dimanche 24 novembre 2024

COVID-19 au Burkina : « Les mesures barrières sont certes socialement contraignantes, mais c’est le prix à payer», Pr Claudine Lougué, ministre de la Santé

logue UNELe Burkina Faso enregistre  1950 cas de coronavirus, dont 56 décès, depuis mars 2020. Malheureusement, on constate ces derniers temps un relâchement  de la population en matière de respect des mesures barrières. Par exemple, 189 énarques ont été testés positifs à la COVID-19 le 11 septembre à Bobo-Dioulasso. Radars Info Burkina a tendu son micro au chef du département de la Santé, le Pr Claudine Lougué, pour savoir les actions majeures entreprises par le Burkina dans le cadre de la riposte à la COVID-19 ainsi que ce qui est fait  pour rappeler la pertinence des consignes sanitaires préconisées par les spécialistes de la santé.

La COVID-19 étant au départ une urgence sanitaire, le Burkina  a mis en place une équipe médicale pour rédiger et finaliser un plan de riposte. « Dès que notre pays a été touché par  la pandémie, avec l’identification des deux premiers cas le 9 mars, nous avons réquisitionné des agents de santé et  un hôpital de 500 lits environ (NDLR : Le Centre hospitalier universitaire de Tengandogo), comportant pratiquement toutes les spécialités, qui a été réfectionné et mis aux normes afin de permettre la prise en charge des malades de la COVID-19. Les agents de santé ont été également formés », a tenu à préciser d’entrée de jeu le Pr Claudine Lougué.

En outre, un état d’alerte sanitaire a été institué sur l’ensemble du territoire national comme le prévoyait la loi organique. Pour permettre aux citoyens de se renseigner, un numéro vert a été créé, à savoir le 3535. La surveillance épidémiologique a par ailleurs été renforcée aux points d’entrée et des mesures barrières ont été édictées,  dont le port du masque, le lavage des mains, la désinfection et des conseils de distanciation. « Nous avons renforcé la capacité des agents de santé en matière de diagnostic de laboratoire, de prise en charge, de contrôle et de prévention de l’infection. Le Burkina a suscité un engouement de tous  ses chercheurs tant au niveau national qu’international. Des chercheurs au niveau national et de la diaspora se sont organisés en visioconférence et ont donné des orientations pour la prise de décisions », a ajouté la ministre de la Santé.

Une  communication a été également développée, même s’il existait déjà des actions d’information et de communication pour le changement de comportement parmi les activités du ministère.    « Nous avons intensifié ce volet. Le pays a suscité d’emblée l’engagement communautaire  pour accompagner toutes ces actions et décidé du confinement des voyageurs pour éviter les cas importés avant que ceux-ci ne deviennent communautaires », a-t-elle expliqué.

lougn 2Il y a aussi le renforcement des capacités des agents pour les protéger. « Le chef de l’Etat n’a cessé de nous dire de protéger les agents de santé de première ligne. C’est ce que nous avons essayé de faire, bien qu’il y ait eu des insuffisances. Nous nous sommes efforcés de les corriger au fur et à mesure », a souligné le Pr Lougué.

Sur le plan socio-économique, le gouvernement a instauré un couvre-feu. Il a  décidé, sur les conseils avisés de chercheurs en matière de santé, de la mise en quarantaine de certaines villes où des cas avaient été identifiés. Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, a aussi procédé à la fermeture des frontières, à la suspension des transports interurbains, à l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes.

« Dans le respect des mesures barrières, nous avons eu l’engagement très fort des communautés religieuses et coutumières,  qui ont décidé de fermer les lieux de culte, de mettre en place des dispositifs de lavage des mains et de sensibiliser les populations à la COVID-19. Donc cet engagement a été important pour contenir la maladie. C’est le lieu vraiment de les remercier», a-t-elle relevé.

Toutes ces mesures ont été couronnées par la grande mobilisation au niveau national suite à l’appel à la solidarité du président Roch Marc Christian Kaboré le 2 avril. « Tout cela   a contribué à nous amener au résultat d’étape que nous avions connu avant qu’il y ait un semblant de rebond du fait  de certaines attitudes de relâchement », a ajouté le Pr Lougué.

Selon la ministre, jusqu’au mois d’août le nombre de cas confirmés avait drastiquement baissé, mais il est remonté en fin août en raison du relâchement dans le respect des mesures édictées par son département et non à cause de la réouverture des frontières aéroportuaires, « parce que  nous avons pu contrôler les choses à ce niveau».

La ministre de  la Santé a précisé que selon certaines études, 95% de la population avait une bonne connaissance des mesures barrières. « Mais lorsqu’on interrogeait certaines femmes, il y a seulement 30% qui affirmaient avoir des difficultés pour l’application de ces mesures barrières du fait de certaines contraintes de la vie », a-t-elle indiqué. Et d’ajouter que les mesures sont certes contraignantes, au regard de nos habitudes sociales, mais c’est le prix à payer pour pouvoir ensemble contrôler la transmission communautaire de la maladie. « Il faut que chacun s’y mette», a-t-elle conseillé.

Les chiffres qui incitaient à l’optimisme  pourraient  également expliquer ce relâchement de la population. «Aujourd’hui, la psychose a fait place à un sentiment d’assurance d’autant plus qu’il y a des moments où nous avions publié zéro cas après avoir  dépisté une centaine de personnes.  Les gens ont de l’assurance et se disent que la maladie est derrière nous. En plus, le fait de connaître un peu plus la maladie, de pouvoir faire en sorte que les cas graves ne soient plus fréquents et que la mortalité baisse a fait que les gens   ont vraiment pris de l’assurance et ont commencé à laisser tomber les mesures barrières », a expliqué la ministre de la Santé.

Les plus exposées, ce sont les personnes vulnérables. C’est pourquoi la ministre de la Santé lance un appel auxdites personnes au respect des mesures barrières. Les populations doivent protéger ces personnes en respectant également les mesures barrières.

Enfin, la sensibilisation doit se faire continuellement. «Le ministère de la Santé continue à mener des actions à travers des affiches, des flyers, etc., pour que cet engagement communautaire soit maintenu », a-t-elle affirmé.

A l’en croire, il a été demandé à des communautés coutumières de prononcer des messages à l’endroit des populations pour que « nous nous ressaisissions, vu le relâchement des mesures barrières constaté ces derniers temps,  et que nous  les respections intégralement », a-t-elle conclu.

Aly Tinto

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