vendredi 13 décembre 2024

mkam uneLes Burkinabè iront aux urnes le 22 novembre prochain pour élire et le président du Faso et les députés de la 8e législature. La campagne électorale a débuté le samedi 31 octobre. Ils sont au total 13 candidats sur la ligne de départ de la course au fauteuil présidentiel. Parmi eux figure Yéli Monique Kam, l’unique femme. Radars Info Burkina  vous propose la biographie de cette amazone.

Yéli Monique Kam, épouse Ngankam, est née le 24 août 1973 à Bobo-Dioulasso. Fille d’un  électricien en automobile et d’une mère, elle obtint le Certificat d’études primaires (CEP) et l’entrée en 6e  à l’école primaire publique de Colsama à Bobo-Dioulasso. Ensuite, elle décrocha le Brevet d’études du premier cycle (BEPC)  au lycée mixte Montaigne à Ouagadougou. Orientée au lycée technique Charles Lavigerie, elle y obtint le Bac G1.

Titulaire d’un  DUT, option secrétariat, à l’Institut universitaire de technologies  de Bobo-Dioulasso, Monique Kam obtint par la suite un DUT, option Assurances, à l’IBAM, à Ouagadougou. Elle est aussi titulaire d’une licence en marketing et d’un master II en marketing et stratégies obtenus à l’Institut supérieur privé polytechnique  de Ouagadougou.

Sur le plan professionnel, Yéli Monique Kam a fait ses armes dans une multinationale de courtage d’assurances pendant 15 ans. Cheffe d’entreprise pendant plus de 10 ans, elle a créé il y a 3 ans son propre business, une société de courtage d’assurances.

mkam 2Convaincue que seules des actions politiques par la réforme des lois peuvent créer les conditions du développement du Burkina Faso, Dame Ngankam entre dans l’arène politique en muant son  mouvement associatif, le Mouvement pour la renaissance du Burkina (MRB), créé en 2012,  en parti politique en 2020.

Le MRB épouse une idéologie  social-démocratie et milite pour la refonte et la reconstruction du système éducatif afin de créer les conditions de la renaissance nationale.  « Le MRB a la ferme conviction que l’éducation est l’unique clé du développement durable du Burkina Faso », clame sa présidente.

Le projet de société dudit Mouvement repose sur 7 pactes clés qui passent par une réforme des lois et institutions. La réalisation de ces pactes consistera en l’ouverture et en l’exécution de 5 grands chantiers.

Le premier chantier du pacte républicain comporte 5 axes qui sont : les réformes institutionnelles, le vivre-ensemble, la bonne gouvernance, la lutte contre corruption et la sécurité nationale.

Quant au deuxième chantier du pacte, qui est Jeunesse et Éducation, il comporte 5 axes parmi lesquels figurent  l’égalité des chances pour tous, l’éducation, la recherche et l’innovation, entre autres.

Farida Elise Sawadogo 2e jumelle (Stagiaire)

diabr uneLa campagne électorale  pour les élections couplées du 22 novembre prochain au Burkina Faso a débuté le samedi  31 octobre. Arrivé 2e en 2015, le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) à la présidentielle de 2020, Zéphirin Diabré, a choisi la ville de Tenkodogo pour débuter sa conquête du pouvoir. Dans son projet de société, consigné dans un document de 364 pages, le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) propose aux Burkinabè « le nouveau départ pour sauver le Burkina Faso », dont la réalisation pendant le quinquennat coûtera 17 995 milliards de F CFA.    

Ce « nouveau départ » repose d’abord sur une vision forte qui comprend une proposition de philosophie nationale de gouvernance du pays,  le «Burkind’lim», comme creuset « de nos valeurs, socle de notre identité collective et boussole de notre développement».  Le «Burkind’lim » côtoie 3 éléments fondamentaux qui sont : la refondation du modèle de gouvernance sociopolitique,  la promotion d’un nouveau modèle de développement centré sur les besoins élémentaires de nos populations et la reconstruction de la société pour en faire un nouvel espace de dignité et de solidarité.

diabr 2Pour cela, beaucoup de réformes et de mesures sont à prendre. On peut citer, entre autres, la convocation d’une conférence générale de la nation pour définir, préciser et adopter le «Burkind’lim» comme philosophie nationale ; l’adoption d'une charte des chefs coutumiers et traditionnels sur la promotion de l'égalité entre les Burkinabè, de l'intégrité et de l'exemplarité en tant que dépositaires de traditions ; la systématisation de l’alphabétisation en langues nationales dans nos écoles, à côté du français ; l’instauration  d’un vrai dialogue social pour désamorcer la fronde sociale ; la convocation d’une conférence nationale des forces vives de la nation pour réfléchir sur la trajectoire à baliser pour le retour de la paix et la réconciliation. « L'intérêt supérieur de la nation doit nous rassembler en dépit de nos divergences idéologiques et politiques. Pour ce faire, nous travaillerons à faciliter le retour des exilés politiques », a affirmé Zéphirin Diabré.

En outre, le projet de société du parti du Lion s’articule autour des priorités et urgences,  au nombre de 11, sur lesquelles Zéphirin Diabré compte centrer son action. 

diabr 3Il compte, s’il est élu président au soir du 22 novembre 2020 : repenser la politique de sécurité nationale pour doter notre pays de forces de défense et de sécurité toujours plus républicaines, organisées, disciplinées, compétentes et professionnelles ; assurer une meilleure sécurité des personnes et des biens ; assurer à tous les Burkinabè l’accès aux services sociaux de base et développer le capital humain ; répondre aux aspirations pressantes de la jeunesse ; faire de l’égalité des chances hommes-femmes un facteur de développement harmonieux ; résoudre définitivement la question énergétique au Burkina Faso ; lutter résolument et efficacement contre la corruption et l’impunité ; apporter des solutions rapides et concrètes à la question cruciale du logement ; relever de manière substantielle le pouvoir d’achat des ménages ; rationaliser les dépenses courantes ; accorder une attention particulière à la problématique de l’efficacité de tout le processus de gestion des marchés publics et des délégations de service, de la passation à l'exécution.

Pour M. Diabré, une des solutions à la stabilité du pays serait le dialogue avec les groupes terroristes. « Pour notre programme, le taux de croissance économique moyen est de 10%, et le taux de pression fiscale moyen de 20%. Grâce aux efforts que nous allons déployer, le Produit intérieur brut (PIB) passera d’à peu près 8433,4 milliards en 2019 à plus de 14 539,51 milliards en 2025 », a fait savoir Zéphirin Diabré.

Si on l’en croit, les activités qui seront réalisées dans son projet de société permettront de créer environ 1 827 040 emplois durant la période 2021-2025.

Le coût global du programme de développement de l’UPC pour ses 5 années de mise en œuvre  est estimé à 17 995,23 milliards de F CFA.

Pour financer son programme, l’UPC s’appuiera sur un effort exceptionnel de mobilisation des ressources propres du pays, principalement les recettes fiscales, en veillant à maintenir la pression fiscale en moyenne autour de 20%, « condition sine qua non pour développer l’économie et réduire considérablement la pauvreté par la création d’emplois décents ».

Aly Tinto

roco uneAu Burkina Faso, la campagne électorale  pour les élections présidentielle et législatives couplées du 22 novembre prochain a débuté ce 31 octobre. Au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, la disparition du père du président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, le 27 octobre 2020 a obligé la direction du parti à réaménager son programme de campagne. Son grand meeting de lancement de la campagne aura lieu le jeudi 5 novembre à Bobo-Dioulasso. En attendant cette date, les premiers responsables du MPP ont jugé utile de convier les hommes des médias au siège national dudit parti en cette matinée du 31 octobre pour un déjeuner de presse afin le présenter le nouveau projet de société de leur candidat à la présidentielle.

Etaient au présidium ce matin Simon Compaoré, président du MPP, par ailleurs directeur national de campagne présidentielle, le vice-président Clément Sawadogo, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, le Dr Mathias Somé, premier responsable du bureau de suivi du programme présidentiel, le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, pour ne citer que ces personnes.

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C’est le Dr Mathias Somé qui a fait la présentation PowerPoint du nouveau projet de société du président Roch Marc Christian Kaboré, un document de 66 pages intitulé « Réformer l’Etat, l'administration publique pour garantir la sécurité, la stabilité et renforcer la résistance économique au Burkina Faso ».

C’est un référentiel subdivisé en 10 chapitres, lesquels constituent les 10 grands chantiers  du prochain quinquennat du candidat Kaboré s’il est réélu. Ces chantiers sont : Gagner le pari de la sécurité et de la stabilité du pays ; renforcer la démocratie, réconcilier les Burkinabè, consolider la paix et la cohésion sociale ; réformer l'Etat, moderniser et professionnaliser l'administration publique ; renforcer le processus de décentralisation et ouvrir des horizons plus larges aux régions ; consolider l'investissement dans le bien-être social : asseoir l'économie du savoir et redonner à l'école son rôle d'ascenseur social ; gagner le pari de l'emploi des jeunes et des femmes ; améliorer le rendement du secteur privé et relever le niveau de compétitivité de l'économie ; assurer un développement durable et, dixièmement, relever les grands défis sectoriels.

Le coût de ce programme présidentiel quinquennal est de 19 776 milliards de F CFA et le MPP veut mettre l’accent sur les ressources mobilisées au niveau interne pour financer l’ensemble des réalisations de ce référentiel.

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« La mobilisation des ressources internes va constituer l’élément clé en termes de financement du programme et représentera 73%. Pour la mobilisation des ressources auprès des partenaires techniques et financiers, elle sera de 27 % », a précisé le Dr Issa Larba Kobyagda, économiste et enseignant-chercheur, contre 60% de mobilisation de  ressources internes et 40% de mobilisation externe pour le programme présidentiel qui s’achève.

« Cette fois-ci, nous avons augmenté le potentiel à mobiliser au niveau intérieur, ce qui répond au slogan « Savoir compter sur ses propres forces ». Qu’on lise à travers ce budget notre volonté de nous assumer, avec la contribution de ceux qui sont prêts à nous accompagner », a soutenu Simon Compaoré.   

Au niveau sécuritaire, les 5 ans à venir, le président sortant s’engage, entre autres à : augmenter les effectifs de nos forces de défense et de sécurité, renforcer leurs moyens matériels et leurs compétences afin d’accroître leurs capacités opérationnelles, mobiliser des ressources nécessaires pour un financement conséquent de la politique de sécurité nationale, renforcer la formation et le déploiement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pour une meilleure implication des populations dans les actions de sécurisation du pays, intensifier la coopération au sein du G5 Sahel pour développer une approche plus cohérente et plus intégrée.

S’agissant de la fronde sociale et de la nécessité du dialogue social, « dans la mise en œuvre du nouveau programme, le président Kaboré réaffirme sa volonté du dialogue social avec l’ensemble des partenaires sociaux. Ce dialogue va mettre surtout l’accent sur la mise en œuvre d’une politique d’harmonisation des  revenus », a fait savoir  Clément Sawadogo.

Selon le Dr Somé, la particularité de leur candidat à la présidentielle est que s’il est réélu, il y aura plus de rigueur à tous les niveaux de l’Administration. « Des instructions ont été données pour que soit préparé un système de suivi avec des méthodes de suivi et de pilotage qui auront pour objectif de renforcer la culture de la redevabilité», a-t-il déclaré.

Pour cette campagne, « le MPP sera focus » sur 2 points qui sont : le bilan de ses 5 ans de gestion et les perspectives.  «Il n’y aura pas de problèmes au niveau du MPP, car nous allons mener une campagne civilisée », a assuré Simon Compaoré, président de cette formation politique.

Aly Tinto

del uneLes Burkinabè sont appelés aux urnes le 22 novembre prochain pour élire et le président du Faso et les députés de la 8e législature. Radars Info Burkina s’est rendu au siège de la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) pour savoir ce qu’elle a entrepris comme actions dans le cadre de ce processus électoral pour contribuer à  crédibiliser les élections.

« La CODEL avait observé de façon remarquable les élections couplées de 2015 et les municipales de 2016, ce qui a été apprécié par l’ensemble des acteurs », a d’abord indiqué Masse Django Ladji, responsable à la communication au secrétariat exécutif de la CODEL.

Ainsi, pour les élections du 22 novembre, la CODEL a encore obtenu la confiance de ses partenaires, notamment de l’ONG suédoise DIAKONIA à travers le Programme d’appui au processus électoral (PAPE) II, financé par la Coopération suisse, l’ambassade de Danemark et l’Union européenne (UE).  

Au moment de l’enrôlement, la CODEL a procédé à l’observation partout où les équipes de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sont passées. «On a déployé 121 observateurs dans toutes les provinces. La CODEL est toujours fidèle à son principe qui est l’observation domestique, donc elle recrute ses observateurs sur place. Ainsi, même s’il y a des zones qui sont difficiles d’accès, dans la mesure où les observateurs sont sur place, ils ont accès aux différents sites.  On a environ 1 400 sites d’observation à travers le pays », a relevé Masse Django Ladji.

del 2S’agissant du volet sensibilisation, la CODEL a sensibilisé les populations afin qu’elles se fassent enrôler. Au nombre des actions menées par cette structure, on peut citer une conférence de presse ainsi que la conception et la diffusion de spots télé et radio  dans 4 langues nationales. La CODEL a aussi à son actif la production d’affiches qu’elle a fait mettre sur des panneaux en ville pour exhorter les populations à s’intéresser au processus électoral. « En plus de ces actions, on a participé à plusieurs émissions radio et télé, surtout sur la participation citoyenne des femmes et des jeunes au processus électoral », a-t-il ajouté.

En outre, cette structure a mis en place une campagne digitale avec une de ses associations membres, en l’occurrence l’Association des blogueurs du Burkina (ABB).  « Lorsqu’un jeune se rend dans un bureau de vote pour se faire enrôler, à sa sortie il prend une photo de sa carte d’électeur qu’il publie sur les réseaux sociaux en invitant les autres à aller aussi se faire enrôler », a expliqué le chargé de com.

En ce qui concerne l’observation le jour du scrutin, l’ambassade de France, qui a trouvé le projet intéressant, a décidé d’accompagner la CODEL. « Une convention a été signée à ce propos le 17 septembre 2020. L’ambassade de France ajoute 800 observateurs aux 3 000 déjà prévus dans le cadre du PAPE. Donc on a au total 3 800 observateurs recrutés par nos associations membres. Ils seront bientôt formés», a-t-il précisé.

del 3Pour la première fois, les Burkinabè de l’étranger vont voter. Ainsi, la CODEL aura une équipe d’observation en Côte d’Ivoire. Ces observateurs seront recrutés sur place.

En plus des observateurs, la CODEL a entrepris la mise en place d’environ 200 moniteurs  à travers le pays. Ils seront chargés du monitoring des violences lors du processus s’il y en a.

Comme en 2015, la CODEL va mettre en place la « situation room » dans son quartier général. « Les observateurs sur le terrain vont faire remonter les informations automatiquement sur la plateforme  à l’aide de smartphones. Ainsi, si on se connecte au site le jour du scrutin, on pourra avoir à la minute près des informations précises sur le déroulement des élections. En cas de difficulté ou d’incident, à notre tour nous contacterons l’autorité compétente pour l’informer de la situation afin qu’elle prenne les dispositions appropriées», a fait savoir Masse Django Ladji.

Avec son partenaire qu’est le National Endowment for Democracy (NED), une structure américaine, un projet axé sur les fake news a été mis en place. « Pendant la période électorale, certaines informations véhiculées ne sont pas vraies. Nous sommes à l’ère du numérique ; beaucoup d’internautes reçoivent les informations et les partagent sans s’assurer au préalable de leur véracité », a souligné notre interlocuteur.

Des journalistes et les membres de la CODEL vont travailler sur le sujet. Lorsqu’il y aura des informations non vérifiées sur le numérique ou les médias classiques au cours du processus, des fact-checkers vont se charger de vérifier les faits pour donner la bonne information au public.

Autre action : la CODEL a tenu un atelier sur le financement privé des partis politiques, car jusqu’à présent « on ne maîtrise pas le financement privé des partis politiques ».

Aly Tinto

 

paact uneCe lundi 26 octobre 2020 dans l’après-midi, soit à 5 jours du début de la campagne pour les élections du 22 novembre, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a convié les candidats à la présidentielle, les partis ou formations politiques, les médias et organisations de la société civile (OSC) à la signature solennelle d’un pacte de bonne conduite pour que le discours politique électoral ne rompe pas l’harmonie de l’unité nationale. 

La salle de conférences de Ouaga 2000 était pleine cet après-midi. Le Premier ministre, Christophe Dabiré, et le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale,  Siméon Sawadogo, étaient présents.

Selon Mathias Tankoano, président du CSC, au-delà des dispositions législatives et réglementaires qui encadrent le discours politique en période électorale, le pacte de bonne conduite est apparu au CSC, depuis 2002, comme un moyen juridique supplémentaire qui consacre l’engagement sur l’honneur des acteurs politiques, médiatiques et de la société civile à conformer leur conduite aux aspirations profondes de paix et de cohésion.

La signature a commencé avec les candidats à l’élection présidentielle. Par ordre alphabétique et tour à tour, les candidats se sont succédé à la table de signature. Tahirou Barry a été le premier, suivi de Zéphirin Diabré. Roch Marc Chistain Kaboré s’est fait représenter par son porte-parole, Clément  Sawadogo. Augustin Loada a signé pour le candidat Yacouba Isaac Zida. Les absents étaient Kadré Désiré Ouédraogo, Abdoulaye Soma et Me Ambroise  Farama.

paact 2Viennent par la suite les candidats aux élections législatives. Ont signé à ce titre le représentant de l'Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP), le représentant du Chef de file de l'opposition politique (CFOP), celui de l'Opposition non affiliée (ONA), le représentant de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER), le doyen des listes d’indépendants, et la plus jeune des listes d’indépendants, Samiratou Ouédraogo. Me Halidou Ouédraogo a signé au compte des OSC et Boureima Ouédraogo pour la presse écrite privée. Dr Cyriaque Paré a signé pour la presse en ligne tandis que l’audiovisuelle privée est représentée par Charlemagne Abissi.  Pascal Yemboini  Thiombiano a signé pour les médias publics. Les entreprises de publicité étaient représentées par Cécile Gouba. Basseratou Kindo a signé pour le compte des bloggeurs et utilisateurs des médias sociaux. 

Mathias Tankoano a bouclé la séance de signature en signant pour le compte du CSC.

Dans ce pacte, les candidats s’engagent, entre autres, à soigner leur langage et à éviter tout propos haineux, stigmatisant et divisant. Ils s’engagent à recourir, en cas de besoin, aux organes légaux de gestion des conflits, ils s’engagent aussi à sensibiliser leurs militants à avoir un langage apaisant et rassembleur 

paact 3« Par ce pacte que nous signons, nous nous engageons à réaliser une campagne apaisée. Une campagne dans la courtoisie, dans le respect mutuel et la considération mutuelle. Notre pays a besoin de cela, la démocratie aussi », a indiqué Clément Sawadogo, premier responsable de l’APMP.

Pour Zéphirin Diabré, c’est une bonne chose qu’ils aient signé ce pacte. Mais des comportements constatés actuellement sur le terrain qui causent problèmes ne semblent pas être pris en compte.

«Quand on voit tout ce qu’il y a comme corruption électorale où on prend des cartes d’électeurs des femmes pour leur promettre de l’argent via mobile money, c’est bien qu’on ait signé ce pacte mais il ne résout pas l’ensemble des questions qui peuvent entacher le caractère transparent et apaisé des élections », a précisé M. Diabré.

Le président du CSC a félicité tous les acteurs politiques, les médias et les OSC de la signature du pacte de bonne conduite. « Notre pays traverse des difficultés, c’est à nous, pendant ces compétitions électorales, de savoir utiliser le langage qu’il faut afin d’éviter d’attiser encore cette tension sociosécuritaire », a soutenu Mathias Tankoano.

Aly Tinto

secur uneLe ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants (MDNAC) a ouvert ce vendredi 23 octobre 2020 à Ouagadougou son premier Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM)  de l’année 2020. Le département de la Défense va plancher sur les thèmes suivants : La Mutuelle des forces armées nationales (MUFAN) et son évolution en  Caisse d’assurance-maladie des armées (CAMA), la comptabilité matière, la situation sécuritaire et la contribution des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

« Je me réjouis qu’à la faveur de la création et de la mise en place au niveau national de la Caisse nationale d’assurance-maladie universelle (CNAMU), la MUFAN ait évolué en Caisse d’assurance-maladie des armées (CAMA) », a affirmé  le ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Chériff Moumina Sy, dans son mot d’ouverture de ce CASEM. Il importe de le préciser, la MUFAN compte aujourd’hui 95%  du personnel des Forces armées nationales (FAN) comme adhérents, les soldats PDL n’étant pas autorisés à en faire partie. Elle a mobilisé en 2019 environ un milliard de francs CFA et effectué des dépenses avoisinant huit cents millions de francs CFA. De 2008 à 2019, la MUFAN a assuré les soins à 141 683 militaires et enregistré 792 612 prescriptions.

A en croire le titulaire du maroquin de la Défense, avec cette nouvelle configuration, la CAMA pourra accroître ses recettes à travers les subventions de l’Etat et devrait envisager à moyen terme, pourquoi pas, la prise en charge des familles des militaires. 

En ce qui concerne la comptabilité matière, elle vise à assurer une bonne gouvernance du patrimoine financier de l’Etat. Dans cette optique, un comptable principal des matières du MDNAC  a même été nommé en Conseil des ministres et il s’agit de l’intendant colonel major Issa Compaoré. Jadis assumée par les directeurs des Affaires administratives et financières (DAAF) des ministères, la comptabilité matière fait désormais partie des prérogatives du comptable principal des matières.  

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Sur le plan sécuritaire, le ministre de la Défense a déclaré que la situation reste préoccupante. « A l’instar de l’année précédente, 2020, qui est en train de s’achever, a été aussi difficile sur le plan sécuritaire pour notre pays et particulièrement pour nos FAN », a-t-il dit. Et de rappeler que l’année 2019 a été particulièrement dure pour notre pays d’autant plus qu’elle a été marquée par l’intensification des attaques des groupes armés terroristes avec pour conséquence de nombreuses victimes, des blessés, tant civils que militaires, des déplacements de populations, d’importants dégâts matériels et des fermetures d’écoles et de centres de santé.

« Face à cette adversité, il y a les efforts conjugués des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour apporter une réponse conséquente et appropriée à ces attaques terroristes lâches et barbares, à l’extrémisme violent et aux trafics de tous genres ainsi que les efforts conséquents du gouvernement pour équiper et former les Forces de défense, depuis le début de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire quinquennale 2018-2022, afin de leur permettre d’être à la hauteur des défis de défense de notre patrie », a-t-il poursuivi.

Sur le plan opérationnel, les FAN ont mené des actions majeures qui ont contribué à réduire la capacité de nuisance des groupes armés. Ce sont, entre autres, le relèvement du niveau du commandement avec le déploiement des états-majors tactiques qui a permis d’améliorer le maillage du territoire, la conduite de nombreuses opérations qui ont permis le démantèlement de plusieurs bases terroristes, l’encadrement réussi par les FAN des VDP, « dont il convient de saluer la création ».

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« Depuis le dernier CASEM en décembre 2019, on peut noter que la situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire a connu une légère amélioration », a soutenu Chériff Sy. Cette évolution positive a permis aux FAN de mener en 2020 plusieurs actions sur le terrain. Au nombre de celles-ci on peut citer la création du 14e RIA à Djibo, la contribution des FAN à la sécurisation de l’enrôlement biométrique ainsi qu’au bon déroulement des examens scolaires de 2020, le transport par les FAN et/ou la sécurisation du transport des vivres au profit des personnes déplacées internes (PDI), la sécurisation de la route nationale N°22 (axe Kongoussi-Djibo) avec la reprise effective du trafic, de même que les escortes au profit des structures étatiques ou privées.

Toutes ces actions ont permis le retour progressif de populations déplacées internes dans leurs villages.

« Les groupes armés terroristes, acculés, utilisent souvent des Engins explosifs improvisés (EEI), ce qui est source de dégâts importants aussi bien sur des civils que des FDS. A ce jour, on peut observer que la situation reste globalement calme mais toujours imprévisible», a relevé le ministre de la Défense.

Les défis majeurs à relever dans les jours à venir par les FAN, selon Chériff Sy,  sont la mise en place à l’Ouest d’un état-major tactique, le redéploiement des forces sur les sites au-delà de la RN 23, la sécurisation du processus électoral, l’accompagnement et la réinstallation des personnes déplacées internes, la sécurisation des travaux de bitumage des routes dans les trois groupements de forces, la sécurisation  des frontières, notamment celles des pays où se déroulent des élections.

A l’issue des échanges, des recommandations pertinentes sont attendues pour renforcer la gouvernance militaire.

«J’ai foi en la victoire du peuple burkinabè sur le terrorisme. Mais celle-ci ne se fera pas seulement sur le plan militaire. Chaque acteur est invité à jouer sa partition, car c’est ensemble que nous gagnerons cette guerre», a conclu Chériff Sy.

Aly Tinto

workk uneEn prélude aux élections couplées du 22 novembre prochain, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) a organisé une formation de 48h au bénéfice de ses commissaires électoraux des 45 provinces chargés de la supervision des opérations électorales. Ce renforcement de capacités a débuté ce samedi 17 octobre à Ouagadougou.

Selon le député Moussa Zerbo, cette formation vise à fournir à leurs responsables provinciaux, notamment aux secrétaires généraux et aux commissaires électoraux des 45 provinces, des informations afférentes aux élections « afin que nous ayons des élections apaisées, transparentes et dont les résultats seront effectivement acceptés de tous ».

Les bénéficiaires de cette formation, à leur tour, formeront les membres des bureaux des sous-sections dans leurs provinces respectives.  Selon M. Zerbo, c’est la méconnaissance des différents éléments qui entrent en ligne de compte dans la tenue des élections qui  est source de certaines incompréhensions. « Nous pensons qu’il faut les outiller sur les différentes procédures lorsque il y a des réclamations et autres. Ce sont des mesures  préventives pour nous. Il faut éviter que les gens se retrouvent confrontés à des difficultés avant de vouloir apporter des solutions », a soutenu  Moussa Zerbo.

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Alain Olé Kam est le directeur du Centre de formation politique de l’UPC. Il est chargé de ladite formation, qui se tient sur deux jours. « Beaucoup d’opérations sont menées lors des élections. Il faut que nous puissions mieux comprendre ces opérations, mieux les surveiller   afin que, s’il y a des difficultés, on puisse saisir les organes habilités à trancher les litiges en matière électorale », a-t-il expliqué.

Et de préciser qu'un superviseur électoral, c’est avant tout quelqu’un qui s’assure que les délégués du parti sont bien présents dans les bureaux de vote et qu’il ne manque rien dans lesdits bureaux. C’est aussi celui qui  gère les difficultés auxquelles les délégués sont, par exemple, confrontés dans les bureaux de vote. « Il doit donc faire remonter les informations au niveau de notre centre  de compilations des résultats électoraux. C’est lui qui s’assure que toutes les opérations concernant l’UPC se déroulent très bien », a ajouté M. Kam.

L’opération d’observation commence dès l’ouverture du bureau de vote et s’achève avec la transmission des résultats au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Le 1er module concerne la surveillance. « Il y a la commission des consultions électorales, un dispositif provincial, un dispositif communal et un dispositif dans les villages et les arrondissements. On présente ce dispositif, on donne le rôle de chacun et on explique les relations qui sont nouées entre chaque élément du dispositif », a fait savoir le formateur.

workk 3Le 2e module, lui, porte sur la centralisation des résultats. Quant au module 3, qui sera présenté demain dimanche, il a trait à la gestion des difficultés. « Par exemple si nous devons saisir le Conseil constitutionnel, il montre comment procéder et quels sont les documents qu’on doit réunir », a poursuivi Alain Olé Kam.

Adama Dao, secrétaire général de l’UPC dans le Mouhoun, a souligné que c’est le défi de la démocratie qui est en jeu. « Donc si on nous montre comment surveiller et centraliser les résultats des élections, cela contribue énormément à apaiser le climat et à dissiper les suspicions entre les partis et les citoyens », a-t-il affirmé.

On enregistre des démissions en cascade au sein du parti du Lion à quelques semaines du scrutin. « L’UPC continue son petit bonhomme de chemin. Toutes les 45 provinces sont ici aujourd’hui. Ce n’est pas un souci pour nous. Les démissions, ce n’est pas qu’à l’UPC qu'il y en a. Nous pensons que c’est dans l’ordre normal des choses et dans la dynamique même des partis politiques. On milite librement dans un parti. Et lorsqu’on ne retrouve plus ce qui nous a motivés à y venir, on est libre  d’en partir. Je pense qu’il n’y pas de quoi fouetter un chat », a réagi l’honorable Zerbo.

Aly Tinto

isid uneAujourd’hui jeudi 15 octobre 2020, est commémoré le 33e anniversaire de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè et de ses compagnons. A Ouagadougou, le public a pris d’assaut la salle du Ciné Burkina pour assister à la grande première du film documentaire « Thomas Sankara l’humain », réalisé par Richard Tiéné. Pendant 2h 33 minutes, il a ainsi pu suivre ce film documentaire riche en archives sonores et visuelles  ainsi qu’en témoignages émouvants.

C’est à 10h ce jeudi que le film documentaire «Thomas Sankara l’humain » a été projeté pour  la première fois au Ciné Burkina sous le patronage du ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango, présent dans la salle.

Les personnes-ressources intervenant dans le film sont, entre autres, les frères de Thomas Sankara, Soumane Touré, le Pr Basile Guissou, le diplomate Mélégué Maurice Traoré, Édouard Ouédraogo, directeur de publication du journal L’Observateur Paalga, l’historien Jean Marc Palm et Béatrice Damiba, ministre de l’Environnement et du Tourisme sous la Révolution.  Certaines des scènes du film ont suscité des applaudissements nourris dans la salle. « Ceux qui ne sont pas nés entre 83-87 connaissent mieux ce que la Révolution a apporté à ce pays que ceux qui jugent péremptoirement la Révolution comme attentatoire à la démocratie, aux libertés, etc. Ce sont  des champions de la médisance gratuite, des oiseaux de mauvais augure. Ils n’amènent pas les peuples à se prendre en charge », s’est offusqué le Pr Basile Guissou.

Alouna Traoré était présenté comme le seul rescapé du bain de sang du 15 octobre 87. Mais selon Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Sankara, la reconstitution des faits a montré qu’il n’en était rien.  « Il y a d’autres rescapés qui vivent toujours et qui ont témoigné », a-t-il indiqué.  

isid 2Des anecdotes sur la vie de Sankara, il y en a à la pelle dans le film, lequel est ponctué également de musiques et de danses contemporaines.

« Cela fait au moins 7 ans que nous travaillons sur ce film. Certaines interviews n’ont été réalisées que très récemment,  tandis que d’autres ont été faites il y a au moins 5 ans. On n’est pas à 100% satisfait du produit rendu, mais à partir d’un certain moment, il faut bien accoucher. C’était donc l’accouchement aujourd’hui », a confié à notre micro Richard Tiéné, le réalisateur du film.

Fier d’avoir proposé ce documentaire, il  dit être ouvert à la critique. « Nous prendrons en compte les remarques pour améliorer cette série documentaire », a-t-il affirmé. Toute l’équipe qui a travaillé à la production de ce film documentaire était présente à cette projection.  Pascal Ilboudo en a assuré le montage. Maï Lengani, Nael Melerd, Ro Nayala et Asley, eux, en ont fait la musique.

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Il importe de souligner que ce documentaire a été réalisé en toute indépendance financière. Et de l’aveu même du réalisateur, la collecte des archives a été une des principales difficultés de ce projet. « Nous avons eu du mal à obtenir certaines archives. Nous disons un grand merci à certains de nos confrères qui ont été très disponibles, qui ont mis à notre disposition des archives. Toutefois, il y a des archives que nous avons dû acheter », a avoué M. Tiéné. Les documents audiovisuels de ce film seront offerts  au comité de pilotage du Mémorial Thomas Sankara.

Harouna Ouédraogo, qui a suivi la projection de bout en bout, a dit être satisfait, car le documentaire est riche en enseignements. « Certaines personnes ont préféré critiquer parce qu’elles n’étaient pas d’accord avec ce qui se faisait sous la Révolution. Mais je voudrais inviter les intellectuels burkinabè à être plus honnêtes, à dire exactement ce qu’ils savent. Certains ne devraient pas mourir en emportant certaines informations. Personnes n’a le droit de mourir avec les secrets d’un Etat », a-t-il déclaré.

« Thomas Sankara l’humain » sera mis à la disposition  des chaînes de télévision à titre gracieux, foi du réalisateur.

Boubié Richard Tiéné est un journaliste burkinabè auteur de plusieurs documentaires et de grands reportages d’enquêtes audiovisuelles. Il est le directeur de publication du journal en ligne Radars Info Burkina, le correspondant de la Deutsche Welle au Burkina et le directeur général de l’agence de communication G.COM.

Aly Tinto

spc uneEn Côte d’Ivoire, l’opposition politique a tenu le samedi 10 octobre 2020 son premier grand meeting qui a attiré environ 30 000 personnes au stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan pour présenter un front uni contre la candidature controversée du président Alassane Dramane Ouattara à un 3e mandat à la présidentielle du 31 octobre 2020.  A 17 jours du scrutin, Radars Info Burkina a joint André Silver Konan,  analyste politique,  fondateur du journal Ivoir’Hebdo pour une lecture de la stratégie de lutte de l’opposition ainsi que de l’évolution du climat politique sur les bords de la lagune Ebrié. 

Radars Info Burkina (RB) : Quelle appréciation faites-vous de la mobilisation lors du meeting de l’opposition politique au stade d'Abidjan  contre la candidature d’Alassane Ouattara à un 3e mandat à la présidentielle du 31 octobre ?

 

André Silver Konan (ASK) : L’opposition ivoirienne a tenu un meeting dont le succès me semble assez mitigé parce qu’elle n’a pas pris les dispositions pour pouvoir contrecarrer la stratégie sournoise du pouvoir qui a consisté à autoriser certes la manifestation  mais à multiplier les entraves. En plus, ce succès mitigé rappelle l’échec de la mobilisation de l’opposition en mars 2004 sous Laurent Gbagbo alors qu’on est dans une sorte d’inversion des rôles. Sous Laurent Gbagbo, c’était l’opposition du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui avait été empêchée de manifester avec des moyens violents. Il y avait eu 120 morts au total. Cette fois-ci on a donc une forme sournoise d’empêchement qui n’était pas assez visible mais on a vu quand même des images de personnes qui étaient attaquées dans leur convoi et beaucoup de barricades au Plateau où avait lieu la manifestation. Conséquence, le stade a peiné à se remplir. Il n’était pas plein à certains endroits, ce qui manifestement n’augure rien de bon pour l’opposition, en termes de pression sur le pouvoir.

spc 2RB : Dans son discours, Henri Konan Bédié a appelé l'ONU à « se saisir du dossier ivoirien » pour mettre en place « un organe électoral véritablement indépendant et crédible ». L'ouverture de la campagne électorale officielle est fixée au 15 octobre et le président Ouattara va débuter sa campagne le vendredi 16 octobre 2020 à Bouaké. Est-ce que le temps joue en faveur de l’opposition ?

 

ASK : Le temps ne joue pas en faveur de l’opposition. Cet appel à l’ONU risque justement de tomber dans les oreilles de sourds au siège des Nations unies d’autant plus que rien sur le terrain ne l’oblige à s’inviter dans la présidentielle ivoirienne, surtout à produire une résolution appelant à son report. Il y a eu des manifestations il y a quelques semaines. Mais depuis quelques jours, en dépit de l’annonce de la désobéissance civile par l’opposition, c’est presque le calme plat en Côte d’Ivoire. C’est vrai qu’il y a des manifestations sporadiques dans une ou deux villes, mais cela n’est pas de nature à inquiéter le pouvoir.

RB : Aucune annonce concrète relative aux actions à mener dans le cadre de la désobéissance civile à deux semaines de l’élection. Quelle analyse faites-vous de la stratégie de l’opposition politique ?

 

ASK : L’opposition est en panne de stratégie. Une panne sèche très claire. Elle a lancé un mot d’ordre de désobéissance civile qui n’est pas suivi sur le terrain. Et elle ne se donne pas les moyens de faire suivre cela sur le terrain.

RB : L'élection présidentielle, prévue le 31 octobre en Côte d'Ivoire, aura-t-elle lieu ?

 

ASK : Bien malin qui pourra répondre avec précision à cette question qui relève de l’analyse prospective. Mais la réponse est à la fois oui et non. Elle est oui parce que le pouvoir du RHDP travaille actuellement dans le sens de la tenue du scrutin du 31 octobre. La Commission électorale indépendante (CEI) travaille également dans ce sens. Mais elle est aussi non parce que l’opposition de son côté martèle qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre. Alors on observe, on va voir comment cela va évoluer.

RB : Existe-t-il des dispositions légales qui permettent de surseoir au vote ?

spc 3ASK : Oui, il y a des dispositions légales pour reporter le scrutin comme par exemple le décès inattendu d’un candidat pendant la campagne électorale ou bien une crise majeure qui porte atteinte à l’intégrité du territoire. Mais ces dispositions légales ne sont pas celles qui existent aujourd’hui. Le retrait d’un candidat de la course n’est pas de nature à faire annuler ou reporter le scrutin.

 

RB : Que nous réserve la côte d’Ivoire d'ici le 31 octobre et après le 31 octobre ?

 

ASK : Difficile de le dire. Mais moi, je pars du postulat que c’est dommage qu’on en soit là. C’est un cri du cœur personnel. En effet, nous sommes dans plusieurs configurations  possibles. Mais ce sont des configurations qui n’appellent pas au renforcement des acquis démocratiques. Le schéma où on a un candidat du pouvoir avec un autre issu de l’opposition mais pas tellement. Un candidat (NDLR : Kouadio Konan Bertin dit KKB, ancien député PDCI, ex-conseiller de Henri Konan Bédié, est  candidat indépendant à la présidentielle) qui mène campagne plutôt contre l’opposition au lieu que ce soit contre le pouvoir qui est à battre. Cette configuration a déjà existé en Côte d’Ivoire  en 1995 alors qu’on sortait juste de 5 ans de régime du parti unique. Donc c’est un recul de 25 ans. Aujourd’hui on assiste à une sorte de crise pré-électorale qu’on n’avait jamais vue en Côte d’ Ivoire. Sinon peut-être en 2000 après l’épisode DU et/ou du général Robert Gueï. Donc là encore, c’est un recul de 20 ans. La Côte d’Ivoire ne devrait plus être au niveau aujourd’hui où on parle de candidats exclus, de doute sur la CEI qui n’est pas faux, de partialité de juges constitutionnels qui préfèrent dire le droit selon leur conviction politique et non selon le droit, de violences pré-électorales. La Côte d’Ivoire ne devrait vraiment pas être à ce niveau encore surtout après ce que nous avons vécu en 2010 avec 3000 morts à l’issue d’une crise postélectorale qui n’aurait jamais dû avoir lieu. On n’en a tiré aucun enseignement, aucune leçon. On s’embarque encore pour une élection contestée avant même sa tenue. C’est malheureux  qu’on en soit là. Je pointe vraiment du doigt la responsabilité des hommes politiques en Côte d’Ivoire et particulièrement du président Alassane Dramane Ouattara, qui avait le devoir de construire une Nation, de construire une démocratie, de renforcer les acquis démocratiques. Malheureusement lui comme ses ex-alliés devenus aujourd’hui ses adversaires ou ses ennemis nous font reculer encore, pour encore augmenter nos craintes, nos peurs et surtout nos appréhensions pour le lendemain.

Interview réalisée par Aly Tinto

otg uneAu Mali, le chef de file de l’opposition politique, Soumaïla Cissé, l’humanitaire française  de 75 ans, Sophie Pétronin, ainsi deux Italiens, à savoir le prêtre Pier Luigi Maccalli et le jeune Nicola ChiaCChio, ont été libérés jeudi 8 octobre 2020 par leur ravisseur, le  Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), contre la relaxe en début de semaine de 210 terroristes présumés incarcérés dans des prisons maliennes. Radars Info Burkina a joint Yehia Ag Mohamed Ali, chercheur à l’Institut de veille et d’études des relations internationales et stratégiques (IVERIS), pour recueillir son analyse de ce dénouement et en savoir plus sur les inquiétudes sur cette transaction.

Radars Info Burkina (RB) : Après plusieurs jours d’incertitude et de rumeurs, la libération des otages a  été effective jeudi soir quand ils sont arrivés à Bamako. Dans quelles circonstances avez-vous accueilli ces informations ?

Yehia Ag Mohamed Ali (Yehia): La libération des otages, surtout de Soumaïla Cissé, a été un très grand soulagement pour nous tous. Je suis originaire de la même région que lui. J’ai même été enlevé de façon très brève par ces gens  une semaine avant l’enlèvement de Cissé (M. Cissé a été enlevé le 25 mars alors qu’il faisait campagne pour les élections législatives dans la région de Tombouctou, Ndlr). Je suis très soulagé, très content et je souhaite le meilleur à M. Cissé et à tous les autres otages. Je sais ce que ça fait d’être privé de liberté. J’en ai déjà fait l’expérience pendant au moins 24h et je sais ce que cela vaut.

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RB : Une victoire pour les nouvelles autorités ?

Yehia : Cette négociation était déjà bouclée bien avant le coup d’Etat. Ce ne sont pas des choses qu’on boucle en deux ou trois semaines. Mais les nouvelles autorités ont eu surtout l’intelligence de laisser le dispositif tel qu’il était plutôt que de le continuer. Naturellement, elles en tirent un bénéfice politique énorme. En effet, faire revenir Soumaïla  Cissé,  sur lequel les rumeurs les plus folles ont circulé, c’est vraiment marquer un très grand point. Et en même temps, faire libérer la Française Sophie Pétronin et les deux Italiens leur permet également d’avoir une certaine crédibilité au niveau de la communauté internationale. Je crois qu’au fond, ces autorités ont frappé un grand coup sans avoir vraiment rien fait parce que tout était fait avant elles.

RB : Au-delà de la réjouissance de la libération des quatre otages, sans compter le montant de la rançon, ce sont 210 terroristes qui ont été relâchés dans des zones qu’ils maîtrisent bien, ne faut-il pas s’inquiéter du déséquilibre de cette transaction, eu égard à son impact éventuel sur la stabilité du Mali et, partant, du Sahel ?

Yehia : La plupart des détenus ne sont pas des terroristes. La majorité étaient des gens qui étaient au mauvais endroit à un certain moment. Ce sont des gens qui ont été arrêtés dans de petits villages  et que Barkhane ou l’armée malienne a emmenés et accusés de terrorisme.  Sur les 200 détenus, je peux dire qu’il y a certainement au maximum 10% de terroristes.  Donc en réalité, ce n’est pas un très grand renfort pour les terroristes. Par contre ce qui est extrêmement important, c’est le coup politique que marque ainsi le GSIM, car il est maintenant présenté comme le redresseur de torts.  Le GSIM a remis des otages qui avaient été arrêtés de façon arbitraire à leurs familles. Toutes ces familles, toutes les communautés auxquelles appartiennent les libérés sont très reconnaissantes au GSIM. Ces derniers temps, il y a beaucoup de poèmes qui fleurissent dans le nord du Mali à la gloire d’Iyad Ag Ghaly et dans le centre du pays à la gloire d’Amadou Koufa. C’est le grand capital sympathie que le GSIM engrange suite à ces libérations d’otages qui est la plus grande victoire.

RB : Dans cette situation, peut-on dire que le rapport de force est en faveur du GSIM ?

otg 3Yehia : Dans ce genre de conflit, on ne peut pas parler de rapport de force. En effet, le propre même des conflits asymétriques, c’est qu’on a deux forces qu’on ne peut pas comparer. L’une est plus grande que l’autre de façon multiple. Maintenant la force faible utilise des moyens de ruse pour éviter une confrontation directe et attaquer l’autre pratiquement à la marge. Je crois que c’est ce qui va continuer. On ne risque pas d’avoir un affrontement direct entre GSIM et les armées nationales, il se ferait écraser immédiatement ; mais peut-être faut-il s’attendre à une multiplication des attaques, des poses de mines, etc.

RB : Cette libération extrajudiciaire de 210 terroristes n’est-elle pas un compromis qui encourage l’impunité ? 

Yehia : Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Il y a eu plusieurs libérations de prisonniers contre la libération d’otages, surtout ici au Mali dans le Sahel. Je crois que maintenant il faut qu’on cherche une solution définitive au Sahel. Cette question d’instabilité est tellement brûlante !

RB : Mais à quand cette solution définitive tant attendue, d’autant plus que les attaques vont crescendo et qu’il est venu s’y greffer une crise humanitaire sans précédent ?

Yehia : Pour arriver à cette solution, il faut qu’on commence par ouvrir des négociations avec les locaux. On ne peut pas tuer tout ce monde et dire qu’on aura la paix après. On a suffisamment fait la guerre pendant 8 ans sans résultats. A présent, il faut chercher autre chose. Toutes les crises finissent toujours autour d’une table de négociations. Il faut commencer maintenant à discuter avec les locaux, c’est-a-dire les terroristes maliens, burkinabè, pour arriver à un cessez-le-feu. Et après, chercher à établir quelque chose pour permettre à nos pays de sortir de ce tourbillon. Autrement, c’est l’existence même de nos peuples et de nos Etats qui est menacée.

RB : Que veulent ces combattants locaux pour qu’on les convie à la table des négociations ? En plus, quel compromis est possible avec ces terroristes locaux ?

Yehia : Il faut d’abord parler avec les gens pour savoir ce qu’ils veulent et, à partir de là, savoir les compromis qu’il faut faire. Je crois que la première chose qu’on doit faire, c’est demander un cessez-le-feu. Par la suite, il faut avoir des contacts intensifs pour savoir ce que les gens veulent. C’est à partir de ce moment que chacun va fixer ses lignes et voir là où le compromis est possible ou pas. Mais si on se dit à l’avance que rien n’est possible, je crois qu’en fait on se nuit à soi-même. On ne perd absolument rien à négocier.

RB : Quels enseignements tirer de la libération des quatre otages ?

Yehia : La première leçon à en tirer est quand on veut avoir des contacts, on le peut. Il existe des canaux par lesquels on peut obtenir les contacts. Pour moi, ces canaux,  il faut les utiliser maintenant pour aller plus loin et essayer de faire la paix. Il faut profiter de cette euphorie pour enfoncer le clou et essayer de faire la paix.

Interview réalisée par Aly Tinto

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