Ce vendredi 12 novembre 2021 au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), s'est tenu un panel sur le thème «Pourquoi et comment investiguer sur la crise sécuritaire au Sahel ?» C’était à l'occasion du 9e festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP). Les administrateurs Sadou Sidibé et Kalifara Séré du Burkina Faso ainsi que le journaliste nigérien Ibrahim Manzo Diallo ont décortiqué ce thème à la satisfaction des festivaliers, au 3e jour du Festival. On retient de leur exposé qu'il faut investiguer sur la crise sécuritaire pour accompagner les États dans la lutte contre le terrorisme et le faire avec beaucoup de précautions.
Les pays sahéliens font face aux attaques des groupes armés depuis quelques années. Et à côté de cette guerre non conventionnelle se mène une autre : celle de la communication ou de l'information. C'est en droite ligne de cela qu’a été tenu, à l’occasion de l’édition 2021 du FILEP, le panel sur ce thème très à propos : «Pourquoi et comment investiguer sur la crise sécuritaire au Sahel ?»
Selon les panélistes du jour, l'information en temps de guerre est très importante, car elle permet non seulement de mieux comprendre les causes du conflit, mais aussi de savoir ce qui se passe réellement sur le terrain afin de prendre les mesures qui siéent. Selon le journaliste d'investigation Ibrahim Manzo Diallo, l'investigation est un devoir moral, bien que ce ne soit pas une tâche facile. En effet, outre les risques d’enlèvement et d'assassinat auxquels sont exposés les hommes des médias de part des terroristes, les textes réglementant la collecte, le traitement et la diffusion de l’information dans les États ne favorisent même pas le travail des gratte-papier. Pourtant, très souvent, les informations données par le commandement militaire ne reflètent pas la réalité du terrain. Ce sont donc les journalistes qui peuvent donner la bonne information.
Pour faire de l'investigation, il faut une bonne collaboration entre militaires et journalistes. Et les derniers cités doivent travailler avec la plus grande prudence tout en respectant l'éthique et la déontologie de leur profession. En outre, les journalistes ne doivent pas se contenter de relayer les communiqués et les informations erronées diffusées sur les réseaux sociaux. Pour Kalifara Séré, l'argument sur lequel un article de presse peut démoraliser les militaires n'est pas valable, car les militaires ne perdent pas si facilement le moral. Les panélistes du jour ont conclu en affirmant que la guerre imposée par les terroristes aux paisibles populations ne saurait être remportée par les seuls militaires. En définitive, les États doivent faire des réformes en termes de défense et de sécurité en tenant compte des spécificités des contextes afin de garantir la sécurité des populations.
Barthélémy Paul Tindano