Suite des témoignages ce mercredi 1er décembre dans le jugement du dossier Thomas Sankara et ses 12 compagnons. 4 témoins ont fait leur déposition. Serge Théophile Balima, Michel Toé, Patrice Nana et Gabriel Tamini. Le dernier cité était accusé avant d’être disculpé pour rejoindre le rang des témoins mais dans son audition, il a failli y retourner. On peut même dire qu’il a échappé de justesse.
Gabriel Tamini l’a échappé belle. C’est l’impression qu’on a eue à l’issue de son audition. Journaliste de formation, et en service à la radio nationale au moment des faits, Gabriel Tamini, propagandiste de la révolution selon ses propos est considéré comme « un fidèle des fidèles » à Blaise Compaoré. Il aurait pu passer du statut de témoin à celui d’accusé pour faux témoignage. La partie civile a en effet fait une requête à la chambre sur la base du Code de procédure militaire en son article 120. Selon eux, les déclarations faites par le témoin Gabriel Tamini sont invraisemblables.
Dans son témoignage, il a affirmé avoir rencontré Blaise Compaoré chez lui à son domicile après les tirs au Conseil quand Salif Diallo est venu le chercher. Il n'a cessé de répéter cela. Pourtant tous les témoins et accusés affirment que Blaise Compaoré s'est rendu juste après les tirs au Conseil de l'entente et c’est de ces lieux qu’il a reçu toutes ses visites. Le témoin ne peut pas dire qu'il ne sait pas faire la différence entre un domicile et un camp militaire car étant membre du CNR il a fréquenté le Conseil de l'entente. Selon Me Guy Hervé Kam, le témoin a juré de dire la vérité et ce n'est pas le cas donc il doit être arrêté pour faux témoignage.
Le parquet militaire s’est opposé à cette requête de la partie civile. Selon lui, ce sont les mêmes propos tenus par le témoin tant dans l'instruction que dans son témoignage aujourd'hui. Mieux, il ne peut pas passer du statut d'accusé puis témoin, et revenir sur le statut d'accusé encore. C'est disproportionné a dit le parquet militaire.
Suspendue quelques minutes, le président du tribunal Me Urbain Méda a jugé bon que Gabriel Tamini reste témoin dans cette affaire car ses déclarations ne sont pas invraisemblables. Il ne sera donc pas mis aux arrêts comme le suggère la partie civile dans l'article 120. Pour Me Guy Hervé Kam, le tribunal a fait un « jugement humanitaire ». « Ils n'ont pas voulu appliquer la loi dans sa rigueur. C’est une déception », a-t-il dit à sa sortie d'audience. Le témoignage des trois autres témoins a été bref. Pr Serge Théophile Balima a dans son récit laissé entendre que Thomas Sankara savait bel et bien qu’il allait être assassiné et ce n’était qu’une question de temps. Peureux qu’il est (Pr Balima) il l’a longuement répété à Thomas Sankara. Les évènements du 15 octobre selon lui s’expliquent uniquement par une soif de pouvoir. Le passage de Michel Toé a été une confrontation avec l’accusé Jean Pierre Palm sur une de ses déclarations. Il a rejeté cela en bloc lors de la confrontation. Quant à Patrice Nana, son témoignage a apporté quelques précisions sur la position des soldats au Conseil de l’entente au moment des tirs car y étant de passage pour récupérer un ordre de mission.
L’audience reprend le mercredi 2 décembre avec l’audition de l’accusé Tibo Ouédraogo, mis en accusation pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. A sa suite, les témoins Thérèse Kationga et Ismaël Diallo seront entendus.
Sié Mathias Kam