En marge de la 79è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, les délégations du Mali du Niger et du Burkina Faso, conduites respectivement par le Colonel Abdoulaye MAÏGA, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation du Mali, Bakary Yaou SANGARE ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l'Extérieur, et Karamoko Jean Marie TRAORE, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, ainsi que d’autres membres des gouvernements de l’AES, ont rencontré la diaspora de l’espace AES dans la soirée du 28 septembre à New-York.
Selon la direction de communication du ministère burkinabè des affaires étrangères, ce cadre d’échange initié par les Représentations diplomatiques et consulaires de l’AES aux Etats-Unis, a réuni pour la première fois les diasporas des trois pays de l’AES et leurs autorités de tutelle.
Les porte-paroles des diasporas des trois pays, ont tous exprimé le soutien indéfectible de la diaspora AES, à la vision et aux idéaux des Présidents Assimi GOÏTA, Abdourahamane TIANI et Ibrahim TRAORE.
Pour eux, « avec l’AES c’est l’intégration réelle des peuples, avec l’AES l’exploitation des ressources naturelles sera véritablement au profit des peuples, avec l’AES le terr0risme sera bouté hors de nos pays et le développement sera assuré ».
De ce fait, la diaspora AES a affirmé qu’elle fait bloc derrière les autorités des trois pays, car consciente que la vie et la survie des pays de l’AES dépendent aussi de l’accompagnement de leurs diasporas respectives.
Aussi, elle a pris l’engagement de rester unie et mobilisée, pour donner de la voix et accompagner la vision éclairée des autorités des trois pays, à travers diverses actions dont des manifestations qui connaissent d’ailleurs l’adhésion des ressortissants de pays de la sous-région.
Quant aux chefs de délégations de l’AES, ils ont tour à tour salué la forte mobilisation de la diaspora, preuve qu’elle adhère à la vision des chefs d’Etat, et signe de leur attachement au patriotisme et aux idéaux des Pères fondateurs de l’AES.
Ils ont encouragé la diaspora à véritablement apporter un soutien aux autorités, car le combat sera de longue haleine, mais la victoire est certaine avec une détermination des peuples de l’AES.
Ils ont aussi invité la diaspora à faire attention à la désinformation, et à toujours se fier aux sources officielles pour savoir ce qui se passe réellement dans les pays de l’AES.
La délégation burkinabè qui participe à la 79è Assemblée générale de l’ONU, a eu des rencontres dans la journée du 27 septembre, avec des responsables du Système des Nations Unies, informe le ministère des affaires étrangères.
Le ministre chargé des Affaires étrangères et ses collègues de la Santé et du Budget ont échangé tour à tour, avec la Directrice exécutive de l’UNICEF Catherine RUSSEL, le Directeur adjoint du Programme Alimentaire Mondial Carl SKAU, et la Sous-secrétaire générale des Nations Unies, Aminata MOHAMMED.
Avec ses personnalités du Système des Nations Unies, la coopération entre le Burkina Faso et les Agences des Nations Unies, ainsi que les perspectives de cette coopération, ont été passées en revue.
A l’occasion, la délégation burkinabè a présenté la situation réelle qui prévaut au Burkina Faso, la vision des autorités en place, et surtout les attentes vis-à-vis des partenaires multilatéraux et bilatéraux.
Le chef de la délégation burkinabè et ses collègues, ont indiqué à la partie onusienne, qu’aujourd’hui beaucoup de résultats ont été engrangés grâce à l’engagement des autorités mais aussi grâce au soutien des agences des Nations Unies, et qu’il est plus que jamais nécessaire de consolider ces résultats, à travers une mobilisation de moyens en soutien aux initiatives du gouvernement, pour relever les défis sécuritaires et de développement.
« Nous n’avons pas le droit de laisser les résultats de nos efforts se dissiper, au risque de se retrouver dans une situation où le coût de l’inaction sera plus amer. Et cet engagement des partenaires est attendu aussi bien pour le Burkina Faso que pour les autres pays de l’AES, car en apportant un appui au Sahel, c’est à toute la région ouest africaine que cet appui profitera », a soutenu Karamoko TRAORE.
Avec la sous-secrétaire générale de l’ONU, la délégation burkinabè a insisté sur la nécessité de construire une réponse robuste aux défis sécuritaires et de développement qui se présentent au Burkina Faso et au Sahel, mais cette réponse doit impérativement être trouvée en impliquant les Sahéliens.
Le chef de la diplomatie burkinabè a aussi expliqué les dangers et les risques auxquels les partenaires exposent les populations bénéficiaires de leurs programmes, en mettant en avant les principes au lieu de la réalité.
En outre, le ministre TRAORE a eu des échanges avec l’Administrateur de la Banque Mondiale chargé du Burkina Faso Abdoul Salam BELLO, sur la situation actuelle et l’avenir de la coopération entre cette institution financière internationale et le Burkina Faso.
Dans l’ensemble, les personnalités onusiennes ont eu une oreille attentive vis-à-vis de la délégation burkinabè, à en croire le service de communication du ministère des affaires étrangères. Elles ont fait la promesse de mener le plaidoyer, pour une mobilisation des partenaires au profit du Burkina Faso.
A l’occasion de la 79è Assemblée générale de l’ONU à New-York, Karamoko Jean Marie TRAORE, ministre des Affaires étrangères de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, et Hon M. Kalani KANEKO, ministre des Affaires Etrangères et du Commerce des Iles Marshall, ont procédé dans la soirée du 26 septembre, à la signature d’un communiqué conjoint sur l’établissement des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et les Iles Marshall.
Selon la direction de communication du ministère des affaires étrangères, le communiqué indique que les gouvernements des deux pays, désirent à travers cet acte, promouvoir la compréhension mutuelle et renforcer leur amitié et leur coopération.
Pour le chef de la diplomatie burkinabè, c’est un pas important qui vient d’être franchi dans les relations entre le pays des Hommes intègres et les Iles Marshall.
« Les Iles Marshall et le Burkina Faso ont déjà eu à collaborer ensemble dans le cadre de soutien mutuel de candidatures, mais aujourd’hui nous venons de consigner cela dans un cadre juridique, qui va désormais accompagner nos actions, et qui va nous offrir davantage de possibilités de travailler ensemble dans le cadre de la coopération bilatérale », s’est réjoui, Karamoko Jean Marie TRAORE.
De son côté, le chef de la diplomatie des Iles Marshall a également exprimé sa satisfaction, de voir cette nouvelle ère qui s’ouvre dans les relations entre son pays et le Burkina Faso.
« Nous allons travailler maintenant à concrétiser ce qui est écrit dans le document que nous venons de signer. Nous sommes très honorés de nouer un partenariat avec le Burkina Faso, un pays qui est à nos yeux une famille. Nous sommes très reconnaissants du Burkina Faso et de son peuple, et nous allons travailler à renforcer ce partenariat au bénéfice des peuples de nos deux pays », a affirmé Hon M. Kalani KANEKO.
En signant le document établissant leurs relations diplomatiques, les gouvernements des deux pays disent être guidés par les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, notamment le respect et la promotion de la paix et de la sécurité internationales, l'égalité entre les Etats, le respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale, de l'indépendance et des traités internationaux, ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.
Les Iles Marshall ou les Marshall sont un État de Micronésie, en Océanie. C'est un archipel dont l'indépendance vis-à-vis des États-Unis, a été reconnue officiellement en 1990.
Le Pôle Judiciaire spécialisé de lutte contre le Terr0risme Et la Criminalité Transnationale Organisée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ont ouvert une enquête contre le journaliste de la chaine française France 24, Wassim Nasr, soupçonné d'être de connivence avec des terr0ristes dans le Sahel, au regard de son soutien flagrant et répétitifs aux groupes terr0ristes actifs dans le Sahel.
Selon trois communiqués publiés simultanément, ce journaliste s'adonne à des commentaires tendancieux au lendemain de chaque attaque terr0riste commise contre les Etats de la Confédération des Etats du Sahel.
Au Burkina, « lors de l'attaque terr0riste commise à Djibo le 29 novembre 2023, invoquant « ses sources propres », il a expliqué le mode opératoire employé par les terr0ristes, tout en spéculant sur le nombre de victimes et les dégâts matériels ».
Sa dernière sortie en date remonte au 17 septembre 2024 où, suite aux attaques terr0ristes perpétrées à Bamako, il indiquait clairement être en contact avec les assaillants qui lui communiquaient en temps réel les objectifs de leurs attaques, leurs positions, les différentes cibles visées ou atteintes et le bilan humain et matériel y consécutif, indiquent les communiqués.
Les pôles judiciaires spécialisés de lutte contre le Terr0risme des trois pays de l'AES, estiment que l'analyse combinée des différentes interventions de Wassim NASR sur les différents médias où il intervient, « laisse apparaître des prises de position et des commentaires s'assimillants à des actes de publicité et de soutien flagrants aux terr0ristes et aux actions des groupes armés terr0ristes sévissant au Sahel ».
Or « ces actes s'analysent pénalement comme pouvant constituer des infractions à la loi pénale, notamment celles d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terr0riste, d'apologie du terr0risme et de complicité d'actes de terr0risme ».
C'est pourquoi le Burkina, le Mali et le Niger ont décidé de l'ouverture d'une enquête contre lui et tous autres auteurs, coauteurs et complices des chefs des faits d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terr0riste, d'apologie du terr0risme et de complicité d'actes de terr0risme ci-dessus spécifiés, afin qu'ils répondent de leurs actes devant la Justice.
Les procureurs saluent le professionnalisme et la bravoure des Forces de Défense et de Sécurité de la Confédération des Etats du Sahel et rassure l'opinion qu'une enquête diligente sera menée pour faire toute la lumière sur ces faits graves et mettre leurs auteurs, commanditaires et complices hors d'état de nuire.
Dans le cadre de la 79è Assemblée générale de l’ONU, il s’est tenu ce jeudi 26 septembre 2024, une réunion de haut niveau, pour commémorer et promouvoir la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, informe le ministère des affaires étrangères.
Le Burkina Faso à travers une déclaration lue par Karamoko Jean Marie TRAORE chef de délégation, a réitéré son engagement en faveur du Traité de Non-Prolifération (TNP) nucléaire et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).
Selon le ministre des Affaires étrangères, le Burkina Faso se réjouit de la convocation de cette réunion consacrée à l'élimination totale des armes nucléaires, car dit-il, « la sécurité et la paix que nous appelons de tous nos vœux ne peuvent être réalisées avec les velléités de course aux armes nucléaires qui, à l’évidence, constituent un frein à l’édification d’un monde pacifique et sécurisé. Pour cette raison, le Burkina Faso appelle toutes les parties prenantes à œuvrer pour un monde exempt d'armes nucléaires, en tenant compte de la responsabilité particulière des États qui s'en sont déjà dotés ».
À la tribune de cette réunion, la délégation burkinabè a également appelé à la promotion de l’utilisation pacifique de l’atome en réponse aux crises énergétiques, tout en expliquant l’engagement du pays des Hommes intègre pour le nucléaire civile.
« Le Burkina Faso est favorable à la coopération internationale qui promeut l'énergie nucléaire au profit du développement socio-économique de nos Etats. C’est à ce titre que mon pays s’est engagé dans le processus de développement de centrales nucléaires avec l’aide de partenaires sincères. C’est aussi pour résoudre les innombrables défis énergétiques auxquels le Burkina Faso est confronté de manière permanente que, notre Gouvernement a décidé d’installer une centrale nucléaire civile au Burkina Faso avec l’aide de partenaires sincères », a précisé le ministre TRAORE.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie burkinabè a formulé le vœu de voir la communauté internationale parvenir à un monde débarrassé des armes nucléaires, pour préserver l’humanité.
A l'issue de la cérémonie d'ouverture de la 6e édition du forum économique Iran-Afrique le samedi 27 avril 2024 à Téhéran, le Premier minister, Dr Apollinaire Kyélem de Tambèla, a demandé l'aide de l'Iran pour construire des infrastructures au Burkina en vue de contribuer au développement économique du pays, selon une vidéo publiée par la primature du Faso. Le Burkina Faso est le pays invité d'honneur à ce forum qui se tient du 27 avril 2024 au 1er mai 2024.
"De tous les continents du monde, c'est le continent africain qui est le moins développé actuellement. C'est le continent africain où il y a encore beaucoup de choses à faire.
Nous avons des routes à construire, nous avons des hôpitaux, des universités, des industries de transformation à construire.
(...). Pour que le monde change, il a fallu de grands découvreurs.
Si je prends l'exemple de l'Europe, il a fallu Marco Polo qui est parti en Chine pour ramener la technique de fabrication des pâtes alimentaires.
Il a fallu encore Christophe Colomb pour aller en Amérique et montrer le chemin de l'Amérique aux Européens. Ce qui a contribué à l'épanouissement du continent européen.
Donc actuellement, nous avons besoin aussi de combattants et des découvreurs de cette époque-là.
Comme nous sommes ici en Iran, nous avons besoin de capitaines d'industries iraniens qui vont venir nous aider à transformer nos pays, à construire les routes, à construire les chemins de fer, à construire les hôpitaux, à installer des industries de transformation, à mettre en place des producteurs d'énergies. Voilà ce dont nous avons besoin".
Tels sont les propos du Chef du gouvernement du haut de la tribune de ce forum à Téhéran.
Le chef de l’État, président de la république du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a reçu en audience ce lundi 22 avril 2024, le Président du Conseil européen, Charles Michel, en visite à Dakar. Les échanges ont porté sur la coopération variée entre le Sénégal et l’Union européenne.
Selon la présidence du Sénégal, le Président du Conseil européen, Charles Michel a exposé sa vision d’une collaboration approfondie entre le Sénégal, l’Europe et la communauté internationale en général. Il aspire à un partenariat repensé, rénové et fécondé par une vision partagée d’un ordre international plus juste, reflétant les réalités du monde actuel.
« Un partenariat adapté aux mutations et capable de soutenir la dynamique novatrice que nous voulons insuffler à nos relations. Je lui ai donc notifié que les amis et partenaires du Sénégal sont invités à nous accompagner dans la réalisation de notre programme pour un Sénégal souverain, juste et prospère dans une Afrique en progrès », a déclaré le chef de l’État sénégalais au cours de l’audience.
Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a également abordé avec le Président Michel les priorités du Sénégal, axées sur un modèle économique endogène d’industrialisation, avec le secteur primaire comme point de départ. « J’ai évoqué avec le président Michel nos priorités qui s’articulent autour d’un modèle économique endogène et d’industrialisation avec comme rampe de lancement le secteur primaire », a-t-il laissé entendre.
En définitive, « nous avons convenu d’œuvrer ensemble au renforcement de notre coopération par une démarche repensée et apte à soutenir nos objectifs. Ensemble, nous voulons faire plus et mieux dans la relation euro-sénégalaise », soutient le président Bassirou Diomaye Faye.
Le peuple sénégalais s'est rendu aux urnes le samedi 24 mars 2024 pour choisir le cinquième président de la république. Dès la soirée du dimanche, les tendances révélaient le candidat de l'opposition Bassirou Diomaye Faye comme vainqueur du scrutin avec 56,13% des voix. En attendant les résultats officiels de la commission électorale, Radars Info Burkina a contacté Mamadou Lamine BA, journaliste sénégalais, consultant en médias et communication, pour qu'il donne sa lecture sur cette actualité politique. Diplômé du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a travaillé dans plusieurs médias sénégalais et étrangers, dont la radio internationale allemande, la Deutsche Welle, et est présentement, rédacteur dans un journal privé et consultant en médias et communication.
Radars Info Burkina : Quelle perception avez-vous des tendances des résultats provisoires en attendant les résultats officiels de la commission électorale ?
Mamadou Lamine BA: D’abord, je me félicite de la tenue de cette élection qui a charrié tant de tension, de pression et de stress collectif. A un moment, il y a eu des incertitudes qui ont inquiété plus d’un citoyen sénégalais. Il y a eu finalement élection et à la fermeture de bureaux, une tendance s’est dégagée entre un candidat de l’opposition et le candidat de la mouvance présidentielle. Tard dans la nuit du 24 mars 2024, cette tendance indiquait une nette avance du candidat Bassirou Diomaye Faye sur ses concurrents. Lundi, en début d’après-midi, le candidat Amadou BA a appelé et félicité le jeune vainqueur pour sa victoire dès le premier tour. A sa suite, Macky Sall a félicité Bassirou Diomaye Faye, concédant ainsi la défaite du camp du pouvoir sortant. C’est un soulagement général dans le pays et c’est tant mieux.
Radars Info Burkina : Bassirou Diomaye Faye a été libéré de la prison le 14 mars 2024, après y avoir passé 11 mois pour outrage à magistrat, diffamation et diffusion de fausses nouvelles, peut-on parler d'un retour de Nelson Mandela à la Sénégalaise ?
Mamadou Lamine BA: Oui, symboliquement, on peut l’estimer ainsi. Lui-même ne l’a jamais imaginé ainsi. C’est également dire que les secrets du Seigneur sont insondables.
Radars Info Burkina : De votre point de vue, le candidat du Pastef Bassirou Diomaye Faye, annoncé comme probable Vainqueur, peut-il être l'homme de la situation du Sénégal ?
Mamadou Lamine BA: Je ne crois pas à un messie à la tête d’un pays. Maintenant, c’est lui qui est élu, c’est lui le nouveau Chef de l’Etat qui va devoir prouver qu’il a les épaules assez larges pour supporter la charge de Président de la République parce que le poste de Président de la République est très sérieux. C’est des décisions parfois difficiles à prendre, c’est des arbitrages, c’est des conciliations, c’est la diplomatie, c’est la transparence dans la gestion des affaires publiques avec des acteurs parfois plus enclin à œuvrer pour leurs propres intérêts que pour l’intérêt général. La situation du Sénégal n’est pas si critique que certains veulent la présenter mais il y a des défis à relever et il n’aura pas de période de grâce, tant les attentes sont nombreuses, les défis sont majeurs et les sénégalais sont devenus hyper exigeants, notamment les jeunes. Son parti a beaucoup mis de la pression sur le régime sortant, il y aura forcément un retour du bâton. S’il s’entoure des hommes qu’il faut et qu’il fasse preuve d’attention et d’ouverture, il peut avancer sans grands obstacles. Mais il lui faudra beaucoup de courage, d’énergie, de tolérance et de patience pour diriger le Sénégal.
Radars Info Burkina : Lors de sa campagne, il parlait d'un régime présidentiel moins fort, où l'accent serait mis sur un régime parlementaire, selon vous est-ce une bonne idée ?
Mamadou Lamine BA: C'est l'expression d'un souhait parce qu'effectivement au Sénégal, on constate un pouvoir presidentialiste hyper fort. Le Président de la République a trop de pouvoirs au Sénégal. Il a droit sur tout, il a beaucoup de pouvoir entre ses mains. Il décide quasiment seul dans des domaines divers et sur plusieurs dossiers. Certains estiment qu’il faut les réduire, d’autres pensent que c’est parfois nécessaire dans un contexte africain où certains citoyens abusent de la démocratie, telle qu’elle est importée de l’Occident. Il me parait utile d’encadrer ces pouvoirs par des contrepouvoirs institutionnalisés.
Dans la réalité on ne sait pas ce que ça va donner mais d'ores et déjà, il ne peut pas d'un coup de baguette magique balayer, ce qu'il a trouvé comme système institutionnel et remplacer par un nouveau système. Il va falloir qu'il propose une loi à l'assemblée nationale pour ajouter le poste de vice-président dans la nomenclature des institutions de la république. Sinon il ne peut pas se lever un bon jour, prendre un décret pour l'imposer, ce n'est pas possible.
Je souhaite par exemple, que pour choisir certaines personnes pour diriger certaines institutions du pays, que ce soit un appel d’offre.
Je souhaite que les rapports d’enquête de l’Inspection Général de l’Etat soient directement transmis directement au Procureur de la République et non mis à la disposition du Président de la République qui, selon que les gestionnaires épinglés sont des proches, des parents ou amis, peut les classer sans suite ou les transmettre à la justice.
C’est une exigence du peuple sénégalais qui ne comprend pas que les voleurs de poulets soient punis et que les voleurs de milliards soient épargnés. Maintenant, je ne vois pas comment il va instaurer un régime parlementaire sans un projet de Loi voté à l’assemblée nationale. Encore que rien n’assure que cette Loi passe avec la composition actuelle du parlement. Je peux également comprendre qu’il mette à ses côtés quelqu’un comme Ousmane Sonko et des gens expérimentés qui l’assistent mais je ne crois pas au partage du pouvoir, dans un contexte africain. Dans notre socio-culture, quand on arrive à une instance de décision, surtout celle de Président de la République, c’est perçu comme une opportunité de s’enrichir par les parents, la communauté, les collègues et les amis. Pire, les engrenages du pouvoirs sont étroits et les désirs individuels peuvent parfois prendre le dessus sur l’intérêt général ou même les accords politiques. Je peux citer l’exemple de l’actuel président Gambien, Adama Barrow. En 2016, il avait conclu avec Oussainou Darboe que s’il était élu, il ferait trois ans au pouvoir et il démissionnerait. La suite, on la connait. Aujourd’hui, il est à son deuxième mandant. C’est dire, comme le disait Jacques Chirac, que les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. Mieux, Abdoulaye Wade disait, dans le même ordre d’idées, que les promesses politiques n'engagent que ceux qui y croient. Je crains qu’il y ait des malentendus dans les rangs du nouveau parti au pouvoir parce qu’il y aura forcément des gens qui se sont battus et qui vont réclamer des dividendes politiques de leurs efforts. Et c’est là où les premiers clashs vont éclater entre eux.
Radars Info Burkina : L'on sait que Faye a été désigné comme candidat de substitution par Ousmane Sonko lui-même, si toutefois celui-ci remporte la victoire des urnes, pensez-vous que Sonko aura une influence ?
Mamadou Lamine BA: Ousmane Sonko aura forcément une influence sur le Président FAYE. Ils ont cheminé ensemble depuis des années. Ousmane était le maitre à penser du Pastef et Bassirou est réputé être un des plus fidèles à Ousmane Sonko. Pendant la campagne, les sénégalais ont constaté qu’il a beaucoup de limites dans son raisonnement et dans sa manière de s’exprimer. Il a un langage corporel à parfaire et une présentation physique à améliorer pour correspondre au statut de Chef de l’Etat. La République, c’est l’élégance et ses premières sorties en tant que Président de la République, lundi soir, ont déçu de nombreux concitoyens. Il a effectivement besoin d’être coaché et assisté et Ousmane Sonko va devoir jouer un rôle à ses côtés pour l’aider à porter le lourd fardeau du manteau de Président de la République. Maintenant, s’ils ne font pas attention, ça risque de créer une dualité à la tête du pays, comme on en a connu entre Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre, Idrissa Seck mais également entre Macky Sall et son ancien ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé. C’est une complémentarité qui nécessitera beaucoup d’habileté et d’humilité.
Radars Info Burkina : Aux termes du mandat de Bassirou Faye si toutefois il remporte les élections, est-ce que Sonko voudrait éventuellement se présenter comme candidat malgré les charges qui pèsent contre lui en justice et qui ont prévalues à son incarcération ?
Mamadou Lamine BA: Je pense que Diomaye ne va pas terminer son mandant. Le schéma que je vois, c’est qu’il va dissoudre l’Assemblée Nationale et organiser des nouvelles élections législatives. Et si Ousmane Sonko passe comme président de cette institution, Diomaye démissionne de la présidence de la République et ce dernier le remplace, comme le dispose la Loi constitutionnelle. Si ce schéma se confirme, Diomaye ne sera donc pas candidat en 2029. C’est Plutôt Ousmane Sonko, en tant que Chef de l’Etat, qui va se représenter. C’est cette éventualité qui me parait vraisemblable.
Dans cette interview qu’il a accordée à Radarsburkina.net, le diplomate et Dr en sciences politiques, par ailleurs ancien président de l’Assemblée nationale du Burkina, Mélégué Maurice Traoré, donne sa lecture de certains points saillants des conclusions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu le 24 février 2024 à Abuja.
Radars Info Burkina : La CEDEAO a levé les sanctions contre le Niger. N’est-ce pas la menace des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de se retirer de l'organisation communautaire qui a contraint cette dernière à lever ces sanctions ?
Mélégué Traoré : C’est possible, bien que, personnellement, je ne croie pas à cette thèse. De toute façon, ils se sont déjà retirés. Même si la procédure n'est pas encore arrivée à son terme, il n’y a plus de pression. Je pense que la CEDEAO n'aurait pas pu continuer avec ces sanctions. Celles-ci ont été une erreur dès le départ.
Radars Info Burkina : Pourquoi une erreur ?
Mélégué Traoré : Parce que la situation terroriste est complexe et qu'il ne faut pas trop simplifier les solutions. Le fait d'avoir pris des sanctions n'était pas raisonnable.
Il ne revient pas à la CEDEAO de gérer la politique intérieure des États. Les États se sont regroupés dans l'optique de la coopération régionale et, si possible, de l'intégration régionale parce que ce sont deux choses différentes ; ça ne veut pas dire qu'ils ont perdu leur autonomie institutionnelle, politique, leur indépendance et leur souveraineté ! Si vous prenez des sanctions et que l'État contre lequel vous les avez prises n'obtempère pas, qu'allez-vous faire ? Quand c'est comme ça, on aboutit toujours à l'impasse et c'est ce qui s'est passé.
La CEDEAO est dans son rôle en suivant les textes qu'elle-même s'est donnés et qui ont été signés par tous les pays membres, dont ceux de l’AES. Mais, même l'application des textes doit être faite avec beaucoup d'intelligence. En matière internationale, ce n'est pas un domaine où tout est bon ou mauvais. Il y a toujours un espace entre les deux qui permet aux différents acteurs, c'est-à-dire la CEDEAO et les trois États, spécifiquement le Niger, de trouver des points de concordance.
L'organisation, d'après ce que je sais, s'est aperçue que sa position était difficilement explicable, tenable à l'égard des populations, surtout s'agissant d'un domaine comme le terrorisme où personne ne sait quelle voie prendre.
Les populations souffrent énormément, de même que les gouvernements. Même les organisations internationales, y compris les Nations unies, ne savent que faire.
Celui qui a été le théoricien, le maître du terrorisme au XVIIIIe siècle en Europe, Netchaïev, avait une devise incroyable : "À toute vapeur à travers la boue, détruisez tout. Il ne restera debout que ce qui est fondamentalement bon". Ça veut dire : "Allez-y sans peur, détruisez tout. Si quelque chose tient, c'est que c'était bon". Des gens qui raisonnent de la sorte, que pouvez-vous faire contre eux ? Donc pratiquement tout le monde est désarmé devant le terrorisme.
Je pense que c'est à cause de cela que la CEDEAO est revenue à de meilleurs sentiments. Elle a certainement compris qu'il fallait rectifier le dilemme, parce que même ça, ça ne résout pas entièrement le problème. Et nous, les trois Etats concernés, ce n'est pas parce qu'on quitte la CEDEAO que le terrorisme va finir, mais bien le contraire.
Radars Info Burkina : La CEDEAO veut échanger avec l'Union africaine, l'UEMOA, l'ONU et d'autres organisations internationales, ainsi qu'avec les partenaires bilatéraux, sur le départ du Burkina, du Mali et du Niger en vue de convaincre ces 3 pays de rester dans la Communauté. Cette main tendue ne traduit-elle pas une faiblesse de l’organisation ?
Mélégué Traoré : Non, la CEDEAO réagit comme n'importe quel organisme international qui évalue son action régulièrement. Si elle fait une bonne évaluation de cette situation, je crois que c'est ce qui est en train de se passer, elle ne pouvait que prendre cette décision.
Je ne crois pas qu'elle aurait pu agir autrement. C'est une occasion de discuter. Tout le monde reconnaît que ce n'est pas facile pour l'institution mais en même temps elle ne peut pas abandonner ses principes.
Donc elle est prise entre deux feux. Mais ce qu'on doit toujours regarder, c'est quel est l'objectif qu'on vise quand on prend des décisions. Est-ce qu'il y a des chances que les décisions qu'on prend aboutissent à l'objectif visé ? C'est pour cette raison que ce n'est pas une faiblesse pour moi. C'est dans l'ordre normal des choses.
Radars Info Burkina : Le Burkina, le Mali et le Niger vont-ils accepter de revenir sur leur décision comme le souhaite la CEDEAO ?
Mélégué Traoré : Personne ne peut préjuger. Les décisions de cette nature ne sont pas prises une fois pour toutes. On ne peut pas se passer de la CEDEAO. À mon avis, tôt ou tard, on reviendra à la CEDEAO.
Je vois mal comment nous, qui sommes au cœur de l'Afrique de l'Ouest, pouvons être coupés du reste de la sous-région, sans compter que la CEDEAO a été créée en grande partie pour aider les pays sahéliens. Les pays côtiers ont beaucoup de possibilités, avec des ports, des richesses ; ils n'ont pas de problème de pluviométrie. La seule ville d'Abuja est plus riche que tout le Burkina et même toute l’AES. Les Sahéliens ont beaucoup lutté pour la création de la CEDEAO. Tout le monde s'organise par région et c'est nous seuls qui allons nous fractionner ? Cela sert à quoi ?
Sans la CEDEAO, personne ne nous écoute à l'ONU. Lorsque nous avons un problème au niveau des Nations unies, c'est par la CEDEAO qu'on passe pour se faire entendre parce que tous les pays se réunissent pour parler. En Afrique de l'Ouest, l'ONU n'écoute que le Ghana, le Nigeria, le Sénégal et la Côte d'Ivoire. La création de cette institution a été un grand progrès dans le processus d'intégration de l'Afrique et de l’unité africaine. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut tout accepter. En relations internationales, il faut toujours jouer intelligemment et habilement. C’est pourquoi je dis qu’on pourrait très bien revenir dans la CEDEAO. S'il est vrai qu'un gouvernement peut décider de quitter la CEDEAO tout à fait souverainement, un autre gouvernement peut décider, tout aussi souverainement, de retourner à la CEDEAO.
La manière dont on a usé pour décider de quitter la CEDEAO, de la même manière, on pourrait décider d’y revenir, ça ne pose pas problème. Je ne vois pas l'intérêt qu'on a à être hors de la CEDEAO pendant longtemps. Si on le fait, c'est nous qui serons perdants et non l'organisation.
C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup pensent qu’il vaut mieux impliquer la population dans la prise des décisions sous forme de référendum, par exemple.
C’est vrai que les conditions ne sont pas bien réunies actuellement, puisqu’on est en situation spéciale. Mais en situation normale, on n’aurait pas pu quitter l’organisation de cette façon, par la décision du seul gouvernement, ça n’allait pas être possible surtout qu’on n’a même pas entendu l’Assemblée législative de transition, qui représente la population, sur cettequestion.
Radars Info Burkina : C’est vrai qu’on est dans une situation particulière, mais lorsqu’on observe les réactions de la plupart des citoyens, on a l’impression que ces derniers sont d’accord avec la décision. Certains pensent même que ces Etats ont trop tardé à se retirer.
Mélégué Traoré : Qui vous a dit ça ? Ce sont les citoyens qui s’expriment sur les réseaux sociaux ! Vous croyez sincèrement que le paysan de Kankalaba chez moi, ou le cultivateur de Yéguéresso, ou celui de Matiacoali, de Garango ou encore celui de Zorgho, savent de quoi il s’agit ? La plupart ne savent pas de quoi il s’agit. A part les intellectuels, ils ne connaissent pas les enjeux qu’il y a derrière cette décision.
Aujourd’hui, l’information et l’influence qu’on exerce sur l’individu, c’est le jeu de l’ambiance. Quand l’ambiance est favorable à un point, tout le monde va là-bas ; si elle n’est pas très favorable, tout le monde se retire. C’est ce qui est en train de se passer actuellement.
La plupart, y compris même les intellectuels, ne sont pas capables de vous citer deux articles du traité de la CEDEAO. Comment vous pouvez apprécier quelque chose que vous ne connaissez pas ? Les gens ne voient pas tous les enjeux ! Rien que pour les préférences communautaires, un ancien haut cadre très compétent du Burkina m’a expliqué que chaque jour qui passe, les trois pays engrangent trois milliards de francs CFA grâce au traitement préférentiel au sein de la CEDEAO. La population n’a pas cette information ! Elle voit seulement que la CEDEAO n’a rien envoyé comme nourriture, comme arme, etc. Je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes sur ce plan. Si demain on décide de revenir, croyez-moi, la même population va applaudir.
Radars Info Burkina : Pensez-vous que ces gouvernements de transition vont accepter ce retour ?
Mélégué Traoré : Je ne désespère pas. Ce qu’il faut trouver actuellement avec la CEDEAO, ce sont des mécanismes de coopération parce qu’on aurait pu très bien créer l’AES et la faire vivre de façon dynamique sans avoir besoin, pour autant, de quitter la CEDEAO. La preuve : l’UEMOA, le Conseil de l’entente, le Liptako Gourma, etc., sont dans la CEDEAO. Ça ne les empêche pas de vivre librement.
Tout compte fait, deux choses sont importantes. Il faut applaudir les chefs d'État des trois pays parce qu'ils sont entrés dans un processus de coopération étroite entre les pays, la coopération régionale, ce que nous n'avons jamais fait jusqu'à présent. Le seul problème, c'est qu'on a voulu faire en sorte que ce soit à l'encontre de l'espace communautaire. Sinon, on devrait applaudir que ces trois pays soient arrivés à l'idée d'une Confédération, ce qui a toujours fait débat au Burkina particulièrement.
Le Mali et le Burkina se sont fait la guerre à deux reprises. Et si ces pays arrivent aujourd'hui à s'unifier, il faut applaudir ! Néanmoins, c'est le cadre qui devrait, tôt ou tard, être corrigé à mon avis.
Quant à ceux qui disent que ce retrait est définitif, que c'est une décision de non-retour, quelqu'un qui dit ça n'a jamais touché aux affaires, il ne sait même pas comment le gouvernement fonctionne.
Il n'y a pas de non-retour pour un État. Surtout en diplomatie, en politique étrangère, tout est toujours possible. La décision qu'on prend aujourd'hui, demain on peut très bien revenir là-dessus et trouver les arguments pour l'expliquer.
Si d'aventure on change, vous verrez les arguments qui vont être utilisés pour convaincre la population, et la même population va applaudir encore, c'est comme ça.
Radars Info Burkina : Selon le communiqué, le retrait de l'AES pourrait conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale. Qu'en pensez-vous ?
Mélégué Traoré : Bien sûr ! Le Mali, le Burkina et le Niger sont des pays très faibles. La force de la diplomatie ouest-africaine, quand on prend chaque pays individuellement, vient en grande partie de la CEDEAO et de l'UEMOA. A l'ONU, par exempe, si le Burkina veut prendre une position, il se concerte avec les 14 autres pays de l'organisation pour que ces derniers le soutiennent. Si donc on n'est pas à la CEDEAO, on fait quoi à l’ONU ? Ça sera très difficile.
Bien sûr, le terme "isolement" est peut-être trop fort. Il est clair que ces pays vont continuer à avoir leurs diplomaties, leurs relations bilatérales, etc., mais ils ne pourront pas maintenir leur capacité qu'ils ont actuellement. Cet isolement ne nous fera pas du bien et j'espère qu'on ne va pas en arriver là.
Radars Info Burkina : Est-ce à dire que ces trois pays seront affaiblis si la situation perdure ?
Mélégué Traoré : Bien sûr, sur le plan des relations internationales, ils seront affaiblis. Regardez dans le monde entier, l'ancien secrétaire général de l'ONU Javier Perez de Cuellar disait que le monde d’aujourd’hui est un monde de fusion, mais pas un monde de fission. Les pays ont tendance à se retrouver. Il n’y a plus aucune partie du monde où des pays se coupent du reste. La tendance générale aujourd’hui, quand on est dans une situation donnée, c’est d’aller à la fusion, au rapprochement, pas l’inverse. C’est pourquoi je pense que la situation n’est pas désespérée.
Radars Info Burkina : A entendre la CEDEAO, ce retrait aura une incidence sur les citoyens des 3 pays partants en matière d'immigration, puisqu'ils devront peut-être obtenir un visa pour pouvoir voyager dans la région. De plus, ces pays cesseront d'utiliser le passeport, la carte d'identité nationale biométrique de la CEDEAO et l'assurance automobile. Par ailleurs, les citoyens des pays de l’AES pourraient ne plus bénéficier du droit de résidence ou de création d'entreprises, prévus par les accords de la CEDEAO. Ces affirmations sont-elles une forme de sanctions contre ces pays ? Ou est-ce simplement une manière de leur mettre la pression pour qu’ils renoncent à leur retrait de la CEDEAO ?
Mélégué Traoré : La CEDEAO va trop loin. Tout ce qu’elle dit, il faut le placer dans l’ensemble du corpus, parce que pour des pays comme le Burkina, le Mali et le Niger, une bonne partie de leur population vit sur la côte. Regardez les millions de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire ; supposez un seul instant que ce pays décide de renvoyer tous les Burkinabè, vous croyez que quel gouvernement va résister ? Il va tomber et c’est pareil pour le Niger ainsi que le Mali.
Or les migrations de ces pays du Sahel vers le Sud Côtier se font toujours dans les mêmes pays : Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin, Togo, Sénégal. En termes de travail, de revenus, il est impossible pour ces pays de se couper de la CEDEAO. Ça ne marchera pas. Même si ça marchait au niveau des gouvernements, les populations, même ceux qui applaudissent, continueraient d’aller en Côte d’Ivoire, au Nigeria ou au Ghana ; ça, il n’y a rien à faire ! C’est pourquoi je crois que tous les points qui ont été cités par la CEDEAO sont sensibles. Mais pour le moment, il ne s'agit pas de sanctions. C'est plutôt une forme de menaces. Et la mise en œuvre de telles sanctions serait difficile
En plus, chaque pays est souverain. Si la CEDEAO dit que les Burkinabè ne peuvent plus aller dans les autres pays de la région ou si un pays côtier décide, par les accords bilatéraux, de recevoir les ressortissants burkinabè, qu'est-ce que la CEDEAO peut faire ? Dans les accords de l'organisation, il y a toujours cette dimension. Donc, il y a des choses qu'on ne peut plus faire, une fois qu'on a enterré les accords de la CEDEAO. Je crois qu’on n’en arrivera pas là.
Pour moi, la diplomatie dans ces trois pays devrait consister à monter de véritables mécanismes et des groupes de contacts avec la CEDEAO comme institution, mais avec les pays pris individuellement et qui sont dans la CEDEAO.
Par exemple, un pays comme le Togo est très souple sur ces questions, parce qu’il a très vite compris la situation et ne raisonne pas de façon tranchée. Ainsi, je pense qu’il faut que les trois pays rejoignent de nouveau la CEDEAO de manière plénière. C'est une autre forme de diplomatie que les trois pays devraient réinventer, au niveau des orientations mais aussi du personnel diplomatique.
Ils doivent constituer de véritables corps de négociateurs. Ce n'est pas encore le cas, mais je pense qu'il faudra le faire, c'est-à-dire trouver des diplomates qui s'occuperont de ce volet, qui seraient très sensibles et qui connaissent bien ces questions. Il y en a dans les trois pays ; il faut juste les sélectionner.
Radars Info Burkina : La CEDEAO a réaffirmé l’urgence d’accélérer l'opérationnalisation de la force en attente pour lutter contre le terrorisme dans la région. Une telle décision est-elle tardive, vu que depuis 10 ans les pays du Sahel font face au terrorisme ?
Mélégué Traoré : Il n'y a jamais de décision tardive dans ce domaine. L'essentiel est que la force puisse être véritablement opérationnelle. C'est cela, le plus important. De toute façon, ce n'est pas pleurnicher sur le fait qu'on est en retard. Qu'est-ce qu'on y peut ? Il faut chercher maintenant à combler le retard qu'on a pris. Et ça, c'est possible. C'est maintenant qu'on va s'apercevoir que si on opérationnalise les mécanismes de la CEDEAO et s'ils sont bien appliqués, ils peuvent être bénéfiques à tous les Etats.
Face au terrorisme, c'est vraiment un des points clés. J'étais inquiet dans cette situation que nous traversons avec l'institution par le fait qu'elle ne trouvait pas des armes pour nous aider mais tout d'un coup, ils prennent des armes contre le Niger. C'était contradictoire. C'est la volonté politique. C'est vrai que la question du terrorisme n'est pas facile, mais s'il y a la volonté politique, ça peut soulager les États.
Par ailleurs, il faut savoir que ce ne sont pas les trois pays seulement qui sont victimes du terrorisme. D'autres pays sont aussi en proie à ce phénomène et ça donne plutôt de l'espoir que la CEDEAO se remue.
30 et 31 octobre 2014 - 30 et 31 octobre 2023, voilà exactement 9 ans que le désormais ex-président du Faso Blaise Compaoré a été contraint de libérer le fauteuil présidentiel, après 27 ans de présidence, suite à un mouvement insurrectionnel. Retour sur les faits ayant conduit à sa chute.
Tout commence le 12 décembre 2013. Blaise Compaoré, après avoir été réélu le 21 novembre 2010 pour un second et dernier mandat présidentiel, évoque l'idée d'un référendum pour modifier l’article 37 de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, et cela, afin de pouvoir être candidat à sa propre succession en 2015.
Des voix s’élèvent alors pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « forfaiture ». Le 28 octobre 2014, des centaines de milliers de Burkinabè prennent d’assaut les rues pour protester contre le projet de révision de la Constitution qui aurait permis le maintien au pouvoir du président Compaoré. Des affrontements opposent les frondeurs aux forces de l'ordre.
Le 30 octobre 2014, la pression commence à monter dans la capitale burkinabè et d’autres villes du pays. L'Assemblée nationale est incendiée et la télévision nationale du Burkina (la RTB) est prise d'assaut, ce qui oblige le gouvernement d’alors à annuler le vote de la révision constitutionnelle.
Le 31 octobre 2014, les événements s’accélèrent. Les populations des différentes villes du Burkina descendent massivement dans les rues pour dire « non à la modification de l’article 37 ». Ainsi, dans la nuit du 31 octobre 2014, Blaise Compaoré s’adresse en ces termes à la nation pour annoncer la fin de son pouvoir :
« Peuple du Burkina Faso, au regard de la situation sociopolitique fortement dégradée et caractérisée par la persistance des troubles à l’ordre public, les pillages des biens publics et privés, les menaces de division de notre Armée nationale et dans le souci de préserver les acquis démocratiques ainsi que la paix sociale dans notre pays, j’ai décidé de mettre en œuvre l’article 43 de notre Constitution. Je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place immédiate d’une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans le délai légal maximal de 90 jours. J’appelle l’ensemble des citoyens au calme, les acteurs politiques et la société civile à plus de responsabilité pour l’arrêt des troubles qui ne peuvent que retarder notre marche vers le développement. Pour ma part, je pense avoir accompli mon devoir en ayant pour seul souci l’intérêt supérieur de la nation. »
Après cette démission officielle du désormais ex-président Compaoré après 27 années de présidence, ce dernier s’exile en république de Côte d’Ivoire. Il y vit d’ailleurs à ce jour.
Bien qu'il ait été condamné par contumace à la perpétuité pour sa participation à l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987, Blaise Compaoré revient le 7 juillet 2023 au Burkina Faso, après 8 ans d’exil, pour prendre part à un sommet d’anciens chefs d’Etat initié par le président d’alors, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dans le cadre de la réconciliation nationale.
Le 26 juillet 2023, une délégation venue de Côte d’Ivoire, dont faisait partie Djamila Compaoré, la fille de l’ancien président, transmet une missive adressée à l’alors chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, dans laquelle l’ex-président Blaise Compaoré demande pardon aux Burkinabè et en particulier à la famille Sankara.
« Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre pendant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les familles durant mes mandats à la tête du pays et [leur] demande de m’accorder leur pardon », indique le courrier de l’ex-président Blaise Compaoré, lu par le porte-parole du gouvernement d'alors, Lionel Bilgo, en présence de l’intéressé.