Aujourd’hui jeudi 15 octobre 2020, est commémoré le 33e anniversaire de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè et de ses compagnons. A Ouagadougou, le public a pris d’assaut la salle du Ciné Burkina pour assister à la grande première du film documentaire « Thomas Sankara l’humain », réalisé par Richard Tiéné. Pendant 2h 33 minutes, il a ainsi pu suivre ce film documentaire riche en archives sonores et visuelles ainsi qu’en témoignages émouvants.
C’est à 10h ce jeudi que le film documentaire «Thomas Sankara l’humain » a été projeté pour la première fois au Ciné Burkina sous le patronage du ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango, présent dans la salle.
Les personnes-ressources intervenant dans le film sont, entre autres, les frères de Thomas Sankara, Soumane Touré, le Pr Basile Guissou, le diplomate Mélégué Maurice Traoré, Édouard Ouédraogo, directeur de publication du journal L’Observateur Paalga, l’historien Jean Marc Palm et Béatrice Damiba, ministre de l’Environnement et du Tourisme sous la Révolution. Certaines des scènes du film ont suscité des applaudissements nourris dans la salle. « Ceux qui ne sont pas nés entre 83-87 connaissent mieux ce que la Révolution a apporté à ce pays que ceux qui jugent péremptoirement la Révolution comme attentatoire à la démocratie, aux libertés, etc. Ce sont des champions de la médisance gratuite, des oiseaux de mauvais augure. Ils n’amènent pas les peuples à se prendre en charge », s’est offusqué le Pr Basile Guissou.
Alouna Traoré était présenté comme le seul rescapé du bain de sang du 15 octobre 87. Mais selon Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Sankara, la reconstitution des faits a montré qu’il n’en était rien. « Il y a d’autres rescapés qui vivent toujours et qui ont témoigné », a-t-il indiqué.
Des anecdotes sur la vie de Sankara, il y en a à la pelle dans le film, lequel est ponctué également de musiques et de danses contemporaines.
« Cela fait au moins 7 ans que nous travaillons sur ce film. Certaines interviews n’ont été réalisées que très récemment, tandis que d’autres ont été faites il y a au moins 5 ans. On n’est pas à 100% satisfait du produit rendu, mais à partir d’un certain moment, il faut bien accoucher. C’était donc l’accouchement aujourd’hui », a confié à notre micro Richard Tiéné, le réalisateur du film.
Fier d’avoir proposé ce documentaire, il dit être ouvert à la critique. « Nous prendrons en compte les remarques pour améliorer cette série documentaire », a-t-il affirmé. Toute l’équipe qui a travaillé à la production de ce film documentaire était présente à cette projection. Pascal Ilboudo en a assuré le montage. Maï Lengani, Nael Melerd, Ro Nayala et Asley, eux, en ont fait la musique.
Il importe de souligner que ce documentaire a été réalisé en toute indépendance financière. Et de l’aveu même du réalisateur, la collecte des archives a été une des principales difficultés de ce projet. « Nous avons eu du mal à obtenir certaines archives. Nous disons un grand merci à certains de nos confrères qui ont été très disponibles, qui ont mis à notre disposition des archives. Toutefois, il y a des archives que nous avons dû acheter », a avoué M. Tiéné. Les documents audiovisuels de ce film seront offerts au comité de pilotage du Mémorial Thomas Sankara.
Harouna Ouédraogo, qui a suivi la projection de bout en bout, a dit être satisfait, car le documentaire est riche en enseignements. « Certaines personnes ont préféré critiquer parce qu’elles n’étaient pas d’accord avec ce qui se faisait sous la Révolution. Mais je voudrais inviter les intellectuels burkinabè à être plus honnêtes, à dire exactement ce qu’ils savent. Certains ne devraient pas mourir en emportant certaines informations. Personnes n’a le droit de mourir avec les secrets d’un Etat », a-t-il déclaré.
« Thomas Sankara l’humain » sera mis à la disposition des chaînes de télévision à titre gracieux, foi du réalisateur.
Boubié Richard Tiéné est un journaliste burkinabè auteur de plusieurs documentaires et de grands reportages d’enquêtes audiovisuelles. Il est le directeur de publication du journal en ligne Radars Info Burkina, le correspondant de la Deutsche Welle au Burkina et le directeur général de l’agence de communication G.COM.
Aly Tinto