jeudi 24 octobre 2024

rmd uneLe vendredi 24 avril 2020, les fidèles musulmans ont entamé le jeûne du ramadan dans un contexte sanitaire mondial marqué par la pandémie de coronavirus. Ces trente jours de jeûne, a dit l’imam du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI), Ismaël Tiendrébéogo, sont un moment d’évaluation spirituelle et de partage avec son prochain. Il se prononce, dans les lignes qui suivent, sur les conditions à réunir pour réussir son jeûne en ces temps de COVID-19.

De façon générale, le musulman, pour réussir son jeûne, en plus de s’abstenir de boire et de manger, doit s’interdire des propos mensongers et calomnieux, d’après l’imam Ismaël Tiendrébéogo du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) car, a-t-il expliqué, Allah n’a nul besoin que le fidèle se prive de sa nourriture et de sa boisson. C’est dire qu’au-delà des tentations physiques, il y a une abstinence dans les organes de sens qui doit caractériser le jeûneur. « Le jeûne le plus voulu de Dieu, c’est le jeune d’élite. C’est celui qui, en plus de l’abstention et de l’éducation des sens, va orienter toute l’énergie du jeûneur vers la recherche de l’agrément divin et ce, à travers le culte et tout bien que l’on fait », a-t-il expliqué.

rmd 2Cette année, le jeûne musulman s’effectue dans un contexte difficile caractérisé par une crise sanitaire sans précédent. Selon l’imam, toutes les fois où un regroupement de musulmans sera susceptible d’entraîner une propagation du virus et d’exposer des personnes à la maladie, l’islam recommande de faire attention. Le jeûne doit se faire dans des conditions de préservation de la vie humaine parce que, à l’en croire, le principe général de l’islam est que la nécessité lève l’interdit. Chaque fois qu’il y a nécessité de préserver sa vie et celle d’autrui, l’interdit ou le devoir religieux est suspendu. Du reste, l’imam Tiendrébéogo ne manque pas de donner des conseils aux fidèles musulmans pour réussir leur jeûne malgré les difficiles conditions. « Dans toute situation, il y a une sagesse derrière. Ce contexte particulier va faire le tri des musulmans suivistes et de ceux excellents », a-t-il relevé. Il invite ses coreligionnaires à être jaloux de leur relation avec Dieu au point que quelles que soit les conditions dans lesquelles ils s’adresseront à Lui, ils ne marchandent pas leur proximité. En plus, il les appelle à ne pas être des suivistes. En effet, pour lui cette situation est un test pour la foi, pour le degré d’attachement divin. « A la sortie de cette crise sanitaire, chacun de nous pourra se poser les bonnes questions sur son rapport à Dieu », a ajouté l’imam du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) pour clore son propos.

Obissa

water uneD’habitude au mois d’avril, la demande en eau de boisson est tellement forte que les usines d’ensachage d’eau se frottent les mains. Mais cette année, la donne a changé en raison de la pandémie de coronavirus. Comment ces unités d’ensachage s’adaptent-elles à cette situation peu reluisante ? Quelles précautions prennent-elles pour endiguer la propagation du virus à couronne ? Eléments de réponse.

Les activités des usines d’embouteillage et d’ensachage d’eau tournent au ralenti depuis la prise des mesures restrictives pour empêcher la propagation du coronavirus. Pour la plupart, la demande a considérablement baissé. Selon Jean-Marie Bakieka, gestionnaire de l’usine Eau Gloria, c’est principalement dans les établissements d’enseignement et dans les marchés qu’ils écoulent leur marchandise. « Avec la fermeture des écoles et des marchés, la commande des packs d’eau a diminué. De plus, ceux qui prenaient auparavant des packs d’une valeur de 50 000 francs CFA, par exemple, n’en prennent maintenant que la moitié », affirme-t-il. De plus, le fonctionnement de cette petite unité industrielle a changé à cause du contexte sanitaire. water 2Par exemple, tous ses employés sont tenus de porter un masque de protection lorsqu’ils arrivent, pendant de même qu’après le travail. Un lave-mains est mis à leur disposition à l’entrée. Les employés portent des chaussures désinfectées, des chapeaux ou des foulards avant d’entrer en contact avec les machines et les sachets d’eau. « Nous avons acheté des masques de protection à nos livreurs et ils sont tenus de les porter lors des livraisons », précise par ailleurs M. Bakieka.

Bien avant l’apparition des premiers cas de coronavirus au Burkina, le personnel de cette unité portait des bavettes à usage unique. Actuellement, l’usine a doté ses agents de bavettes durables. Les effectifs n’ont pas été réduits à Eau Gloria, c’est plutôt la programmation des jours de travail qui a été réaménagée. « Nous avons reprogrammé le personnel de manière à permettre à chaque employé de travailler et d’être rémunéré à la fin du mois. Les machines sont disposées à des distances d’au moins un mètre les unes des autres et, dans le but de respecter les mesures barrières. Avant, c’était une machine pour deux femmes mais actuellement, c’est une machine pour une femme».

A Eau Gloria, c’est le même constat : lavage des mains obligatoire, port de masque de protection, respect d’une distance d’au moins un mètre entre les agents, telles sont les dispositions prises.

Eau d’ébène aussi affirme que les affaires ne sont plus au rendez-vous alors qu’en temps normal, le mois d’avril est le mois où l’usine génère le plus de recettes. Si certaines entreprises ont déjà fait des dons dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, d’autres sont sur le point de le faire.


Elza Nongana (Stagiaire)

pal uneLe paludisme constitue au Burkina Faso un problème majeur de santé publique. En 2018, les formations sanitaires ont dénombré 11 970 321 cas de paludisme simple avec 4294 décès. Cette maladie est la première cause de consultation, d’hospitalisation et de mortalité dans les formations sanitaires. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes y paient chaque année le plus lourd tribut. Selon l’Enquête sur les indicateurs du paludisme au Burkina Faso (EIPBF 2014), la prévalence parasitaire chez les enfants de moins de 5 ans est de 46%.

Les stratégies de lutte contre le paludisme au Burkina Faso  sont mises en œuvre par le ministère de la Santé à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Selon le ministère de la Santé, le Burkina Faso a enregistré une baisse progressive de la mortalité liée au paludisme ces dernières années. Celle-ci est passée de 28 pour cent mille habitants en 2015 à 20 pour cent mille habitants en 2018.

Le ministère de la Santé, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers, multiplie les stratégies de lutte afin de bouter le paludisme hors du pays. Parmi les stratégies de lutte on peut citer la prévention du paludisme chez la femme enceinte par le traitement préventif intermittent (TPI) et la lutte antivectorielle par la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides. pal 2Pour assurer une couverture universelle des ménages en moustiquaire imprégnée d’insecticides à longue durée d’action (MILDA), le pays réalise depuis 2010 une campagne de distribution gratuite des MILDA tous les trois ans. Chacune des trois premières campagnes a permis d’atteindre une couverture administrative des ménages de plus de 95%. Il y a également la Pulvérisation intra domiciliaire (PID), la Lutte anti-larvaire (LAL), la promotion de l’assainissement du cadre de vie et la gestion de la résistance aux insecticides.

Ensuite, on note la chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) chez les enfants de 3-59 mois. Elle consiste à prévenir le paludisme par  l’administration de médicaments aux enfants de 3 mois à 5 ans pendant la période de haute transmission (juillet à octobre). Débutée en 2014 dans 7 districts sanitaires, la CPS couvre à ce jour 70 districts sanitaires sur l’ensemble du territoire national. Cette intervention permet de prévenir environ 75% des cas de paludisme chez les enfants de 3 à 59 mois durant cette période.

Selon le ministère de la Santé, toutes ces stratégies, non exhaustives, ont permis de réduire la létalité du paludisme de 1,2% en 2015 à 0,8% en 2018, et la prévalence parasitaire de 47,7% en 2014 à 16,9% en 2017.

Le Burkina Faso dispose d'un Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP) qui est spécialisé dans la recherche scientifique et la formation sur cette pathologie.

Provoqué par des parasites transmis par les piqûres de moustique, le paludisme cause d'abord une forte fièvre, des maux de tête et des courbatures, puis peut évoluer vers une anémie sévère, une détresse respiratoire et atteindre les organes ou le cerveau s'il n'est pas rapidement traité.

Aly Tinto

               

jag uneEn plus d’être humoriste, il est aussi « le vagabond de l’assainissement ». En dix ans, il compte rendre le pays des hommes intègres propre. Il vise à cet effet 25 millions de poubelles et 10 millions de lave-mains. Pour y parvenir,  il a initié le concept «  Un spectacle une ville propre ». Séverin W. Yaméogo, confiant, prédit que demain sera meilleur.

« Un spectacle une ville propre », c’est l’objectif de l’artiste humoriste W. Sévérin Yaméogo, plus connu sous le pseudonyme de « La Jaguar ». Démarré en 2019, ce projet consiste à faire des spectacles dans les universités, les institutions privées et publiques…et à tous les niveaux de la société où il est susceptible parler d’hygiène et d’assainissement, garnies de don de poubelles et lave-mains gracieusement a expliqué l’humoriste, le vagabond de l’assainissement. Dans cette optique, l’artiste confesse qu’il a dû mettre un trait sur ses droits d’auteur pendant 2 ans au Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA). C’est grâce à ce fonds, a-t-il dit, qu’il a pu démarrer. C’est pourquoi M. Yaméogo dit ceci à ses jeunes frères : « Avant d’entamer un projet, il faut t’assurer d’avoir un minimum ». Car de par son expérience, le concepteur du projet dit qu’on ne peut pas démarrer un projet sans un petit fonds. « Il faut commencer avec ses propres économies, avec le sérieux que tu y mets, les gens vont te soutenir », a-t-il renchéri. jag 2De 2019 à 2020, l’artiste confie avoir injecté près de 11 millions de francs CFA dans son projet. Avec son équipe d’environ 25 personnes, en majorité des étudiants, ils ont réussi à manufacturer 450 poubelles et 150 lave-mains qu’ils ont partagés dans 15 universités, 5 institutions étatiques, plus de 40 pharmacies de la place, 12 restaurants et 12 CSPS, sans oublier les ménages.

Désormais surnommé « le vagabond de l’assainissement », l’artiste humoriste a créé une brigade verte qu’il envisage d’installer dans tout le pays. Quelle audace ! dira-t-on. Mais le concepteur y croit dur comme fer. Il veut créer une chaîne avec le recyclage par la suite des déchets ramassés par sa brigade et les transformer dans des usines qu’il compte mettre en place. Le planning doit s’étaler sur 10 ans et à terme, devra coûter environ 17 milliards de francs CFA. D’après l’artiste humoriste, pour rendre le Burkina Faso propre, il faut 25 millions de poubelles et 10 millions de lave-mains. Le but de cette conception est d’amener les jeunes à réfléchir autrement et à montrer aux yeux du monde que les jeunes burkinabè sont entreprenants.

Malgré la pandémie, les activités de La jaguar se sont accrues et la sensibilisation à l’hygiène des mains et à l’assainissement s’enchaîne. Pour lui, le coronavirus nous rappelle que nous devons investir dans le local. « Quand la crise a commencé, si les frontières n’étaient pas fermées je suis sûr que d’aucuns seraient allés à l’étranger pour se soigner », a-t-il indiqué. Il pense que les autorités devraient en tirer leçon. Le « vagabond de l’assainissement » lance un appel à tous ceux qui peuvent les accompagner financièrement ou donner des conseils à le faire. « Les jeunes, battez-vous et arrêtez de dire que vous avez un master en ceci ou en cela. L’école nous ouvre l’esprit mais c’est notre savoir-faire qui nous fera réussir. Demain sera meilleur », a-t-il terminé.

Obissa

immun uneLe système immunitaire a pour rôle de défendre l'organisme contre les infections et les maladies. Il est constitué d'organes et de cellules qui travaillent ensemble pour protéger le corps et réagir aux infections causées par les bactéries, virus et champignons. Face à certaines maladies, le système immunitaire peut se trouver fragilisé et incapable d'assurer son rôle de gendarme du corps. Pour le cas du coronavirus, certaines maladies chroniques peuvent affecter le système immunitaire et rendre le malade vulnérable à l'infection.

Les maladies chroniques se définissent comme des affections de longue durée qui évoluent lentement. Lorsqu'elles ne sont pas contrôlées, elles peuvent, dans leur grande majorité, rendre vulnérables au coronavirus. Il s'agit entre autres, selon Ouedan Idogo, médecin, du diabète, de l'hypertension, de l'insuffisance rénale, des insuffisances hépatiques, de l'asthme mal équilibré. Les personnes qui souffrent déjà d'une insuffisance respiratoire chronique, tous les malades qui ont des pathologies cardiaques, les malades cancéreux dont l'immunité est totalement fragilisée, les personnes infectées par le VIH à un stade avancé font également partie des personnes à risque. A ceux-là s'ajoutent les patients qui suivent des traitements qui fragilisent l'immunité notamment les immuno-suppresseurs comme ceux contre le cancer. Il faut noter également la cortico-thérapie ou la prise prolongée des corticoïdes qui fragilise l'immunité. immun 2Toutes ces maladies dépriment l'immunité et exposent le malade à une forme grave du COVID-19 pouvant conduire à la mort.

Les personnes souffrant d'une de ces maladies chroniques étant plus vulnérables, elles doivent être particulièrement vigilantes pendant cette épidémie de coronavirus et adopter certains comportements pour éviter de se faire infecter par le coronavirus?  Pour le Dr Idogo,  la première chose à faire est de respecter les mesures barrières préconisées par le ministère de la santé comme se laver régulièrement les mains à l'eau et au savon, porter des masques, éviter les lieux de regroupement ainsi que les déplacements inutiles, etc. Elles doivent également consulter leur médecin traitant pour avoir un meilleur contrôle de la maladie et une régularité dans le suivi.

Armelle Ouédraogo

except uneLa direction générale du Bureau burkinabè du droit d'auteur a décidé de mettre en place le Fonds exceptionnel de solidarité (FES) pour venir en aide aux créateurs en difficulté. Radars Info Burkina a rencontré le Walib Bara, directeur général du BBDA, pour comprendre davantage la nature de ce fonds et les mécanismes de sa mise en application.   

Radars Info Burkina (RB) : Le BBDA a décidé de transformer le deuxième appel au fonds de promotion culturelle en FES. Comment vous est venue l'idée de procéder ainsi ?

 

Walib Bara (WB): Le fonds de promotion culturelle est alimenté statutairement par 5% de nos collectes traditionnelles et 50% de la rémunération de la copie privée (les droits de douanes qui proviennent des droits sur les supports CD, clé USB, etc.) Ce fonds  est géré par un comité qui a en son sien tous les titulaires de droits de différentes catégories BBDA. Dans sa mise en œuvre, il est organisé en deux sessions. La première constitue un appel à projet en termes d'aide à la création, à la mobilité. La deuxième a lieu en juin. Le premier appel ayant eu lieu au premier semestre et le second ayant dû intervenir en juin eu égard aux conséquences du COVID-19,  nous avons décidé de revoir le lancement de cet appel. Le créateur, avant de penser à la création, doit pouvoir répondre à certaines mesures d'urgence. Le coronavirus ayant  eu ces effets collatéraux avec les mesures prises par le gouvernement dans le but de freiner cette pandémie, nos créateurs sont dans le chômage partiel. Dans l'optique de pallier ces urgences face aux flux de créateurs qui viennent régulièrement au BBDA pour poser leurs différentes préoccupations, la direction du BBDA a donc proposé par transformation ce second appel en FES.

RB: En quoi consiste concrètement le projet?

except 2WB: Le projet consiste en réalité à utiliser le montant qui est de 150 000 000 francs CFA et à le répartir à tous les membres du BBDA. Dans la première approche, les membres étaient au nombre d’environ 5700 et il fallait trouver des critères pour que le montant à allouer à chaque membre soit au moins consistant. Il faut que chaque membre ait une somme lui permettant de faire face à ses charges fixes. Nous avons ainsi procédé à l’élimination des fonctionnaires, des salariés, des structures de production et d'édition, des bénéficiaires du fonds d'aide aux personnes âgées. Et nous nous sommes retrouvés finalement à 4759 membres. Mathématiquement on se retrouve avec 30000 F par personne. Ce FES a été présenté au ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme qui a trouvé l'idée intéressante. Pour respecter la procédure, nous sommes passés devant le Conseil d'administration par conseil extraordinaire et l'idée a été adoptée à l'unanimité. On essaie de mettre les bouchées doubles pour que sa mise en œuvre puisse intervenir au plus tard le 29 avril. Il ne faut pas confondre ce fonds de solidarité à la répartition qui est prévue en fin mai. Le FES n'entachera aucunement  la répartition de fin mai.

RB : En procédant ainsi, ne vous exposez-vous pas à une éventuelle contestation des exclus?

WB: Il nous fallait procéder par élimination. Quand on prend une maison de production ou d'édition, c'est une structure morale. Elle a un minimum par rapport à un individu qui est créateur. Les créateurs sont des travailleurs indépendants qui sont dans une forme de fragilité quotidienne. Donc nous avons dû écarter les maisons de production et d'édition. Les personnes âgées qui bénéficient du fonds d'aide aux personnes âgées sont passées en fin mars et passeront en juin. C'est logique également qu'on les écarte. En ce qui concerne les fonctionnaires, certains sont membres du BBDA. Le simple fait qu'ils ont déjà un salaire, ça veut dire qu'ils ont un minimum. Il faut garder à l'esprit que ce fonds a été mis en place pour les créateurs les plus nécessiteux. Sur les 4759 membres si 3000 personnes viennent, on aura dépensé 90 000 000 F et il restera 60 000 000 F.  Deuxième scénario pessimiste, le coronavirus n'est pas encore fini, ce montant peut servir encore à soutenir les plus nécessiteux. On peut se tromper mais on s'est dit que c'est ce minimum sur lequel on pouvait aller pour écarter quelques-uns.

RB: Qu'en est-il du milliard de francs CFA pour l'accompagnement du secteur de la culture ?

WB: Je voudrais dire que les 1 025 000 000 F annoncés, le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme a mis en place un comité de réflexion. Le comité de réflexion dont fait partie le BBDA a fait des propositions avec la société civile culturelle, le secteur privé de la culture et certains cadres du ministère. Ces propositions sont aujourd'hui entre les mains de l'autorité. Comprenez que je ne puisse dévoiler le contenu de ces travaux.

Interview réalisée par Aly Tinto

analyz uneLe jeudi 23 avril 2020, le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, Stanislas Ouaro, a procédé au lancement de l’enseignement à distance. Il s’agit d’enregistrer les cours et de les diffuser sur des chaînes de télévision et des radios. Cette initiative vise à pallier l’arrêt des cours et à permettre aux élèves un apprentissage continu. Quelques enseignants font l’analyse de ce nouveau système.

L’enseignement à distance concerne les différentes classes d’examen (CM2, 3e et Tle) et sera diffusé sur sept chaînes de télévision et une cinquantaine de radios. Les cours seront dispensés dans les matières littéraires et scientifiques. Pour nombre d'enseignants, l’initiative des cours à distance est un projet mort-né parce que la faisabilité fait défaut. Une enseignante du primaire affirme que tous les élèves ne pourront pas bénéficier de ces cours. « Il y a des zones où il n’y a pas d’électricité et ce n’est pas tous les ménages qui disposent d’une télévision. Pour ma part, ça sera un peu difficile dans les familles où les conditions ne sont pas réunies ». Un autre enseignant du primaire, quant à lui, s’inquiète de l’efficacité du projet. « Est-ce que les élèves vont suivre les cours sans pouvoir poser leurs questions et arriver à comprendre ? Est-ce que les évaluations se feront sur la base de ce qui a déjà été enseigné en classe ou sur ce qui sera enseigné sur les ondes ?  Ou bien c’est tout le contenu qui sera évalué ? » s’interroge-t-il. analyz 2Pour lui, si les évaluations doivent se faire sur la base de tout le programme de l’année, les élèves ne pourront pas s’en sortir. Pour bien assimiler les cours, les élèves doivent faire des exercices, avoir des explications pour comprendre. Les cours à distance, par rapport à nos réalités et à notre contexte, ne seront pas d’un grand apport pour nos élèves, déclare un professeur de mathématiques d’un lycée privé. La preuve, nous rencontrions des difficultés  lorsque nous les enseignions en classe et ce n’est pas à distance que ces difficultés seront résolues renchérit-il. « Pour ma part, cette initiative est juste une plaisanterie. Les cours à distance ne constituent pas une solution ». Pour lui, vu l’évolution de la maladie, la solution serait de continuer dans la sensibilisation des populations et attendre le retour à la normale pour reprendre les cours en classe sinon les cours à distance constituent un gaspillage de finances. Aussi les élèves ne suivent pas ce qui déjà sur Burkina Info, nombreux sont ceux d’entre eux se croient en vacances. « Mon fils en classe de troisième par exemple ne suit  même pas les cours à la télévision. Si les conditions ne sont pas réunies, attendons le retour à la normale ». Mais comment les élèves pourront-ils suivre les cours avec les  nombreux délestages que connaît le Burkina Faso.

Elza Nongana (stagiaire)

chloro uneDepuis la rumeur attestant que la chloroquine traite le coronavirus, des individus se sont rués vers les pharmacies pour s’en procurer. Conséquence, rupture de stock dans toutes les pharmacies de la capitale. Le traitement des patients sous chloroquine se retrouve de ce fait interrompu. Comment ces patients arrivent-ils à supporter l’interruption de leur traitement ? Quelle solution pour la continuité de leur traitement ?

Toutes les pharmacies de la capitale connaissent une rupture de stock en chloroquine en cette période de coronavirus. Les patients sous traitement de ce médicament en ce moment souffrent alors le martyre. Une dame souffrant du lupus déclare faire le tour des pharmacies depuis plus d’un mois à la recherche d’un de ses produits pour son traitement sans gain de cause : « Moi particulièrement, je prends Immard (NDLR : nom de son produit), qui est un équivalent du plaquenil contenant de la chloroquine. J’ai constamment des douleurs articulaires actuellement et je n’arrive plus à vivre normalement, ni à vaquer à mes occupations. Je ne sors pratiquement plus ». Elle ajoute que son médecin traitant lui a prescrit un antidouleur et un produit contre la fièvre en attendant d’obtenir son produit. chloro 2Notre interlocutrice n’est pas la seule à vivre cette situation inconfortable ; une étudiante suivie au service de rhumatologie est dans le même cas. Suivant un traitement à la chloroquine depuis sa deuxième année d’université, ses examens n’ont pas encore révélé le mal dont elle souffre. Elle affirme néanmoins que son traitement réussi à calmer ses douleurs articulaires ainsi que ses malaises. « Actuellement, le plaquenil manque et ça joue beaucoup sur mon état de santé. Il y a des jours où je n’arrive pas à quitter mon lit parce que j’ai mal partout. Je suis allée voir mon médecin pour qu’il me trouve un équivalent ou une solution », nous confie-t-elle. D’après ces deux dames, les médecins ont tenté des négociations avec l’Etat burkinabè afin que les pharmacies continuent à ravitailler les patients sous chloroquine. Des négociations qui ont porté des fruits. De nouvelles ordonnances sont alors délivrées par les médecins spécialistes à leurs patients pour leur permettre d’avoir leurs produits en pharmacie. « Avec cette nouvelle ordonnance que j’ai, je suis allée à la pharmacie mais le produit n’est pas encore disponible. Le pharmacien a pris l’ordonnance pour enregistrer la commande et va me rappeler dès que le produit sera disponible », renchérit notre patiente lupique. En attendant que leurs produits soient sur place, les patients sous chloroquine devront prendre leur mal en patience.

Elza Nongana (Stagiaire)

cation uneLe porte-parole du gouvernement, lors du point de presse sur le Conseil des ministres du 22 avril, a affirmé que la date du 28 avril annoncée pour la reprise des cours était toujours d'actualité. Il a cependant précisé que la priorité du gouvernement était d'assurer la sécurité sanitaire des élèves et enseignants, d'où la prise de certaines mesures. Mais pour les syndicats de l'éducation, il ne saurait y avoir de reprise des activités sans une satisfaction préalable de certaines de leurs doléances.

Pour Souleymane Badiel, secrétaire général de la F-SYNTER, il n'est pas encore question d’une date de reprise des activités pédagogiques. La position des syndicats de l'éducation sur la question est, soutient-il, qu'il faut au préalable lever la mesure gouvernementale de coupure voire de suspension des salaires, en fin mars, de certains de leurs membres et réparer le préjudice subi par ces fonctionnaires. C'est seulement après cela que les acteurs dudit secteur pourront sereinement envisager la reprise des activités. En outre, la fermeture des écoles ayant été décidée pour limiter la propagation de la maladie, lorsqu'on parle de réouverture des classes, les syndicats se demandent bien quel est l’avis des techniciens du ministère de la Santé, à la lumière de l'évolution du Covid-19, sur la reprise des activités pédagogiques.

caationLes syndicats soutiennent par ailleurs que nul ne souhaite ni n'œuvre pour qu'il y ait une année blanche au Burkina. « Personne ne s’emploie à faire en sorte qu'il y ait une année blanche dans notre pays ; personne n'est dans cette logique. Toutefois, il ne s'agit pas non plus de reprendre les activités pédagogiques, juste pour les reprendre. Le plus important aujourd'hui pour notre pays, c'est la préservation de la santé des populations, au nombre desquelles il y a les élèves», argumente Souleymane Badiel. Si ce préalable est satisfait, affirme le secrétaire général de la F-SYNTER, il est évident que les acteurs de l'éducation qu'ils sont, s’ils sont consultés, feront des propositions sur ce qui peut être envisagé pour sauver l'année scolaire en cours.

Armelle Ouédraogo

gression uneLe Burkina Faso perd 2 places, se classant 38e sur 180 pays avec un score de 23,47 dans le classement mondial de la liberté de la presse, édition 2020, effectué par Reporters sans frontières (RSF). Le pays, qui était classé 36e en 2019, passe à la 38e place en 2020, soit une régression de 2 places. Pour avoir une lecture de cette situation, Radars Info Burkina s’est entretenu avec Boureima Ouédraogo, président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP), et le journaliste d'investigation et écrivain burkinabè Atiana Serge Oulon.

Selon le président de la SEP, cette régression était prévisible. « Parmi les facteurs explicatifs de ce recul, il y a la révision du Code pénal intégrant des dispositions liberticides au nom de la lutte contre le terrorisme et l’absence incompréhensible de décrets d’application de la loi portant accès à l’information et aux documents administratifs. Si l’on y ajoute l’environnement économique de plus en plus précaire de la plupart des entreprises de presse, l’on ne pouvait pas espérer un meilleur classement. Je crois qu’occuper le 38e rang est une prouesse, au regard des réalités de la presse burkinabè », a-t-il avancé.

« Malheureusement, rien ne semble être entrepris par l’Etat pour accompagner ces entreprises en difficulté dont certaines ont fini par mettre la clé sous le paillasson. gression 2Certes, il y a encore la subvention à la presse privée et les lignes de crédits au niveau du Fonds d’appui à la presse privée (FAPP), mais elles ne semblent pas être des réponses structurantes et durables aux difficultés des médias. En outre, l’on peut noter un retour des velléités de contrôle de l’information et surtout des tensions permanentes dans les médias publics qui sont de nature à compromettre la liberté et l’indépendance des professionnels évoluant dans lesdits médias. Enfin, l’on peut noter que malgré les avancées, l’Affaire Norbert Zongo reste pendante et plusieurs organes de presse font l’objet de harcèlement et d’intimidations à travers des procès dont l’équité et l’impartialité sont plus que douteuses. Au regard de tout cela, je crois que la note et le classement du Burkina sont conformes à la réalité. Nous sommes en net recul. Et j’ai bien peur que ce ne soit le début de la fin de la forte percée du Burkina résultant des réformes opérées sous la Transition. Car, on ne voit rien venir avec ce pouvoir », a regretté M. Ouédraogo.

gression 3Pour le journaliste d'investigation Atiana Serge Oulon, cette place est bonne à prendre dans la mesure où le Burkina est dans le top 50 en matière de liberté de presse dans le monde. « Mais à défaut de progresser, le pays devrait garder le cap », a-t-il ajouté.

Quelles sont les perspectives pour le rayonnement de la liberté de presse au Burkina ? A cette question, Boureima Ouédraogo répond : « Il faut améliorer l’environnement juridique, institutionnel et économique de la presse. Cela veut dire qu’il faut d’abord opérer des réformes du Code pénal pour l’expurger des dispositions liberticides y inscrites au nom de la lutte contre le terrorisme, réviser les lois portant régimes juridiques de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle ; adopter les décrets d’application de la loi portant accès à l’information publique et aux documents administratifs, etc. Cela permettra aux professionnels des médias d’accomplir en toute indépendance et sérénité leur tâche de collecte, de traitement et de diffusion de l’information. Ensuite, il faudra revoir les mécanismes d’appui aux entreprises de presse privée. Enfin, on devra travailler à instaurer une culture de la redevabilité et de la transparence dans la gouvernance quotidienne de l’Etat. »

M. Oulon, tout en estimant que l'Etat doit revoir sa copie en matière de réformes réalisées par l'exécutif, a affirmé que la liberté de presse s'acquiert par le courage, l'audace et la détermination des journalistes. « Il faut donc poursuivre la lutte, autant pour les journalistes que pour les défenseurs de la liberté de presse», a-t-il conclu.

Aly Tinto

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