfib) de l’Assemblée législative de Transition (ALT), le Dr Yves Kafando, cette séance d’échanges avec le ministre de l’Economie fait suite à sa communication du 17 août 2022 au Conseil des ministres.
En effet, le ministre Somé a présenté trois rapports au Conseil des ministres du 17 août 2022 dont le troisième portait sur des comptes bancaires qui ont été ouverts dans des banques primaires. Au nombre de 230, ces comptes avaient été ouverts au profit des établissements publics.
Ainsi, à l’orée de l’examen de la loi de finances, exercice 2023, il était bon que la représentation nationale puisse échanger avec le ministre des Finances pour cerner les contours et les motifs qui ont amené les uns et les autres à ces types d’ouverture de compte, a expliqué le président de la Commission des finances et du budget (Comfib).
A en croire le président de la Comfib, ces comptes n’ont pas suivi la procédure agréée. En effet, ce qui est reproché à ces comptes, c’est que pour ouvrir un compte dans un établissement primaire, en tant que structures publiques, il faut au préalable l’autorisation du ministre chargé des Finances. Mais ces banques ont ouvert les comptes sans l’autorisation du ministre chargé des Finances alors que ces structures publiques utiliseront des fonds publics qui seront logés dans ces banques puisque ce sont des programmes et projets qui financent.
Aussi, le fonds public ressort du contrôle du ministre des Finances, donc il est nécessaire qu’il y ait au préalable une autorisation émanant du ministre des Finances, a indiqué le Dr Yves Kafando.
A sa sortie d’audience, le président de la Comfib dit être satisfait des échanges avec le ministre.
« Nous sortons ragaillardi au regard des échanges que nous avons eus avec le ministre, qui nous a donné les raisons qui ont motivé l’ouverture de ces comptes. Il ressort que certaines structures décident d’ouvrir des comptes afin de procéder à des exécutions budgétaires, des dépenses dans le cadre d’accélérer la procédure. Donc, ce n’est pas visiblement des comptes qui sont ouverts comme nous l’avons entendu. Nous avons cru que ce sont des comptes qui ont été ouverts et qui cachaient certaines pratiques. Mais le ministre nous a assuré qu’ils ont pu mener des investigations et que ces comptes existent depuis les années 2000 et contiennent plus de 68 milliards FCFA », a-t-il déclaré.
Des explications du président de la Comfib, on retient que ces comptes existent depuis les années 2000. En effet, bien avant 2015, les services du ministère de l’Economie ont effectué des missions dont certaines données ne se trouvaient pas dans leur base de données, à indiqué le Dr Yves Kafando.
De ce fait, « on peut dire visiblement que ces comptes ont été ouverts après les années 2015. En outre, courant 2000, il y a eu des contrôles qui ont abouti à la clôture de 86 comptes bancaires ; et en 2022, les services techniques du ministère de l’Economie ont travaillé pour assainir un peu ce phénomène. C’est ce qui a abouti, courant août, aux conclusions de 230 comptes ouverts illégalement », a révélé Yves Kafando.
Selon lui, des mesures conservatoires ont été prises afin de rapatrier ces fonds dans le compte du Trésor public pour que cela puisse être utilisé dans le cadre réglementaire.
Par ailleurs, la représentation nationale s’engage à accompagner le ministre de l’Economie et des Finances de sorte à pouvoir faire « germer » des lois pour durcir la procédure en la matière parce que les finances publiques sont des biens qu’il faut utiliser et cela doit s’encadrer dans la procédure, a-t-il conclu.
Quant au ministre de l’Economie et des Finances, le Dr Abel Seglaro Somé, interrogé sur les éventuelles sanctions qu’encourent les acteurs, il a répondue que les sanctions concernent essentiellement les banques fautives.
« Les sanctions prévues s’appliquent essentiellement aux banques et institutions financières qui procèdent à ces ouvertures sans vérifier l’autorisation au préalable. Ce sont des sanctions pécuniaires. Il y a un calcul qui est basé sur le solde des comptes. Une pénalité d’un certain pourcentage est appliquée et la banque devra la payer en fonction du nombre de comptes qu’elle possède », a-t-il précisé.
Pour ce qui est des agents du public, les sanctions seront définies selon les sanctions prévues dans le statut du fonctionnaire.
« Pour les agents publics, on peut envisager un ensemble de sanctions administratives. Si un agent ouvre un compte en connaissance de cause, la loi prévoit des sanctions. Aussi, dans les réflexions il pourrait être proposé de nouveaux types de sanctions en fonction du domaine concerné », a-t-il signifié. Pour l’heure, il s’agit d’une démarche pédagogique. Et d’après le ministre des Finances, les comptes qui ont été ouverts sans autorisation préalable du ministre de l’Economie pourraient subir deux sorts. « D’abord, dans la mesure où les structures et les banques concernées ont été saisies de la situation, elles sont en position de pouvoir justifier l’ouverture de ces comptes parce que l’autorisation est donnée sur la base d’un certain nombre de justificatifs », a expliqué Abel Somé. Et d’ajouter : « Pour les structures qui pourront produire ces justificatifs, nous allons procéder à la régularisation de ces comptes. Mais pour les autres structures qui n’auront pas des raisons, des motivations pour justifier l’ouverture, ces comptes seront fermés et les ressources déposées au trésor public ».
Par ailleurs, nous sommes actuellement dans une dynamique qui est un peu pédagogique dans la mesure où nous allons essayer de corriger un certain nombre d’insuffisance au niveau des textes parce que les sanctions sont prévues mais leur applicabilité posait quelques problèmes.
Mais avec les instructions et orientations données par le Conseil des ministres, il y aura une relecture des textes dans le sens de les corriger, de les améliorer et de faire en sorte que dorénavant les sanctions puissent être appliquées non seulement aux banques mais aussi aux structures ou aux responsables publics qui se livreraient à ce type de comportement à l’avenir, a précisé le ministre des Finances.
« Nous ne sommes pas là pour rejeter la faute à telle ou telle structure mais pour faire en sorte que les bonnes règles soient appliquées dorénavant », a-t-il conclu.
Le Front patriotique, ce regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile ayant récemment vu le jour, a tenu une conférence de presse ce 9 août à Ouagadougou. Objectifs : situer, d’une part, l'opinion publique nationale et celle internationale sur l'incident survenu le 4 août 2022 lors de la cérémonie de signature de sa charte et, d’autre part, dénoncer la naissance de « milices armées » visant à restreindre les libertés individuelles et collectives.
D’entrée, les conférenciers se sont prononcés sur les faits survenus le 4 août 2022. Ils disent avoir constaté ce jour-là la « présence frauduleuse » dans la salle où se tenait leur cérémonie d’Auguste Mohamed Koumsongo, député de l’Assemblée législative de transition (ALT) burkinabè, et de certains de ses acolytes, tous d’un «gabarit impressionnant» et organisés en bande. Ayant été identifiés comme des personnes venues pour semer le trouble et le désordre, ils ont été priés de sortir de la salle, d’après les conférenciers. C’est ainsi que mécontents d’avoir été mis dehors, les indésirables ont ramassé des cailloux dont ils comptaient se servir, toujours selon les conférenciers. A en croire ces derniers, ils s’en sont même pris physiquement à l’ancien président de l’Assemblée nationale Alassane Bala Sakandé, exerçant sur lui et sa garde des faits de violence dans le but d’attenter à leur intégrité.
Face à cette situation, le Front patriotique dit avoir fait recours à la police pour intervenir afin d’éviter que la situation dégénère. Cependant, celle-ci «a refusé de jouer un rôle préventif et s’est plutôt préparée à intervenir, comme si elle était bien informée du projet de sabotage de la cérémonie».
Les conférenciers disent avoir porté plainte contre Auguste Koumsongo et autres. « Les actes posés par Auguste Mohamed Koumsongo et sa bande sont constitutifs de faits d’injures publiques, de violence et voie de fait, de menaces sous conditions et d’empêchement de l’exercice de droits civiques, fait prévus et punis par les articles 323-1, 524-2 et 524-6 du Code pénal… De ce fait, nous avons porté plainte contre M. Auguste Koumsongo et autres et nous attendons la suite qui sera donnée à notre plainte», ont-ils précisé.
D’autre part, le Front patriotique dit condamner ce qu’il a qualifié de comportement trouble d’Auguste Koumsongo. Il exige sa destitution de l'Assemblée législative de Transition (ALT) sans délai car, selon lui, celui-ci n’est pas à son premier forfait. «Il nous revient par ailleurs que le sieur Auguste Koumsongo n'est pas à son premier forfait. Le 30 juillet 2022, il aurait aussi mis fin à une conférence de Yéli Monique Kam au mémorial Thomas-Sankara », ont affirmé les conférenciers.
C’est pourquoi le Front patriotique dit mettre l’ALT face à sa propre honorabilité : «Si des voyous créent la terreur et font l’apologie de la violence, il revient à l’ALT de donner la preuve qu’elle ne tolère pas des voyous en son sein.»
A la question de savoir si le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) était responsable de cet incident, voici la réponse du conseiller juridique du Front patriotique, Me Ambroise Farama : «A ce stade, nous n’allons pas attribuer la paternité de l’incident au régime du MPSR. Mais le constat que nous faisons, c’est que le patron de cette bande est membre de l’ALT.»
Toutefois, ce regroupement hétéroclite de partis politiques et d’acteurs de la société civile burkinabè «interpelle le gouvernement de la Transition sur sa responsabilité à garantir au peuple le respect des libertés individuelles et collectives et le tient responsable de toute atteinte à l’intégrité physique de ses membres, militants et sympathisants».
Après le coup d’Etat du MPSR en janvier 2022, dès mars on assiste à des vagues de démission au sein du MPP, l’ancien parti au pouvoir. Un groupe de démissionnaires va même jusqu’à créer son parti. La formation politique de Roch Marc Christian est alors secoué par des troubles. N’y a-t-il pas des risques de voir se former deux clans au sein de ce parti si les tensions perdurent ? Pour l’analyste politique Siaka Coulibaly, tous les partis politiques sont susceptibles de subir des bouleversements, c’est donc normal que le MPP connaisse aussi des dissensions internes.
Des militants du MPP sont mécontents de la gestion du parti par le président Bala Sakandé. Il lui reprochent de n’avoir pas été actif pour mobiliser une résistance populaire face au coup d’Etat du 24 janvier. Ceux-ci exigent donc la démission de l’ancien président de l’Assemblée nationale. Faut-il craindre la formation de deux camps au sein de ce parti ?
Pour l’analyste politique Siaka Coulibaly, les turbulences internes au MPP sont chose normale, après la perte du pouvoir en janvier par ce dernier. « Les divisions et contradictions expriment l’existence de courants politiques à l’intérieur du parti », explique-t-il.
Lors de la première session de l’année 2022 du bureau politique national, Bala Sakandé a reconnu ses erreurs et demandé pardon aux militants du parti. Mais même après son mea culpa, les démissions continuent au sein du parti.
« Il s’agit seulement d’attendre pour évaluer l’ampleur des démissions qui se font régulièrement. De toute façon, il y a une recomposition de la classe politique nationale en cours actuellement et elle va s’accélérer au fur et à mesure qu’on va s’approcher des élections », indique Siaka Coulibaly.
Cet analyste politique estime que tous les partis politiques sont susceptibles de subir des bouleversements. C’est donc normal que le MPP connaisse aussi des dissensions internes.
Joint par Radars Info Burkina, le Secrétaire général du Mouvement pour la libération totale et la reconstruction de l’Afrique (MOLTRA), Komla Kpogli, a donné sa lecture de la situation géopolitique et sécuritaire en Afrique de l’Ouest. C’est sans langue de bois que le géostratège togolais a fait des révélations sur le rôle de l’Occident dans l’avènement et la prolifération du terrorisme en Afrique subsaharienne qui n’a pour but que des intérêts géopolitiques. Interview
Radarsburkina.net : Quelles sont les causes exactes du terrorisme en Afrique de l'Ouest ?
Komla Kpogli : La destruction de la Libye, planifiée et exécutée par les Occidentaux, est la cause directe de ce qui se passe aujourd’hui dans cette sous-région. C’était prévisible. Mais ce serait vraiment une faute terriblement naïve de penser qu’il s’agissait là d’une erreur des Occidentaux. Ceux-ci ont prémédité cette destruction en ayant calculé ses conséquences, à savoir une prolifération des groupes terroristes dans ces espaces sans État. Là où il n’y a pas d’État capable d’assurer le minimum d’organisation, d’encadrement et de réponses aux besoins des populations, tous les crimes prospèrent. Ceux-ci, adossés à un fanatisme religieux, conduisent facilement au terrorisme. À force de conserver les soi-disant États africains que nous autres nous appelons « enclos coloniaux » car ce ne sont pas des États, les Africains sont rattrapés par le terrorisme. Nos populations vont payer très cher cette indifférence et ce laxisme collectifs vis-à-vis des « enclos coloniaux » dans lesquels nous jouons aux petits nationalistes coloniaux teintés de régionalisme et de tribalisme saupoudrés de religions importées. Dans ce contexte, ce terrorisme est un élément important sur lequel les Occidentaux fondent et entendent fonder leur présence en vue de contenir la puissance toujours grandissante de la Chine dans ces régions immensément riches. En réalité, ce sont les Occidentaux qui génèrent, laissent prospérer et alimentent ces groupes pour justifier leur présence militaire et stratégique dans ces régions pour mieux y surveiller et contrôler tous les mouvements des autres puissances (Russie et surtout Chine).
Considérant les pays africains comme des « pays de merde », Donald Trump, président des États-Unis d’Amérique de 2017 à 2021, savait qu’une partie importante de la rivalité entre son pays et la Chine se jouait et se jouerait en Afrique. Énervés par l'omniprésence de Pékin sur le continent africain et de la perte d'influence économique de Washington sur ce gigantesque terrain minier et de consommation qu’est l’Afrique, les conseillers de l'administration Trump, sous la direction du guerrier John Bolton, alors conseiller à la sécurité nationale, ont concocté depuis fin 2018 une stratégie de reconquête susceptible de contrer la Chine en Afrique. L'axe principal de ce repositionnement américain sur l'échiquier africain est bâti sur la lutte contre le terrorisme. Il s'agit donc de prétendre la lutte contre Daech, l'État islamique, pour saper progressivement la présence chinoise en Afrique. Voilà pourquoi les États-Unis d'Amérique, à la tête d'une "coalition contre Daech" regroupant désormais 83 pays et organisations lors d'une visioconférence que les américains ont organisée le 15 novembre 2020 avec le Niger, le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et la Guinée, conférence au cours de laquelle les USA ont annoncé "étendre les opérations sur le continent, à commencer par l'Afrique de l'Ouest".
En septembre 2020 déjà, sur la Télé CBS News, le futur Secrétaire d'État, Anthony Blinken, expliquait : « Je pense que Joe Biden vous dirait que nous devons commencer par nous mettre en position de force afin que la relation avec les Chinois progresse davantage selon nos conditions que selon les leurs ». L’État américain et ses cousins européens ont déjà fabriqué et alimenté des terroristes contre leur rival, la Russie (à l’époque l’URSS). C’était en Afghanistan dans les années 1980. Ils avaient facilité la fondation d’Al Qaeda qu’ils appelaient même des « Combattants de la Liberté » contre l’URSS. Ils avaient formé, équipé et conseillé Al Qaeda jusqu’à ce qu’il se tourne contre eux en 2001. Nous assistons donc à une stratégie identique dans cette Afrique où des « enclos coloniaux » font office d’Etats sous des tyrans et des dictateurs qui n’ont d’autres préoccupations que leur trône prétendument présidentiel.
Aujourd'hui les conditions sociopolitiques et économiques ont favorisé l'avènement de régimes militaires dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Est-ce que ce sont les mêmes conditions qui ont amené les militaires au pouvoir au Mali, au Burkina et en Guinée ?
Oui, absolument. Mais, il faut réaliser que ces conditions économiques et sociopolitiques ne sont pas des causes, mais plutôt des conséquences. Elles sont les conséquences de l’absence totale d’États en Afrique. Ce qu’on appelle abusivement États en Afrique, ce sont des « enclos coloniaux » dessinés à l’équerre et au compas par les Occidentaux à la conférence de Berlin en fin 1884 et début 1885, puis ces dessins ont été concrétisés par des guerres coloniales conclues par des accords de partage territorial sur le sol africain entre puissances coloniales.
Tant que ces « enclos coloniaux », ces sortes de carcasse militaro-policière répressive soutenue par une administration paperassière et tracassière, ne vont pas être démantelés par des masses populaires africaines organisées sous la forme d’un tsunami populaire, c’est-à-dire une marrée humaine suffisamment puissante pour détruire tout ce cliquetis colonial sur son passage pour entamer la reconstruction de l’Afrique, nos peuples continueront à tourner en rond entre des périodes de coups d’État militaires et des fraudes électorales sanglantes. Il nous faudra triompher de la peur, de la désorganisation totale et de l’espérance sans initiative dans lesquelles nous baignons pour arriver à cela.
Quelles différences existe-t-il entre ces trois régimes ?
Seuls les militaires au pouvoir au Mali semblent avoir vraiment compris les enjeux qui font face à notre peuple. Au Burkina Faso et en Guinée, on sent que les militaires au pouvoir croient qu’ils peuvent jouer à un jeu qui composent avec le système qu’ils prétendent avoir renversé. Ils n’iront nulle part.
Lequel de ces trois pays a le plus de défis ou plus de poids sur les épaules, selon vous ?
Tous les « enclos coloniaux » ont des défis similaires : sortir complètement de la colonisation pour se reconstruire en vue d’échapper ainsi aux griffes de la domination. Pour le MOLTRA, c’est une responsabilité qui repose sur les épaules des peuples qui doivent impérativement s’organiser pour reprendre la maîtrise de l’espace géographique africain. Des militaires patriotes peuvent aider à cette tâche mais compter exclusivement sur les armées africaines qui ont perdu leur virginité politique pour avoir été jusqu’ici la colonne vertébrale de l’État « enclos colonial » africain, c’est se suicider. Le MOLTRA dit qu’il revient à notre peuple et à lui seul d’accomplir l’œuvre de sa libération et de sa reconstruction. Cela passe par la repossession de son pouvoir de décision confisqué.
De plus en plus de voix s'élèvent pour demander que la France parte au profit de la Russie, est-ce la meilleure solution ?
Les Africains doivent savoir qu’un peuple doit d’abord régler ses problèmes de désorganisation et de faiblesses internes puis construire un agenda national sous la houlette des dirigeants patriotes avant de se lancer dans la recherche d’un allié extérieur. Si tel n’est pas le cas, ce peuple quitte un maître pour un nouveau maître. Ses douleurs peuvent, peut-être, être amoindries sous la direction du nouveau maître mais cela ne soigne pas pour autant ses blessures. Voilà pourquoi le défi premier et actuel, c’est notre organisation interne pour faire tomber le système colonial actuel, ses structures et ses hommes. Les Africains doivent savoir qu’ils ont toutes les capacités pour réaliser cette révolution. Après cela, nous pourrons aller chercher des alliés. Les peuples affaiblis, désorganisés et qui ne fournissent pas les efforts nécessaires pour se redresser n’ont pas d’alliés mais des maîtres. Personne ne fait d’alliance avec les faibles. Les faibles, on les domine, on les vassalise. Telle est la loi de la politique internationale. La Russie ne fera pas entorse à cette loi. Rappelons-nous que la Russie a laissé les Occidentaux détruire la Côte d’Ivoire de Gbagbo et la Libye de Mouammar Kadhafi. Les Africains doivent comprendre que c’est uniquement eux qui ont intérêt à la libération et à la reconstruction de leurs terres. Pas les autres qui aspirent à les posséder dans le but de garder et de consolider leur position dominante sur la scène internationale qui n’est pas un endroit où on s’échange des cadeaux mais de compétition féroce des intérêts opposés. Le monde des bisounours est depuis longtemps dans les dessins animés, mais pas encore dans la vie réelle.
Mais est-ce que la Russie peut au moins constituer l'alternative aux solutions tant recherchées ?
Ce n’est pas aux Russes de vaincre nos dominateurs pour nous. La Russie joue pour ses propres intérêts comme tout pays qui se respecte dans ce monde. Chaque pays, chaque peuple doit affronter ses défis en devenant adulte après avoir fourni tous les efforts et sacrifices pour vaincre tout ce qui l’a maintenu dans la position d’enfant jusqu’alors. Les Africains ne doivent pas oublier qu’ils sont le peuple premier sur cette terre et qu’ils ne peuvent accepter éternellement être relégués au rang de petits enfants pleurnicheurs attendant un sauveur qui ne viendra pas. Seule la lutte du peuple libère le peuple. Rien d’autre. Plus vite nous comprendrons cela, mieux ce sera pour nous.
Voyez-vous un espoir avec notre jeunesse d'aujourd'hui par rapport au défis du moment ?
L’espoir est permis, car nous n’imaginons pas notre peuple finir au cimetière de l’Histoire comme d’autres peuples éteints et disparus pour n’avoir pas pu lutter comme il fallait. Mais si cet espoir est permis, il est conditionnel. Dès lors qu’il identifie ses problèmes et met en place un plan pour les régler, tout peuple peut espérer.
L’Afrique reviendra grand si et seulement si ses peuples décident de s’organiser pour mener le combat libérateur et entamer la reconstruction de l’Afrique sur la base des valeurs intrinsèques africaines revues sans complaisance à l’aune de notre parcours historique dans cette vallée humaine. Le but de ce combat, c’est de bâtir l’État capable de moderniser industriellement l’Afrique pour que notre peuple se maintienne comme un peuple libre avec une capacité de participation pleine et entière au commandement du monde. C’est un défi d’une gravité exceptionnelle. Est-ce que beaucoup le comprennent ? Pas du tout. Voilà pourquoi nous devons continuer, de toutes nos forces, à secouer l’Africain pour le sortir de son état de coma profond.
Face au terrorisme, quelle est la solution pour l'Afrique de l'Ouest ?
Il ne faut rien attendre de l’État « enclos colonial » africain dont la puissance se limite à la répression des populations aux mains nues qui s’opposent à ses crimes. Partant de là, il faut à court terme une mobilisation des Africains pour faire échec à la prolifération de ces groupes de criminels. Cela nous ramène encore à la question de l’organisation. Tous les villages doivent s’organiser, se lever et défendre leurs terres et leurs habitants. Nous sommes des descendants de grands combattants qui ont su organiser la résistance contre la terreur coloniale française, britannique, portugaise…Il ne doit pas être question de se résigner et capituler face à ces groupes. Il ne doit pas être question d’assister à l’égorgement massif et continu de nos enfants, de nos femmes et de nos parents. Il faut donc une reconnexion spirituelle et matérielle avec notre espace géographique pour y puiser des outils de cette guerre. La guerre contre ce terrorisme, c’est d’abord une question de maîtrise de l’espace. Et ce sont les populations qui habitent ces territoires qui doivent, avec leurs connaissances approfondies des lieux, s’y organiser afin de se défendre tout en gardant à l’esprit qu’il n’y a pas d’État africain capable de les protéger et les défendre véritablement.
À long terme, ce terrorisme ne sera vaincu que si les Africains construisent des Etats véritables, pourvus de tous les attributs et ayant pour mission première et permanente de protéger et sécuriser la vie des populations. Cela passe par l’organisation d’un tsunami populaire pour casser, détruire et enterrer définitivement les « enclos coloniaux » et leurs dirigeants qui s’appellent pompeusement des chefs d’État ou des élites dirigeantes. Déjà que les États véritables ont du mal à résoudre certains de leurs problèmes, comme celui du terrorisme sur leur territoire, rendons-nous compte que les anomalies territoriales, abusivement appelées États africains, « enclos coloniaux », garde-barrières entre les peuples, n’ont aucune capacité ne serait-ce que pour éradiquer les moustiques qui continuent de faire ravagent en Afrique. Les peuples sans États forts et bien organisés sous la conduite de dirigeants patriotes et avisés seront confrontés à des souffrances atroces en cette fin du 21e siècle et dans les siècles à venir. Si nous continuons à nous amuser et à ne pas penser le futur avec gravité et sérieux, nous sommes foutus.
La rencontre prévue entre l’actuel chef de la transition burkinabè, Paul Henri Sandaogo Damiba, et les anciens présidents du Faso ne s’est pas passée comme prévu. En effet, sur 5 ex-chefs d’Etat invités, seuls 2 ont répondu à l’appel, les autres ayant invoqué diverses raisons pour justifier leur absence. L’entrevue a tout de même eu lieu et l’écrivain journaliste Serge AtianaOulon estime que cela sonne comme un désaveu, un échec par rapport à ce qui avait été annoncé. Pour lui, le président de la transition a pu constater que les Burkinabè ne sont pas d’accord avec ce format de réconciliation, mais plutôt une réconciliation basée sur la vérité et la justice.
D’après le journaliste-écrivain Serge AtianaOulon, il y a eu de l’amateurisme, de l’impréparation dans l’organisation de cette réunion. « Cela sonne comme un fiasco, un échec dans la mesure où on ne peut pas imaginer qu’à ce haut niveau, on organise une rencontre et qu’on se retrouve avec des gens qui font défection. On peut se demander comment on peut produire un communiqué pour annoncer une rencontre à quelque 72h sans avoir pris les précautions pour que les questions de santé ou celles administratives ne constituent pas des obstacles», a-t-il affirmé.
Le journaliste écrivain ajoute que cette rencontre a conduit à amplifier les divergences entre Burkinabè. Ceux-ci se retrouvent plus que jamais divisés et cela ne favorise pas le processus de la réconciliation. « Il y a comme une confrontation en perspective des différentes forces sociales, politiques qui s’organisent puisqu’avec ce format, on a vu les sorties médiatiques des différentes composantes de la société, notamment dans le milieu syndical, de certaines Organisations de la société civile comme le MBDHP. Au niveau des partis politiques aussi, on a vu la réaction des uns et des autres, donc on peut dire qu’on s’achemine vers une sorte de bras de fer, voire d’opposition entre différents blocs et cela n’est pas de nature à permettre d’atteindre l’objectif de réconciliation », a-t-il précisé.
« Réconciliation ne signifie pas impunité »
Pour ce qui est de la réconciliation nationale, Serge AtianaOulon affirme que « la façon de conduire a toujours posé problème depuis plus de 20 ans puisqu’on n’est pas à la première expérience d’une réconciliation au Burkina. Il faut se rappeler la Journée nationale de pardon organisée en 2001 mais qui n’a pas permis d’apaiser les cœurs ».
C’est ce format que le président Damiba tente d’appliquer, selon le journaliste d’investigation et écrivain, et on assiste dans les autres composantes à « une organisation pour s’opposer à cette forme de réconciliation que le président Damiba tente de faire passer ».
Pour une réconciliation véritable, Serge AtianaOulon déclare qu’il n’y a pas de recette magique et tous les acteurs sont d’accord qu’on ne peut pas enjamber l’étape de la vérité et de la justice pour aller à la réconciliation. « Le schéma tracé par le ministère de la Réconciliation sous Roch Kaboré précise que ce ne sont pas des questions d’arrangements entre hommes politiques, mais c’était une vision beaucoup plus holistique, globale pour que tout le monde puisse se retrouver, parler, avouer les fautes afin que les victimes puissent pardonner », a-t-il poursuivi.
Il fait remarquer que c’est un travail de longue haleine parce qu’il ne s’agit pas de faire un passage en force ni d’imposer les choses d’autant plus que le pardon ne se force pas. « L’Etat crée les conditions afin que les différentes parties se regardent, puissent discuter. Ce processus ne doit pas être comme un passage en force avec un agenda caché », a-t-il conclu.
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, le Dr Seglaro Abel Somé, a présenté le 30 juin 2022 à l’Assemblée législative de transition (ALT) le Document de présentation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2023-2025 dans le cadre du Débat d’orientation budgétaire (DOB). Il était en compagnie d’une délégation gouvernementale et des techniciens du département des finances.
La présentation du ministre s’est articulée autour de 4 points, à savoir la situation d’exécution du budget 2022 à la date du 31 mars 2022, les priorités et choix stratégiques du budget 2023, une projection budgétaire couvrant la période 2023-2025 et enfin les risques budgétaires potentiels, tout en proposant des mesures d’atténuation.
Les recettes mobilisées par l’État pour l’exercice 2022 à la date du 31 mars 2022 sont estimées à 497,79 milliards FCFA sur une prévision de 659,08 milliards FCFA, soit un taux de recouvrement de 20,33% et un crédit de paiement ajusté de 2919,15 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 22,58%. Pour les perspectives du budget exercice 2023, en tablant sur le scénario de base, les recettes budgétaires totales seraient de 2 552,8 milliards FCFA.
Les priorités du budget de 2023 découlent essentiellement du Plan d’action de la transition (PAT), à savoir la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité du territoire, la gestion de la crise humanitaire, la refondation de l’État, l’amélioration de la gouvernance ainsi que la réconciliation nationale.
Ainsi, les allocations budgétaires en faveur des secteurs de la sécurité et de la défense nationale connaîtront une forte augmentation, selon le ministre Somé. 280 milliards sont destinés au renforcement de la sécurité et de la défense nationale en 2023, soit un taux de 55,5%. A cet effet, la part du budget de l’État allouée à ce secteur est passée de 20,3% en 2022 à 27,5% en 2023. Elle s’établira à 628,3 milliards FCFA en 2023 contre 440,2 milliards FCFA en 2022, soit une variation de 42,7%.
Par ailleurs, 98,8 milliards FCFA sont destinés aux secteurs sociaux de base, 70,3 milliards FCFA au secteur de la gouvernance, 33,3 milliards FCFA au secteur de soutien à la production et enfin 22,6 milliards FCFA à celui de la production.
En se basant sur les projections budgétaires issues du DPBEP 2023-2025, les recettes budgétaires totales seront de 2 552,8 milliards FCFA en 2023, de 2 633,8 milliards de FCFA en 2024 et de 2 813,1 milliards de FCFA en 2025, soit un accroissement annuel moyen de 5,0%.
Les perspectives de croissance étant faites sur la base d’hypothèses, l’atteinte des principaux résultats pourrait être affectée par la survenance d’un certain nombre de risques.
De ce fait, en vue de minimiser l’impact de ces risques sur l’atteinte des résultats budgétaires escomptés, des mesures d’atténuation ont été identifiées, notamment le renforcement des réformes en vue d’une mobilisation optimale des recettes et la rationalisation des dépenses de l’État.
Ainsi, sur le plan environnemental, il sera mis en place et/ou renforcé le mécanisme de gestion des risques agricoles, notamment de la sécheresse, au profit des producteurs, la stratégie nationale de warrantage et l’assurance agricole indicielle.
Au niveau des démembrements de l’État, il s’agit du recours aux prêts rétrocédés sous forme de subvention pour éviter le retard ou le défaut de paiement, c’est-à-dire l’endettement de ces démembrements que sont les sociétés d’État, les collectivités territoriales et les organismes de prévoyance sociale.
Cette présentation du ministre des Finances a donné lieu à des échanges à travers des questions auxquelles celui-ci a donné des éléments de réponse. Les députés ont fait des critiques et proposé des pistes en matière de mobilisation et d’orientation des ressources.
Pour le député Harouna Louré, le gouvernement n'est pas assez ambitieux au regard de ce qui a été présenté. Il estime que c’est la continuité de l’ancien fonctionnement. Les raisons avancées par celui-ci c’est qu’initialement un taux de croissance de 13% était prévu au niveau des recettes fiscales tandis que le nouveau rapport prévoit un taux de 17%. Il a été reproché aux anciens régimes de ne pas faire assez de recouvrements parce qu’il y avait la fraude fiscale, l’évasion fiscale, la corruption, a-t-il ajouté. Ainsi, pour un régime de transition, il faut un meilleur recouvrement. « Si nous disons que nous sommes un régime de transition, nous devrons être assez ambitieux. Nous devons lutter contre la fraude fiscale et la corruption et nous devons aller au-delà des 17% », a-t-il déclaré.
En rappel, le Document de présentation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2023-2025 a été adopté en Conseil des ministres le mercredi 25 mai 2022. Tout projet de loi de finances pour l’élaboration et l’exécution du budget de l’État est fait en se référant à ce document conformément à la loi organique n°073-2015/CNT du 6 novembre 2015 relative aux lois de finances.
L’aile dite historique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a tenu ce mercredi 29 juin 2022 à Ouagadougou une conférence de presse. Ce fut l’occasion pour elle de donner sa lecture de la situation nationale et de la crise qui secoue le parti de l’Epi et de la daba.
Tout en appréciant positivement la récente rencontre entre Jean Baptiste Ouédraogo, Roch Marc Christian Kaboré et le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, Achille Tapsoba, président de l’aile dite historique du CDP, invite l’actuel président du Faso à créer les conditions propices à la participation de l’ex-président Blaise Compaoré au 8e congrès qui se profile à l’horizon. Il appelle aussi au retour des exilés politiques au bercail et à la libération des prisonniers politiques car pour lui, ceux-ci ont leur part contributive à apporter en matière de réconciliation nationale.
Concernant la question sécuritaire, notamment la création de zones d’intérêt militaire à l’Est et au Sahel, l’aile historique dit apprécier positivement cette initiative. Elle invite par ailleurs le gouvernement de la transition à prendre les mesures humanitaires et de solidarité idoines pour accompagner les futurs déplacés internes qui le seront du fait de cette mesure.
S’agissant de la crise qui divise le parti, Achille Tapsoba dit ne pas considérer son groupe comme une aile mais plutôt comme le parti. «Nous ne sommes pas une aile, nous sommes le parti. Nous sommes le CDP…Nous nous opposons à Eddie Komboïgo et à sa lignée sur la base du manque de respect des dispositions statutaires du parti. Nous ne sommes pas dans le subjectivisme plat parce que nous fonctionnons avec le souci de faire en sorte que le CDP fonctionne dans le respect de ses textes. Il n’y a pas d’aile historique, il n’y a pas d’aile futuriste ; c’est un groupe qui s’est trompé», a tenu à clarifier M. Tapsoba.
Sur la question d’une éventuelle réconciliation des deux groupes, voici la réponse d’Achille Tapsoba : «Seule la capacité du camarade Eddie et de son groupe à revenir auprès de la direction du parti, à faire leur autocritique et à s’engager à ne plus aller à l’encontre des textes pourrait nous amener à nous mettre ensemble.»
Or, la mesure de sortie de crise proposée par le président d’honneur Blaise Compaoré, selon Achille Tapsoba, est la tenue du 8e congrès qui sera une occasion de rassembler tous les militants. «En raison de la difficulté à concilier les positions, j’ai décidé, en application de mes prérogatives statutaires définies au congrès de mai 2018, de la convocation prochaine du 8e congrès ordinaire du CDP. Le congrès sera l’occasion de rassembler tous les militants actifs et tous ceux qui se sont mis en réserve afin de relancer les activités du parti», a déclaré Achille Tapsoba, qui a ajouté que le président d’honneur a invité tous les militants à se mobiliser pour faire du congrès un grand moment de cohésion pour un nouveau départ.
Achille Tapsoba serait-il donc en train de désobéir au président d’honneur, cela d’autant plus que dans sa déclaration du 9 juin 2022 il disait : « Pour notre part, nous nous en remettons à la décision que viendrait à prendre le président d’honneur…»