Ce vendredi 3 décembre marque la 28e journée internationale des personnes handicapées (JIPH). Commémorée par la communauté internationale et instituée par les Nations unies à travers la Résolution 47/3 du 3 décembre 1992 dans le but de promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société, cette journée est célébrée sur le plan national sous le thème « Leadership et participation des personnes handicapées pour un monde inclusif, accessible et durable ». À cette occasion, la ministre de l'Action humanitaire, Hélène Marie Laurence Ilboudo /Marchal, a invité les personnes handicapées à persévérer dans l'esprit de leadership. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de Tani Tindano, une handicapée visuelle passionnée de journalisme.
Étudiante à l'Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication (ISTIC) à Ouagadougou, Tani Tindano est passionnée de journalisme depuis l'école primaire malgré son handicap visuel. Le parcours scolaire de celle qui est née en 1997 dans la commune de Manni, province de la Gnagna, n'a pas été du tout facile. En effet, il n'y avait que le centre des handicapés de Mahadaga dans la province de la Tapoa qui accueillait les élèves comme elle. Elle y commence donc le CP1 en 2006 et obtient le Certificat d'études primaires (CEP) en 2011. Elle continue les études et décroche le Brevet d'études du premier cycle (BEPC) en 2016 et le baccalauréat en 2019. Durant son cursus scolaire, Tani Tindano a toujours été parmi les meilleurs élèves, battant même les élèves voyants sur les notes. Le journalisme étant sa passion, elle s'est inscrite à l'ISTIC et a déjà validé sa première année avec une moyenne de 15,8 et a été classée 2e de la classe sur un effectif de 42 étudiants. Et tenez-vous bien, elle est la seule handicapée visuelle de sa promotion. Pour l'étudiante de l'ISTIC le journalisme est un moyen de témoigner ce que Dieu a fait pour elle. <<J'écoutais la radio depuis que je faisais l'école primaire. Je suivais les différentes émissions des radios. En définitive, j'ai trouvé que le journalisme était un moyen pour moi de témoigner d'abord la grâce de Dieu dans ma propre vie. J'ai trouvé aussi qu’avec le handicap visuel on peut aussi servir son pays. Parce qu’à travers les émissions que j'ai animées à la radio Tintua de Piéla et la radio Jawoampo de Bogandé, je me suis rendu compte que beaucoup de personnes de mon genre ne comprennent pas et qu'ils ont besoin d'une personne qui est dans la situation, qui comprend certaines choses afin les aider à aller de l'avant>>, a-t-elle signifié. Le journalisme est un métier qui demande l'usage de tous les sens. Mais celle qui utilise le braille, l'écriture des malvoyants, ne se voit pas handicapée. <<Je préfère la radio parce que la radio est plus écoutée, plus accessible que les autres médias, que tu sois en ville ou en campagne. Même avec le téléphone on peut écouter la radio. Le fait que je ne voie pas là, je me dis qu'avec la radio ça sera plus facile pour moi qu'à la télé où il y aura des images que je ne peux pas voir. Pour le moment je compte être au niveau de la production et animation. Parce qu'à l'école on a appris que le journaliste doit être l'oeil, l'oreille et même capable de sentir l'odeur. Mais le fait que je ne voie pas pas là il y a un élément qui va manquer si je suis reporter. Mais je pense que si c'est sur un plateau avec des invités avec qui j'ai auparavant échangé je pourrai m'en sortir>>, a-t-elle dit. Tani Tindano exhorte les personnes handicapées comme elle à se battre . Car on peut toujours réussir malgré son handicap. Quand nous réalisions cet entretien, Tani Tindano commençait son premier stage à la RTB radio.
Barthélémy Paul Tindano