De mars 2020 à nos jours, le Burkina Faso totalise 2008 cas de coronavirus, dont 56 décès. Le nombre de cas confirmés, qui avait considérablement baissé, est remonté fin août, compte tenu du relâchement de la population en matière de respect des mesures barrières édictées par les professionnels de la santé. Radars Info Burkina a tendu son micro à la ministre de la Santé, le Pr Claudine Lougué. Objectifs : savoir ce qu’elle pense de l’engagement des agents de santé auprès de leurs patients dans ce contexte de pandémie de coronavirus, s’enquérir de ses motifs de satisfaction dans le cadre de la riposte à cette maladie et de l’engagement du président Roch Marc Christian Kaboré dans la lutte contre le virus à couronne.
C’est un truisme de le rappeler, certains agents de santé ont risqué leur vie pour sauver celle d’autres personnes dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus. «Je voudrais remercier du fond du cœur les agents de santé, dont certains ont bravé leurs propres peurs, supporté la stigmatisation dans leur quartier et même leur famille pour aller travailler afin de sauver des vies au risque de perdre la leur », a affirmé d’entrée de jeu le Pr Claudine Lougué.
Elle a ajouté que certains agents de santé ont même préféré dormir à l’hôpital plutôt que de rentrer à domicile et ce, afin d’éviter d’exposer leur famille à la maladie dès l’apparition des premiers cas. Environ 120 travailleurs de la santé ont contracté la COVID-19 dans l’exercice de leur activité.
« Au nom de tous, je leur souhaite un prompt rétablissement. Beaucoup d’entre eux sont guéris mais il y a des stigmates psychologiques qui restent. Que le temps, notre amour et nos mots d’encouragements les aident à surmonter ces stigmates », a poursuivi la première responsable du département de la santé.
La ministre de la Santé a également fait un clin d’œil aux retraités qui l’ont appelée pour manifester leur volonté de contribuer à la lutte contre la pandémie. « Ils ont été là nuit et jour », a-t-elle souligné.
De jeunes volontaires formés en sciences de la santé, qui n’avaient pas encore été employés à la Fonction publique, ont aussi été là aux premières heures. « Je saisis cette occasion pour les remercier et leur dire que la veille doit continuer », a relevé le Pr Claudine Lougué. Elle a déclaré qu’il ne faut pas que le sacrifice de toutes ces personnes soit vain, vu le nombre de cas qui est en train de se multiplier de nouveau.
« Nous nous préparons à saluer le mérite des agents de santé. Ils ont joué leur rôle malgré la psychose et nous ont ainsi aidés à sortir d’une mauvaise passe. C’est vrai qu’on n’en est pas encore totalement sorti, donc nous devons continuer à veiller au respect des mesures barrières », a-t-elle indiqué.
Foi de la ministre, le président Roch Marc Christian Kaboré suit de très près et en permanence l’évolution de la situation sanitaire et n’hésite pas à les interpeller le cas échéant. « Il nous interpelle très souvent sur la protection et la motivation du personnel de santé», a-t-elle confié.
Le chef de l’Etat a même mis en place un comité national de gestion de la pandémie dont la présidence a été confiée au Premier ministre. Il a présidé deux sessions du Conseil national de défense axées sur la COVID-19. « En outre, il a constitué auprès de lui-même un haut conseil scientifique pour orienter les décisions prises. Suite à son appel à la solidarité nationale qui a suscité la mobilisation de tous les acteurs de la société pour contribuer à faire reculer la COVID-19 au Burkina Faso, il y a eu l’engouement de toute la Nation burkinabè comme non burkinabè amie du Burkina Faso. Les gens ont contribué au Coronathon, certains avec leurs modiques 100 francs. C’est dire qu’ils tenaient vraiment à manifester leur solidarité », a poursuivi la ministre. Elle avoue, du reste, avoir beaucoup appris de cette lutte contre la pandémie de coronavirus. «J’ai l’habitude de dire que nous apprenons de nos insuffisances. Tout récemment, il y a quelqu’un qui a été infecté lors du plus haut niveau de la maladie et cette personne on l’a contrôlée encore et elle est positive. On dit qu’il y a une immunité mais on ne sait pas combien de temps elle dure. Donc au fur et à mesure, nous avons appris de nos erreurs», a-t-elle précisé.
«Il faut qu’on aille de l’avant pour la santé des populations et la première chose que nous avons apprise dans l’action est qu’aujourd’hui, nous avons un système de santé plus apte à faire face aux urgences. Nous avons acquis un certain nombre d’équipements. Je veux parler par exemple des 100 lits de réanimation fonctionnels », a souligné le Pr Claudine Lougué.
Le Burkina Faso ne dispose pas encore d’un service des maladies infectieuses digne de ce nom mais tient à renforcer son système de santé. « Grâce au Coronathon, nous allons construire trois centres d’isolement dans les régions et grâce au budget de l’Etat, nous allons construire et équiper des centres. Cette maladie nous a appris qu’il nous fallait renforcer notre système de surveillance, de prise en charge, de prévention et de contrôle de l’infection, notre système de laboratoire et de participation communautaire à la prise en charge de la santé de toute la population », a expliqué la ministre.
Le Pr Claudine Lougué a relevé que le système de santé burkinabè a été quand même résilient grâce à ces femmes et à ces hommes qui l’animent, grâce à « un gouvernement responsable qui a donné des orientations responsables ».
« Tout est à faire, tout est à renforcer et nous allons travailler ensemble, main dans la main, avec la participation de la population. Mais en attendant, respectons les mesures barrières car elles nous permettent de lutter non seulement contre le coronavirus, mais également contre les autres maladies infectieuses dont la transmission se fait par les mains sales, par les aliments », a conclu la ministre Lougué.
Aly Tinto