samedi 23 novembre 2024

Assassinat de Thomas Sankara et 12 autres : « Je ne suis pas Rambo », dixit Jean-Pierre Palm

sdb uneAprès avoir été suspendu le jeudi 4 novembre dernier, le procès Thomas et ses 12 compagnons a repris ce lundi 8 novembre 2021 au tribunal militaire de Ouagadougou, délocalisé à la salle des banquets de Ouaga 2000. 7e accusé à être auditionné, Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm était de nouveau à la barre pour répondre aux questions de la partie civile. Il lui est reproché d'être à l'origine du sabotage de la table d'écoute qui était à la gendarmerie et contenait des stockages audio sur la préparation du coup d'État contre le Conseil national de la révolution (CNR). L’accusé ne reconnaît pas les faits. Quant à Tondé Ninda Pascal, dit Manga Naaba, soldat de 1re classe, qui lui a succédé à la barre, a reconnu partiellement les charges qui pesaient contre lui, à savoir subornation de témoin. 

La partie civile a poursuivi l’interrogatoire de l’accusé Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm ce 8 novembre. Après quelques questions, elle a fait observer que l’accusé les fait « tourner en rond », car selon Me Olivier Badolo, depuis que les auditions ont commencé, Jean-Pierre Palm n’a rien dit qui laisse entrevoir qu’il a été au courant de la guéguerre qui existait entre Thomas Sankara et Blaise Compaoré et qui a conduit au coup d’État ou encore qu’il a contribué à faire asseoir le régime de Blaise Compaoré après le coup d’État de 1987. sdb 2« Il tente de manipuler le tribunal », a lancé Me Olivier Badolo. En effet, l’accusé Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm a esquivé toutes les questions ayant trait à la chose politique car, a-t-il affirmé, « j’ai été mis dans la politique malgré moi ». Cette double face intrigue la partie civile d’autant plus que le capitaine Palm au moment des faits était membre du Conseil national de la Révolution (CNR) et qu’il a occupé des postes stratégiques avant et après le coup d’État du 15 octobre 1987. « Capitaine de gendarmerie que vous étiez à l’époque, vous entendez des coups de feu et vous ne cherchez pas à savoir ce qui se passe ? Vous ne cherchez pas à vous rendre à la gendarmerie ? » questionne Me Farama. « J’étais en tenue civile, sans arme et en plus, je ne savais pas pourquoi ça tirait. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Quand il y a des coups de feu, le premier réflexe enseigné, c’est de se planquer et ensuite voir d’où vient le danger pour envisager la possibilité d’intervention. Mais je ne suis pas Rambo », a répondu l’accusé.

« Président, je n'ai détruit aucune preuve. Cette table d'écoute, personne ne pouvait la débrancher sans passer par l'ONATEL. Et puis on n’avait pas besoin des Français pour arrêter l'écoute. Il suffisait d'appuyer sur un bouton. Cette table n'était pas un instrument de stockage mais un instrument d'intervention. Le pouvoir n'avait pas intérêt à détruire cette table, qui servait à sa sécurité. En plus, il ne servait à rien de détruire cette table à la gendarmerie et de laisser celle de la police. Ce sont les mêmes écoutes. Donc cette accusation n'a pas de sens », a répondu l’accusé à l’une des questions du président du tribunal, Me Urbain Méda.

sdb 3Tondé Ninda dit Pascal, alias Manga Naaba, était le deuxième inculpé à passer à la barre ce lundi. Soldat de 1re classe à la retraite, il était le chauffeur de Gilbert Diendéré jusqu’à sa retraite. Il est accusé de subornation de témoin.

On reproche à cet accusé d'être allé au domicile d’Abdramane Zitenga pour lui suggérer de dire la vérité. Cette vérité consistait à affirmer qu’il n’était pas au Conseil de l’entente lorsque le capitaine Sankara et ses compagnons ont été tués. Il aurait soutenu que c’est le général Gilbert Diendéré qui l’aurait envoyé. C’est cette conversation au cours de laquelle il conseillait Abdramane Zitenga qui lui vaut aujourd’hui son inculpation dans le dossier, puisque son « ami » a pris le soin d’enregistrer leur discussion, qu’il a remise au juge d’instruction.

A la barre, Tondé Ninda dit Pascal, alias Manga Naaba, affirme n’avoir pas été envoyé par le général pour parler à Abdramane Zitenga. Il aurait utilisé le nom du général pour faire plus crédible. Mais pour le procureur, il aurait subi une pression de la part du général Diendéré, à qui il rendait en permanence visite à la MACA, ce qui a fait varier ses déclarations. Mais, a confié l’accusé à la barre, il n’a jamais été envoyé par Gilbert Diendéré chez Abdramane Zitenga. Son audition s’est ainsi terminée.

A sa suite, c’est le général Gilbert Diendéré qui sera appelé à la barre. Chef de corps adjoint au CNEC au moment des faits, il est accusé d'attentat à la sûreté de l'État, de complicité d'assassinat, de recel de cadavres et de subornation de témoins. Son interrogatoire débute le mardi 9 novembre 2021 au tribunal militaire, délocalisé pour la circonstance à la salle des banquets de Ouaga 2 000.

Sié Mathias Kam

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