samedi 23 novembre 2024

mlk 2L’audience de ce jeudi 16 décembre a été marquée par la déposition devant le tribunal militaire, en plus d’autres témoins, des prisonniers de l’époque qui ont enterré les défunts du coup d’Etat du 15 octobre 1987. L’un de ceux ayant procédé à l’inhumation est même devenu « fou » quelques heures après leur corvée. 

Yamba Malick Sawadogo, incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) en 1987, a expliqué à la barre comment l’enterrement du président Sankara et de ses compagnons d’infortune a été fait. « Le régisseur de la MACO d’alors, Karim Tapsoba, a appelé pour qu’on lui prépare une vingtaine de prisonniers pour une corvée. Il faisait déjà nuit et j’ai insisté pour faire partie de cette équipe. Nous sommes allés au Conseil de l’entente et de là-bas nous avons continué au cimetière. Quand nous sommes arrivés là-bas, le régisseur nous a dit de creuser. J’ai demandé comment on fait et il m’a dit de faire comme on veut. En fait, il voulait qu’on creuse une seule tombe pour y mettre tous les corps. Après que j’ai insisté, il m’a dit de faire une dizaine de trous. Quand les corps sont arrivés, des prisonniers les faisaient descendre un à un et à l’aide de sa torche le régisseur identifiait chaque défunt et indiquait sa tombe à l’aide d’un papillon qu’il avait déjà préparé. Les corps ont été mis sous terre comme ça, sans avoir été lavés. A la fin, il restait trois corps puisqu’on n’avait creusé que dix tombes. Parmi ces corps, il y avait celui du président Sankara. C’est ainsi qu’on a mis sa tombe au-dessus des autres, du côté ouest du cimetière », a expliqué Yamba Malick Sawadogo.

mlk uneAvant lui, c’est Kouman Ilboudo qui a déposé. Inculpé du vol du poste radio d’une voiture dont il avait la garde, Kouman Ilboudo, détenu à la MACO en 87, a aussi pris part à l’enterrement du président Thomas Sankara et des 12 autres tombés le 15 octobre. Selon le témoignage de ce dernier qui était prisonnier en 1987, l’enterrement des illustres disparus n’a connu aucun protocole. Sans protection et exposés à du sang frais, ils ont dû faire preuve de cran pour réaliser cette corvée quelques heures seulement après la mort de ces derniers, c’est-à-dire entre 21h et 5h du matin. mlk 3« J’ai seulement pu reconnaître le corps du président Sankara. Il avait les poings fermés (signe révolutionnaire) ; j’ai enlevé sa ceinture pour attacher son bras. Ensuite, j’ai retiré son alliance. Un autre soldat du nom de Kouakou a, lui, emporté les chaussures du président Sankara », a avoué le témoin. Selon lui, ce prisonnier du nom de Kouakou, dès la nuit qui a suivi l’enterrement, est devenu « fou » car le crâne d’un des morts est tombé sur ses pieds lors de l’enterrement ; il était à son dernier jours de détention. « J’ai vendu la bague du président à Monsieur Diawara au prix de 50 000 FCFA. On s’est partagé cet argent entre prisonniers et je n’ai obtenu que 75 FCFA. Ceux qui n’ont rien eu sont allés se plaindre auprès du régisseur de la MACO et ce dernier a retiré l'alliance du président Sankara à l’acheteur. Je ne sais pas ce qu'il en a fait après », a confié le témoin Kouman Ilboudo.

L’audience reprend demain vendredi 17 décembre avec la suite des témoignages.

Sié Mathias Kam

unaps uneL’Union nationale des associations des parents d’élèves du post-primaire, du secondaire et du supérieur du Burkina (UNAPES-B), au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi 14 décembre 2021 à Ouagadougou, est revenue sur la crise qui la secoue depuis un moment et qui a  même entraîné la mise à l'écart du désormais ancien président, Hector Ardent Ouédraogo, pour mauvaise gestion.

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce sont les « 25 millions de FCFA » qu’Hector Ardent Ouédraogo aurait reçus du président du Faso pour son investiture comme président de l'Internationale des parents d'élèves (IPE). M. Ouédraogo affirme avoir reçu « 15 millions de FCFA » (et non 25 millions), sans pour autant apporter de preuve matérielle. À entendre les conférenciers, il y a eu du « mouta-mouta » dans cette affaire.

unaps 2« Que devons-nous faire quand le ministre de l’Education nationale soutient lors des rencontres du 15 au 23 septembre 2021, dans une salle de réunion et devant plus d’une vingtaine de participants, que le président du Faso a remis 25 millions de FCFA pour aider à l’organisation du congrès de l’Internationale des parents d’élèves, alors que M. Ouédraogo affirme n’avoir reçu que 15 millions ? » s’est interrogée Korotimi Sanou/Traoré, présidente nouvellement élue de l’UNAPES-B en attendant la tenue d’un congrès ordinaire, après avoir égrainé un chapelet de griefs contre son prédécesseur. A ce propos, on peut citer une décoration de l'UNAPES-B que M. Ouédraogo se serait octroyée alors qu'il ne remplissait pas les conditions, le manque d'actions de l'UNAPES-B suite à la fermeture du lycée Zinda Kaboré, la bravade de l'autorité de l'État, à savoir sa brouille avec l'actuel ministre de l'Education nationale, le Pr Stanislas Ouaro, entre autres.

unaps 3Selon les conférenciers, il est inadmissible qu’on ignore ou qu’on fasse fi des difficultés actuelles du peuple burkinabè et qu’on exige que le gouvernement, à travers le MENAPLN, finance à près d’une centaine de millions un congrès d’investiture d’une structure qui n’a aucune convention avec notre Etat. Mieux, d’après eux, l’UNAPES-B ne saurait être utilisée à des fins personnelles. « Nous n'avons pas de problème de personne ; une personne ne peut pas être au-dessus d'une structure. C’est la structure qui est au-dessus de l'individu. Son altitude (NDLR : Ils font référence à Hector Ardent Ouédraogo) rend difficile la collaboration avec le ministère de tutelle et c’est pourquoi nous avons jugé bon sa mise à l'écart », s’est justifiée Korotimi Sanou/Traoré. « Nous souhaitons que cette crise prenne fin afin que les APE s’organisent pour aider le gouvernement dans la gestion des élèves déplacés internes », a-t-elle lancé en guise de conclusion.

Sié Mathias Kam

jud uneA la barre ce lundi 13 décembre 2021, le témoin Eugène Somda. Adjudant-chef major au moment des faits, il a fait sa déposition. Il y a confirmé les dires du témoin Abderrahmane Zitiyenga, selon qui Gilbert Diendéré se trouvait au Conseil au moment des tirs et en avait interdit l’entrée à toute personne après l’arrivée du cortège présidentiel de Thomas Sankara sur lesdits lieux.

Attaché de santé à l’infirmerie du Conseil de l’entente, K. Eugène Somda venait de passer le flambeau de la garde du président Sankara au groupe des Laurent Ilboudo et Drissa Sow (qui sont des témoins ayant déjà déposé) dans la matinée du 15 octobre 1987. Dans son témoignage, il confie que c’est un soldat qui l’a retenu parce que Gilbert Diendéré aurait convoqué une réunion avec toute la sécurité des deux leaders de la révolution le 15 octobre quand il voulait rentrer chez lui. Cette réunion était dirigée par Gilbert Diendéré et Abderrahmane Zitiyenga et a pris fin vers 12h, selon le témoin.

jud 2« A 14h après un bref passage à la maison, je suis revenu à la présidence et j’ai constaté que les soldats étaient agités au niveau de la radio. A 16h j’ai entendu une première rafale. Je me suis dit que c’était sûrement une faute due aux mouvements des soldats. Quelque temps après, ce fut une deuxième rafale. J’ai alors appelé à la permanence du Conseil pour avoir des renseignements mais sans suite. J’ai décidé de me rendre au Conseil. Arrivé au poste de la radio nationale, l’adjudant Abderrahmane Zitiyenga m’a bloqué et refusé l’accès au Conseil car, a-t-il dit, Diendéré a donné l’ordre de ne laisser entrer personne après le président. J’ai rebroussé chemin vers la présidence. Mais les tirs se sont intensifiés puis ont baissé d’intensité, devenant sporadiques. Je suis encore retourné et cette deuxième fois, il (Abderrahmane Zitiyenga) m’a laissé entrer mais avec un soldat qu’il a choisi pour m’escorter. Ce soldat a disparu quand j’ai franchi les portes du Conseil. Une fois à l’intérieur, j’ai été arrêté dans ma progression par un soldat nommé Nabonswendé (je ne me rappel pas son nom complet ; ndlr cela pourrait être l’accusé Nabonswendé Ouédraogo). jud 3Il m’a désarmé. J’ai demandé à voir le lieutenant Gilbert Diendéré et Amidou Maïga, chauffeur de Blaise Compaoré, est allé appeler Diendéré qui m’a informé du décès de Thomas Sankara. Nous étions assis sur un banc et j’ai juste tourné le regard vers le secrétariat où j’ai vu les cadavres gisant. Diendéré m’a alors dit de retourner à la présidence maintenir l’ordre. Sur le chemin de mon retour, Abderrahmane Zitiyenga m’a demandé ce qui se passait à l’intérieur. Dans mon for intérieur, je me suis dit que c’était un hypocrite. Mais quand je l’ai informé que Thomas Sankara était mort, il a attrapé sa tête », a raconté à la barre le témoin du jour.

L’audience a été suspendue juste après sa déposition. La raison ? Deux avocats ont perdu la vie. L’un sera inhumé ce soir et l’autre demain mardi. Le procès a donc été suspendu et reprendra le mercredi 15 décembre avec les questions des parties civiles au témoin Eugène Somda.

Sié Mathias Kam

bration uneLe Burkina Faso célèbre ce 11 décembre 2021 le 61e anniversaire de son accession à l'indépendance. Contrairement aux années précédentes, l'événement est célébré dans la sobriété sur toute l'étendue du territoire au regard du contexte sécuritaire national, marqué par des attaques terroristes à répétition avec  leur cortège de morts, de blessés et de déplacés internes. Dans la région du Centre, la cérémonie s'est déroulée à la place de la Nation à Ouagadougou en présence du gouverneur de ladite région, Sibiri de Issa Ouédraogo. Le temps fort de la cérémonie a été la distinction de 137 personnes dans l'ordre de l'Etalon,  l'ordre du mérite burkinabè,  ainsi que de la médaille d'honneur des collectivités locales et de celle de l'ordre du mérite du développement rural.

«Réconciliation nationale et cohésion sociale : devoir et responsabilité de tous pour un développement durable au Burkina Faso» : c'est le thème du 61e anniversaire de l'accession à l'indépendance du Burkina Faso. Selon le gouverneur de la région du Centre, Sibiri de Issa Ouédraogo, ce thème découle de l’impérieuse et vitale nécessité de rassembler tous les Burkinabè autour d'un idéal,  celui de l'union sacrée pour un développement partagé et durable au profit de tous. bration 2«Ce thème nous interpelle à une prise de conscience individuelle et collective sur le sens véritable de l'indépendance,  la nécessité de garder en mémoire les efforts fournis par nos devanciers et le devoir vital pour les générations actuelles et  futures d'oeuvrer pour la consolidation des acquis qui nous ont été légués», a déclaré le gouverneur lors de la cérémonie de décoration à la place de la Nation. 137, c'est le nombre de personnes qui ont vu leur mérite reconnu : 27 personnes dans l'ordre de l'Etalon, 30 dans l'ordre du mérite burkinabè, 50 ont reçu la médaille d'honneur des collectivités locales et 30 celle de l'ordre du mérite du développement rural. Les récipiendaires sont essentiellement des chevaliers dans toutes les catégories, tous animés de sentiments de joie et de reconnaissance.

bration 3Djébré Nikiema, qui a reçu la médaille d'honneur des collectivités locales, s’en réjouit en ces termes : «C'est un sentiment de fierté, de devoir accompli qui m’anime. En même temps, cette médaille est une invite à faire preuve d'abnégation dans le travail. »  C’est le même sentiment qui anime le maire de la commune de Saaba, Joseph Dipama, qui dédie d'ailleurs sa médaille d'honneur des collectivités locales  à la population de sa commune. «Ce sont des sentiments de joie et de satisfaction qui m’animent. Au nom de la commune de Saaba, je remercie le gouvernement pour cette distinction», a dit l’édile. Namwinku Lucas Dabiré, directeur provincial de l'Education préscolaire, primaire et non formelle du Kadiogo, a été fait chevalier de l'ordre de l'Etalon. «Je profite de cette occasion pour exprimer ma reconnaissance à mes collaborateurs de même qu’à ma hiérarchie», a déclaré ce récipiendaire.

En rappel, la célébration du 11-Décembre, sur le plan national, qui devait avoir lieu à Ziniaré, dans la région du Plateau central, a été repoussée à 2022 en raison de la situation sécuritaire nationale, marquée par des attaques terroristes aussi bien contre des militaires que contre des civils.

Barthélémy Paul Tindano

laabliiLa 16e édition du festival Ciné droit libre tire à sa fin. A cet effet, un hommage a été rendu à l’un des pionniers de l'audiovisuel en Afrique francophone à travers un film documentaire intitulé « Laabli, l’insaisissable ». Réalisé par Youlouka Luc Damiba, ce film retrace le parcours exceptionnel de « l’homme aux mille idées ». La projection de ce long métrage de 90 mn le vendredi 10 décembre au terrain du Lycée Newton à Ouagadougou s’est faite en présence de l’épouse du défunt, Safiatou Thiombiano, du coparrain de l’édition 2021, Alpha Blondy, et de bien des invités.

« Laabli, l’insaisissable », c’est un film en hommage au « Laabli national », Moustapha Laabli Thiombiano. Ce film biographique retrace le parcours bien rempli de cet homme de culture, de liberté et de presse. Selon le réalisateur, Youlouka Luc Damiba, faire ce film a été un parcours du combattant, car ce n’est qu’après de nombreuses  tentatives de sa part que l’homme a accepté de conter sa vie dans un film. « Moustapha était une école à ciel ouvert. J’ai trouvé que faire un film sur lui serait intéressant. Il commençait à prendre de l’âge, il a réalisé beaucoup de choses, donc je me suis dit : il faut fixer ça sur une pellicule pour faire connaître son histoire à la jeunesse », a expliqué Luc Damiba. Incontournable dans la culture burkinabè, Moustapha Laabli Thiombiano a à son actif plusieurs réalisations. Ce qui fait dire à Luc Damiba que  « la vie culturelle au Faso doit tout à Moustapha ».

laabl 2A travers cette production filmique de 90 mn que le public a eu le loisir de visionner, le réalisateur montre que Moustapha fut un homme aux mille idées, un homme aux mille projets, un homme audacieux, rêveur, un fou positif, un aventurier, un formateur hors pair. Cela est illustré à travers les témoignages d’amis, de proches et de collaborateurs du défunt promoteur de la « première radio libre d’Afrique ». laabl 3« J’ai été très agréablement surpris par l’hommage rendu à Moustapha à travers ce film documentaire qui retrace qui il a été. C’est beaucoup de choses pour nous qui avons été à ses côtés. Ça résume une partie de ce grand homme multidimensionnel et je crois que ce rendu résume parfaitement sa vie de combattant sur tous les plans. Moustapha est celui qui a osé à un moment ou c’était difficile. Le film retrace le côté impulsif, imprévisible par moments de l’homme qui, comme le dit si bien le titre, était insaisissable », a commenté Salifou Guigma, DG d’Horizon FM/TVZ Africa. Pour l’épouse du défunt, les idées de Moustapha seront perpétuées grâce à ce film. « C’est une reconnaissance et des souvenirs vraiment touchants. Ce film donne une nouvelle vie à Moustapha. Il n’est plus de ce monde mais ses idées demeurent », a conclu Mme Safiatou Thiombiano/Ouédraogo.

« Dablé Moustapha Célestin » de son vrai nom, d’origine togolaise, ou « l’homme aux mille idées », comme on le surnommait affectueusement, est décédé le 6 avril 2020 des suites de maladie à Ouagadougou à l’âge de 71 ans. Moustapha Laabli Thiombiano fut le P-DG de la première radio privée d’Afrique, Horizon FM, et de la chaîne de télé TVZ Africa. De nombreuses manifestations au Burkina sont à mettre à son actif : Miss Burkina, le Rallye de mobylettes de Ouaga (RAMO), Ouaga plage, la rue marchande du Fespaco, etc. En outre, Moustapha Thiombiano, également musicien, a eu des tubes à succès comme "Lola" ou encore "Je m’en fous".

Sié Mathias Kam

bilagr uneLa campagne agropastorale 2021-2022 au Burkina Faso s'est achevée  par un bilan en deçà des attentes, donc  avec une crise alimentaire en perspective. Conscient de l'impact que cette crise pourrait avoir sur la population, le gouvernement burkinabè a entrepris des actions anticipatives. A ce propos, le vendredi 10 décembre 2021, le ministre de l'Agriculture, avec à ses côtés ses collègues des Ressources animales,  Modeste Yerbanga, de l'Environnement, Siméon Sawadogo, et la ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Maminata Traoré/Coulibaly, a tenu une conférence de presse à Ouagadougou pour faire le point des résultats prévisionnels de la campagne agropastorale 2021-2022 et des actions de renforcement de la sécurité alimentaire.

La production céréalière prévisionnelle nationale de la campagne agricole de saison humide 2021-2022 est en baisse de 9,07%, comparativement à la production totale et définitive de la campagne agricole 2020-2021. C'est en tout cas l'information qu’a donnée le ministre de l'Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo lors de ce point de presse. Cette baisse de la production céréalière est due à l'irrégularité des pluies. “La fin du mois d'août a  été marquée par des cas d'inondations localisées. Les régions les plus touchées ont été celles de la Boucle du Mouhoun, du Sud-Ouest, des Cascades, de l'Est, du Centre-Est et du Centre-Sud.

bilagr 2A peine sorti de cette situation, on a enregistré des stress hydriques d’une durée variant entre 10 et 30 jours au cours du mois de septembre, période pourtant très importante pour la floraison et l'épiaison des cultures tant vivrières que fourragères”, a déclaré le titulaire du maroquin de l'Agriculture. D’après ce dernier,  ces conditions climatiques défavorables ont entraîné des pertes de superficies estimées à 52 000 ha environ. Et sur le plan national, 20 provinces sont en déficit, 20 autres sont excédentaires et les 5 restantes sont en équilibre en matière de production de céréales. Outre cela, la situation sécuritaire du pays a entraîné des abandons des superficies cultivées (environ 412 000 ha) et rendu inaccessibles plusieurs forêts, limitant l'exploitation des produits forestiers non ligneux. Après analyse de la vulnérabilité alimentaire, il ressort qu'environ 1 646 000 personnes ont besoin d'une assistance immédiate   durant la période courante allant d'octobre à décembre. Et si rien n'est fait d'ici les mois de juin, juillet et août, ce nombre atteindra 2 632 000. C'est pourquoi le gouvernement a décidé d'intensifier les productions agricoles de la saison sèche et d'actualiser le Plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables (PRSPV) à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition. bilagr 3Au cours de cette campagne agricole de saison sèche 2021-2022, il est attendu 7 millions 300 tonnes de production maraîchère,  125 000 tonnes de production céréalière et 996 000 tonnes de production fruitière. Afin d'atteindre cet objectif, le gouvernement burkinabè met à la disposition des acteurs agricoles des engrais et des semences de qualité, 173 modèles d'exploitation agricole, 726 motopompes et kits d'irrigation et 500 forages à gros débit. 

Face à l'insécurité dans certaines localités,  cette campagne saisonnière sera focalisée sur les zones d'accueil des déplacés internes. Pour le renforcement du PRSPV, 200 milliards de francs CFA ont été mobilisés. Les réponses urgentes seront la distribution gratuite de 136 000 tonnes de vivres à 1 332 665 personnes vulnérables, y compris les personnes déplacées internes, la remise d'un appui financier d'un montant de 43 milliards de francs CFA à 789 709 personnes vulnérables, etc. Au regard de l'irrégularité des pluies ces dernières années, le ministère de l'Agriculture compte miser sur les cultures de contre-saison en travaillant à la maîtrise de l'eau.

Barthélémy Paul Tindano

drl uneLe festival Ciné droit libre bat son plein à Ouagadougou  depuis le samedi 4 décembre. Parmi les activités phares dudit festival, il y a des projections de films. Le jeudi 9 décembre, c'est «Sur les traces d'un migrant» de la Burkinabè Delphine Yerbanga   qui a été projeté à l'espace Gambidi. Il s’agit d’un documentaire long métrage qui raconte l'histoire d'un aventurier burkinabè, Abdoulaye Ouédraogo,  qui a laissé sa postérité  un peu partout en Afrique de l'Ouest.

Parti de son Yatenga natal, Abdoulaye Ouédraogo a terminé son aventure en Guinée-Bissau dans des conditions mystérieuses, selon le film de Delphine Yerbanga. D'abord en Côte d'Ivoire, ensuite au Sénégal puis au Brésil,  l'aventurier décède à Kirida en Guinée-Bissau et laisse une dizaine d'enfants dans quatre pays ou plus, puisque la réalisatrice ne s'est pas rendue au Brésil pour savoir s'il y a eu des enfants. Ce sont les soeurs jumelles que l'aventurier a eues au Sénégal, Adama et Awa, qui ont entrepris la recherche de leur père et peut réunir la famille Ouédraogo grâce à la détermination de la réalisatrice et de Drissa Ouédraogo,  frère de l'aventurier. «Ce projet est né à Saint-Louis  alors que j'étais étudiante à l'université Gaston-Berger du Sénégal, où j’ai fait un master en réalisation. Pendant le tournage de mon film d'école, j'ai eu la chance de filmer ces deux magnifiques jumelles mais en plan de cours. Et à la fin du tournage de la séquence avec elles,  elles se sont adressées à moi en wolof. drl 2Ne parlant pas cette langue, je n'ai pas compris qu'elles me demandaient de les aider à retrouver leur père. C’est mon professeur Diallo qui m'a dit que les jumelles que j'ai filmées me demandent de les aider à retrouver leur père qui s'appelle Abdoulaye Ouédraogo et serait Burkinabè. ‘’Comme toi tu es Burkinabè, si tu rentres au pays, il faut rechercher leur géniteur pour elles’’, a dit mon professeur. Deux jours après, lui et moi sommes repartis dans le quartier des jumelles et nous les avons filmées. On a fait un entretien d’environ une heure avec elles, où elles nous ont raconté toute l'histoire de leur père et de la recherche qu'elles avaient déjà effectuée en vue de retrouver ce dernier. J'ai donc commencé à développer réellement le projet en 2014», a précisé Delphine Yerbanga.

Dans le même temps, Drissa Ouédraogo entreprend un projet de recherche de son frère aîné. Et c’est ensemble que la réalisatrice, le frère de l'aventurier et les jumelles se rendent en Guinée-Bissau. Ils y retrouvent les autres enfants d’Abdoulaye Ouédraogo avec le concours de l'ambassade du Burkina Faso au Sénégal et du consul burkinabè à Buissau, puis ils reviennent dans le Yatenga, au Burkina, où ils font  le doua du défunt. C’est un film plein d'émotions que les spectateurs ont apprécié à l'espace Gambidi. En rappel, Delphine Yerbanga a remporté le grand prix du président du Faso lors du FESPACO 2021 avec ce film.

Barthélémy Paul Tindano

image uneChaude confrontation ce jeudi 9 décembre 2021 entre l’accusé Gilbert Diendéré, le témoin Abderrahmane Zétiyenga et l’accusé Ninda Tondé dit Pascal au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze autres. Le général Diendéré et son chauffeur Ninda Tondé sont poursuivis ici pour subornation de témoin.

Gilbert Diéndéré, selon le témoignage d’Abderrahmane Zétiyenga, aurait en effet envoyé son chauffeur Ninda Tondé dit Pascal, alias le Mang-naaba, pour tenter de le soudoyer afin que celui-ci affirme devant le juge d’instruction qu’il n’était pas au Conseil de l’entente le 15 octobre 1987. Abderrahmane Zétiyenga aura eu le réflexe d’enregistrer la conversation entre lui et Tondé Ninda dit Pascal, qu’il a remise au juge comme preuve. Devant la chambre, Tondé reconnaît s’être rendu chez son ami intime Abderrahmane Zétiyenga pour lui dire ce dont lui et le général Diendéré avaient eu à débattre lors d’une de leurs causeries à la MACA. Gilbert Diéndéré lui aurait alors dit qu’Eugène Somda est en train de salir le nom d’Abderrahmane Zétiyenga et que si ce dernier ne fait pas attention, il serait envoyé en prison. « Avant qu’il ne rentre, j’ai pris mon téléphone et j’ai mis sur “enregistrer”. image 2J’ai demandé l’objet de sa visite et il m’a dit que c’est le général Gilbert Diendéré qui l’envoie. Je lui ai posé trois fois la question et il a répondu que c’est le général Gilbert Diendéré qui l’envoie. Il dit que le général Gilbert Diendéré me demande, au cas où je serais auditionné, de dire que je n’étais pas au Conseil au moment des tirs, que j’étais en ville et que c’est après les tirs que je suis venu. Quand j’ai apporté l’enregistrement au juge d’instruction,  il a tapé du poing sur la table. Il dit plusieurs fois qu’ils ont eu des témoins clés dans cette affaire mais une fois devant le général Gilbert Diendéré lors des confrontations, ces témoins nient tout », a déclaré Abderrahmane Zétiyenga.

Interrogé sur cette déclaration du témoin qui est la raison principale de sa mise en accusation pour subornation de témoin, Ninda Tondé dit Pascal, alias Mang-naaba, dit être allé voir le témoin de sa propre initiative et non à la demande du général Gilbert Diendéré. « Ce n‘est pas le général qui m’a envoyé là-bas. J’ai utilisé le nom du général pour qu’il me croie », a-t-il déclaré. Le témoin Abderrahmane Zétiyenga avait déclaré qu’après la rencontre convoquée par le Gilbert Diendéré avec les responsables de la sécurité de Blaise Compaoré et de Thomas Sankara dans la matinée du 15 octobre 1987, Gilbert Diendéré aurait informé qu’il aurait reçu une information de catégorie A faisant cas d’un complot de Thomas Sankara contre Blaise Compaoré et que pour éviter un bain de sang, il allait procéder à l’arrestation de Thomas Sankara. image 3Confronté au témoin, Diendéré a rejeté les déclarations de ce dernier. « Cela est totalement faux. Après la réunion, chacun est reparti d’où il était venu », a-t-il affirmé.

Abderrahmane Zétiyenga avait également déclaré que le général Gilbert Diendéré lui aurait donné l’ordre d’aller renforcer la sécurité au niveau du poste « Yamba Jean » et de ne laisser passer personne après le passage du cortège du président Thomas Sankara ce même 15 octobre. «Je dis formellement que je n’ai jamais envoyé Zétiyenga renforcer un poste ; un seul homme ne peut renforcer un poste », a répondu Gilbert Diendéré. Sur toutes ses déclarations, “Golfe” a mis en cause la crédibilité du témoignage d’Abdramane Zitéinga en rappelant un problème qui serait survenu après les événements du 15 octobre 1987. « Ils exigeaient le grade d’officier sans pour autant remplir toutes les conditions parce qu’ils estimaient avoir fait la Révolution et avoir contribué à l’accession de Blaise Compaoré au pouvoir », explique Gilbert Diendéré, lieutenant au moment des fait. A l’en croire, le témoin pourrait lui en vouloir suite à ce problème parce que c’est cela qui l’a conduit hors de l’ex-RSP, ce qui lui a ainsi fait perdre de nombreux avantages que même les sous-officiers n’avaient pas. Pour lui, le témoignage d’Abderrahmane Zétiyenga est encré de haine pour lui nuire. Mais Abderrahmane Zétiyenga a réfuté les propos du général.

L’audience reprend le lundi 13 décembre 2021 avec la suite des témoignages. A la barre sont attendus les témoins Yacouba Traoré, Blaise Sanon et Denis Bicaba.

Sié Mathias Kam

aacc uneUn camion transportant des canettes de bière s'est renversé dans la nuit du mardi 7 décembre, faisant des dégâts matériels au quartier Dagnoën de Ouagadougou, non loin d'AMPO. Il n’y a pas eu de perte en vie humaine, mais des dégâts matériels. Radars Info Burkina a fait le constat de cet incident qui a retenu l'attention de tous les usagers de cette voie durant la journée du mercredi 8 décembre 2021.

Lorsque nous sommes arrivé sur les lieux de l’accident une vingtaine d’heures après, le camion n'était plus là mais les décombres  qu'il a laissés étaient toujours considérables malgré tout une journée de travail pour dégager les lieux. Les gens étaient toujours nombreux : certains des propriétaires des boutiques riveraines  endommagées,  d'autres de simples badauds. Antoine Sana Kiendrebeogo est un des  propriétaires. aacc 2Il raconte les faits : “Hier nuit aux environs de 21h, on a fermé et on rentrait mais avant qu’on soit arrivé à la maison, des gens nous ont appelés  pour nous dire de revenir car il y a un camion qui a fait tonneau. Lorsqu'on est revenu, on a vu que c'était un camion  qui était chargé de boisson. C'est ça qui a causé ce sinistre”. Plusieurs boutiques ont été touchées, mais difficile pour l'instant de faire un bilan, car elles ne sont toujours pas accessibles. << Il faut qu'on finisse  avant de pouvoir évaluer. On est  en train de travailler d'abord.  Actuellement on ne peut même pas ouvrir, donc on ne peut pas voir ce qui est détruit à l'intérieur. Actuellement, c'est compliqué d'évaluer>>, a-t-il déclaré.  Mais le propriétaire de la marchandise n'a pas tout perdu. Selon les riverains, il a pu récupérer une bonne partie du chargement.

aacc 3Cet accident n'est pas le premier à cet endroit, un accident mortel s’y est même déjà produit, à en croire certains témoins. <<Nous interpellons la mairie afin qu’elle mette un ralentisseur ici. Hier  soir  le maire lui-même était là pour constater les faits. C'est un virage dangereux et les accidents y sont fréquents>>, a dit un témoin.

Barthélémy Paul Tindano

trl uneLes témoignages se sont poursuivis ce mardi 7 décembre à l’audience du procès Thomas et 12 autres, tués au Conseil de l’entente. Sept témoins sont passés à la barre et chacun y est allé de sa version des faits. L’un d’entre eux a même affirmé que le président Sankara s’est écroulé sous ses yeux après avoir reçu deux balles coup sur coup.

Persuadée que les témoins Laurent Ilboudo, Drissa Sow et Claude Zidwemba se sont concertés pour charger son client Bossobè Traoré, Me Maria Kanyili a fait une requête au président de la Chambre de première instance du tribunal militaire. Elle a demandé que ce dernier fasse application de l’article 120 du Code de justice militaire en ordonnant l’arrestation des 3 témoins. Ces derniers ont, tout au long de leur témoignage, nié le fait que Bossobé Traoré faisait partie de leur groupe de garde du président Sankara. Mais cette requête de l’avocate n’a guère prospéré.

Après cet épisode, c’est le témoin Pegwendé Issouf Sawadogo qui a été appelé à la barre pour faire sa déposition. Sergent-chef et en service au secrétariat du Conseil de l’entente au moment des faits, il a dit qu’il était de service le jour du coup d’Etat. Dans son témoignage, il affirme que c’est de son bureau au Conseil qu’il a entendu les coups de feu. « Les balles ont brisé ma fenêtre. J'ai sursauté et au même moment le téléphone a commencé à sonner. Je n'ai pas pu répondre. Dans le couloir, il y a une voiture qui est arrivée, s'est engouffrée et a bloqué le passage. J’ai trouvé une issue pour sortir les mains en l’air devant la porte de mon bureau. Le président aussi est sorti devant la salle où se tenait la réunion. Nabié Nsoni a tiré et touché à la tête le président devant moi. Maïga a tiré sur le thorax du président. Il s’est ensuite baissé pour prendre le PA du président », a narré le témoin. Toujours selon lui, c’est après que le président fut tombé que Hyachinte Kafando est arrivé du côté ouest. Dans sa tentative de fuite, il est arrêté et conduit dans la chambre où dormait Hyachinte Kafando. trl 2« Une fois à l’intérieur, j’ai vu un crâne humain avec de la cendre. Ils ont cassé un œuf mettre dedans. J'ai eu des nausées et des vertiges. Arzouma Otis Ouédraogo m'a donné un coup de poing dans le ventre, j'ai vomi et je suis resté dans cette chambre jusqu'au matin », a confié le témoin. Selon Pegwendé Issouf Sawadogo, le jour de sa libération, il a également été brutalisé par Hyacinthe Kafando. « Le matin, quand on nous a libérés, Hyacinthe Kafando m’a demandé pourquoi je le regardais comme ça. Il m’a dit que mon chef était mort et m’a serré les cols en me disant que si je m’amuse, il va me donner à ses éléments pour me ‘’faire faire’’ », a conclu le témoin. A sa suite, c’est Boubié Bamouni, de la garde présidentielle au moment des faits, qui a fait sa déposition. Il dit qu'il devait échanger avec le président Sankara juste après sa réunion au Conseil. C'est pendant qu’il y était qu'il a vu Thomas Sankara recevoir les balles. Il n'a cependant pas donné de nom, prétendant ne plus avoir une bonne mémoire 34 ans après.

Sansan Hien dit Kodjo, adjudant-chef au moment des faits, en service à Pô, a succédé à Bamouni à la barre. Il a affirmé que Gilbert Diendéré, le 15 octobre après les évènements, l'a envoyé faire le tour de Ouagadougou pour tenir en alerte les autres garnisons. Des propos infirmés par le général Diendéré, qui affirme que l’état d’alerte se fait automatiquement quand il y a une situation de ce genre. Aimé Alexis Zongo a pris la relève à la barre. Il était le chef des engins blindés du Conseil en octobre 87. Il dit qu’il était à l’école du génie militaire quand il a entendu les coups de feu. Précipitamment, il s’est alors rendu au Conseil. « La petite porte étant fermée, je suis passé par la grande. J’ai aperçu le lieutenant Gilbert Diendéré. Les tirs avaient cessé. J’ai demandé au lieutenant ce qui se passait. Il m’a répondu : c’est comme ça et c’est arrivé, en tendant la main vers le secrétariat. J’ai avancé et j’ai reconnu le corps du président Sankara. Je suis revenu vers Diendéré et j’ai demandé la conduite à tenir. Il a dit de prendre les blindés pour aller boucler les sorties », précise le témoin. Jean Babio Bationo, infirmier au Conseil, Wendyélé Sawadogo chef du détachement du BIA, basé au moment des faits à l’ENAM, et le sergent Moumouni Koeba ont tous fait leur témoignage.

Suspendue, l’audience reprend le mercredi 8 décembre 2021 avec le témoin Léonard Domboué.

Sié Mathias Kam

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