L’audition des accusés dans le procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons, assassinés le 15 octobre 1987, se poursuit au Tribunal militaire de Ouagadougou. A la barre ce lundi 15 novembre 2021, il y a avait deux accusés : Albert Pascal Sibidi Belemlilga et Diakalia Démé. Au moment des faits, ils étaient adjudants-chefs. Ils sont accusés de complicité d'attentat à la sûreté de l'État. En outre, on leur reproche d'avoir pris part à l'attaque de la FIMATS (Force d'intervention du ministère de l'Administration territoriale et de la Sécurité) le même soir après le coup d'État du 15 octobre 1987 et d’avoir contribué à asseoir le Front populaire.
« Je ne reconnais pas les faits », a plaidé à la barre le premier accusé qui comparaissait ce lundi, en l’occurrence Albert Pascal Sibidi Belemlilga. Selon sa version des faits, le 15 octobre 1897 vers 15h30, il était au Conseil de l’entente sur le terrain de volley-ball pour une séance d’entraînement. « Les coups de feu ont éclaté et j’ai fait un placage au sol. Après les tirs, j’ai rejoint mon unité pour savoir la conduite à tenir. C’est là que le chef de peloton, Bernard Kaboré, m’a instruit d’aller me mettre en tenue militaire et de les rejoindre au camp CRS, où il y avait la FIMATS », raconte-t-il. Dans sa narration des évènements, le comparant soutient n’avoir commis aucun acte de violence qui puisse l’incriminer dans cette affaire. Il confie même n’avoir tiré aucun coup de feu à Ouagadougou le 15 octobre et jours suivants. A l’en croire, certes il est allé à la FIMATS, sur instruction de Bernard Kaboré, mais le camp avait été désarmé avant qu’il n’arrive sur les lieux. « C’est là qu’il (Bernard Kaboré) m'a dit de prendre l'axe. Prendre l'axe consistait à faire la patrouille sur la ligne camp CRS-Kologh Naaba-Station BP pour repérer tout mouvement afin de rendre compte », confie-t-il. Toujours selon Albert Pascal Sibidi Belemlilga, c’est en chemin qu’il a croisé le lieutenant Gaspard Somé, qui lui a annoncé le coup d’Etat et la mort de Thomas Sankara. « Je lui ai dit que j’étais attristé et il a fait sortir de sa voiture une bouteille de whisky qu’il m’a tendue et j’ai bu pour me remonter le moral. Il m’a aussi confié qu’il venait de tuer son chef de corps Michel Koama au niveau de l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR), à son domicile pendant qu’il s’habillait. Il a compris que j’étais trop démoralisé et m’a tendu à nouveau la bouteille de whisky et j’ai encore bu pour retrouver mes esprits », raconte-t-il. Là encore, Gilbert Diendéré a été cité par M. Belemlilga comme étant le commanditaire de l’assassinat de Michel Koama. « Gaspard Somé m’a dit qu’il partait rendre compte au Conseil de l’entente. Selon moi, c’est à Gilbert Diendéré qu’il allait rendre compte », a-t-il soutenu.
Lui a succédé à la barre Diakalia Démé, adjudant-chef major à la retraite, en service à l’EMC au moment des faits. Relevant du même peloton que son prédécesseur et étant venu à Ouagadougou pour les mêmes raisons sportives, la version des faits de Démé et celle de Belemlilga sont proches. Il a plaidé également non coupable et nie toute implication dans les événements du 15 octobre 1987. Son interrogatoire se poursuit demain 16 novembre 2021 avec notamment l’intervention des avocats de la défense.
Ce samedi 13 novembre 2021 s'est tenue la conférence inaugurale de la fête de l’indépendance 2021. C'était à Ziniaré, chef-lieu du Plateau central, en présence de plusieurs fils et filles de ladite région. Il s’est agi pour le représentant du Premier ministre, leministre d'État Zéphirin Diabré, d'expliquer aux forces vives de cette région le thème de la célébration des 61 ans d’accession à l’indépendance de notre pays, à savoir « Réconciliation nationale et cohésion sociale : devoir et responsabilité de tous pour un développement durable du Burkina Faso ».
« Là où il y avait l'entente, on sent qu'il n'y a plus d'entente ; là où il y avait l'harmonie, on sent qu'il n'y a plus d'harmonie et là où il y avait la stabilité et la concorde, il y a eu des blessures qui ont du mal à se cicatriser », a précisé Zéphirin Diabré à propos du thème choisi. Et comme la commémoration de l'indépendance nationale est un moment pour réfléchir sur « d'où on vient et où on va », il est clair, poursuit M. Diabré, qu'on ne peut pas faire l'économie de tous ses problèmes qui nous assaillent. « C'est le moment de parler d'un besoin de réconciliation nationale et de cohésion sociale », a-t-il indiqué.
« Quand on parle de réconciliation, c'est qu'il y a eu une situation de crise légère ou profonde qui fait que deux personnes ou deux groupes qui étaient ensemble et parlaient le même langage se regardent en chiens de faïence et donc elles/ils doivent se réconcilier. C'est un processus pour se remettre ensemble », a expliqué le ministre de la Réconciliation nationale. A en croire Zéphirin Diabré, il s'agit d'établir un nouveau contrat social en faisant table rase de la haine pour ramener la confiance et la fraternité. Pour ce qui est de la cohésion sociale, M. Diabré explique qu’il s’agit de faire cohabiter toutes les personnes dans un même univers. L’objectif, « c’est de mettre tout en œuvre pour que ce qui avait été fait ne se reproduise plus », a-t-il souligné.
Plusieurs catégories de réconciliations ont été citées par le ministre d'Etat. Il s’agit de la réconciliation politique, de la réconciliation sociocommunautaire à la suite de conflits liés à l'exploitation minière ou à la suite de conflits entre agriculteurs et éleveurs, de la réconciliation socio-administrative, de la réconciliation économique et financière et de la réconciliation citoyenne. « Ces grandes catégories qui rythment la démarche de la réconciliation nationale seront examinées à travers la vision qui est de faire du Burkina Faso une nation réconciliée avec elle-même à travers le triptyque Vérité-justice-réconciliation », a-t-il confié. Ce processus de réconciliation n’est pas le premier du genre dans notre pays. C’est pourquoi le ministre Diabré a invité la population au « pardon sincère » pour éviter qu'on revienne sur les mêmes griefs à l’avenir.
« Que ceux qui ont fait [du tort] demandent pardon, que ceux à qui on a fait [du tort] acceptent le pardon et qu'on oublie ce qui s'est passé pour se remettre ensemble et repartir de l'avant ; c'est cela, la réconciliation nationale. Que chacun fasse l’effort d’aller vers l’autre pour un Burkina Faso véritablement uni », a exhorté Zéphirin Diabré.
Cette conférence d’explication marque le départ d’une série d'autres dans toutes les provinces du Plateau central, en prélude à la fête du 11-Décembre.
Ce vendredi 12 novembre 2021 au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), s'est tenu un panel sur le thème «Pourquoi et comment investiguer sur la crise sécuritaire au Sahel ?» C’était àl'occasion du 9e festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP). Les administrateurs Sadou Sidibé et Kalifara Séré du Burkina Faso ainsi que le journaliste nigérien Ibrahim Manzo Diallo ont décortiqué ce thème à la satisfaction des festivaliers, au 3e jour du Festival. On retient de leur exposé qu'il faut investiguer sur la crise sécuritaire pour accompagner les Étatsdans la lutte contre le terrorisme et le faire avec beaucoup de précautions.
Les pays sahéliens font face aux attaques des groupes armés depuis quelques années. Et à côté de cette guerre non conventionnelle se mène une autre : celle de la communication ou de l'information. C'est en droite ligne de cela qu’a été tenu, à l’occasion de l’édition 2021 du FILEP, le panel sur ce thème très à propos : «Pourquoi et comment investiguer sur la crise sécuritaire au Sahel ?»
Selon les panélistes du jour, l'information en temps de guerre est très importante, car elle permet non seulement de mieux comprendre les causes du conflit, mais aussi de savoir ce qui se passe réellement sur le terrain afin de prendre les mesures qui siéent. Selon le journaliste d'investigation Ibrahim Manzo Diallo, l'investigation est un devoir moral, bien que ce ne soit pas une tâche facile. En effet, outre les risques d’enlèvement et d'assassinat auxquels sont exposés les hommes des médias de part des terroristes, les textes réglementant la collecte, le traitement et la diffusion de l’information dans les États ne favorisent même pas le travail des gratte-papier. Pourtant, très souvent, les informations données par le commandement militaire ne reflètent pas la réalité du terrain. Ce sont donc les journalistes qui peuvent donner la bonne information.
Pour faire de l'investigation, il faut une bonne collaboration entre militaires et journalistes. Et les derniers cités doivent travailler avec la plus grande prudence tout en respectant l'éthique et la déontologie de leur profession. En outre, les journalistes ne doivent pas se contenter de relayer les communiqués et les informations erronées diffusées sur les réseaux sociaux. Pour Kalifara Séré, l'argument sur lequel un article de presse peut démoraliser les militaires n'est pas valable, car les militaires ne perdent pas si facilement le moral. Les panélistes du jour ont conclu en affirmant que la guerre imposée par les terroristes aux paisibles populations ne saurait être remportée par les seuls militaires. En définitive, les États doivent faire des réformes en termes de défense et de sécurité en tenant compte des spécificités des contextes afin de garantir la sécurité des populations.
Le Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), édition 2021, bat son plein àOuagadougou. Plusieurs activités sont au programme, dont des panels sur des thématiques d'actualité. Ce jeudi 11 novembre, au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), il étaitquestion des projets médiatiques àl'ère de la digitalisation. Trois panélistes, à savoir Laurent Bigot de la France, Moussa Sawadogo du Burkina Faso et Roland Adéboyo Alayé du Bénin, ont donné des éclaircissements sur les principes du journalisme. On en retient que les réseaux sociaux ne sont pas une fatalité pour les médias traditionnels, mais une aubaine àcondition qu’on les utilise àbon escient.
Avec l'avènement des smartphones et grâce à Internet, n'importe quelle personne devient «journaliste». De fausses informations sont relayées sur les réseaux sociaux à longueur de journée. C'est ce qui a nécessité la réflexion sur le thème «Quels projets médiatiques àl'ère de la digitalisation? »
Pour Moussa Sawadogo, enseignant en communication et journalisme, les médias traditionnels doivent saisir l'opportunité que les réseaux sociaux leur offrent tout en respectant l'éthique et la déontologie du journalisme. «lnternet offre des perspectives aux médias pour élargirleurs zones de diffusion. Cela permet d'atteindre plus de personnes au-delà même des frontières. Mais en même temps, ces opportunités-là ne sont pas sans danger», a-t-il fait remarquer. Selon l'universitaire, les journalistes doivent être plus prudents dans l’utilisation des réseaux sociaux. «Le bon journaliste, ce n'est pas seulement celui qui maîtrise les réseaux sociaux mais celui qui, en plus de maîtriser les réseaux sociaux, respecte sa mission sociale ainsi que les questions d'éthique et de déontologie. L’objectif, c'était d'attirer l'attention des journalistes sur le fait que les réseaux émettentdans l'immédiateté et qu’il faut faire attention à la course au scoop. Souvent on ne prend pas le temps de vérifier les choses», a-t-il déploré.
Mais comment y arriver ? A ce propos, les panélistes sont unanimes : il faut des formations adaptées à la réalité du contexte. «Il y a beaucoup de choses sur les réseaux sociaux mais le journaliste ne doit pas utiliser ces réseaux comme n'importe qui pour véhiculer des rumeurs. Les médias sociaux sont des contenants dans lesquels le journaliste doit mettre un contenu. Et ce contenu-là doit rester journalistique et conserver les valeurs du journalisme.» Le Béninois Roland Adéboyo Alayé a également partagé l'expérience de son pays où des radios communautaires sont arrivées à s'adapter au contexte d'Internet. Un sentiment de satisfaction pour les festivaliers, pour qui le panel a été très enrichissant en informations et en propositions visant à sortir de la crise. «Ce qui a étébeaucoup plus intéressant, c'est que les panélistes ont amené les journalistes àse remettre en cause. Le journalisme est un métier noble qui requiert beaucoup de discernement, qui nécessite qu'on fasse le recoupement des informations reçues avant de les publier. Si un journaliste n'est pas suffisamment outillé, il peut donc constituer non seulement un danger pour lui-même, mais aussi pour la société dans laquelle il se trouve», a déclaré Kadidja Fofana, journaliste venue du Mali
L’audition de l’accusé Gilbert Diendéré a pris fin ce jeudi 11 novembre 2021 au tribunal militaire de Ouagadougou. Le parquet a repris la parole avant qu’elle ne soit donnée à la défense.
La procureure militaire est revenue sur des déclarations du général Diendéré à un journaliste (Martens Lido) où il expliquait les évènements du 15 octobre 1987. Il aurait dit : « Il était question d'arrêter Thomas Sankara, mais la situation a dégénéré et il y a eu mort d’hommes ».
Gilbert Diendéré reconnaît avoir parlé à ce journaliste mais précise : « Il ne m'avait pas dit que c'était pour aller le mettre dans un livre ou un journal. S'il me l'avait dit, je n'allais pas parler de ça. En tant que militaire, j'ai un devoir de réserve ». Il ajoute que « le journaliste a mal retranscrit ses propos », tenus dans une causerie à bâtons rompus. « Quelles sont les corrections que vous auriez apportées ? » lui demande le président du tribunal. Il répond : « S'il m'avait dit son intention, j'allais lui dire de ne pas mettre cela dans un livre ou un journal. J'allais lui dire de ne pas en tenir compte ».
« Quels propos alliez-vous changer ? » reprend le président du tribunal. « Tous ses propos. Ce que j'ai dit, ce sont des informations que j'ai eu après. Mais il a écrit comme si c'était moi qui l’affirmais », réplique Gilbert Diendéré. La procureure militaire Pascaline Zoungrana a fait des observations. Elle soutient que le général Diendéré n’a cessé de répéter qu’il a convoqué la réunion du 15 octobre 1987 au matin. S’il l’a fait, déduit-elle, c’est que les éléments qu’il a convoqués étaient ses hommes. En outre, elle fait remarquer qu'en réalité, il en était le meneur, le donneur d'instructions, même s'il était l’adjoint de Blaise Compaoré dans le commandement du CNEC.
A une question du président du tribunal, Me Urbain Méda, sur les attributions d’un chef et d’un adjoint dans la hiérarchie militaire, elle répond : « En cas d’absence du chef de corps, l’adjoint a le commandement du corps, donc les mêmes attributions que le chef à son absence ». À cette réponse de la procureure, Gilbert Diendéré affiche un sourire avant de renvoyer la magistrate à ses « documents d'apprentissage, car elle ne maîtrise pas la chose militaire ». Il affirme que n’étant qu’adjoint, il n'avait aucun pouvoir de prendre des décisions tant que le chef (Blaise Compaoré) était dans le pays. Il devait lui rendre compte et attendre ses instructions. « Il n'y a pas deux chefs dans un bateau », a-t-il dit.
A la question de Me Abdoul Latif Dabo, l’un des avocats du général Gilbert Diendéré, qui a demandé pourquoi le général n’avait pas fui après les événements du 15 octobre 1987, « Golf » a répondu : « Le Conseil de l’entente abrite des hommes qui sont sous ma responsabilité. Pourquoi je vais fuir alors que je suis à côté sans chercher à savoir ce qui se passe ?Prenons l’exemple que ce soit des mercenaires et admettons que je me réfugie dans mon village à Yako et qu’ils arrivent à exterminer mes hommes. Ils vont dire que je suis au courant de quelque chose et chercher à me retrouver pour régler mon compte. Admettons aussi que mes hommes arrivent à résister, à les exterminer. Moi, je suis à Yako. Est-ce que je peux revenir dans ma caserne dire à mes hommes que je suis leur chef ? Ils vont m’abattre ». Me Olivier Yelkouny, aussi avocat du général Gilbert Diendéré, est revenu sur la préoccupation de Me Prosper Farama de la partie civile la veille sur la ‘’tenue léopard’’ que porte le général Gilbert Diendéré. Celui-ci a déclaré qu'il a entendu le chef d'état-major affirmer que cette ‘’tenue léopard’’ est celle de l'armée burkinabè. Et Me Yelkouny en déduit que son client porte la tenue militaire parce qu’il n’a pas été radié de l’armée. « Il n’est pas en train de purger une peine. Il n’est qu’en détention provisoire », a-t-il indiqué avant de demander au général Diendéré de revenir sur l’historique de cette tenue. C’est là qu’il affirme : « Cette tenue militaire a été introduite par le capitaine Thomas Sankara en 1974. Elle a été perfectionnée par le capitaine Blaise Compaoré. En portant cette tenue, je me fais le descendant de ces deux hommes pour qui j’ai du respect ». Il poursuit avec un aveu à la barre. « Si cette tenue est celle du front, alors je suis prêt à aller au front », a-t-il avoué. « Cette attitude est assez inquiétante et elle révèle que l’accusé semble ne rien regretter et qu’il n’a aucun remord. Nous pensons que cela est triste », a commenté Me Ambroise Farama, avocat de la partie civile.
Le parquet a demandé au général s’il n’avait pas conscience d’avoir failli à sa mission de sécurisation. La réponse de Diendéré est nuancée. « Il y a eu quand même un problème qu’on n’a pas pu éviter. Je ne peux pas dire que j’ai totalement failli. Mais j’ai un pincement au cœur du fait qu’un endroit dont j’avais la responsabilité ait connu un tel drame. Donc je reconnais qu’il y a eu un manquement mais dire que c’est de ma faute, je ne peux pas le faire », a-t-il dit.
Le parquet a poursuivi dans ses observations en évoquant des attitudes d’incompréhension par rapport au système de sécurisation au sein du Conseil de l’entente. Le parquet a trouvé curieux l’attitude du piquet d’intervention « resté inactif face à la fusillade du 15 octobre 1987 ».
« Nous estimons qu’il y avait des défaillances bien voulues, bien pensées au niveau des piquets d’intervention », a déclaré le parquet. A cela Me Paul Kéré de la défense a demandé que les débats se mènent sur les faits du 15 octobre 1987. « Je voulais que madame Sankara qui est dans la salle comprenne que parmi les avocats de la défense, il y a des sankaristes. Il y a des gens qui ont comme idole Thomas Sankara. Il faut que nous menions le débat autour de la responsabilité personnelle du Général Diendéré.Hyacinthe Kafando était un dieu au sein du Conseil de l’entente. Il foulait aux pieds les décisions de Diendéré. Ce qu’il faut retenir de ce dossier, c’est que des éléments incontrôlés et isolés sont venus commettre l’irréparable. Et la responsabilité personnelle est condamnable, selon le Code pénal. Il faut que nous n’ignorions pas les principes fondamentaux et les éléments historiques afin d’aller au bout de ce procès historique », a indiqué Paul Kéré. « Nous sommes satisfaits des trois jours d'interrogatoire de notre client. Ses droits ont été respectés », a conclu Me Abdoul Latif Dabo.
En rappel, le procès Thomas Sankara et 12 autres n'est qu'à l'étape des auditions. Il ne reste plus que trois accusés qui passeront à la barre avant que les témoins à charge ou à décharge viennent eux aussi faire leurs dépositions. L'audience a été suspendue et reprendra le lundi 15 novembre 2021. C’est Belemlilga Albert Pascal Sibidi qui est attendu à la barre lundi. Cet adjudant-chef au moment des faits est accusé d'attentat à la sûreté de l'État.
Jour 2 de l’audition du général Gilbert Diendéré ce mercredi 10 novembre 2021 au Tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. Il a fait face aux questions des avocats de la partie civile. Une fois de plus, la tension est montée et sur les faits du 15 octobre 1987, la vérité du général n’est pas celle qu’attendait la partie civile.
« Vous avez le droit de répondre ou de garder le silence. Mais si vous répondez, allez au bout de vos réponses. C’est le droit des avocats de vous poser des questions et de faire des observations pour éclairer le tribunal. Il n’y a pas de questions bêtes ou idiotes », a rappelé Me Urbain Méda à l’accusé Gilbert Diendéré. Ce dernier est principalement accusé d’avoir contribué à asseoir le Front populaire après les évènements du 15 octobre. Et justement, une question a été posée par la partie civile aux général Diendéré sur la légalité du CNR. « En quoi le CNR était légal ?Il n’y avait pas d’ordre légal à cette époque-là. Le CNR est venu aussi par un coup de force en 1983. Quand vous dites que le CNR était le régime légal, c’est que le Front populaire aussi était légal. Car ils sont venus de la même manière », a répondu ce dernier.
Cette question était relative à l’ETIR (l’Escadon de transport et d’intervention rapide) et à la FIMATS (la Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité). Et selon Gilbert Diendéré, il se disait que ces deux camps avaient pour objectif d’attaquer le CNEC (le Centre national d’entraînement commando) afin de pouvoir atteindre le capitaine Blaise Compaoré. « Il se disait aussi que ces camps ont été créés pour contrer le CNEC, car on dit que le CNEC est acquis à la cause de Blaise », ajoute-t-il.
Plusieurs avocats de la partie civile ont fait remarquer que le général Diendéré n’a vu et ne s’est adressé le jour des faits qu’à des témoins qui sont morts. « Arzouma Ouédraogo dit Otis est mort sur la route de Gaoua. Il a tenté de s’enfuir. Il a donc été abattu sur la route par les soldats qui l’escortaient pour la prison. Nabié Nsoni, Hamadou, Pathé Maïga et Karim Tapsoba (Ndlr; celui qui est venu enlever les corps de Thomas Sankara et de ses compagnons pour aller les enterrer) sont morts de maladie, Gaspard Somé est mort accidentellement sur la route de Djibo. Jean-Baptiste Lingani est mort suite aux événements de 1989 où il avait tenté de perpétrer un coup d’État contre Blaise », a expliqué celui-là même que l’on considère comme la « boîte noire » des événements du 15 octobre 1987. Et selon lui, ce n’est pas de sa faute s’ils sont morts. « Diéndéré n’est pas Dieu pour décider qui va mourir. S’il y a des morts, ce n’est pas le fait du général Diendéré », appuie Me Paul Kéré de la défense.
« Je m'attendais à un général-président qui s'assume, qui nous dit clairement les choses. Mais non, ce n'est pas le cas », fait remarquer Me Ferdinand Nzepa. « Maître, vous êtes venu avec une idée arrêtée. Si vous vous attendiez à ce que Gilbert Diendéré assume ce qu'il n'a pas fait, c'est non. Même si ce sont mes hommes qui ont commis cet acte d'indiscipline, je ne vais pas l'assumer parce que je suis général. Ils n'ont reçu l'ordre de personne », répond le général Gilbert Diendéré. Il poursuit : « Si vous vous attendiez à ce que je dise que c'est Blaise Compaoré qui m'a donné l'ordre de faire ça ou ça, je dis non non et non, deux points à la ligne ». Selon Me Prosper Farama, le général Diendéré a toujours eu la même ligne de défense. « Votre ligne de défense semble me dire : ‘’Je n’y suis pour rien’’. C’est pour dire ‘’ça s’est passé au Conseil et ce sont mes éléments qui ont fait mais je n’en sais rien’’.David Ouédraogo a été tué au Conseil par vos éléments mais vous n’y êtes pour rien. Dabo Boukary a été torturé à mort au Conseil par vos éléments. Encore vous n’y êtes pour rien. Vos éléments ont fait le coup d’Etat le 16 septembre 2015, là aussi vous n’y êtes pour rien. Est-ce que vous ne pensez pas que cette ligne de défense est usée, mon général ? » questionne Me Farama. « Non elle ne l’est pas si c’est la réalité », répond Gilbert Diendéré. Mais entre-temps, la tension est montée d’un cran entre les deux hommes. Tout est parti de la restitution des faits. Selon Me Prosper Farama, le récit fait par l'accusé Gilbert Diendéré après qu'il a entendu les coups de feu depuis l'ENAM et qu’il a rebroussé chemin sur le Conseil de l'entente est ambigu.
« Vous m'en voyez désolé mais si avec les explications vous ne comprenez pas, cela me donne à dire que vous êtes borné », lance le général Diendéré.
« Avec tout le respect que je vous dois, quelqu’un qui vous écoute toute une année ne vous comprendra pas (...) si je suis borné, c'est que vous, vous êtes taré », réplique Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, avant que le président du tribunal, Urbain Méda, ne recadre les deux hommes en les invitant à des propos courtois. Pour Me Guy Hervé Kam, « Golf » n’a rien fait pour empêcher la survenue des événements du 15 octobre 1987.
Mais le général dit avoir fait ce qui était en son pouvoir. Il évoque des informations qui mettent en cause des unités qui supportaient le camp Sankara. « Je pense que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est peut-être parce que les éléments de Blaise Compaoré ont apprisque pendant que nous étions en réunion, Vincent Sigué de la FIMATS est allé acquérir de l’armements au camp de l’ETIR à Kamboinsin. Et moi-même j’ai vu ce matériel militaire au niveau du camp de la FIMATS après les évènements. Je me suis dit que c’est un élément de l’ETIR qui a donné ces informations aux éléments du Conseil », a souligné le général Diendéré. C’est, selon lui, ce qui a amené les éléments de Blaise à prendre les devants. En ce qui concerne le « complot » de 20h contre le camp de Blaise Compaoré, le général dit ne pas en avoir eu vent.
Questionné par Me Séraphin Somé sur les explications à donner aux familles en tant que chef de la sécurité des lieux où les 13 personnes ont été assassinées. Le général répond : « J’ai fait le nécessaire. J’ai fait tout mon possible. Je vous assure qu’aucun ennemi venant de l’extérieur ne pouvait attaquer l’intérieur du Conseil. Mais l’attaque est venue de l’intérieur et ça, personne ne pouvait contrecarrer cela ». Me Paul Kéré soutient que « Gilbert Diendéré a agi en bon soldat ».
L’interrogatoire de Gilbert Diendéré se poursuit le jeudi 11 novembre avec l’intervention de la défense.
La 9eédition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) se tient du 10 au 13 novembre 2021 àOuagadougou sur le thème «Au carrefour des crises sanitaire, sécuritaire, politique et des mutations technologiques, construisons des médias résilients au service des citoyens africains». Au programme des activités figurent un colloque international, un concours et une exposition photos, caricature et dessin de presse, ainsi qu’une projection de films et surtout la soirée gala de récompenses. L'ouverture officielle du Festival a eu lieu ce 10 novembre au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) sous le parrainage du président de l'Assemblée nationale, représenté par le vice-président Dramane Nignan.
Les objectifs du FILEP, c'est : poser le débat, susciter la réflexion et proposer de meilleures conditions d'exercice de leur profession aux journalistes et de leurs activités aux défenseurs des droits de l'Homme. D'où le choix du thème de cette édition. Dans sa déclaration à la cérémonie d'ouverture, le président du comité d’organisation, Sidiki Dramé, a rappelé le contexte dans lequel se tient l'édition 2021 du FILEP en ces termes : «Nous évoluonsdans une Afrique où les crises politiques et institutionnelles remettent en cause les acquis démocratiques chèrement conquis par les peuples organisés. Le FILEP se tient dans un contexte où des journalistes, àtravers l'Afrique, continuent de travailler dans la peur, menacés par des despotes déguisés en démocrates. Nous tenons le FILEP 2021 dans un contexte où les tenants du pouvoir économique entendent définir les contenus médiatiques àla place des professionnels. Le FILEP 2021 se tient à un moment où certains journalistes sont traînés à longueur de journée dans les palais de justice et jetés en prison juste pour avoir dénoncé la mal gouvernance dont souffrent la plupart de nos États. » D’après lui, il est inadmissible que 30 ans après la déclaration de Windhoek, qui consacrait l'indépendance, la liberté et le pluralisme dans les médias, l'on continue à harceler, à intimider et à violer allégrement les droits les plus élémentaires des journalistes.
Le FILEP 2021 est parrainé par le président de l'Assemblée nationale du Burkina, Alassane Bala Sakandé. Son représentant à la cérémonie d’ouverture, le vice-président Dramane Nignan, a félicité les organisateurs de l’événement de pouvoir tenir cette édition malgré le difficile contexte national. Il a également invité les festivaliers à mener des réflexions qui permettront aux médias de mieux y faire face. Le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, a également congratulé les acteurs des médias pour leurs efforts au quotidien, tout en leur rappelant leur responsabilité en matière de traitement de l’information.
Plus de 200 festivaliers prennent part à cette biennale de la liberté d’expression et de la presse organisée par le Centre national de presse Norbert Zongo. Du 10 au 13 novembre, ces derniers, venus de 20 pays, vont réfléchir sur la problématique de la survie des médias et de leur résilience aux multiples crises. La clôture du FILEP est prévue pour le samedi 13 novembre avec une soirée gala de récompenses dont le trophée le plus convoité est le prix africain du journalisme d’investigation Nobert Zongo.
L’audition des accusés du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons assassinés le 15 octobre 1987 se poursuit. A la barre ce mardi 9 novembre 2021, le général Gilbert Diendéré (lieutenant au moment des faits et chef de corps adjoint du CNEC) comparaît pour répondre de quatre chefs d’accusation : attentat à la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat, recel de cadavre et subornation de témoin. « Je ne reconnais pas les faits », a-t-il plaidé. Ce premier jour de passage du général Diendéré a été houleux.
Selon les dires de celui qu’on surnomme « Golfe », le 15 octobre 1987, il a convoqué une réunion d'urgence entre la garde rapprochée du président Thomas Sankara et celle du ministre Blaise Compaoré pour « désamorcer la bombe » due aux nombreuses ‘’rumeurs’’ sur une tentative d'arrestation de Blaise Compaoré par Thomas Sankara d’un côté et une tentative de coup d'État de Blaise Compaoré de l’autre côté. « Ce sentiment avait créé une certaine méfiance entre les deux corps et il était important pour moi de rappeler à l'ordre les soldats, de nous départir de la politique, des rumeurs et d’assurer la sécurité des personnalités », raconte Gilbert Diendéré. A cette réunion, fait-il remarquer, Hyachinte Kafando était absent. Après cette réunion qui a duré de 9h à 12h voire 13h, Gilbert Diendéré raconte qu'il s'est rendu à son domicile pour le déjeuner. Il serait revenu au Conseil de l'entente vers 15h pour se changer et se rendre au terrain de sport, sis à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Et c'est du terrain qu'il aurait entendu des tirs. « J'ai rebroussé chemin pour savoir ce qui se passait. Arrivé sur les lieux, j'ai vu des soldats au niveau du bâtiment "Togo" qui m'ont dit que les tirs viennent du secrétariat », précise-t-il. Il poursuit : « J'ai vu Nabié N’soni et Arzouma Otis Ouédraogo. J'ai demandé à N’soni ce qu'ils venaient de faire, puisque les corps étaient là. Il m'a répondu que Thomas Sankara voulait arrêter leur chef et eux, ils ont pris les devants. Où est Blaise ? Est-il informé ? Il m'a dit qu'il s'en fout ». C'est alors que le général Diendéré, appelé aussi « boîte noire », aurait rebroussé chemin vers la villa "Togo" pour se changer, endosser une tenue militaire et ensuite rendre compte au commandant Jean Baptiste Lingani de ce qui s'était passé.
S’agissant du chef d’accusation de complicité d’assassinat, là encore Diendéré soutient qu’il n’a pas participé à la préparation de cette forfaiture. « Les actes que j'ai posés, c’était après l'assassinat des 13 personnes. Comment ces actions peuvent-elles constituer une complicité d'assassinat ? » Selon lui, c’est la garde rapprochée de Thomas Sankara qui devait réagir après l’attaque contre son chef. « Les autres soldats postés à leurs postes respectifs au Conseil de l'entente étaient là pour sécuriser le Conseil contre les attaques extérieures », a précisé le général Gilbert Diendéré, qui soutient même que des soldats auraient pris la fuite après les coups de feu, car « la situation qui avait prévalu avant l’attaque faisait qu’il y avait de la méfiance entre les soldats ».
En ce qui concerne l’accusation de recel de cadavres, le général s’explique : « Je me demande pourquoi je suis mêlé à ça. Le 15 dans la nuit, les corps ont été récupérés par le régisseur de la MACO, Tapsoba Karim pour être enterré. C'est un ancien militaire du CNEC qui avait été nommé par le capitaine Thomas Sankara. Je n'étais pas au courant. Ce n'est que le lendemain matin que Tapsoba est venu me tendre une liste des noms des cadavres. Je ne connaissais pas les cadavres, à part Sankara que j'ai vu dans sa tenue de sport. Il m'a dit qu'il a écrit des étiquettes et les a déposées sur chaque tombe. C'est à partir de ces étiquettes que les tombes ont été identifiées par les familles et autres », se défend l’officier supérieur. Sur le fait que certains affirment qu’il aurait reçu l’ordre de Blaise Compaoré d’enlever lui-même les corps, le général est catégorique : « Blaise Compaoré a affirmé avoir donné des instructions. Il n’a nullement fait mention de mon nom dans le dossier ». Sur ce point, les échanges ont été tendus entre le parquet et le général Diendéré suite à une question du procureur militaire relative à une déclaration de Blaise Compaoré. « Allez-y vous adresser au capitaine Blaise Compaoré pas à Gilbert Diendéré », a répondu l’accusé au procureur. Cette réponse a suscité le courroux du procureur, qui a exigé « le respect de sa personne ». Sur ce, l’audience a été suspendue pour «permettre aux esprits de se calmer».
Pour ce qui est du dernier chef d’accusation qui pèse sur l’accusé « Golfe », à savoir la subornation de témoin, ce dernier affirme qu’il a simplement dit à Tondé Ninda, dit Pascal, qu’Eugène Somda a soutenu devant le juge d’instruction, en sa présence, que « lui, il aurait été empêché d’accéder au Conseil de l’entente par Zitenga Abdrahmanne ». Tout ce qui a alors suivi, il n’en est pas le commanditaire.
« Pourquoi n'avez-vous pas constitué une troupe pour riposter, car vous ne saviez pas qui attaquait ? » lui demande le parquet. « L'attaque avait eu lieu. Il n'y avait plus rien à faire. Pensez-vous que des gens venus tuer le président et ses compagnons allaient se laisser arrêter ? Non. Pour éviter un bain de sang et éviter d’avoir plus de morts, la riposte n'a pas été envisagée », a répondu le général. Il a poursuivi : « Au moindre faux pas, j'aurais été la 14e victime. J'ai cherché à me protéger et à renforcer la sécurité dans la ville de Ouagadougou à travers un renfort venu de Pô ».
Sur une question du parquet concernant Hyacinthe Kafando, Gilbert Diendéré a chargé Yacouba Isaac Zida. « Isaac Zida a organisé la fuite de Hyacinthe Kafando. Il me l’a dit en pleurs, la main sur la Bible. Il m’a aussi dit que s’il était libéré (Ndlr : il avait été arrêté lors du putsch de septembre 2015), il ne ferait plus la politique », a affirmé le général Gilbert Diendéré à la barre.
Hyacinthe Kafando est longuement cité dans le dossier comme étant celui qui a ouvert le feu en premier au Conseil de l’entente. Il est accusé d’assassinat et d’attentat à la sûreté de l’Etat. Du fait de son absence, il sera jugé par contumace. Me Prosper Farama de la partie civile s'impatiente de prendre la parole pour démontrer les contradictions dans les propos de Gilbert Diendéré. « Comment des soldats peuvent être postés uniquement pour la sécurité extérieure ? Ce qui se passe à l'intérieur ne les intéresse donc pas ? Nous sommes impatients de prendre la parole. Pour nous, il a été le superviseur direct des opérations sur le terrain », a martelé l’avocat
L’interrogatoire de Gilbert Diendéré se poursuit demain mercredi 10 novembre avec les questions de la partie civile.
Le 9e Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) se tient du 10 au 13 novembre 2021 àOuagadougou. En marge de cette biennale organisée par le Centre national de presse Norbert Zongo et Savane médias, une grande foire se tient pour la première fois. Cette activité vise non seulement àpromouvoir les produits locaux, mais aussi à créer un cadre de communion entre les organes de presse et la population. L'ouverture officielle de celle-ci a eu lieu dans la soirée du lundi 8 novembre au siège du FESPACO en présence du vice-président du Conseil supérieur de la communication, Aziz Bamogo, parrain de l’activité.
L'organisation de la foire est assurée par Savane médias. Et sur le site du FESPACO, on peut trouver des produits alimentaires, vestimentaires, cosmétiques et bien d'autres. Les exposants, venus du Burkina Faso et d'autres pays de la sous-région, profiteront de l’occasion non seulement pour promouvoir leurs produits, mais aussi pour les écouler. C'est une foire riche en couleurs et en sons, selon le coordinateur, Emmanuel Abissi. «Chaque soir, il y aura de l'animation, des prestations artistiques et des projections cinématographiques. Il y a également au programme un plateau télé sur place », a-t-il déclaré. Mais déjà, certains exposants font de bonnes affaires. Gaoussou Baya est tradipraticien. Il vend des produits à base de plantes contre les inflammations, les démangeaisons, les douleurs articulaires et les dermatoses. Pour lui, la foire se passe bien puisque ses produits s'achètent bien.Même son de cloche dans un autre stand partagé par Levis Kaboré et Patrice Souly, vendeurs de vêtements prêt-à-porter. En face de ce stand se trouve celui de Sassane, venue du Niger. Elle vend des produits cosmétiques et de la tisane. Mais depuis qu'elle est arrivée, elle dit n’avoir encore rien vendu mais nourrit l'espoir que les prochains jours seront meilleurs. Le parrain de cette foire organisée en marge du FILEP, Aziz Bamogo, félicite les organisateurs et invite la population à y participer massivement. «En premier lieu, je félicite les organisateurs pour cette innovation, parce que les années antérieures il n'y avait pas de foire. Je pense que c'est une façon d'ouvrir les préoccupations liées à la liberté de la presse àla population de façon générale de faire partie du FILEP qui est devenu une sorte de marque de la ville de Ouagadougou. Je voudrais aussi saluer la participation des nombreux pays de la sous-région que j'ai pu voir àtravers les expositions (...). Ce qu'il faut, c'est encourager la population àse rendre à la foire pour voir ce qui est proposé, mais aussi pour pouvoir échangeravec les acteurs de la presse », a-t-il insisté. Quant au FILEP lui-même, il se tiendra du 10 au 13 novembre prochain.
Après avoir été suspendu le jeudi 4 novembre dernier, le procès Thomas et ses 12 compagnons a repris ce lundi 8 novembre 2021 au tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. 7e accusé à être auditionné, Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm était de nouveau à la barre pour répondre aux questions de la partie civile. Il lui est reproché d'être à l'origine du sabotage de la table d'écoute qui était à la gendarmerie et contenait des stockages audio sur la préparation du coup d'État contre le Conseil national de la révolution (CNR). L’accusé ne reconnaît pas les faits. Quant à Tondé Ninda Pascal, dit Manga Naaba, soldat de 1re classe, qui lui a succédé à la barre, a reconnu partiellement les charges qui pesaient contre lui, à savoir subornation de témoin.
La partie civile a poursuivi l’interrogatoire de l’accusé Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm ce 8 novembre. Après quelques questions, elle a fait observer que l’accusé les fait « tourner en rond », car selon Me Olivier Badolo, depuis que les auditions ont commencé, Jean-Pierre Palm n’a rien dit qui laisse entrevoir qu’il a été au courant de la guéguerre qui existait entre Thomas Sankara et Blaise Compaoré et qui a conduit au coup d’État ou encore qu’il a contribué à faire asseoir le régime de Blaise Compaoré après le coup d’État de 1987. « Il tente de manipuler le tribunal », a lancé Me Olivier Badolo. En effet, l’accusé Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm a esquivé toutes les questions ayant trait à la chose politique car, a-t-il affirmé, « j’ai été mis dans la politique malgré moi ». Cette double face intrigue la partie civile d’autant plus que le capitaine Palm au moment des faits était membre du Conseil national de la Révolution (CNR) et qu’il a occupé des postes stratégiques avant et après le coup d’État du 15 octobre 1987. « Capitaine de gendarmerie que vous étiez à l’époque, vous entendez des coups de feu et vous ne cherchez pas à savoir ce qui se passe ? Vous ne cherchez pas à vous rendre à la gendarmerie ? » questionne Me Farama. « J’étais en tenue civile, sans arme et en plus, je ne savais pas pourquoi ça tirait. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Quand il y a des coups de feu, le premier réflexe enseigné, c’est de se planquer et ensuite voir d’où vient le danger pour envisager la possibilité d’intervention. Mais je ne suis pas Rambo », a répondu l’accusé.
« Président, je n'ai détruit aucune preuve. Cette table d'écoute, personne ne pouvait la débrancher sans passer par l'ONATEL. Et puis on n’avait pas besoin des Français pour arrêter l'écoute. Il suffisait d'appuyer sur un bouton. Cette table n'était pas un instrument de stockage mais un instrument d'intervention. Le pouvoir n'avait pas intérêt à détruire cette table, qui servait à sa sécurité. En plus, il ne servait à rien de détruire cette table à la gendarmerie et de laisser celle de la police. Ce sont les mêmes écoutes. Donc cette accusation n'a pas de sens », a répondu l’accusé à l’une des questions du président du tribunal, Me Urbain Méda.
Tondé Ninda dit Pascal, alias Manga Naaba, était le deuxième inculpé à passer à la barre ce lundi. Soldat de 1re classe à la retraite, il était le chauffeur de Gilbert Diendéré jusqu’à sa retraite. Il est accusé de subornation de témoin.
On reproche à cet accusé d'être allé au domicile d’Abdramane Zitenga pour lui suggérer de dire la vérité. Cette vérité consistait à affirmer qu’il n’était pas au Conseil de l’entente lorsque le capitaine Sankara et ses compagnons ont été tués. Il aurait soutenu que c’est le général Gilbert Diendéré qui l’aurait envoyé. C’est cette conversation au cours de laquelle il conseillait Abdramane Zitenga qui lui vaut aujourd’hui son inculpation dans le dossier, puisque son « ami » a pris le soin d’enregistrer leur discussion, qu’il a remise au juge d’instruction.
A la barre, Tondé Ninda dit Pascal, alias Manga Naaba, affirme n’avoir pas été envoyé par le général pour parler à Abdramane Zitenga. Il aurait utilisé le nom du général pour faire plus crédible. Mais pour le procureur, il aurait subi une pression de la part du général Diendéré, à qui il rendait en permanence visite à la MACA, ce qui a fait varier ses déclarations. Mais, a confié l’accusé à la barre, il n’a jamais été envoyé par Gilbert Diendéré chez Abdramane Zitenga. Son audition s’est ainsi terminée.
A sa suite, c’est le général Gilbert Diendéré qui sera appelé à la barre. Chef de corps adjoint au CNEC au moment des faits, il est accusé d'attentat à la sûreté de l'État, de complicité d'assassinat, de recel de cadavres et de subornation de témoins. Son interrogatoire débute le mardi 9 novembre 2021 au tribunal militaire, délocalisé pour la circonstance à la salle des banquets de Ouaga 2 000.