jeudi 23 janvier 2025

aacdp uneDe jeunes militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont tenu une conférence de presse le jeudi 22 décembre 2022 à Ouagadougou. L’objectif, selon les conférenciers, c’était  d’exprimer leur mécontentement concernant la décision du ministère de l’Administration territoriale de délivrer le récépissé dudit parti à Eddie Komboïgo.

Selon leurs explications, des correspondances avaient été adressées au ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS) par Achille Tapsoba pour souligner les irrégularités ayant émaillé l’organisation du « contesté 8e congrès ». C’est ainsi que le MATDS leur recommandera d’aller en justice pour régler leur différend afin de lui permettre d’examiner objectivement le dossier.

Cette recommandation a été exécutée et le dossier est en attente de la décision judiciaire. Donc, c’est un étonnement pour cette partie du CDP de voir le même MATDS attribuer le récépissé du parti à Eddie Komboïgo.

Les jeunes de « l’aile historique » disent donc s’y opposer farouchement car pour eux, l’attribution s’est faite en violation des principes de séparation des pouvoirs et du principe de la continuité de l’Administration. Pour eux, le  MATDS a outrepassé son rôle ; l’Administration a usurpé le pouvoir de la justice.

aacdp 2Ainsi, ces jeunes se réclamant « militants engagés du CDP restés loyaux à Blaise Compaoré » entendent initier dans les plus brefs délais une pétition accompagnée d’une plainte collective qui sera déposée auprès de la Haute Cour de Justice pour sanctionner, disent-ils, « cette faute  politique du ministre en charge des libertés publiques ».

Par ailleurs, une des questions de la presse était de savoir ce que la partie Achille Tapsoba ferait si la justice tranchait en faveur d’Eddie Komboïgo. À cette question, les orateurs répondent : « Si la justice donne raison à Eddie Komboïgo, nous sommes des démocrates et nous allons nous plier à cette décision. Mais tant que la justice n’aura pas rendu son verdict, nous ne reconnaitrons pas le récépissé délivré à Eddie Komboïgo ».

aacdp 3A la question de savoir s’ils avaient eu l’accord d’Eddie Komboïgo pour tenir la conférence, ils déclarent : « Nous sommes des militants engagés et convaincus du CDP de Blaise Compaoré. Nous voulons suivre la vérité. C’est Blaise Compaoré le fondateur du parti ; tout ce qui se passe au CDP doit être amendé par ce dernier. Nous tenons cette conférence sur la base du 7e congrès. Le récépissé d’Eddie Komboïgo est illégal, donc il ne peut pas nous empêcher de tenir des activités relatives au parti ».

Flora Sanou

kafandYves Kafando, président de la Commission des finances et du budget (COMFIB) sous la 2e législature de transition (mars-septembre 2022), chargé des travaux de la commission ad hoc de rédaction du règlement sous les 2e et 3e législatures de transition, a démissionné officiellement de l’Assemblée législative de Transition (ALT) le samedi 17 décembre 2022. Mais quelques jours avant cette date, plusieurs médias faisaient déjà cas de cette démission et nombreux sont ceux qui s’interrogeaient sur ses raisons. Radars Info Burkina est entré en contact avec l'intéressé pour avoir de plus amples informations sur son départ de l’hémicycle.

D’après l'ex-député Yves Kafando, c’est depuis le 30 novembre 2022 qu’il avait adressé sa lettre de démission au président du groupe parlementaire constitué des forces de défense et de sécurité à l’ALT et ce départ, il l'a fait pour convenances personnelles.

« Il n’y a pas de raison particulière ;  c’est une démission pour des raisons personnelles. Il n’y a pas de problème. Comme vous le savez, peu importe où on est, on peut apporter sa contribution à la lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré. « Je ne dis pas qu’en quittant l’Assemblée législative de Transition (ALT) je pars à la retraite ; je ne serai pas à la retraite. Je suis toujours dans la dynamique de la quête de la sécurité.  J’aspire toujours à accompagner le pays dans la recherche de la sécurité et la paix», a-t-il affirmé. Et d’insister : « Je n’ai pas démissionné de l’hémicycle parce qu’il y avait un problème ».

L’on se souvient que quelques jours avant la démission de l’intéressé, il avait publié ceci sur son mur Facebook : « La diffamation et la calomnie, il faut vous en éloigner ». Lorsqu’on lui demande si cela avait un lien avec sa démission rendue officielle le samedi 17 décembre et à l’annonce de laquelle un hommage lui a été rendu par ses pairs députés, M. Kafando a répondu par la négative.

L’ex-député a conclu son propos en ces termes : « Même si dans les prochains jours on me demande éventuellement de venir répondre de certaines choses, je le ferai sans problème. »

Flora Sanou

aaachilletapsCe jeudi 10 novembre 2022, la tendance du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dirigée par Achille Tapsoba a tenu une conférence de presse à Ouagadougou. Objectif : communiquer sur le verdict du procès en référé après la saisine de la justice par Eddie W. Komboïgo le 27 juillet 2022 contre Achille Marie Joseph Tapsoba.

 Selon les conférenciers du jour, après la décision de la justice, Eddie Komboïgo a perdu le procès et la présidence échoit à Achille Tapsoba.

« Après moult reports la sentence est tombée le 17 octobre 2022 avec une condamnation du camarade Eddie W. Komboïgo aux dépens et confirmant ainsi de manière légale le camarade Achille Marie Joseph Tapsoba en sa qualité de président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) », a déclaré Achille Tapsoba.

Et de renchérir : « À l'issue de la décision de la justice, Eddie Komboïgo ne peut plus se prévaloir du titre de représentant légal du CDP, ni de celui de chef de file de l'opposition politique. Nous avons gagné ce procès, c'est pourquoi nous n'avons pas fait appel comme Eddie Komboïgo ».

Il est en outre revenu sur les motifs du procès en expliquant : « Eddie Komboïgo nous a assignés en justice pour demander au juge de reconnaître que son congrès a été légal, de reconnaître qu’il a été élu président du parti par ce congrès, de reconnaître qu’il est le seul président en exercice du parti, de m’interdire dans ces conditions de me réclamer président par intérim du parti, de m’interdire d’utiliser le sigle et le logo du parti pour faire mes déclarations, mes rencontres et mes activités et de me condamner à 10 millions et 1 million 500 mille francs par jour de retard de paiement. »

Mais que retenir de la décision rendue par le juge ? A ce propos, nous vous proposons un extrait de l’ordonnance de référé no108-2 du 17 octobre 2022 du tribunal de grande instance Ouaga 1 :

« Statuant en matière de référé, contradictoirement, en matière civile et en premier ressort :

- Rejetons les exceptions de nullité de l'acte d'assignation comme étant mal fondées ;

 - Déclarons le Congrès pour la démocratie et le progrès représenté par monsieur Eddie W. Constance Hyacinthe recevable en sa demande ;

- Déclarons irrecevable en son intervention volontaire le Congrès pour la démocratie et le progrès représenté par Achille Marie Joseph Tapsoba ;

- Déclarons les nommés Sawadogo Salfou, Kouldiati Jean, Topan Sanné Mohamed, Sawadogo/Ouédraogo Marie Blandine, Segda Gérard, Sawadogo Blaise et Zoungrana Yahaya recevables en leur intervention ;

- Disons qu'il n'y a pas lieu à ordonner les mesures sollicitées telles présentées à notre juridiction ;

- Disons qu'il n'y a pas lieu à condamner au paiement des frais irrépétibles ;

Condamnons le Congrès pour la démocratie et le progrès représenté par monsieur Eddie W.C. Hyacinthe aux dépens ».

Achille Tapsoba précise qu’Eddie a saisi la Cour d’appel et que le délibéré est attendu pour le 17 novembre prochain.

Mais en attendant, le président du CDP représenté par Achille Tapsoba estime qu’à l’issue de tout cela, l’ordre reviendra dans le parti. « Aujourd’hui, nous espérons qu’après le temps de la justice, la politique va reprendre ses droits au sein de notre parti », a-t-il souligné.

Sur la question de la lutte contre le terrorisme, Achille Tapsoba appelle à taire les divergences politiques, reléguer au second plan les intérêts partisans et s’unir. « Aujourd’hui, face à l’hydre terroriste nous devons taire nos divergences politico-idéologiques et reléguer au second plan nos intérêts partisans car l’heure est à l’union et à la réconciliation nationale », a-t-il souhaité. A ce propos, il a tenu à préciser qu’il s’agit de l’échiquier politique national et au rapport entre les partis et les formations politiques sur le plan national.

Flora Sanou

mmine uneSimon Pierre Boussim a été installé dans ses fonctions de ministre de l'Energie, des Mines et Carrières le jeudi 27 octobre 2022 par le Secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres, Jacques Sosthène Dingara. Selon le nouveau patron de l'Energie et des Mines du Burkina, pour le développement d'une nation, le patriotisme doit l’emporter sur l'intellectualité. C'est ce à quoi il a d’ailleurs invité ses collaborateurs.

Après le rappel de l'invitation du chef de l'Etat à remplacer désormais le "je" par le "nous" pour le bien de la Nation, fait par le secrétaire général Jacques Sosthène Dingara, le ministre entrant de l’Energie, Simon Pierre Boussim, a déclaré, s’adressant à ses collaborateurs : « La difficulté de la tâche qui nous attend n’implique pas une politique de table rase, qui consiste à jeter le bébé avec l’eau du bain. Il s’agira donc pour nous de perpétuer les bonnes pratiques déjà existantes et de réformer les mauvaises ». Pour lui, le ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières constitue un segment de ces institutions politico-administratives au cœur de nombreux questionnements en lien avec la qualité des prestations fournies ou attendues. Il a ajouté que ces questionnements imposent au gouvernement, particulièrement à son ministère, des réponses avec comme seule finalité la satisfaction de l’intérêt général. mmine 2« C’est la raison pour laquelle nous n’hésiterons pas à entreprendre des réformes fortes et adéquates pour non seulement renforcer la solidité de ce ministère mais surtout pour qu’elles puissent servir à augmenter sa contribution à la lutte contre l’insécurité et au développement socio-économique du pays », a-t-il renchéri.

D’autre part, le nouveau ministre a exhorté ses collaborateurs au patriotisme en ces termes : « Pour moi, le Burkina Faso a plus besoin de ses patriotes que de ses intellectuels car si un intellectuel n’est pas en même temps patriote, il tue l’économie, le social, ses compatriotes et est assimilable à un terroriste qui défend juste ses intérêts égoïstes ». Le désormais titulaire du maroquin des Mines a conclu en ces termes : « Chers collaborateurs, je sais pouvoir compter sur chacun de vous pour prouver à ceux qui nous ont fait confiance qu’ils ne se sont trompés ni de personnes ni de combat. »

Etienne Lankoandé

bougmabernardMe Apollinaire Kyélem, après sa nomination comme chef du gouvernement de la transition le vendredi 21 octobre 2022, a effectué sa première sortie médiatique sur les antennes d’Oméga Média le dimanche 23 octobre 2022. Lors de cet entretien, le Premier ministre Kyélem a donné la ligne directrice des actions de la transition. Ce lundi 24 octobre 2022, Radars Info Burkina a tendu son micro à Bernard Bougouma, chef du desk politique de la radio Wat Fm et de la télévision 3tv, chroniqueur et analyste politique. Pour lui, certaines intentions affichées par le PM ne sont pas surprenantes mais sur la question de la diminution du prix du carburant, c’est un risque pour ce dernier de l’avoir dit.

Après la première sortie du Premier ministre Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, les questions qu’on pourrait se poser sont les suivantes : Est-ce du populisme ? Etait-ce vraiment opportun ?

Selon le journaliste Bernard Bougouma, le tout nouveau PM est allé trop vite en besogne car certains se posent la question de l’opportunité de son interview accordée à chaud. « Pour quelqu’un qui vient dans ces conditions pour commencer un boulot où ce qui est plus attendu ce sont les résultats, les actions, plutôt que des paroles ou des promesses, nous l’avons écouté avec intérêt mais nous nous posons la question de savoir si c’était nécessaire », ajoute-t-il.

« Concernant la question de la réduction des salaires des membres du gouvernement, je ne suis pas étonné que Me Apollinaire Kyélem de Tambèla veuille le faire. D’abord, c’est quelqu’un qui a un style de vie austère, à la limite ascétique. Ce n’est pas surprenant. Il avait même, en son temps, trouvé qu’un ministre comme Bassolma Bazié pour être cohérent avec les valeurs qu’il défend, avec ses principes de vie, aurait dû démissionner », explique Bernard Bougouma. Et d’ajouter : « C’est quelqu’un qui a de l’admiration pour Thomas Sankara. Si vous cherchez quelqu’un qui se réclame de Thomas Sankara dans les faits et gestes, c’est lui ; donc d’un point de vue du choix, le chef de l’Etat a été cohérent. Mais est-ce que le Premier ministre va pouvoir faire du Sankara à la place de Sankara ? La question reste posée. »

« Concernant la question du nombre de ministres, depuis 1987 ou 1990 au Burkina, il y a un texte qui ébauche les grandes lignes du développement du Burkina. Quand on prend les grandes tendances, sur ce point, il peut rapidement dégager les profils ministériels qui sont au nombre de 14 ou 15 (les grandes lignes du développement du Burkina). Si l’on doit suivre ce schéma, c’est possible qu’effectivement une quinzaine puisse faire l’affaire, même si ça va être lourd pour un pays comme le Burkina, qui est en voie de développement. Plus on a de ministres, plus ça demande d’argent. Donc diminuer le nombre de ministres en abrogeant le décret actuel fixant les salaires va participer à la réduction du train de vie de l’Etat. Mais est-ce que réduire le nombre de ministres va forcément réduire le train de vie de l’Etat si le peu de membres du gouvernement qu’on prendra viennent pour piller les ressources de l’Etat ? » s’interroge notre interlocuteur.

Selon Bernard Bougouma, même l’augmentation de leur salaire n’a pu empêcher que les ministres puissent dissiper de l’argent car la question des petites pistes qui permettent aux ministres d’avoir à côté de l’argent avec la complicité de ceux qui sont autour d’eux n’a pas été réglée. Conséquence, les autres agents qui sont dans l’administration et qui savent comment ça fonctionne en haut lieu savent que non seulement ils ont augmenté les salaires, mais aussi les circuits qui leur permettent d’avoir une entrée d’argent parallèle n’ont pas été vérouillés. Donc ce n’est pas la solution en soi, selon M. Bougouma, pour qui il faut revaloriser la fonction ministérielle en revalorisant le salaire des ministres tout en faisant de sorte que ceux-ci fassent convenablement leur boulot sans chercher des à-côtés.

A son avis, même si le Premier ministre abroge le décret actuel portant rémunération des membres du gouvernement, ça ne changera pas grand-chose si les autres canaux d’enrichissement ne sont pas taris.

Concernant la question du carburant, le PM a déclaré que le gouvernement verrait comment en réduire le coût. Sur ce point, Bernard Bougouma estime qu’au Burkina, quand on dit qu’on verra, c’est qu’on va le faire.

« Il y a un système de régulation et d’ajustement des prix logé à la primature, où un comité interministériel qui siège tous les trois mois regarde en fonction de l’évolution du cours du baril au niveau mondial s’il faut augmenter ou diminuer les prix. Mais comme la commission de fixation du prix ne siège que tous les trois mois, il y a des moments où le prix du baril augmente sur le plan international et au Burkina on n’augmente pas le prix du carburant ou au moment où le comité siège, le cours a diminué. Ainsi, quand vous affirmez sans ambages que vous allez voir comment réduire le prix, c’est risqué. C’est mieux d’évaluer la situation avec toute la sérénité qu’il faut afin d’ajuster le plus possible les prix. Quand ça ne dépend pas de vous, vous n’y pouvez rien. Il faut reconnaître que nous n’avons de pétrole au Burkina ; c’est un hydrocarbure qu’on importe, donc il faut être réaliste sur ces questions et dire la vérité aux Burkinabè pour qu’ils comprennent mieux », dixit Bougouma.

Pour l’atteinte des objectifs de la Transition, Bernard Bougouma pense qu’il faut savoir mobiliser les Burkinabè avec intelligence au-delà de toute considération ethnique, religieuse ou sociale, être juste et équitable dans la gestion de la chose publique. Il faut enfin, toujours selon lui, faire en sorte que chaque tendance puisse y trouver son compte.

Flora Sanou

cequiarriveaumppLe Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de Bala Sakandé se meurt, avec les démissions en cascade que le parti enregistre depuis sa chute. C’est le sort du CDP en 2014-2015 qui revient au MPP mais bien pire, mettant à nu les casseroles que traînent les partis au pouvoir au Burkina Faso. Qu’est-ce qui reste encore du MPP ? » S’interroge le journaliste Boukary Ouoba, rédacteur en chef de « Le Reporter » et analyste politique. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à notre rédaction, le journaliste fait des révélations sur les mobiles de ces départs en masse.

Radars Info Burkina : Le MPP, ex-parti au pouvoir, connaît une vague de démissions sans précédent. D’abord en fin mars 2022 puis en septembre de la même année. Quelle lecture faites-vous de ces démissions ?

Ce qui arrive au MPP est ce qu'il y a de plus logique. Le parti s'est disloqué de la même manière qu'il s'était constitué en janvier 2014. Un parti politique, un vrai, se construit autour de valeurs et d'un idéal. Le MPP n'avait aucun idéal, aucune valeur, à part conquérir le pouvoir et en profiter. Je ne dis pas que tous ceux qui y étaient sont animés de cet esprit, mais c'est quand même l’impression dominante. Ce qui a été encore plus dramatique pour le MPP, c'est la disparition de Salif Diallo. Les Burkinabè ne le savent peut-être pas mais au sein du MPP et de ses amis et alliés, il y a des gens qui ont célébré la mort de Salif Diallo. Il était quand même celui qui semblait tenir la ligne du parti et qui pouvait imposer un minimum de rigueur aux camarades. Au décès de Salif Diallo, j'ai eu à dire à certaines personnes qui étaient proches du MPP ceci : « Je préfère le MPP mille fois avec Salif Diallo que le MPP sans Salif ». En réalité ce que nous voyons aujourd'hui, la décadence du MPP tout comme la décadence du pays, c'est la conséquence logique du MPP mais surtout d'un MPP sans Salif.

Radars Info Burkina : On se rappelle que le CDP avait subi le même sort après avoir perdu le pouvoir en 2014. Qu’est-ce cela révèle des partis qui ont été au pouvoir au Burkina Faso ? 

Evidemment le MPP connaît, à quelques exceptions près, le même sort que le CDP. Le MPP a été fait d'une cote du CDP et c'est compréhensible qu'il y a une similitude entre ce qui arrive au MPP après la perte du pouvoir comme on l'a vu en 2014-2015 avec le CDP. La seule différence qui fait que le CDP a fait preuve de plus de résilience, c'est que le CDP avait plus d'enracinement au regard de son âge. Le MPP n'a pas atteint l'ancienneté que le CDP avait avant de perdre le pouvoir. L'autre chose qui explique que le CDP ait mieux résisté, c'est que l'image de Blaise fait plus autorité que l'image de Roch. En dépit du fait que Blaise est totalement diminué, et ça encore ce n'est que dernièrement que beaucoup de gens s'en sont rendus compte véritablement, beaucoup de gens croyaient encore à la capacité de rebondir du CDP à cause de Blaise. Mais le MPP on a vite compris qu'il ne pouvait pas trop se reposer sur Roch puisque vous auriez remarqué que même étant au pouvoir, Roch semblait faire plus confiance aux individualités qu'au parti. D'ailleurs c'est l’une des raisons de l'affaiblissement du MPP puisque certains camarades de Roch lui en voulaient de faire la promotion d'amis à lui au détriment même des camarades du parti.

Radars Info Burkina : S’il y avait des problèmes, pourquoi ces démissionnaires ne l’ont-ils pas relevé au début au lieu d’attendre que le parti perde le pouvoir avant de partir ?

En fait il n'y avait pas de problème ou plutôt le problème, c'était juste la forme de constitution du parti. Les gens adhèrent aux partis pour avoir des avantages et naturellement quand le parti perd le pouvoir, il n'y a plus d'avantages et c'est donc tout naturellement que les gens s'en vont. Quand la raison d'être n'est plus, il ne reste plus rien.

Radars Info Burkina : Que retenir de la classe ou des hommes politiques burkinabè au regard de cette situation et même de celles qui ont prévalu dans d’autres partis politiques ?

 On va s'abstenir de donner des leçons de morale aux autres. C'est peut-être à chaque burkinabè d'avoir sa propre appréciation de la conduite de nos hommes politiques. Si je peux me le permettre, pour ce qui me concerne personnellement, c'est beaucoup de déception. Notre classe politique, nos hommes politiques sont eux-mêmes, certains, un danger pour notre démocratie. Vous avez remarqué l'attitude de certains au lendemain du coup d'Etat du MPSR ? Beaucoup avaient commencé à féliciter les militaires et à leur faire la cour. C'est indécent. Notre chance c'est que le MPSR même était très méfiant vis-à-vis de ces partis et n'a pas répondu aux appels de phares. Aujourd'hui, bien que les intentions des militaires soient claires sur la restauration d'un ancien ordre, que la situation indique clairement que les militaires ne sont pas à la hauteur de la situation sécuritaire, nos hommes et partis politiques sont aphones et atones. Sur cet aspect particulièrement, il y a des pays qui se distinguent positivement par rapport au nôtre. Regardez au Tchad, c'est aussi des militaires, des généraux qui sont au pouvoir et pourtant regardez comment ils sont malmenés par le jeune Succès Mara. Dans un pays où des partis politiques acceptent de se mettre en berne parce que des militaires ont pris le pouvoir par des voies non constitutionnelles, c'est dangereux, ces partis ne sont pas dignes de se revendiquer acteurs de la démocratie.

Radars Info Burkina : Le bureau politique du MPP a adopté une résolution qui consacre la dissolution du parti. Quel avenir voyez-vous pour ce parti ?

Je vois ça comme une mesure conservatoire pour sauver la face du bureau. Dans tous les cas, la saignée qui a commencé n'allait pas s'arrêter jusqu'à ce que le parti se vide totalement. C'est pour stopper ces départs que le bureau a pris cette décision. Mais je ne sais plus exactement ce qui reste de ce parti après la dernière démission de la centaine de militants parce que dans tous les cas, les démissionnaires de fait étaient les plus nombreux. Pour démissionner d'un parti on n'a pas besoin de faire une lettre de démission encore moins de la rendre publique comme les gens le font comme s'ils nous avaient consultés avant d'adhérer au parti. Le simple fait de s'abstenir de participer aux activités du parti, de ne plus cotiser pour le parti, ça équivaut à démissionner.

Radars Info Burkina : Est-ce que le directoire qui sera mis auprès de Roch et de Simon pourra sauver la situation ?

Je ne me pose véritablement la question si c'est vrai que la relance va se faire autour de Roch Kaboré et/ou Simon Compaoré. Moi, j'attends de voir sinon j'ai des doutes parce que cela n'a même pas de sens. Bala a pris le parti de force des mains de Simon Compaoré avec l'aide de Roch Kaboré. Cela a aussi contribué à fragiliser le parti et a même facilité le coup d'Etat sans résistance aucune. Comment vous pouvez penser que pour relancer le parti on veuille le faire avec Simon Compaoré, lui qu'on a pratiquement humilié ? Entre Roch et Simon, ce qui s'est passé a tout l'air d'une trahison même.

Interview réalisée par Etienne Lankoandé

aasangoLe Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde, a célébré la Journée mondiale de la démocratie le jeudi 15 septembre 2022.  En marge de cela, l’enseignant-chercheur Alkassoum Maïga, ancien ministre  de l’Enseignement supérieur, a déclaré : « La démocratie, si elle n'a pas une dose de dictature, ça va être l’anarchie. » C’était au cours d’un panel en lien avec la démocratie organisé par  le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et ses partenaires. Question à mille balles : La dictature est-elle compatible avec la démocratie ?  Radars Info Burkina a recueilli l’opinion d’Abdoul Karim Sango, ancien ministre de la Culture et par ailleurs président du Parti pour la renaissance (PAREN), sur le sujet.

 Pour l’enseignant en droit constitutionnel Abdoul Karim Sango, démocratie et dictature sont deux concepts incompatibles. En effet, selon lui, là où il y a la démocratie on ne peut pas parler de dictature et là où il y a la dictature, on ne parle pas non plus de démocratie. Et d’ajouter que démocratie et dictature ne peuvent aller de pair.

La démocratie peut être définie comme un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions publiques et à la vie politique de la cité. Selon Abraham Lincoln, c'est « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ». Abdoul Karim Sango, lui, définit la démocratie comme la liberté et la responsabilité à tous les niveaux, c'est-à-dire au niveau de l'État et des populations. 

Mais chez nous, fait-il remarquer, le constat est tout autre car depuis 1990, l’accent est mis exclusivement  sur la liberté  au point que certains citoyens abusent de cette liberté et agissent comme si tout était permis.

De ce fait, il estime que l’assertion du Pr Alkassoum Maïga selon laquelle « la démocratie, si elle n'a pas une dose de dictature, ça va être l’anarchie » vise probablement à « dénoncer le désordre des systèmes politiques africains en général et burkinabè  en particulier que l’on appelle maladroitement démocratie ».

Qu’à cela ne tienne, M. Sango n’adhère pas à l’idée d’une démocratie avec une dose de dictature et cela, il le martèle sans ambages : « Je ne crois pas à l’idée d’une démocratie avec une dose de dictature. Je crois plutôt à une démocratie dans laquelle les institutions sont définies selon notre culture et qui fonctionne véritablement. »

 De l’avis du président du PAREN, pour un bon fonctionnement de l’Etat, il faut donc des citoyens responsables et conscients de leur rôle tant individuel que collectif car, a-t-il fait remarquer, la liberté sans la responsabilité va virer évidemment à l’anarchie, or ce n’est pas ce qui est souhaitable pour un État.

Flora Sanou

 

aagsahelEn 2014, cinq États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, avaient décidé de fédérer leurs actions pour, entre autres, lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. 8 ans plus tard, cette organisation qui peinait à fonctionner commence à fléchir. Le Mali voulant rompre toute relation avec la France, il a rompu avec le G5 Sahel qui est fortement soutenu par Barkhane. Le G5 Sahel faisait obstacle également à la transition malienne. Faut-il que le Burkina Faso reste membre de ce regroupement qui n’a presque pas produit de résultats ou devrait-il emboîter le pas à son voisin malien ? L’expert en sécurité Mahamadi Sawadogo nous en dit plus !

« Cette situation de retrait du Mali du G5 Sahel met mal à l’aise le Burkina Faso. Sur le plan militaire et stratégiquement, il est quasi impossible pour le Burkina de mener des opérations étant donné que le Burkina forme le fuseau central avec le Mali », affirme Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité.

L’expert en sécurité rappelle que le G5 Sahel a trois fuseaux : le fuseau central, qui est composé du Burkina Faso, du Mali et du Niger ; le fuseau ouest, composé du Tchad et du Niger, et le fuseau est, qui regroupe le Mali et la Mauritanie.

Il explique que le fuseau central est le plus touché par la menace djihadiste, « alors qu’il y a un verrou, c'est-à-dire le Mali, qui a sauté, ce qui va compliquer la tâche aujourd’hui de mener des opérations sans pouvoir impliquer le Mali sous la bannière du G5 Sahel. Cela signifie qu’on ne pourrait pas aller au-delà des 50 km prévus, ce qui limiterait les opérations ».

Barkhane est l’un des partenaires privilégiés du G5 Sahel ; il est le bras logistique du G5 Sahel et comme il n’est plus disponible pour travailler avec le Mali, il serait difficile qu’il limite ses opérations au Burkina et au Niger.

« Le G5 Sahel est un mort-né malgré la volonté pour le Burkina Faso de le redynamiser »

Le Mali s’étant retiré de ce regroupement, il ne reste que quatre pays qui sont impliqués. Il faut aussi noter qu’à la dernière conférence du G5 Sahel, la Mauritanie était absente. Pour quelle raison ? On ne le sait trop. Le départ du Mali semble avoir refroidi l’engouement de la Mauritanie. Pour Mahamadi Sawadogo, « l’absence des deux pays est le signe que sur le plan institutionnel, le fonctionnement sera difficile».

S’il ne reste que 3 pays membres actifs, il faut songer, selon l’expert en sécurité, à changer la dénomination, car « le G5 Sahel était une organisation fermée, c'est-à-dire qu’au-delà des cinq pays, aucun autre pays ne pouvait être membre. Ils peuvent revoir, intégrer un autre pays, où bien changer carrément de dénomination ».

« Le Burkina gagnerait à se concentrer sur d’autres organisations comme l’initiative d’Accra, la CEDEAO où bien même à ‘’réchauffer’’ le Liptako Gourma pour pouvoir faire face à la lutte contre le terrorisme », conseille l’expert en sécurité.

Le Burkina Faso et le Niger comptent plaider pour le retour du Mali au sein du G5 Sahel, mais pour le spécialiste en sécurité il serait difficile pour le Mali de réintégrer le G5 Sahel parce que c’est Barkhane qui mène les opérations d’appui et aériennes. « Si le Mali accepte, il va aussi accepter que son territoire soit foulé encore une fois par Barkhane, chose que le Mali ne va plus concevoir », a-t-il affirmé.

Le G5 Sahel peut-il changer de partenaire ?

« Le G5 Sahel a pour ossature Barkhane ; il serait donc difficile de parler de changement de partenaires », selon Mahamadi Sawadogo.

L’expert en sécurité est convaincu que le mieux pour le Burkina Faso, c’est de laisser tomber le G5 Sahel et d’opter pour une autre organisation. « C’est vers cela que les autres pays sont en train de tendre. Par exemple l’initiative d’Accra, c’est cette organisation qui est en train de prendre le relais du G5 Sahel. Cette organisation a l’avantage d’avoir l’appui des pays côtiers, qui attirent beaucoup plus les bailleurs. La particularité de l’initiative d’accra, c’est qu’elle refuse tout financement extérieur. La meilleure solution, c’est de se rabattre sur l’initiative d’Accra, sinon ça va être difficile pour le G5 Sahel de ressusciter dans ses commissions », fait-il remarquer.

Mahamadi Sawadogo affirme que le G5 Sahel est une organisation mort-née, malgré la volonté du Burkina Faso de le redynamiser. « Cette organisation défend des intérêts institutionnels et non des intérêts stratégiques et opérationnels qui permettront au Burkina Faso de lutter contre le terrorisme », lance-t-il.

Pour Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité, le Burkina Faso gagnerait à opter pour d’autres alternatives et à se faire à l’idée que sans le Mali, le G5 Sahel ne peut pas fonctionner, d’autant plus que le Mali occupe une place stratégique.

Nafisiatou Vébama                                          

macrLa France a beau avoir expliqué la bonne foi de sa présence en Afrique, plusieurs Africains, la jeunesse en particulier, ne la croient pas. En témoigne tout le mal que se donnent les autorités françaises pour redorer l’image de l’Hexagone en Afrique. Cela s’est ressenti au cours de la récente venue d’Emmanuel Macron en Algérie. Plusieurs panafricanistes, analystes ou journalistes ont une fois de plus décrié l’attitude de l’autorité française. Radars Info Burkina s’est intéressé aux publications de quelques-uns.

« Emmanuel Macron en Algérie. A la différence de la tournée qu’il vient de faire dans les colonies du Cameroun, du Bénin et de Guinée-Bissau, vous verrez qu’il va choisir ses mots avec grand soin. S’il y a des gens qui ont appris aux Français à les respecter, ce sont les Algériens », écrivait Natalie Yamb sur sa page Facebook le 25 août 2022. Pour elle, d’autres pays comme le Mali et la République de Centrafrique sont des obsessions pour le président français, car leur émancipation équivaut « à la fin irrévocable de l’abondance pour les élites françaises… L’indépendance se conquiert et le respect s’impose », conclut-elle.

Ce point de vie est, en partie, partagé par Sébastien Chenu, français et vice-président de l'Assemblée nationale, qui a déclaré sur Europe1 que ce voyage de Macron a été une humiliation pour les Français. En réalité, dit-il, « Emmanuel Macron est allé s'agenouiller encore une fois devant un pays qui ne reconnaît rien ». Pour lui, ce voyage en Algérie « n'a servi à rien, à part ouvrir la porte à une immigration » et la France « n'a rien à gagner dans ce voyage, pas même de gaz ». Une autre action a retenu l'attention de Sébastien Chenu : le bain de foule improvisé d'Emmanuel Macron dans les rues d'Oran. « Finalement on a vu, à travers Emmanuel Macron, la France humiliée, se faire huer, se faire insulter, quand on a entendu des Algériens dire au président de la France, va te faire foutre, one, two, three, viva Algérie», lance le vice-président de l'Assemblée nationale.

D’autres web journalistes n’ont pas manqué de réagir aux déclarations du président français en Algérie. En effet, le président français a accusé la Russie, la Chine et la Turquie de nourrir un sentiment anti-français chez les jeunes algériens et africains. Yingping, dans une revue publiée sur Ondes sur Seine, a qualifié cette accusation de regrettable, lourde et sans fondement. « Accuser d’autres pays n’aidera pas les choses. Aussi, on ne peut pas les accuser en se basant sur des observations personnelles », a-t-elle déclaré. Pour elle, il est temps d’arrêter de considérer l’Afrique comme la chasse-gardée d’un pays ou d’un autre.

Etienne Lankoandé

aud uneLe ministre de l’Economie et des Finances, Seglaro Abel Somé, a été auditionné ce vendredi 2 septembre 2022 à Ouagadougou par la commission des finances et du budget. L’audition a porté sur l’ouverture de 230 comptes bancaires de façon illégale  par des structures publiques. Selon le président  de la Commission des finances et du budget (Comfib) de l’Assemblée législative de Transition (ALT), le Dr Yves Kafando, cette séance d’échanges   avec le ministre de l’Economie fait suite à sa communication  du 17 août 2022 au Conseil des ministres.

En effet, le ministre Somé a présenté trois rapports au Conseil des ministres du 17 août 2022 dont le troisième portait sur des comptes bancaires qui ont été ouverts dans des banques primaires. Au nombre de 230, ces comptes avaient été ouverts au profit des établissements publics.

Ainsi, à l’orée de l’examen de la loi de finances, exercice 2023, il était bon que la représentation nationale puisse échanger  avec le ministre des Finances pour cerner les contours et les motifs qui ont amené les uns et les autres à ces types d’ouverture de compte, a expliqué le président de la Commission des finances et du budget (Comfib).

A en croire le président de la Comfib, ces comptes n’ont pas suivi la procédure agréée. En effet, ce qui est reproché à ces comptes, c’est que pour ouvrir un compte dans un établissement primaire, en tant que structures publiques, il faut au préalable l’autorisation du ministre chargé des Finances. Mais ces banques ont ouvert les comptes sans l’autorisation du ministre chargé des Finances alors que ces structures publiques  utiliseront des fonds publics qui seront logés dans ces banques puisque ce sont des programmes et projets qui financent.

Aussi, le fonds public ressort du contrôle du ministre des Finances, donc il est nécessaire qu’il y ait au préalable une autorisation émanant du ministre des Finances, a indiqué le Dr Yves Kafando.

A sa sortie d’audience, le président de la Comfib dit être satisfait des échanges avec le ministre.

« Nous sortons ragaillardi au regard des échanges que nous avons eus avec le ministre, qui nous a donné les raisons qui ont motivé l’ouverture de ces comptes. Il ressort que certaines structures décident d’ouvrir des comptes afin de procéder à des exécutions budgétaires, des dépenses dans le cadre d’accélérer la procédure. Donc, ce n’est pas visiblement des comptes qui sont ouverts comme nous l’avons entendu. Nous avons cru que ce sont des comptes qui ont été ouverts et qui cachaient certaines pratiques. Mais le ministre nous a assuré qu’ils ont pu mener des investigations et que ces comptes existent depuis les années 2000 et contiennent plus de 68 milliards FCFA », a-t-il déclaré.

Des explications du président de la Comfib, on retient que ces comptes existent depuis les années 2000. En effet, bien avant 2015, les services du ministère de l’Economie ont effectué des missions dont certaines données ne se trouvaient pas dans leur base de données, à indiqué le Dr Yves Kafando.

De ce fait, « on peut dire visiblement que ces comptes ont été ouverts après les années 2015. En outre, courant  2000, il y a eu des contrôles qui ont abouti à la clôture de 86 comptes bancaires ; et en 2022, les services techniques du ministère de l’Economie ont travaillé pour assainir un peu ce phénomène. C’est ce qui a abouti, courant août, aux conclusions de 230 comptes ouverts illégalement », a révélé Yves Kafando.

aud 2

Selon lui, des mesures conservatoires ont été prises afin de rapatrier ces fonds dans le compte du Trésor public pour que cela puisse être utilisé dans le cadre réglementaire.

Par ailleurs, la représentation nationale s’engage  à accompagner le ministre de l’Economie et des Finances de sorte à pouvoir faire « germer » des lois pour durcir la procédure en la matière parce que les finances publiques sont des biens qu’il faut utiliser et cela doit s’encadrer dans la procédure, a-t-il conclu.

Quant au ministre de l’Economie et des Finances, le Dr Abel Seglaro Somé, interrogé sur les éventuelles sanctions qu’encourent les acteurs, il a répondue que les sanctions concernent essentiellement les banques fautives.

« Les sanctions prévues s’appliquent essentiellement aux banques et institutions financières qui procèdent à ces ouvertures sans vérifier l’autorisation au préalable. Ce sont des sanctions pécuniaires. Il y a un calcul qui est basé sur le solde des comptes. Une pénalité d’un certain pourcentage est appliquée et la banque devra la payer en fonction du nombre de comptes qu’elle possède », a-t-il précisé.

Pour ce qui est des agents du public, les sanctions seront définies selon les sanctions prévues dans le statut du fonctionnaire.

« Pour les agents publics, on peut envisager un ensemble de sanctions administratives. Si un agent ouvre un compte en connaissance de cause, la loi prévoit des sanctions. Aussi, dans les réflexions il pourrait être proposé de nouveaux types de sanctions en fonction du domaine concerné », a-t-il signifié. Pour l’heure, il s’agit d’une démarche pédagogique. Et d’après le ministre des Finances, les comptes qui ont été ouverts sans autorisation préalable du ministre de l’Economie pourraient subir deux sorts. « D’abord, dans la mesure où les structures et les banques concernées ont été saisies de la situation, elles sont en position de pouvoir justifier l’ouverture de ces comptes parce que l’autorisation est donnée sur la base d’un certain nombre de justificatifs », a expliqué Abel Somé. Et d’ajouter : « Pour les structures qui pourront produire ces justificatifs, nous allons procéder à la régularisation de ces comptes. Mais pour les autres structures qui n’auront pas des raisons, des motivations pour justifier l’ouverture, ces comptes seront fermés et les ressources déposées au trésor public ».

Par ailleurs, nous sommes actuellement dans une dynamique qui est un peu pédagogique dans la mesure où nous allons essayer de corriger un certain nombre d’insuffisance au niveau des textes parce que les sanctions sont prévues mais leur applicabilité posait quelques problèmes.

Mais avec les instructions et orientations données par le Conseil des ministres, il y aura une relecture des textes dans le sens de les corriger, de les améliorer et de faire en sorte que dorénavant les sanctions puissent être appliquées non seulement aux banques mais aussi aux structures ou aux responsables publics qui se livreraient à ce type de comportement à l’avenir, a précisé le ministre des Finances.

« Nous ne sommes pas là pour rejeter la faute à telle ou telle structure mais pour faire en sorte que les bonnes règles soient appliquées dorénavant », a-t-il conclu.

Flora Sanou

  1. Les Plus Récents
  2. Les Plus Populaires
  1. Articles vedettes