Après de nombreuses tractations et des reports, l’élection du nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a finalement eu lieu le 30 juillet 2021. Les commissaires de l’institution en charge de l’organisation des élections, au nombre de 15, ont même prêté serment. Mais l’Opposition non affiliée (ONA), par la voix d'Hermann Yelkouni, 2e vice-président de l’APP-Burkindi, dénonce le manque de neutralité dans la gestion de la CENI et dit ce que celle-ci attend du bureau nouvellement constitué.
L’Opposition non affiliée (ONA) est un ensemble de partis politiques n’appartenant ni à la majorité, ni à l’opposition politique burkinabè (CFOP) ou encore à la société civile. Parmi ses membres figure l’Alternative patriotique panafricaine Burkindi (APP-Burkindi). Selon son 2e vice-président, Hermann Yelkouni, durant les 5 années précédentes, la CENI a alterné le bon et le mauvais. « Les dernières élections ont été entachées par des récriminations sur l’organisation pratique de celles-ci», martèle-t-il, et des « insuffisances criardes ont été relevées par tous les acteurs de la vie politique au cours des élections couplées de 2020 ». Toujours selon Hermann Yelkouni, quand on est commissaire de la CENI, on ne relève plus de l’opposition, de la majorité ni de la société civile. « On a prêté serment pour agir au nom de la nation », précise ce membre de l’ONA. « Et si les gens ne peuvent ne pas se départir de leur structure d’origine, ça veut dire que la neutralité de la CENI est mise à mal », poursuit-il. Toutefois, au nombre des acquis de la CENI, il cite l’enrôlement du corps électoral grâce à la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) et le vote a minima des Burkinabè de l’extérieur, une première dans l’histoire politique de notre pays. « Le plus grand travail reste à faire, car la majorité des Burkinabè sont hors du système électoral. L’initiative est bonne car elle permet d’enrôler le maximum de nos compatriotes tout en réduisant le coût des élections, mais les gens n’ont pas foi en notre administration, surtout en ce qui concerne sa neutralité vis-à-vis des structures politiques », déplore M. Yelkouni.
Revenant sur les points de désaccord ayant retardé la prestation de serment des nouveaux commissaires, Hermann Yelkouni n’a pas manqué de fustiger l’attitude de l’opposition politique. Il martèle que l’opposition n’est pas logique dans sa démarche de récusation du Sao Naaba (NDLR : Bonaventure D. Ouédraogo, représentant de la chefferie coutumière) comme candidat à la présidence de la CENI, d’autant plus qu’elle n’a pas récusé ce dernier en tant que commissaire de ladite institution. « Nous pensons que les motifs qui ont présidé à la récusation de ce chef traditionnel, représentant de la chefferie traditionnelle, comme candidat à la présidence sont aussi valables pour qu’il soit récusé comme commissaire de la CENI, car il représente une partie de la société civile, censée être neutre. Pire, si on le reconnaît en tant que tel comme politique, ça veut dire qu’en réalité la société civile n’a que quatre représentants et la majorité six. Mais l’opposition l’accepte en tant que commissaire, ce qui veut dire que le jeu est biaisé », argumente-t-il. Et d’ajouter : « Si le CFOP était cohérent, il devait d’abord le récuser en tant que commissaire pour qu’il ne soit pas candidat à la présidence de la CENI».
Tout en déplorant l’absence de femme dans le nouveau bureau de la CENI qui a à sa tête Elisée Ouédraogo, l’ONA espère plus de neutralité dans la gestion de l’institution chargée d’organiser les élections dans notre pays, gage d’une démocratie aboutie et indépendante. « Il faut plus de neutralité dans les différentes composantes de la CENI pour donner confiance à la population et aux acteurs politiques », affirme Hermann Yelkouni.
L’un des grands chantiers du nouveau bureau en place, c’est bien entendu les prochaines élections municipales. Pour l’ONA, le premier défi à relever par ce bureau, c’est d’inciter les Burkinabè à s’inscrire sur le fichier électoral. « Le potentiel électoral est en déphasage avec le nombre d’inscrits sur le fichier électoral du pays. Motiver les jeunes à s’inscrire sur ledit fichier, c’est le pari qui doit être gagné par le nouveau bureau », a-t-il conclu.
Sié Mathias Kam