Investi le 28 décembre 2020 en présence de plusieurs chefs d’Etat, le président du Faso a finalement reconduit mardi 5 janvier 2021 son ancien Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré. Radars Info Burkina a contacté des acteurs politiques. Voici leurs appréciations de cette nomination.
Fin du suspense ! Roch Marc Christian Kaboré s’est finalement décidé à choisir le chef du gouvernement. Un choix porté sur son ancien Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré. Cette nomination tant attendue de la population est diversement appréciée par les acteurs politiques.
Selon le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, la nomination du Premier ministre ne lui fait ni froid ni chaud. «Nous les attendons sur le terrain pour la mise en œuvre rapide des promesses de campagne », a-t-il poursuivi.
Pour lui, c’est au pied du mur qu’on reconnaît le vrai maçon. Il ajoute que le président du Faso devra tenir toutes ses promesses de campagne. « La réconciliation nationale, le retour de la paix rapide afin d’éviter à notre pays d’être endeuillé chaque semaine, la relance économique pour fournir de l’emploi aux jeunes et aux femmes afin que le panier de la ménagère soit amélioré, tels sont nos souhaits. Nous espérons également qu’il y aura la cohésion sociale avec les syndicats dont les requêtes n’ont toujours pas été satisfaites », a déclaré M. Komboïgo.
De l’avis de Maître Bénéwendé Sankara, président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), membre de la majorité présidentielle, le temps mis pour désigner le Premier ministre ne peut être source de polémique, car le président du Faso devait nécessairement prendre le temps d’analyser le profil des différentes personnes qui lui ont été proposées, mais aussi d’écouter l’opinion afin de faire un bon choix. La reconduction du Premier ministre Dabiré n’est pas une surprise pour lui puisque, selon ses dires, celui-ci à toutes les compétences qu’il faut pour être à la tête du gouvernement burkinabè. « En tout état de cause, je pense que le président du Faso, qui a la prérogative constitutionnelle de désigner son Premier ministre, doit nécessairement prendre du temps pour mûrir sa réflexion, voir le profil des premiers ministrables, écouter aussi l’opinion », a-t-il analysé. Selon lui, les défis du gouvernement tels que la réconciliation nationale, le respect des mesures barrières dans la lutte contre la propagation de la maladie à coronavirus et les actions structurantes du gouvernement peuvent être relevés avec un Premier ministre comme Christophe Joseph Marie Dabiré. « Il y a les engagements du chef de l’Etat, notamment la réconciliation nationale qui est aussi une question qui urge. Il y a aussi la maladie à coronavirus. Il va falloir revoir les mesures barrières, impliquer de toute urgence les populations dans le respect des mesures barrières ; mais il y a aussi les actions structurantes du gouvernement », a-t-il ajouté.
Pour la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ce qui compte, ce sont les attentes du président qui l’a nommé et la mission qu’il lui assigne. «Si on considère les nombreuses supputations qu’il y a eu sur le profil du Premier ministre, vous conviendrez que la nomination d’un Premier ministre surprend toujours certains. Ce que nous pouvons relever, c’est que sa gouvernance a été décevante à plus d’un titre : en matière de lutte contre le terrorisme et la corruption, en matière de respect des textes, en matière de dialogue social et de traitement des crimes de sang et des crimes économiques», a souligné Norbert Ouangré, secrétaire général adjoint de la CGT-B.
Selon ce dernier, la gestion de la fronde sociale est la preuve tangible de l’incapacité du chef du gouvernement. Il en veut pour preuve le bilan dressé. « Pendant tout son mandat, la seule rencontre gouvernement/syndicats qu’il a organisée s’est terminée en queue de poisson ! C’est inédit », a-t-il martelé.
Il a ensuite relevé de nombreuses atteintes à la liberté syndicale avec des levées de sit-in, des révocations, des suspensions de salaires effectuées en violation des textes. « Le comble, c’est le refus d’exécuter des décisions de justice de dernier ressort tel qu’on l’a vu avec les militants de l’Alliance police nationale (APN), eux qui disposent de décisions de justice de dernier ressort que leurs supérieurs refusent toujours d’exécuter. Du reste, le chef de l’Etat a évoqué dans son message à la nation des insuffisances sur le plan des libertés. Peut-être peut-on espérer un ressaisissement », a t-il lancé.
Néanmoins, il a précisé que plusieurs dossiers sont sur le point de connaître un dénouement heureux.
Et Eddie Komboïgo d’informer que l’opposition politique entend organiser les jours à venir une conférence de presse pour se prononcer sur le gouvernement qui sera mis en place par Christophe Joseph Marie Dabiré.
Bruno Bayala