A la barre ce lundi 13 décembre 2021, le témoin Eugène Somda. Adjudant-chef major au moment des faits, il a fait sa déposition. Il y a confirmé les dires du témoin Abderrahmane Zitiyenga, selon qui Gilbert Diendéré se trouvait au Conseil au moment des tirs et en avait interdit l’entrée à toute personne après l’arrivée du cortège présidentiel de Thomas Sankara sur lesdits lieux.
Attaché de santé à l’infirmerie du Conseil de l’entente, K. Eugène Somda venait de passer le flambeau de la garde du président Sankara au groupe des Laurent Ilboudo et Drissa Sow (qui sont des témoins ayant déjà déposé) dans la matinée du 15 octobre 1987. Dans son témoignage, il confie que c’est un soldat qui l’a retenu parce que Gilbert Diendéré aurait convoqué une réunion avec toute la sécurité des deux leaders de la révolution le 15 octobre quand il voulait rentrer chez lui. Cette réunion était dirigée par Gilbert Diendéré et Abderrahmane Zitiyenga et a pris fin vers 12h, selon le témoin.
« A 14h après un bref passage à la maison, je suis revenu à la présidence et j’ai constaté que les soldats étaient agités au niveau de la radio. A 16h j’ai entendu une première rafale. Je me suis dit que c’était sûrement une faute due aux mouvements des soldats. Quelque temps après, ce fut une deuxième rafale. J’ai alors appelé à la permanence du Conseil pour avoir des renseignements mais sans suite. J’ai décidé de me rendre au Conseil. Arrivé au poste de la radio nationale, l’adjudant Abderrahmane Zitiyenga m’a bloqué et refusé l’accès au Conseil car, a-t-il dit, Diendéré a donné l’ordre de ne laisser entrer personne après le président. J’ai rebroussé chemin vers la présidence. Mais les tirs se sont intensifiés puis ont baissé d’intensité, devenant sporadiques. Je suis encore retourné et cette deuxième fois, il (Abderrahmane Zitiyenga) m’a laissé entrer mais avec un soldat qu’il a choisi pour m’escorter. Ce soldat a disparu quand j’ai franchi les portes du Conseil. Une fois à l’intérieur, j’ai été arrêté dans ma progression par un soldat nommé Nabonswendé (je ne me rappel pas son nom complet ; ndlr cela pourrait être l’accusé Nabonswendé Ouédraogo). Il m’a désarmé. J’ai demandé à voir le lieutenant Gilbert Diendéré et Amidou Maïga, chauffeur de Blaise Compaoré, est allé appeler Diendéré qui m’a informé du décès de Thomas Sankara. Nous étions assis sur un banc et j’ai juste tourné le regard vers le secrétariat où j’ai vu les cadavres gisant. Diendéré m’a alors dit de retourner à la présidence maintenir l’ordre. Sur le chemin de mon retour, Abderrahmane Zitiyenga m’a demandé ce qui se passait à l’intérieur. Dans mon for intérieur, je me suis dit que c’était un hypocrite. Mais quand je l’ai informé que Thomas Sankara était mort, il a attrapé sa tête », a raconté à la barre le témoin du jour.
L’audience a été suspendue juste après sa déposition. La raison ? Deux avocats ont perdu la vie. L’un sera inhumé ce soir et l’autre demain mardi. Le procès a donc été suspendu et reprendra le mercredi 15 décembre avec les questions des parties civiles au témoin Eugène Somda.
Sié Mathias Kam