Le Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), édition 2021, bat son plein à Ouagadougou. Plusieurs activités sont au programme, dont des panels sur des thématiques d'actualité. Ce jeudi 11 novembre, au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), il était question des projets médiatiques à l'ère de la digitalisation. Trois panélistes, à savoir Laurent Bigot de la France, Moussa Sawadogo du Burkina Faso et Roland Adéboyo Alayé du Bénin, ont donné des éclaircissements sur les principes du journalisme. On en retient que les réseaux sociaux ne sont pas une fatalité pour les médias traditionnels, mais une aubaine à condition qu’on les utilise à bon escient.
Avec l'avènement des smartphones et grâce à Internet, n'importe quelle personne devient «journaliste». De fausses informations sont relayées sur les réseaux sociaux à longueur de journée. C'est ce qui a nécessité la réflexion sur le thème «Quels projets médiatiques à l'ère de la digitalisation? »
Pour Moussa Sawadogo, enseignant en communication et journalisme, les médias traditionnels doivent saisir l'opportunité que les réseaux sociaux leur offrent tout en respectant l'éthique et la déontologie du journalisme. «lnternet offre des perspectives aux médias pour élargir leurs zones de diffusion. Cela permet d'atteindre plus de personnes au-delà même des frontières. Mais en même temps, ces opportunités-là ne sont pas sans danger», a-t-il fait remarquer. Selon l'universitaire, les journalistes doivent être plus prudents dans l’utilisation des réseaux sociaux. «Le bon journaliste, ce n'est pas seulement celui qui maîtrise les réseaux sociaux mais celui qui, en plus de maîtriser les réseaux sociaux, respecte sa mission sociale ainsi que les questions d'éthique et de déontologie. L’objectif, c'était d'attirer l'attention des journalistes sur le fait que les réseaux émettent dans l'immédiateté et qu’il faut faire attention à la course au scoop. Souvent on ne prend pas le temps de vérifier les choses», a-t-il déploré.
Mais comment y arriver ? A ce propos, les panélistes sont unanimes : il faut des formations adaptées à la réalité du contexte. «Il y a beaucoup de choses sur les réseaux sociaux mais le journaliste ne doit pas utiliser ces réseaux comme n'importe qui pour véhiculer des rumeurs. Les médias sociaux sont des contenants dans lesquels le journaliste doit mettre un contenu. Et ce contenu-là doit rester journalistique et conserver les valeurs du journalisme.» Le Béninois Roland Adéboyo Alayé a également partagé l'expérience de son pays où des radios communautaires sont arrivées à s'adapter au contexte d'Internet. Un sentiment de satisfaction pour les festivaliers, pour qui le panel a été très enrichissant en informations et en propositions visant à sortir de la crise. «Ce qui a été beaucoup plus intéressant, c'est que les panélistes ont amené les journalistes à se remettre en cause. Le journalisme est un métier noble qui requiert beaucoup de discernement, qui nécessite qu'on fasse le recoupement des informations reçues avant de les publier. Si un journaliste n'est pas suffisamment outillé, il peut donc constituer non seulement un danger pour lui-même, mais aussi pour la société dans laquelle il se trouve», a déclaré Kadidja Fofana, journaliste venue du Mali
Barthélemy Paul Tindano