samedi 23 novembre 2024

ffilo uneLes rideaux sont tombés sur la 16e édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou  (FILO) le dimanche 28 novembre 2021 à Ouagadougou après quatre jours  de réflexion sur le thème : «Édition et marché du livre au Burkina Faso : enjeux, défis et perspectives».   La cérémonie de clôture, consacrée principalement à la remise des différents prix, a été présidée par la ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Élise Foniyama Ilboudo/Thiombiano. Le grand prix du livre, le prix officiel de la FILO, a été  remporté par l'écrivaine  Sophie Heidi Kam.

Ouverte le jeudi 25 novembre, la FILO 2021 a refermé ses portes le dimanche 28 novembre 2021 sur le site du SIAO, dans la capitale du Pays des hommes intègres. Selon la ministre de la Culture, les quatre jours qu’a duré la 16e FILO ont permis aux acteurs du livre d'échanger leurs expériences, de rendre hommage à d’illustres écrivains et de sensibiliser plusieurs acteurs du livre à la propriété littéraire au Burkina Faso ainsi qu’à la loi d'orientation du livre et de la lecture publique, de former 30 jeunes en techniques d'écriture… Il y avait en outre des séances de dédicace et d'animation ainsi que des expositions de livres. ffilo 2La ministre Élise Foniyama Ilboudo/Thiombiano tire donc un sentiment de satisfaction de cette grand-messe de la littérature. «Je souhaite que les graines qui ont été semées au coeur de notre jeunesse suscitent des vocations pour l'écriture et contribuent à une économie du livre florissante dans nos contrées», a-t-elle souligné.

La FILO 2021 a permis de consacrer de nouveaux talents de la littérature burkinabè. Ainsi, le grand prix du livre a été remporté par la dramaturge, poétesse et nouvelliste Sophie Heidi Kam pour son oeuvre "Mémoire vivante", un recueil de poèmes. Ledit prix est constitué d'un trophée, d'un million cinq cent mille francs CFA et de gadgets.  «Je suis à la fois très surprise et très heureuse. C'est un travail très artistique comme l'a dit le jury.  J'ai travaillé sur les oeuvres classiques d'un ami belge (...). L'histoire, c’est que la Joconde peinte par Léonard de Vinci devient une femme noire et vient naître en Afrique ; elle est Africaine et entreprend un pèlerinage sur les traces de ses ancêtres qui ont été faits esclaves. Quand j'ai vu le tableau, il m'a inspiré beaucoup de poèmes.  C'est la première fois que je participe au grand prix de la FILO parce que là, c'est les oeuvres éditées. Mais j'ai aussi obtenu 8 fois le Grand Prix national des arts et des lettres (GPNAL) à la SNC», a déclaré la lauréate.

D'autres prix ont été remis à cette occasion. Il s'agit du prix spécial  de l'université Joseph Ki-Zerbo, décerné à Orikiatou Barro pour son oeuvre "Enfin l'aurore," du prix spécial  de la mairie de Ouagadougou, décerné à Oula Emmanuel Traoré pour son oeuvre "Confession d'un maire". Enfin, il y a eu  les prix des Olympiades, décernés aux élèves ayant pris part à un concours de culture générale pendant la FILO. Pour l'écrivain invité d'honneur à cette édition de la FILO, Aristide Tarnagda, il faut écrire et encore écrire les livres sans discontinuer, car le livre est la mémoire des hommes.  Nous devons «éditer nos livres avec obstination, avec orgueil parce le livre est l'un des signes les plus tenaces de notre présence au monde», a-t-il déclamé. La 17e édition  de la FILO est prévue du 23 au 26 novembre 2023.

Barthélémy Paul Tindano

asssiz uneAprès trois jours de réflexion sur le document qui servira désormais de boussole en matière d'éducation au Burkina Faso, les participants aux Assises nationales sur l'éducation au Burkina, tenues les 18, 19 et 20 novembre 2021 à Ouagadougou, ont présenté la synthèse de leurs travaux au Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré, dans l'après-midi du 20 novembre. Ces assises nationales font suite à celles régionales tenues en octobre dernier.   12 thématiques  ont été examinées au cours de ces concertations, mais tous les points  n'ont pas fait l'objet de consensus.

Selon le ministre de l'Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, Stanislas Ouaro, les assises nationales sont un cadre de propositions de plans  de toutes les communautés afin  de développer le système éducatif. Au cours des trois jours qu'ont duré les travaux y relatifs, plusieurs décisions  ont été prises  en vue d'améliorer le système éducatif burkinabè.  asssiz 3"Pour ce qui est des accords que nous avons avec les syndicats, il a été convenu  de mettre en place une structure de dialogue au niveau central et au niveau déconcentré afin de valoriser le dialogue (...). Sur la question des examens et concours, il n'y a pas véritablement eu de consensus. La question du CEP, par exemple, n'a pas pu être tranchée.  Il a été souhaité également  qu'on sensibilise davantage  les gens sur la volonté de faire en sorte que le BEPC soit organisé en un seul tour. Il y a aussi des discussions sur  l'organisation du baccalauréat par le ministère de l'Education nationale. Pour ce qui est des langues nationales il a été proposé que les différents textes de lois d'application et la loi d'orientation  portant officialisation  des langues nationales en mai 2019 soient appliqués", a précisé le chef du département de l'éducation nationale. S'agissant du pacte social afin de pouvoir mettre en oeuvre le document final, les syndicats ont rejeté la proposition d’une trêve de 5 ans formulée. Le Premier ministre, tout en félicitant les participants à ce conclave pour la tenue réussie de ces assises et les résultats obtenus, a exhorté l'ensemble des acteurs de l'éducation à s'engager pour la mise en œuvre de nouvelles réformes éducatives. "En ce qui concerne les conclusions et les recommandations issues de ces travaux, j'engage le ministre de l'Education nationale à élaborer, dans les meilleurs délais, une feuille de route de leur mise en œuvre  qui sera soumise au gouvernement. Il devra aussi mobiliser l'ensemble des acteurs du système éducatif et le peuple burkinabè pour fonder un pacte national pour une éducation de qualité pour toutes et pour tous", a lancé le chef du gouvernement. Enfin, il a appelé les élèves,  les parents d'élèves, les enseignants, les Burkinabè de l'extérieur et de l'intérieur,  les partenaires techniques et financiers et toute la  communauté éducative à accompagner cette nouvelle vision de l'école burkinabè qui permettra au système éducatif de ‘’construire'' des citoyens au sens plein du terme.

Barthélémy Paul Tindano

snafi uneAprès deux jours de travaux, les rideaux sont tombés ce 20 novembre à Ouagadougou sur le 2e congrès du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI). Renouvellement du bureau national, rapport moral et financier de celui-ci et amendement des textes fondamentaux étaient au menu de ce congrès. Le nouveau bureau national, fort de onze membres, a pour SG Mohamed Savadogo.

La situation du secteur économique et financier du Burkina est marquée par une dépendance aux institutions de Bretton Woods. Pour les congressistes, ce diktat se traduit par des attaques contre les travailleurs afin de « les clochardiser », donc il importe de s’unir pour faire valoir les droits des travailleurs, surtout ceux des finances. « Les indicateurs économiques sont largement en deçà des attentes. Les espoirs que nourrissaient les uns et les autres se sont estompés, laissant apparaître une économie aux abois », a fait remarquer Mohamed Savadogo, SG du SYNAFI. snafi 2Cette triste réalité est constatée par la hausse généralisée des prix des produits, « réduisant ainsi considérablement le pouvoir d’achat des populations ». Au sortir des discussions, les congressistes ont réaffirmé la justesse de l’orientation du syndicalisme révolutionnaire de lutte des classes du SYNAFI. Ils ont apporté des amendements aux statuts et au règlement intérieur de leur syndicat. « Ces amendements se résument à la forme  et à la composition du bureau national, à savoir la création de deux nouveaux postes : un secrétaire adjoint à la mobilisation féminine et un chargé de l’expertise en finance publique », a précisé M. Savadogo. Outre cela, la plateforme revendicative a été amendée.

Les délégués au 2e congrès ordinaire ont réaffirmé l’orientation du syndicalisme révolutionnaire de lutte des classes et se sont  engagés à mettre en œuvre les décisions du congrès, à travailler pour le renforcement du SYNAFI, à la bonne gestion des finances publiques et à associer à tous ces éléments la lutte du peuple pour son émancipation véritable. Siméon Diébré (ancien SG du SYNAFI) et Bassolma Bazié (SG de la CGT-B) ont reçu chacun un cadeau de la part des congressistes.

Sié Mathias Kam

cere uneLe mois de novembre rime avec fin des récoltes au Burkina Faso. Les années antérieures, à pareil moment les prix des céréales étaient  très bas. Par contre cette année, ils sont déjà très élevés dans les marchés. Radars Info Burkina en a fait le constat le vendredi 19 novembre dans quelques marchés de la ville de Ouagadougou. Ce qu'il faut retenir, c’est que les céréales n'ont pas de prix fixe dans les marchés et yaars.

Lorsque tu arrives dans un lieu de vente de céréales et que tu demandes le prix d'un sac de maïs, de haricot, etc., on te pose une série de questions du genre : <<Tu veux vendre ou tu veux  acheter ? Tu veux combien de sacs, combien de tonnes ? >>  Si tu continues tes questions sans répondre à celles de tes interlocuteurs ils te demanderont qui tu es. En réalité, les céréales n'ont pas de prix fixe actuellement. Lorsque nous sommes arrivé au marché de Dassasgho, dans l'arrondissement 5 de Ouagadougou, nous avons vu un client acheter un "plat" de haricot à 1700 F.

cere 2Le responsable de l'entreprise EKHAF vend des céréales depuis 39 ans.  Cependant, il déclare que c'est la première fois qu'il voit les prix flamber autant à cette période. << Pour dire vrai, je ne peux pas donner de prix, car  les prix changent presque chaque jour. Donc si quelqu'un vient pour acheter, on discute et je lui vends ce qu'il veut. Actuellement le prix du sac de maïs se négocie de 20 000 F en allant alors que les années antérieures à pareil moment, le prix d'un sac de maïs  était  de 10 000 et de 15 000 F dans le pire des cas >>, a-t-il soutenu. Au marché de  Sankar yaar, c'est le même constat : pas de prix fixes. Selon les commerçants, la hausse des prix était constatée pendant la période de soudure auparavant. Mais en fin de récoltes les commerçants qui avaient toujours des céréales de l'année antérieure cherchaient à les vendre afin d'écouler la production récente. Mais cette année, c'est le contraire.  Ils affirment par ailleurs que la hausse des prix est  due aux  faibles rendements des productions agricoles de l'année, marquée par la sécheresse dans certaines régions du pays. L’autre raison, c’est qu'une partie de la population qui  cultivait n’a pas pu le faire cette année à cause de l'insécurité.

Barthélémy Paul Tindano

snt uneNous sommes  au mois de novembre, synonyme de début de fraîcheur au Burkina Faso. C'est également à cette période que débute l'harmattan,  un vent sec qui souffle du nord-est au  sud-ouest de novembre à mars   au Faso.  Ce vent est très chaud le jour, froid la nuit  et le plus souvent chargé de poussière. Ce qui est généralement source de maladies. Radars Info Burkina s'est entretenu avec David Lompo, agent de santé, pour savoir la conduite à tenir en cette période pour rester en bonne santé.

De novembre à mars, on assiste à une baisse  de la température au Burkina Faso. Cette fraîcheur est accompagnée le plus souvent d’un vent sec transportant de la poussière. Du coup, les gens rencontrent des difficultés sur le plan sanitaire, notamment l'assèchement des voies respiratoires qui peut conduire à une succession de rhumes, voire à de la fièvre, et bien d'autres maux. Pour prévenir ces maladies, un certain nombre de précautions s’imposent. En termes clairs, il faut se protéger.

snt 2Selon l’agent de santé David Lompo, la première disposition à prendre à cette période, c'est de toujours porter un cache-nez, que l'on soit en public ou en déplacement. «Les germes les plus dangereux se transmettent par voie respiratoire d'un individu à un autre. Actuellement, il y a la pandémie de Covid-19 qui, avec la fraîcheur, va davantage sévir que quand il faisait chaud. Il serait donc bien que le port du cache-nez soit de mise pour chacun de nous. Outre cela, pour aider à l'humidification des voies respiratoires, il est recommandé d'introduire du beurre de karité dans les fosses nasales pour faciliter la respiration», a-t-il soutenu. Il a ajouté que le beurre de karité peut éviter que certains microbes  entrent dans l’organisme en passant par les narines. En plus de cette protection, l'alimentation est également importante, fait remarquer David Lompo. «En plus de tout cela, il faut une bonne hygiène alimentaire pour aider l'organisme à  tenir, car le meilleur des médicaments, c'est la résistance du corps. Pour que l'organisme résiste, il faut qu'on soit bien nourri. Quand on dit bien nourri, ce n'est pas la quantité, c'est beaucoup plus la qualité ; des aliments de qualité qui vont nous donner non seulement de la force, mais aussi des  protéines et surtout des vitamines,  car ce sont ces vitamines qui nous permettent de résister aux infections et  qui renforcent  notre immunité», a-t-il précisé. Les aliments qu'il faut à l'organisme en cette période, ce sont, entre autres, le citron, la tomate, la salade, la papaye, la banane et  tous les autres fruits qui peuvent être à notre portée. Et nous devons nous efforcer  de le faire de façon régulière et non occasionnellement.

Barthélémy Paul Tindano

petraor uneTrois témoins étaient à la barre ce 18 novembre dans l’affaire Thomas Sankara et autres. Il s’agit des Prs Jean-Marc Palm et Etienne Traoré et du Dr Arsène Bongnessan Yé.

Le Pr Étienne Traoré, responsable syndical au moment de l’assassinat de Thomas Sankara, est venu témoigner de ce qu’il sait de l’exécution de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. Son témoignage, il l’a livré après celui du Pr Jean-Marc Palm, témoin convoqué par la partie civile. A la barre, Etienne Traoré a dit se rappeler qu’au matin du 16 octobre 1987, c’est-à-dire le lendemain du coup d’État du 15, Blaise Compaoré l’a fait appeler pour lui expliquer ce qui s’était passé. « Le 15 octobre, les premiers coups de feu m'ont trouvé dans une station d'essence. J'ai rallié le domicile d'un grand frère jusqu'au matin. Vers 7h, Blaise Compaoré a envoyé Victor Sanfo me chercher. Je suis allé le trouver seul dans son bureau et il n'avait pas l'air triste. Il m'a expliqué qu'ils s’étaient tirés dessus et que Thomas Sankara était mort », a confié le Pr Traoré. C’est ainsi que Blaise lui aurait confirmé la mort de son ami Patrice Zagré dans cette fusillade. « Blaise Compaoré m'a dit ce même 16 octobre, quand il m'a reçu, que Gilbert Diendéré a levé la main et ses hommes ont compris qu'il fallait attaquer, donc ils l'ont fait », a-t-il ajouté. Pour M. Traoré, la thèse de l’accident était plausible et vraie. C’est ainsi qu’il donna son accord pour poursuivre le processus de révolution en occupant le poste d’inspecteur d'État.  Mais un événement viendra diviser les deux collaborateurs : l'assassinat de Jean Baptiste Lingani en 1989. « J'ai demandé à voir Blaise et il a refusé. C'était la première fois que Blaise refusait de me voir et il a envoyé Salif Diallo me parler. Ç’a été l'élément clé de notre séparation », a soutenu le témoin à la barre. C'est après une introspection qu'il dit s’être rendu compte du complot ourdi par Blaise Compaoré. petraor 2« Blaise complotait. Si j'avais su qu'il avait des problèmes avec le CNR je n'allais jamais aller avec lui. Je me suis trompé. En réalité, l'assassinat de Thomas était prémédité. J'ai compris en fait que Chantal, l'épouse de Blaise, avait une mission : diviser Thomas et Blaise. Elle a été envoyée par le président ivoirien d'alors Félix Houphouët Boigny qui voulait éliminer Sankara. Elle a été pour beaucoup dans la détérioration des relations entre les deux hommes. Blaise a trahi notre confiance », a rapporté le Pr Étienne Traoré.

A sa suite, c’est le médecin-militaire Arsène Bongnessan Yé qui est passé à la barre. Il était directeur des services de santé au moment de la Révolution. Selon le récit du Dr Arsène Bongnessan Yé, les événements du 15 octobre l’ont trouvé dans son bureau en tenue de sport. C’est le coup de fil d’un de ses amis qui aurait attiré son attention. « Je me suis empressé d’endosser une tenue militaire pour rallier ma base au camp Guillaume Ouédraogo », dit-il. Il dit qu’il y est resté jusqu’au petit matin avant de rallier le Conseil de l’entente pour avoir de plus amples informations. « Avez-vous senti ces évènements venir ? » demande le président du tribunal. « Si quelqu’un qui était membre du CNR dit qu’il n’a pas senti le coup venir, c’est qu’il y a problème. On était informé qu’il y avait des divergences. J’ai personnellement rencontré Thomas et Blaise ; tous deux m’ont assuré qu’il n’y avait rien mais je savais que ce n’était pas vrai », a-t-il répondu. « Je regrette la façon dont les choses se sont terminées. Pour des divergences, le problème aurait pu être réglé autrement », déplore le Dr Yé.

L’audition d’Arsène Yé se poursuivra le lundi 22 novembre. Après lui, sont attendus à la barre Boukari Douamba, Patrice Ouédraogo et Victor Zongo.

Sié Mathias Kam

img uneLa phase des témoignages se poursuivit dans le procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons tués le soir du 15 octobre 1987. Après « le lion », ce fut au tour de Pierre Ouédraogo, secrétaire général des Comités de défense de la révolution (CDR), et Basile Guissou, ancien ministre des Relations extérieures et de la Coopération sous la révolution, de faire leurs témoignages ce mercredi 17 novembre 2021.

Basile Guissou, appelé à la barre, a fait des révélations sur Mori Aldiouma Jean Pierre Palm. Mais avant, il a soutenu n’avoir pas été surpris par les événements du 15 octobre. « Je suis de ceux qui n’ont pas été surpris par les évènements du 15 octobre 1987. La tension politique était réelle, intenable au sein du gouvernement », confie-t-il. Selon lui, le coup du 15 octobre est « l’aboutissement de tout un combat contre la révolution ». « C’est depuis ma terrasse que j’ai appris le coup d’Etat et là j’ai su qu’il y avait un changement en notre défaveur », affirme le témoin. Après une chasse à l’homme, il est finalement arrêté et torturé durant 4 mois sur avis du commandant de la gendarmerie à l’époque, Mori Aldiouma Jean Pierre Palm. « Il se permettait de venir superviser notre torture, sourire aux lèvres et avec sa cigarette le gaulois », confie le Pr Guissou. Sur ce témoignage, une confrontation a eu lieu entre l’accusé et le témoin. « Je n’ai jamais ordonné de torture ni torturé ou assisté à une chose pareille », a réfuté à la barre Palm. Mieux, pendant son audition, il avait affirmé qu’il ne savait rien des groupuscules politiques composant le CNR ; or ce soir, il les a cités. img 2« J’ai fait arrêter Basile Guissou, Firmin Diallo, Valère Somé, Charles Somé, tous membres de l’Union des luttes communistes (ULC), sur ordre du commandant Jean Baptiste Lingani », énumère-t-il. « Ce qui est sûr, mon époux, Diallo Firmin, a été torturé à la gendarmerie. Dans la nuit du 31 décembre, c’est Jean-Pierre Palm qui m’a appelée pour que je vienne chercher mon mari. Je ne pouvais pas l’amener car il ne pouvait pas marcher, il était blessé partout. On l’a envoyé à l’hôpital, tous ses vêtements étaient collés à son corps. J’ai caché ses habits pour les laver pour que les enfants ne voient pas cela. Que le même Jean Pierre vienne dire que les gens n’ont pas été torturés est faux », déplore Mme Diallo née Bénon Thérèse. Mais avant le témoignage de Basile Guissou, deux témoins avaient fait leur récit des événements.

Boukary Kaboré avait indiqué que le coup d’État a été savamment préparé et bien orchestré. Aujourd’hui à la barre, il lui a été demandé de détailler comment cela a été préparé. « Avant le coup d’État, ils donnaient de fausses informations (des tracts pour dire que Sankara déviait de la révolution, qu’il était Peuhl-Mossi et qu’il n’était pas fiable), ils intoxiquaient. Ils ont créé un climat malsain avant le coup d’État à tel point qu’il y avait la suspicion entre la garde rapprochée de Sankara et la garde présidentielle. On sabote, on intoxique et on exécute », a expliqué Boukary Kaboré. 

img 3A sa suite, Pierre Ouédraogo a livré sa version des faits. C’est à 22h qu’il dit avoir appris la mort de Sankara après les coups de feu. « De mon bureau, c’était impossible d’entendre les coups de feu avec les vitres fermées. Il fallait maintenant savoir ce qui s’était passé. Ce n’était pas des incidents de tirs. Nous avions pensé que c’était une attaque extérieure venue du côté de l’université. Mais non, c’était une action coordonnée, minutieusement planifiée qui faisait que l’ensemble des forces qui étaient capables d’apporter une réponse à une attaque au Conseil de l’entente étaient pratiquement neutralisées. Ceux qui étaient au Conseil ne pouvaient pas faire face à la puissance de feu de l’ETIR ; cela montre que l’attaque a été préparée parce qu’au dernier moment, l’ETIR a été miné de l’intérieur et finalement son chef tué », témoigne-t-il. Il précise avoir été emprisonné puis radié de l’armée après les tragiques évènements d’octobre 87. « J’ai été libéré par Gilbert Diendéré. Et après ma libération, j’ai été radié de l’armée et reversé comme enseignant à Fada », souligne-t-il. Suite à son récit, le témoin est revenu sur la « répression » suite aux événements du 15 octobre 1987. « Ceux qui ont eu la chance ont été emprisonnés ou radiés de l’armée et ceux qui ont eu moins de chance ont été assassinés », a-t-il conclu.

L’audience se poursuit demain jeudi 18 novembre avec le témoin Domba Jean Marc Palm, frère aîné de Jean Pierre Palm.

Sié Mathias Kam

ppromo uneLe ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l'Action humanitaire, à travers le Secrétariat permanent du Conseil national pour la promotion du genre  (SP/CONAP Genre), veut nouer un partenariat actif avec les Organisations de la société civile  (OSC) intervenant sur le genre au Burkina Faso et renforcer leurs capacités en matière de budgétisation sensible au genre et aux droits de l'enfant. Ce partenariat va contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie nationale genre (SNG) adoptée par le Burkina Faso. Pour y parvenir, une  rencontre de concertation est prévue chaque année  avec les OSC afin d'harmoniser les efforts. Le rendez-vous annuel de 2021 a débuté ce lundi 15 novembre à Ouagadougou.

Cette rencontre va permettre non seulement  de développer une synergie d'actions entre les différents acteurs, mais aussi de renforcer les capacités des OSC en matière d’une Budgétisation sensible au genre et aux droits de l'enfant  (BSGDE). Selon la représentante de la ministre en charge du Genre, le rapport de la Politique nationale genre (PNG), dont l'échéance est arrivée en  2019, a révélé des insuffisances dans les programmes des OSC, notamment en termes de budgétisation sensible au genre et aux droits de l'enfant. ppromo 2D'où la nécessité de cette concertation. “Au demeurant,  vos activités de sensibilisation, de formation et de plaidoyer à travers votre rôle de veille et d'interpellation contribuent à un éveil des consciences pour une plus grande sensibilité à la dimension genre. Nonobstant ces multiples efforts déployés et les acquis engrangés,  certaines de vos réalisations échappent au suivi de l'institution de tutelle du genre, ce qui donne l'impression que rien n'est fait alors que la réalité est tout autre. C'est pourquoi  des cadres de concertation ont été institués pour non seulement faciliter les échanges, mais aussi améliorer la collaboration, gage d'une bonne capitalisation de nos différentes actions”, a rappelé Ursule Kaboré/Bouda.

Les inégalités entre hommes et femmes sont très visibles au Burkina Faso et constituent un obstacle au développement socio-économique et il faut lutter contre le phénomène, selon Assétou Sawadogo née Kaboré,  secrétaire permanente du CONAP Genre. “S’agissant des inégalités, je pense que c'est un secret de Polichinelle de dire que les inégalités sont toujours légion dans la société burkinabè. Vous savez aussi qu'elles ne sont pas l'apanage des femmes ; les hommes en sont victimes aussi. Mais dans le contexte actuel burkinabè, elles pèsent beaucoup plus sur les femmes que sur les hommes”, a-t-elle souligné.   La représentante du Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales (SPONG) a salué l'initiative. Pour elle,  elle vient à point nommé et va renforcer la synergie d'actions entre l'État et les ONG et associations pour la réduction des inégalités au Burkina Faso. Adoptée pour 2020-2024, la SNG vise à favoriser l'instauration de l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes et des filles au Burkina Faso grâce à la mise en œuvre d'actions concrètes à tous les niveaux par les différents acteurs dans les secteurs et domaines prioritaires du développement national.

Cette activité est rendue possible grâce au soutien technique et financier du Fonds commun genre (FCG) et de la GIZ.

Barthélémy Paul Tindano

rcrud uneCe mardi 16 novembre 2021, le centre-ville de Ouagadougou a été le théâtre d'une manifestation des jeunes de plusieurs mouvements. Ces jeunes déplorent l'inaction du gouvernement face aux attaques qui se multiplient de jour en jour. Ils réclament également la démission du président Roch Marc Christian Kaboré. Rond-point des Nations unies,  palais royal du Mogho Naaba et place de la Nation ont été les lieux importants lors de cette marche.

Les manifestants étaient essentiellement des jeunes, issus de plusieurs mouvements. On pouvait voir des organisations comme mouvement carton rouge, mouvement des jeunes d'action, sauvons le Burkina-Faso. Selon les manifestants, <<trop c'est trop >> et il faut que les morts cessent. << Nous sommes sortis parce qu’il y a eu trop de morts.Nous sommes sortis pour un changement radical. Nous ne sommes pas sortis pour nous-mêmes, nous ne sommes pas sortis pour l'opposition ; nous sommes sortis en tant que citoyens du Burkina Faso. Et nous allons continuer la lutte. Nous allons la continuer parce que trop, c'est trop. rcrud 2On a besoin de tout le monde pour soutenir cette lutte-là>>, a déclaré Sayidou Zongo, un manifestant. En provenance de la place de la Nation, les manifestants ont été stoppés devant le Conseil économique et social (CES ) par la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Après quelque temps d'échange entre la CRS et les responsables des manifestants, ces derniers ont bifurqué et pris l'avenue Kwame Nkrumah jusqu'à la station Totalenergie. De là, ils ont pris l'avenue de la cathédrale pour ensuite aller chez le Mogho Naaba Baongo. Devant la cour royale, une délégation est allée livrer le message des manifestants au chef suprême des Mossé. rcrud 3Selon Abdoulaye Zongo, un des responsables, le Mogho Naaba a affirmé son soutien aux manifestants tout en leur conseillant de marcher pacifiquement sans casser ni brûler. <<Vu la situation actuelle, nous sommes partis voir le Mogho Naaba ce matin. Depuis avant-hier, nous on a vu qu’à Inata des gendarmes sont tombés. On est sorti ce matin montrer à ceux qui dirigent aujourd'hui-là qu'on en a marre de leur gestion. On a demandé au Mogho Naaba de les interpeller>>, a-t-il déclaré. 

Les marcheurs ont rallié le rond-point des Nations unies en passant par la place de la Nation. Pendant cette manifestation spontanée, certains manifestants étaient devenus incontrôlables. Difficile de les contenir devant le palais royal ou encore au grand marché, où certains ont voulu pénétrer. D'autres, quant à eux, demandaient aux commerçants de fermer leurs boutiques. Une manifestation non préparée au cours de laquelle  les manifestants ne parlaient pas d’une même voix. En effet,  ces jeunes n’arrivaient pas à s’entendre sur la conduite à tenir pendant la manifestation. Pendant que certains voulaient continuer à bloquer les voies,  d'autres n'étaient pas de cette avis. Certains jeunes soutiennent qu'il y avait des infiltrés parmi les manifestants qui voulaient saper la lutte. 

Barthélémy Paul Tindano

lelion uneLes premiers témoins ont été entendus ce mardi 16 novembre 2021 dans la suite du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons tués le 15 octobre 1987.

Daouda Traoré, colonel major à la retraite, lieutenant au moment des faits, a été le premier témoin à comparaître. Après avoir juré de « dire la vérité, rien que la vérité », il a donné sa version des faits. Il a commencé son récit par son affectation dans la ville de Fada N’Gourma comme chef d’unité du bataillon d’infanterie de Fada. Chose, selon lui, qui n’a pas été de son goût. Car, dit-il, il avait foulu faire un stage à Cuba, mais cela a été refusé par Thomas Sankara. Daouda Traoré était membre d’une commission de contrôle au sein du Conseil national de la révolution (CNR). A ce titre, il a convoqué Blaise Compaoré pour l’entendre sur les tracts qui circulaient en son temps sur Thomas Sankara. « On lui a dit qu’il semblait qu’il tenait des réunions avec des groupuscules. Il a dit qu’il n’avait rien contre Sankara et qu’il ne prendrait pas une brindille contre lui », a déclaré le témoin. « Quand Blaise Compaoré m’a dit que Sankara était mort. J’ai crié », ajoute-t-il. A l’écouter, le lendemain, il avait décidé d’aller à Fada mais Blaise y a opposé un refus. « Il m’a dit : ‘’Surtout pas, tu ne bouges pas de Ouagadougou’’ », confie-t-il avant de déduire qu’il risquait d’être assassiné à Fada s’il y était allé.

lelion 2Daouda Traoré dit avoir été interpellé à plusieurs reprises par Blaise Compaoré afin qu’il rejoigne leurs rangs et ajoute que son refus lui a valu d’être détenu, avec d’autres frères d’armes, pendant 6 mois au Conseil de l’entente. Il dit s’en remettre à Dieu, car il lui a épargné trois fois la vie au cours de la semaine qui a suivi le 15 octobre. C’est finalement Mori Aldiouma Jean Pierre Palm, indique-t-il, qui est venu les libérer tout en les avertissant en ces termes :  « Vous savez ce qui vous a amenés ici. Ne faites plus cela sinon vous serez renvoyés ici. »  « J’étais accusé de participation passive au complot de 20h. Et ils ont dit : ‘’vous êtes radié de l’armée’’ », cite-t-il. D’après le témoin, « Blaise Compaoré avait un problème avec la révolution et avec Thomas Sankara. Blaise s’est servi des frustrations de certains camarades pour réaliser son complot », indique-t-il.

Dans son témoignage, Boukary Kaboré, dit « le lion », a chargé Blaise Compaoré ; toutefois, il pointe aussi la responsabilité du président Sankara. « Thomas a refusé que j'arrête Blaise. Il m'a dit que si je touche à un cheveu de Blaise, lui et moi, c'est fini », a-t-il confié. Selon lui, Blaise Compaoré cherchait un moyen d'assassiner Sankara, lui « le lion », Michel Koama de l'ETIR ainsi que Vincent Sigué de la FIMATS. « J'étais au courant du coup de Blaise Compaoré. Thomas Sankara aussi en était informé. Je le lui ai dit et il m'a dit de laisser faire… », a rapporté « le lion ». Selon Boukary Kaboré (capitaine au moment des faits), Blaise n'osait pas arrêter Sankara. Sous ses yeux, Sankara a été arrêté sous le régime des présidents Saye Zerbo et Jean Baptiste Ouédraogo, mais finalement il a été libéré et les commanditaires ont eu tous les problèmes. « Son assassinat a été minutieusement préparé et savamment exécuté », a affirmé le témoin. « Comment expliquez-vous l’absence de réaction de la garde de Thomas Sankara ? » demande le président du tribunal. « C'est Thomas qui empêchait la garde d’agir. Il ne voulait plus de garde. Donc c'est comme s'il s'était suicidé », a-t-il révélé.

L’audience a été suspendue et reprendra demain par « une confrontation » entre l'accusé Gilbert Diendéré et le témoin Boukary Kaboré. Ce dernier a cité Gilbert Diendéré comme ayant fait partie du coup. Selon lui, Gilbert Diendéré était bel et bien informé des tensions entre Thomas Sankara et Blaise Compaoré. Mieux, il avait un parti pris, chose que Diendéré a niée à la barre.

Sié Mathias Kam

 

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