dimanche 8 décembre 2024

jrncult uneLe gouvernement burkinabè de transition a décidé, lors du Conseil des ministres du mercredi 6 mars 2024, de consacrer le 15 mai de chaque année journée nationale des traditions et des coutumes. Objectifs : réaffirmer la laïcité de l’Etat, renforcer l’équité dans le traitement des expressions religieuses et offrir aux adeptes de la religion traditionnelle un cadre de promotion des valeurs et des pratiques ancestrales. Cette décision semble la bienvenue pour nombre de Burkinabè, qui estiment que c’est l’affirmation de notre identité réelle, une autre manière de combattre l’impérialisme.

Pour Lianhoué Imhotep Bayala, coordinateur national du cadre « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita », doctorant en étude culturelle africaine, cette décision est un acte historique et courageux. « C'est un acte de justice rendu à soi-même, à notre mémoire immatérielle collective parce que c'était complètement incompréhensible que nous nous soyons permis ce qui ne l'est pas pendant plus de cent (100) ans : le mépris de nous-mêmes, de nos us et coutumes », dit-il.

Pour lui, le fait que le président Ibrahim Traoré et ses hommes, faisant montre d’une clairvoyance politique, aient enfin compris « la nécessité de reconnaître en nous-mêmes, en notre histoire et en notre mémoire collective la dignité d'être consacrés, respectés, honorés et valorisés est un pas vers la souveraineté. C'est une importante victoire sur notre échec à mettre en avant nos us et coutumes ».

Selon lui, on ne peut pas proclamer une souveraineté creuse, parce qu’il faut qu'elle marche sur un contenu avéré. Il faut qu’elle fonctionne « sur des attitudes qui nous remettent au centre de nous-mêmes et que nous cessions d'être cette périphérie sur laquelle on jetait toutes les railleries publiques, sur laquelle toutes campagnes de dénigrement des courants religieux coloniaux se sont projetées de façon humiliante pendant toute une série d'années », soutient-il.

A en croire Lianhoué Imhotep, cet acte « solennel et historique » doit être marqué à la hauteur de ce qui lui a été consacré. C’est pourquoi, pour réussir la célébration de cette journée, il faut faire en sorte qu'elle soit célébrée sur tout le territoire national et que les acteurs de premier plan soient mis en avant.

« Il faut confier cette promotion aux gardiens de nos traditions, notamment aux chefs de terre qui sont des officiers de la religion africaine, des us et des coutumes. jrncult 2Le 15 mai de chaque année, il faut qu'il y ait une cérémonie dans chaque village pour honorer, prier nos ancêtres et leur adresser nos bons vœux afin qu'ils veillent sur la communauté. Que le poulet ou le mouton ou encore le bœuf qui sera sacrifié aux ancêtres le 15 mai, comme le bélier qui est égorgé pour la Tabaski, soit une occasion de prière, de rencontre et de convivialité. Même si c'est avec des plumes de poulet ou un œuf de poulet, il faudrait qu’une telle journée soit une réalité dans chacun de nos hameaux de culte », a-t-il suggéré.

Par ailleurs, il estime que cette journée serait l'occasion d'inviter les croyants des autres religions « à venir enlever l'habit des préjugés qu'ils ont sur les religions traditionnelles, à venir découvrir que ce sont des religions d'amour, de partage, de paix. Il n'y a rien de plus beau que d'être adepte de cette croyance qui est d'ailleurs la première croyance universelle au monde ».

Jean-Baptiste K. Badiel, citoyen burkinabè, par ailleurs président exécutif national de l’Association TRIGONE Burkina Faso (association engagée, entre autres, dans la promotion de la culture, de la cohésion sociale), lui, affirme qu’une « journée consacrée à nos coutumes et à nos traditions est une affirmation de notre existence africaine ».

« Nul ne peut renier sa propre culture sans se détruire soi-même, sans détruire son âme.  Nous devons conserver nos valeurs, notre culture, notre identité africaine malgré notre diversité », déclare-t-il.

Flora Sanou

ccredcardLe Burkina Faso va encore accueillir le programme Red card (Carton rouge) à l’occasion de la 29e édition du FESPACO, au grand bonheur des cinéastes amateurs. Organisé en collaboration avec l’agence GCOM, le programme Red card récompense les cinéastes sur le thème « Carton rouge contre la violence et la discrimination à l’endroit des femmes et des jeunes filles ».

 

Le directeur de l’agence Plan B, le producteur de cinéma Rashid Bahati, est présent à Ouagadougou pour entamer les préparatifs du prochain programme Red card. « Nous avons été à la fois très étonnés et émerveillés par le succès qu’a eu le programme lors de la dernière édition du FESPACO. Nous nous sommes donc dit que sans plus tarder, nous devons revenir préparer quelque chose pour la prochaine édition de cette biennale », a expliqué le directeur de l’agence Plan B. « Nous sommes venus plus tôt afin de préparer le terrain pour l’édition à venir », a-t-il précisé.

Pour cette édition, le programme Red card entend collaborer avec le ministère burkinabè de la Culture ainsi que d’autres structures afin de permettre la venue de cinéastes de renom au prochain programme Red card. « Nous allons ensemble, avec Plan B agency, GCOM ainsi que le ministère de la Culture », travailler à « faire venir ces professionnels », a indiqué Rashid Bahati.

La 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tiendra du 22 février au 1er mars 2025 dans la capitale burkinabè.

Radarsburkina.net

nonfinalisationDans un communiqué datant du 5 février 2024, la Direction générale des impôts annonçait mettre fin à la certification des procurations que les populations obtiennent dans le cadre de l’acquisition des parcelles. A cet effet, il invitait les populations à engager les procédures régulières de mutation concernant les transactions de parcelles au plus tard le 30 avril 2024. Plus question de vendre ou d’acheter une parcelle avec une fiche d’attribution. Les procurations ne sont plus certifiées. Dans cette interview, Arzouma Marcel Sawadogo, directeur du guichet unique du foncier de Ouagadougou (DGUF-O), apporte plus de précisions.

 

Radars Info Burkina : Que faut-il entendre, de façon précise et simple, par mutation de parcelle ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Une mutation de parcelle, c’est le fait que les droits portant sur cette parcelle passent d’une personne à une autre. La mutation résulte d’un acte juridique comme la vente, la donation, le partage et la dation, entre autres, ou bien d’un fait juridique comme une succession en cas de décès, c’est-à-dire l’héritage.

Dans notre cas, lorsqu’on parle de mutation, dans l’esprit de la majorité de nos compatriotes, il s’agit de la vente/achat des parcelles. Un achat de parcelle est un acte important dans la vie des individus et des entreprises. Il faut donc s’entourer d’assez de précautions pour ne pas être victime d’erreur ni d’escroquerie car il y en a malheureusement. 

De façon pratique, lorsqu’un tiers veut acquérir une parcelle, il peut vérifier l’authenticité des documents y afférents. Ensuite, s’il y a accord entre l’acheteur et le propriétaire vendeur, les deux signent un acte de vente en bonne et due forme. Il y aura des droits à payer mais le paiement d’impôt permet à l’Etat de sécuriser le territoire national, donc la parcelle également.

Les droits à payer sont proportionnels à la valeur des biens et il faut accepter de déclarer le prix sincère car en cas de problème, la réclamation ne peut pas excéder ce qui est indiqué sur l’acte de vente.

Radars Info Burkina : Que peut-on retenir des mesures sur les procurations ?

Arzouma Marcel Sawadogo : L’arrêt des certifications des procurations est une mesure qui a été nécessaire à un moment donné, d’où la note du 5 février qui remet au cœur du débat la question de la régularité de la situation foncière des uns et des autres. Il a été constaté depuis un moment en effet que nos concitoyens, lorsqu’ils achètent une parcelle, se contentent de signer une procuration et une promesse de vente et ne font rien après.

 Or, cette situation n’est pas conforme à la loi, car si vous achetez ou vendez une parcelle, vous avez un délai de trente jours pour en faire la déclaration à l’administration fiscale. Ensuite, du côté de l’acquéreur même, il est possible que des erreurs qui auraient pu être détectées et corrigées immédiatement deviennent presque impossibles à corriger lorsque vous attendez des années avant d’engager la procédure.

Il arrive souvent, en effet, qu’il y ait non-conformité entre le nom de la personne figurant sur le P-V d’attribution, par exemple, et celui inscrit sur la pièce d’identité qu’elle a utilisée au moment de signer la procuration. Si vous ne retrouvez pas l’intéressé après, vous ne pouvez pas facilement avoir une correction de son nom pour poursuivre la procédure. Pour ce qui est des droits à payer, plus vous attendez pour engager la procédure, plus vous allez payer des montant élevés d’impôts, car la valeur de la parcelle ne fait qu’augmenter, en principe, dans le temps.

Les procurations pour couvrir des acquisitions de parcelle n’offrent pas vraiment une sécurité foncière, il faut s’en démarquer. Elles vous exposent à coup sûr à payer plus d’impôts.

Radars Info Burkina : Est-il désormais impossible de vendre ou d’acheter une parcelle avec une fiche d’attribution ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Une fiche d’attribution de parcelle n’est pas un titre de jouissance reconnu par la loi et c’est pour cette raison qu’on n’admet pas que l’on puisse vendre sa parcelle sur la base de ce document. On exige au moins l’attestation d’attribution, signée par le receveur, car elle est établie après des vérifications minutieuses. Cette exigence vise à protéger la personne qui achète tout comme l’administration qui ne veut pas prendre le risque de laisser passer les fiches et être interpellée en cas de litige. Il y a eu, par exemple, des cas de fausses fiches d’attribution que des individus malintentionnés ont utilisées pour escroquer d’innocents citoyens.

Le refus de la fiche n’est pas le problème, c’est plutôt dû au fait que beaucoup de nos compatriotes n’ont pas le réflexe de mettre à jour leurs documents. Ils attendent à la dernière minute, au moment où ils veulent vendre la parcelle, pour parler d’urgence et demander qu’on laisse faire. Ceux qui estiment qu’on complique la situation doivent s’en prendre à eux-mêmes, à leur propre négligence. On ne peut pas vendre des parcelles comme on vendrait des arachides. Chacun doit chercher à se mettre en règle en faisant établir au moins son attestation d’attribution.  Les impôts comme la taxe de jouissance peuvent être payés à tempérament, il ne faut pas tout le temps se réfugier derrière cette question de taxes. 

Radars Info Burkina : À combien peut-on estimer le nombre de parcelles dont le processus de mutation n'est pas achevé ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Je ne dispose pas de statistiques globales sur la question, mais des statistiques de l’année 2023 il est ressorti, au niveau du Guichet unique du foncier de Ouagadougou, un nombre global de 9500 procurations contre environ 5000 actes de vente signés. Le rapprochement de ces deux données dégage grosso modo 4500 procurations correspondant à des mutations inachevées. Ces chiffres permettent de savoir qu’il y a quand même un véritable problème auquel il fallait s’attaquer. Ce phénomène des procurations n’a pas toujours existé. Une administration doit, à un moment donné, prendre des mesures pour corriger des situations et comportements déviants, surtout lorsqu’ils portent préjudice aux citoyens.

Radars Info Burkina : Quel est le manque à gagner pour le budget de l'État ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Il n’y a pas d’évaluation précise de l’impact financier en termes de manque à gagner. Il est clair cependant qu’il existe bel et bien. En effet, celui qui fait la procuration au lieu de l’acte de vente pour qu’on liquide les droits diffère au moment où il paye les impôts. Certains sont venus 20 ans après. Le cas extrême que j’ai vu est une mutation inachevée qui date de 1982. Etant un service qui doit mobiliser des ressources pour l’Etat, si nous avons 10 personnes qui paient à tempérament cent mille francs chaque mois, ça nous fait un million et ce montant pourrait servir à couvrir des dépenses de l’Etat.

Radars Info Burkina : Quelles sont les sanctions prévues contre les différentes parties impliquées dans la non finalisation ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Plusieurs personnes pensent qu’après la vente d’une parcelle, il n’y a plus d’obligation une fois l’argent empoché. Ce n’est pas vrai. En effet, la loi fait peser sur le vendeur et l’acheteur l’obligation de déclarer la mutation ; même pour le paiement, il y a ce qu’on appelle la solidarité qui permet à l’administration de poursuivre l’un des deux pour obtenir le paiement de l’impôt dû en raison de la mutation.  Il vaut mieux pour le vendeur veiller à cette déclaration enseignant un acte de vente avec un prix sincère tout au moins.

Un nombre non négligeable de personnes jouent à un jeu qui consiste à minorer le prix sur l’acte de vente. C’est un jeu à haut risque car cela constitue du faux et des poursuites pénales peuvent en découler.

 Sur le plan fiscal, si l’on découvre cette minoration, vous allez subir des amendes de 200% du prix reconstitués. Certains ont été pris la main dans le sac en 2023 par exemple et ont payé des montants importants d’amende et de pénalités même après remise partielle.

Nous sommes ravis chaque fois qu’un compatriote acquiert un terrain et vient pour en faire la déclaration ; mais il faut que chacun s’engage à être sincère, transparent car cela fortifie la société. Le respect de la loi coûte moins cher toujours en vérité.

Radars Info Burkina : Beaucoup de citoyens se plaignent du délai donné pour la régularisation, qu'est-ce que la DGI envisage à cet effet ? Une prolongation est-elle possible ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Nous sommes conscients de la longueur des délais et nous travaillons à le réduire. Une chose est constante cependant : toutes les administrations qui ont pu raccourcir les délais de façon significative ont d’abord informatisé le foncier. Tel n’est pas encore le cas au Burina Faso, alors même que cela a été envisagé il y a bien des années. Nous notons toutefois que la Transition en a fait une priorité, la DGI aussi, et sans être absolument dans le secret des dieux je pense que l’attente de ne devrait plus être très longue.

S’agissant de la prolongation concernant les procurations, je ne peux pas en dire quelque chose car la mesure a été prise au niveau de la hiérarchie. Je préfère que les personnes concernées s’efforcent de régulariser leur situation plutôt que d’être dans l’espoir incertain d’une prolongation.

Radars Info Burkina : Les plaintes se situent également au niveau des coûts ; les usagers avancent des raisons tournant autour de la situation actuelle du pays. A combien s'élèvent les frais de mutation ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Les droits de mutation (droit d’enregistrement) sont calculés en appliquant au prix déclaré (s’il nous parait sincère) ou à la valeur retenue par l’administration à défaut, le taux de 5% depuis 2023. Ce taux est même inférieur à celui en vigueur dans certains pays européens. Certains paient des terrains à 100 millions mais viennent déclarer un prix de 20 millions sur l’acte de vente. Ils veulent payer 1 millions de droits au lieu de 5 millions. Donc, l’argument du montant élevé des droits, est insoutenable. C’est un prétexte pour eux, car il faut reconnaitre que certains de nos compatriotes n’ont pas encore compris que notre dignité collective de pays, de Nation, passe notamment par la contribution financière de chacun.

Radars Info Burkina : Une situation atténuante est-elle possible en proposant des coûts forfaits ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Actuellement, depuis janvier 2023, les droits sont déterminés en appliquant à la valeur le taux de 5%. Les atténuations sont possibles, cependant, elles concernent uniquement les pénalités encourues en cas de retard ou de minoration.

Le forfait n’est plus à l’ordre du jour. Malgré le forfait, beaucoup de personnes n’ont pas régularisé leur situation foncière. C’est pour dire que chacun de nous doit prendre la décision personnelle de régulariser sa situation en matière foncière et dans les autres aspects légaux et administratifs.

La DGI a décidé de faire un effort de communication pour que les citoyens puissent être avertis, informés. Pour ce qui est du paiement, nous sommes tous conscients de la situation et pour ce faire, la possibilité de négocier des paiements échelonnés existe pour une régularisation souple des situations.

Radars Info Burkina : Que conseillez-vous à ceux qui envisagent de faire des mutations de parcelles à l'avenir ?

Arzouma Marcel Sawadogo : Il faut qu'on crée la confiance entre l'administration et les citoyens. La Direction générale des impôts s’est résolument engagée sur le chemin de l’amélioration de la qualité du service.

 J’invite toute personne qui envisage faire une mutation, de passer se renseigner auprès du guichet unique de Ouaga ou Bobo ou encore des services des domaines, ainsi que les Cabinets des notaires qui sont des officiers ministériels, pour avoir la bonne information. Il y a aussi des intermédiaires professionnels qui peuvent vous renseigner de sorte que vous réalisiez votre opération en toute sécurité.

Le vendeur et ses accompagnateurs peuvent être souvent intéressés plus par ce qu’ils gagnent en termes d’argent, que la sécurité de l’acquéreur dans la transaction. L’administration est au service de la population et il faut que les uns et les autres viennent se renseigner avant de poser des actes qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur eux. Agir sans être suffisamment informé,  c’est prendre des risques inutiles pour soi-même, sa famille et son entreprise.

Propos recueillis par Flora Sanou

factonea uneLe directeur général de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), Idrissa Sourabié, a annoncé, dans la soirée du mardi 27 février 2024, un retour progressif et planifié au relevé mensuel à compter du 1ᵉʳ mars 2024. Cette décision fait suite aux plaintes des abonnés sur le relevé bimestriel ainsi qu’à la persistance des doutes sur la fiabilité dudit système. Au lendemain de cette annonce, Radars Info Burkina a tendu son micro au représentant du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) et à celui de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) pour recueillir leurs points de vue sur le sujet.

 

Pour Adama Bayala, président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF), « c’est une avancée qui était attendue », car le « RENCOF a toujours voulu et souhaité ce retour au relevé mensuel ».

« Nous avions dit à l’ancien directeur général de l’ONEA et à son équipe que c’était une évolution (NDLR : Il fait référence au relevé bimestriel) qui ne rencontrait pas l’assentiment des abonnés et qu’il fallait revenir au relevé mensuel. Aujourd’hui, cette vérité rattrape l’ONEA et ses responsables », a-t-il indiqué.

A l’en croire, en janvier dernier, le RENCOF avait, au cours d’un atelier tenu dans la ville de Koudougou, réaffirmé son souhait d’un retour au relevé mensuel.

factonea 2Donc, « nous applaudissons cette décision, mais nous ne nous laisserons pas faire ». En effet, selon Adama Bayala, au regard des frustrations et des pertes financières subies par les consommateurs, le RENCOF envisage de s’entretenir avec ses conseils, ses avocats, « pour voir ce qu’il faut entreprendre au niveau de la justice pour demander un dédommagement, ne serait-ce que symbolique ».

« Nous allons le faire pour l’histoire de sorte que les entreprises, les sociétés d’Etat qui offrent des services publics ne jouent pas avec les consommateurs », a-t-il insisté.

Assamiyou Compaoré, chargé à l’organisation du bureau exécutif national de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), quant à lui, est revenu sur les différentes interpellations faites par la LCB à l’ONEA, avant de déclarer que ce « retour au relevé mensuel est la meilleure des options ».

En effet, M. Compaoré affirme que depuis le début de la mise en œuvre du relevé bimestriel en 2017 à Ziniaré, la LCB avait averti que ce système créerait des problèmes. Comme pour lui donner raison, à partir de 2021 les plaintes ont commencé à se multiplier. Ainsi, la LCB a été invitée par l’ONEA à suivre la mesure pas à pas dans les agences de Ouagadougou pour recevoir les plaintes. factonea 3A l’issue du suivi, poursuit-il, des rapports ont été produits et les responsables d’alors de l’ONEA invités à revenir sur le relevé mensuel, « mais comme ils tenaient à mettre le système en place, ils ont tenté de nous faire comprendre que ce type de relevé existe dans plusieurs pays voisins et que certains même sont au relevé trimestriel. Donc, il fallait qu’on essaie d’avancer également ici au Burkina ».

« Face à la persistance des plaintes, une étude a été menée par un cabinet pour voir ce qu’il fallait faire autour de ce relevé. C‘est ainsi que les conclusions des travaux, consultées par un comité de suivi du relevé bimestriel, ont relevé des insuffisances », confie-t-il.

Ainsi, de l’avis d’Assamiyou Compaoré, « le fait de revenir au système mensuel est la meilleure des options que l’ONEA ait faite. C’est très bien parce que dire qu’on est prêt pour le relevé bimestriel ou autre type de relevé, ce serait un leurre. Nous osons croire qu’avec ce retour, victorieux pour nous, les choses vont changer ».

 Par ailleurs, soutient-il, « notre souhait, c’est que le système de fonctionnement de l’eau soit comme l’électricité. Il y a le cash power, pourquoi ne pas avoir du cash water pour que chaque abonné gère sa consommation comme bon lui semble ? ».

Flora Sanou

bbbiyenDans une vidéo dont le titre est « L'IA redéfinit le travail en Afrique », publiée sur le compte YouTube du Centre international du leadership et de l’excellence de Ouagadougou (22ETSIX), Nikita Biyen, l’un des responsables dudit centre, explique comment l'intelligence artificielle transforme le paysage professionnel sur le continent africain. De la rédaction suivie de la communication à l'assistance clientèle, en passant par le développement logiciel, il détaille les avantages des applications de l'IA, qui rendent le travail plus efficace et innovant.

 

L’Intelligence artificielle (IA) est une technologie qui permet aux ordinateurs de reprendre certaines fonctions intellectuelles semblables à celles du genre humain. Il existe déjà des milliers d’applications de l’intelligence artificielle qu’on utilise dans le monde du travail, de l’écriture professionnelle, des messages électroniques (e-mails) et même pour imiter nos artistes préférés.

Selon Nikita Biyen, l’intelligence artificielle est cette nouvelle invention qui va nous propulser dans une nouvelle ère. « L’utilisation de cette technologie dans le domaine professionnel est déjà une réalité un peu partout dans le monde », fait-il savoir.

« Un téléphone ou un ordinateur suffisent largement, ce qui montre que l’IA peut être utilisée sur n’importe quel appareil. Si vous avez l’opportunité de rendre votre travail non seulement plus facile, mais aussi plus efficace en investissant du temps dans l’apprentissage de l’IA, pourquoi ne pas le faire ? » a-t-il interrogé.

De ses explications, il ressort que les programmes de langage tel que CHATGPT offrent des applications pratiques immédiates dans le monde professionnel.

Voici quelques exemples concrets d’utilisation de cette technologie en Afrique, selon notre interlocuteur.

D’abord pour la rédaction et la communication, l’IA peut être utilisée pour rédiger des mails professionnels, des propositions de projets ou même des rapports d’activités. Cela peut grandement améliorer la qualité de la communication au sein de n’importe quelle entreprise et avec les clients.

En effet, dans une entreprise, des dizaines, des centaines, voire des milliers d’e-mails, sont souvent transférés tous les jours. De ce fait, avoir recours à l’IA serait un plus permettant de gagner en temps, en qualité et même en consistance. Par exemple, si vous aidez en assistance la clientèle, c’est sûr que vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où vous aviez besoin d’informations sur les produits disponibles dans un supermarché ou peut-être sur ceux indisponibles pour prendre des rendez-vous avec certains services, alors qu’il se fait déjà tard et que tout est déjà fermé.

L’une des solutions est de mettre en place un chatbot (différent d’un système de réponse automatique qu’on voit tous les jours sur Facebook), qui peut analyser la question, mieux comprendre et répondre.  De plus, en fonction des données de l’entreprise, l’IA serait aussi capable de déterminer ceux qui y travaillent.

Développement de logiciels

Le développement de logiciels dans ce domaine peut servir à comprendre des blocs de codes, rechercher des erreurs ou même générer du code à partir d’indications précises, ce qui accélère le processus de développement.

La formation en IA est cruciale dans la mesure où se former à l’IA, c’est acquérir une compétence essentielle qui définira nos interactions futures avec le monde.

Dans le contexte africain, face à des défis uniques, l’intelligence artificielle peut devenir une solution innovante. Elle peut, par exemple, aider à pallier des problèmes de distance, d’éducation, de santé et de gestion des ressources.

Comment s’y prendre ?

Il faut commencer par se familiariser avec les bases de l’intelligence artificielle grâce aux ressources en ligne gratuites, à des cours au Webinaire, à des tutoriels vidéo…

Ensuite, mettre en application les connaissances acquises en s’impliquant dans de petits projets et en utilisant des outils d’IA au quotidien tout en apprenant de ses erreurs. Enfin, il faut garder une curiosité vive pour ce domaine afin de ne pas rater des positions, rester informé des dernières nouvelles et tendances pour adapter ses compétences en conséquence.

Il faut retenir que l’Intelligence artificielle (IA) en Afrique ne concerne pas seulement l’émerveillement que suscite cette technologie, mais questionne aussi sur comment nous pouvons l’utiliser pour améliorer notre vie au quotidien.

Que ce soit par une plus grande efficacité dans nos entreprises, une amélioration de l’accès à l’éducation ou par la création de nouvelles opportunités, l’IA a le potentiel de radicalement changer notre avenir. Il nous appartient donc de saisir cette chance.

Radarsburkina.net

rgeole uneLa rougeole est une maladie virale très contagieuse due à un virus morbilleux encore appelé Morbillivirus. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a alerté, le mardi 20 février 2024, sur la rapide propagation de cette maladie dans le monde. Selon elle, les dernières données mondiales ( février 2024) font état de 306 291 cas signalés en 2023, contre 171 156 cas en 2022, soit une augmentation de 79 %. Au Burkina, à la semaine 6 de l’année 2024 (1er janvier au 10 février), 1269 cas suspects de rougeole ont été enregistrés, dont 4 décès, contre 2190, dont 5 décès, en 2023, selon la Direction de la protection de la santé de la population (DPSP). Quelles précautions prendre face à cette maladie virale peu connue de certains Burkinabè ?

Certains citoyens que nous avons interrogés à Ouagadougou, confient avoir peu de connaissances sur la rougeole. Mais depuis l’annonce de l’épidémie, certains disent prendre des mesures de protection.

« Personnellement, je ne connais pas trop cette maladie. J’ignore ce que c’est, mais je prends des précautions en priant Dieu. Je protège mes enfants en leur mettant du beurre de karité dans les narines quand on veut sortir. Les plus grands portent des cache-nez », indique Sara Ilboudo, commerçante.

D’autres par contre ayant une expérience de la maladie exhortent les autorités à intensifier les mesures de prévention et la sensibilisation. « Je préconise que les agents de santé sensibilisent les parents à cette maladie, car certains ignorent ce qu'est la rougeole et comment protéger les enfants », propose Marc Zoundi, mécanicien.

Symptômes de la rougeole

Selon le Dr Alice Nikiéma, médecin généraliste, les signes principaux de la rougeole peuvent varier d’un enfant à un autre. Mais le plus souvent, explique-t-elle, « l’enfant a une température très élevée ; ça veut dire que son corps chauffe et cela peut l’amener à convulser. Il y a une manifestation au niveau des yeux qui se traduit par une rougeur, ça peut être des sécrétions au niveau des yeux (les yeux de l'enfant se collent les matins au réveil et celui-ci a du mal à les ouvrir) », a-t-elle fait savoir. rgeole 2À cela s'ajoutent des troubles nerveux : l'enfant devient irritable et ne dort pas bien. Il peut aussi y avoir des manifestations digestives, notamment un manque d'appétit, des vomissements, des maux de ventre.

Il y a également la présence de boutons au départ qui deviennent des tâches, ou des boutons associés à des tâches qui commencent généralement au niveau de la tête pour descendre vers le tronc.

La rougeole peut aussi se manifester à travers le rhume avec des écoulements au niveau du nez. Tout cela peut être associé à une toux généralement sèche.

En outre, à en croire la spécialiste de santé, le signe qui atteste que l'enfant est atteint de la rougeole est celui de koplik. Il s'agit de petites tâches blanchâtres qu'on retrouve à la face interne des joues chez les enfants.

Attitudes à observer en cas de rougeole

« Le premier geste est d'aller en consultation lorsqu'on remarque des signes qui s'apparentent à ceux de la rougeole en vue d'un diagnostic propice et des soins qui vont avec », conseille le Dr Alice Nikiéma.

La personne atteinte doit être isolée pour les soins, parce qu'il y a un risque de contamination des autres.

Il faut observer les mesures d'hygiène et les mesures barrières, c'est-à-dire le port du cache-nez car lorsque la personne malade tousse, les gouttelettes de salive dans l'air peuvent facilement contaminer une autre personne.

On souffre de la rougeole une seule fois

A la question de savoir si une personne guérie de la rougeole peut de nouveau en souffrir, la professionnelle de santé répond par la négative.

« Un enfant souffre de la rougeole une seule fois. Mais lorsqu’il est vacciné, il peut quand même faire la maladie. Néanmoins, dans ce cas, la symptomatologie est moindre et peut passer inaperçue (les signes peuvent être très réduits et moins graves et l'infection peut passer inaperçue) », a-t-elle confié.

Mesures de prévention

La première mesure de prévention chez les enfants, c'est la vaccination, indique la doctoresse. À cet effet, il faut respecter le Programme élargi de vaccination (PEV) en vigueur dans notre pays. Ensuite, il faut respecter les mesures d'hygiène des mains (se laver les mains à chaque fois qu'on manipule des objets utilisés par une personne infectée), l’hygiène alimentaire et celle environnementale, tousser dans les plis du coude, utiliser les mouchoirs en cas de rhinite associée et ne pas manipuler les sécrétions comme la morve ou les sécrétions oculaires, a-t-elle exhorté.

Il faut noter que, de façon générale, la rougeole est une maladie infantile. Néanmoins, elle peut aussi toucher les adultes, notamment ceux présentant une immunodépression ou insuffisamment vaccinés. 

Flora Sanou

ppierp uneLe samedi 17 février 2024, les comités de veille citoyenne des 13 régions du Burkina ont demandé une révision de la charte de la transition adoptée par les forces vives de la nation le 15 octobre 2022. La requête a été exprimée au cours d’un meeting à Ouagadougou visant à réaffirmer leur soutien à la transition. L’objectif de cette révision est de prolonger la durée de la transition, qui est actuellement fixée à 21 mois, pour permettre au gouvernement de poursuivre les actions déjà engagées. Faut-il nécessairement prolonger la transition ?   

Pour Dieudonné Tankoano, sociologue, enseignant et écrivain, il faut d’abord savoir qui est légitime pour demander la prolongation de la transition. « Même si les organisations de la société civile constituent un pan essentiel de cette charte, d’abord dans sa rédaction, ensuite dans son suivi et jusqu’à sa modification, etc.,  elles n’en sont pas les seules signataires, les seules garantes. Il y a bien d’autres acteurs, plus habilités, notamment les représentants des partis politiques, les religieux, les coutumiers, etc. », a-t-il martelé.

Selon lui, derrière cette demande, il y a de la manipulation, du mercenariat bien orchestré pour aboutir à une fin qui est déjà connue. « Ces organisations de la société civile sont souvent instrumentalisées, influencées, manipulées, montées juste pour aider la transition à se maintenir, et c’est ça le problème parce que ce sont des organisations presque officieuses, qui n’ont aucune crédibilité légale d’existence, à plus forte raison une crédibilité légale de demande de prolongation de la transition », soutient-il.

Pour lui, la transition a eu gain de cause, parce que les raisons avancées par ces OSC, c’est qu’il faut « permettre au régime d’arranger le pays, de finir la lutte contre l’insécurité avant d’organiser les élections ».

ppierp 2Mais loin d’être pessimiste, il s'interroge : « Quand va-t-on en finir avec cette insécurité ? Si le régime doit rester jusqu’à ce que finisse cette insécurité avant de passer la main, qui sait quand cette insécurité finira ? Est-ce que dans la charte, la condition sine qua non pour que le président Ibrahim Traoré organise les élections, c’était la fin de l’insécurité ? » questionne-t-il.

A son avis, même si c’était le cas, « le capitaine Ibrahim Traoré avait demandé un temps pour en finir avec l'insécurité et dès que ce temps s’épuise, il faut revoir. Il n’est pas question qu’on se laisse berner par des OSC mercenaires ».

En outre, l’idée selon laquelle tous les Burkinabè ne peuvent pas voter « n’est pas pertinente, et il faut évoluer en pensant à un autre système d’élection ».

Par ailleurs, il dit ne pas « être contre la modification de la charte, ni contre le prolongement de la transition », mais « je pense que ce ne sont pas les seuls acteurs qui doivent demander cela ; la société civile est minime, elle est presque insignifiante ».

« Si aujourd’hui tous les Burkinabè s’accordent à dire qu’on donne plus de temps au régime, il n’y a pas de problème. On peut le faire soit par référendum, soit par les représentants de toutes les couches sociales ».

En rappel, à l’issue des assises nationales des 14 et 15 octobre 2022, la charte de la transition adoptée par les forces vives et signée par le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, en son article 21, a fixé la durée de la transition à 21 mois, à compter du 2 octobre 2022. Ainsi, l’élection présidentielle était prévue pour juillet 2024.

Smaïla Guiri, étudiant en 2e année de droit à l’université Thomas-Sankara, pense que « ce délai prévu par la charte, qui sera échu dans seulement 5 mois, est insuffisant pour organiser une élection ».

De plus, la lutte contre le terrorisme, qui n'est qu'au « début de son développement, selon le président Traoré, ainsi que la suspension des activités des partis politiques qui est toujours en vigueur », sont des raisons fondées pour prolonger cette transition, est-il convaincu.

En outre, même si cette requête des « wayiyans » n'a pas encore été prise en compte, déclare-t-il, « tout citoyen patriote doit savoir que mettre fin à la transition en juillet ne sera pas une bonne chose pour notre pays, puisque la situation sécuritaire est loin d'être revenue à la normale ».

C’est pourquoi « prolonger la transition serait mieux pour permettre aux dirigeants d’achever ce qu’ils ont commencé ».

Flora Sanou

aafou uneA Ouagadougou, on observe une présence de psychiatrisés tantôt sur la voie publique, tantôt dans certains espaces publics comme les restaurants. Dans ce contexte d’insécurité, quelles en sont les éventuelles conséquences sur la quiétude des citoyens ? N'est-il pas dangereux de laisser ces personnes dans les rues du fait que des gens peuvent prétendre être des « fous » alors qu'ils ont des intentions malveillantes ? Quelle attitude faut-il adopter face à une personne qui présente un trouble mental ? Des citoyens se sont exprimés au micro de Radars Info Burkina. K. John Arnaud Tiendrébéogo, attaché de santé mentale au service de psychiatrie et major du service d’addictologie au centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO), a également apporté des éléments de réponse.

Pour NS, vendeuse de fruits sur l’avenue de l’Aéroport de Ouagadougou, la présence de ces personnes ayant des problèmes psychiatriques « constitue un danger pour la population ». « Ce monsieur frappe les gens. Quand tu passes devant lui, il te menace. C’est ici qu’il dort », explique-t-elle, faisant allusion à la présence d’un psychiatrisé aux environs du restaurant « La Cantine ».

Moussa Zoungrana, lui, confie avoir échappé à un coup de bâton d’une personne ayant des problèmes psychiatriques alors qu’il s’était stationné pour passer un coup de fil aux abords d’une voie publique.

Smaïla Guiri estime que ces personnes mettent leur vie en danger mais aussi celles des autres citoyens en danger. « Les personnes aux problèmes psychiatriques peuvent se faire faucher mortellement, elles peuvent commettre des actes violents sur les autres. Par exemple, nous voyons très souvent des malades mentaux pourchasser des gens sans aucune raison », a-t-il indiqué.

Les attitudes à adopter face à un patient errant

Selon l’attaché de santé mentale du service psychiatrique au CHU-YO, il existe deux groupes de malades errants dont des névrosés (patients qui se reconnaissent malades et demandent une prise en charge) et des psychosés (malades dissociés incapables de demander une prise en charge. Seuls les parents ou la population peut demander une prise en charge). Les patients les plus redoutés sont ceux atteints de schizophrénie, le groupe des chroniques.

aafou 2A l’en croire, ce sont ces patients schizophrènes qui errent éventuellement dans les rues, les marchés, s’adonnent à la mendicité dont les conséquences éventuelles sur les citoyens peuvent être des agressions physiques en circulation, des agressions sexuelles (viols).

De ce fait, il faut éviter de développer des attitudes de fuite vis-à-vis de ces patients. Il faut être un peu regardant, car même si ce sont des personnes imprévisibles et que l’on peut être victime d’agression, elles sont « assez dociles », dit-il. De plus, l’addictologue souligne qu’il faut savoir que « le fou n’agresse pas pour agresser, c’est quand il sent qu’il est persécuté qu’il se défend, donc il faut éviter de l’agresser ». Il faut souvent penser à soulager la souffrance de ces personnes par un soutien financier ou alimentaire, en ayant à l’esprit que c’est un frère ou une sœur et qu’on est tous de potentiels « fous », mais tout en restant sur ses gardes, a-t-il ajouté.

Méconnaissance des fonds alloués à la prise en charge des malades errants

Il existe une politique de prise en charge de ces malades errants, à en croire l’attaché de santé mentale, mais sa mise en œuvre reste à améliorer. « Un effort est fait par le gouvernement à travers les collectivités territoriales pour aider ces patients errant dans les villes. Cependant, cet appui est très dérisoire. Il y a manque également de sensibilisation parce que l’autorité communale ignore souvent qu’il existe des fonds pour la prise en charge des malades errants, alors qu’elle devrait intervenir pour préserver l’honneur de ces personnes », souligne-t-il.

Ces malades errant dans les rues peuvent constituer un risque d’infiltration de personnes malveillantes dans ce contexte d'insécurité que connaît le Burkina. En effet, un terroriste ou un voleur pourrait se déguiser en fou pour observer ses cibles et revenir s’en prendre à elles.

Ainsi, si le gouvernement est invité à consentir des efforts pour la création des centres de récupération, de stabilisation et de réinsertion, à restructurer les centres d’accueil déjà existants de ces patients errants dans nos villes, à proposer des formations et des recyclages, car tout cela pourrait aider à réduire les cas chroniques dans les rues, a suggéré M. Tiendrébéogo.

De plus, il exhorte le ministère de la Santé à réviser à la hausse le nombre de spécialistes en psychiatrie en vue de désengorger les différents centres, car « les services se font de plus en plus rares ».

Quant à la population, il l’invite à participer à la prise en charge des malades errants en acceptant la maladie mentale, car « la plupart des parents ne l’acceptent pas et certains veulent la guérison instantanée, pourtant la prise en charge est délicate et difficile », dit-il.

Flora Sanou

retraitcedeao uneLe Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé de se retirer de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest le 28 janvier 2024. 10 jours après ce retrait, quel est l’impact de cette décision sur la mobilité des personnes issues de ces Etats dans la zone CEDEAO ? Quelles sont les difficultés rencontrées par les voyageurs ? Radars Info Burkina a rencontré certains transporteurs d’hydrocarbures et des responsables de société de transport en commun.

Même si le retrait de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est bien apprécié des chauffeurs de camions citernes, force est de reconnaître que cette décision suscite des inquiétudes.

En effet, selon Sayouba Hema, chauffeur routier international, bien avant le retrait de ces pays de la CEDEAO, il y avait d’énormes difficultés au niveau de certains pays, notamment le Ghana et le Togo. « Il y a trop de barrières policières et beaucoup de rackets ». Lors des contrôles, ils prennent les laissez-passer, la carte grise et la carte nationale d’identité puis te disent que ce n’est pas valable. Pourtant, c'est un Etat qui les a établis. Quand tu essaies de te justifier, on te menotte comme un criminel et on te met de côté.  Parfois on t’attache déposer. Le temps qu’on te libère, tu trouveras que ton camion a été vidé de son contenu », a-t-il expliqué.

retraitcedeao 2Tidiane Ouédraogo renchérit qu’au niveau du corridor de ce pays, « lorsqu’il s’agit d’un véhicule du Burkina Faso, on te fait garer et on te demande de payer telle somme. Souvent, on te demande de présenter une boîte à pharmacie. Ce qui n’est pas le cas pour les chauffeurs des véhicules du Ghana. Normalement si c’est un contrôle routier, il doit concerner tout le monde », s’est-il désolé. Il ajoute que du côté du Togo, il y a une panoplie de péages où il faut payer des taxes.

Au regard de ces difficultés, ces chauffeurs craignent une exacerbation de la situation avec le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO. C’est pourquoi ils lancent un appel aux autorités « à trouver des solutions à ces souffrances ».

Pas de difficultés majeures pour le moment en ce qui concerne la mobilité des personnes

Après avoir fait le tour de quelques sociétés de transport en commun, l’on retient qu’à ce jour, le retrait de l’AES de la CEDEAO n’a pas encore d’impact sur la mobilité des personnes. C’est du moins ce qu’ont confié certains responsables.

retraitcedeao 3« Pour le moment, les voyageurs ne nous ont pas fait part de difficultés. Tout se passe bien jusqu'à présent. Et comme la CEDEAO est toujours en pourparlers avec les pays de l'AES, on attend de voir la suite. Nous observons l’évolution des choses », a confié un chef de gare d’une société de transport de la place.

« Il est difficile de déterminer l’impact de cette décision sur les passagers pour le moment parce qu’elle n’a pas encore impacté les relations bilatérales. En tant que citoyen qui se déplace dans quelques pays (Mali, Côte d’Ivoire, Togo), je n’ai pas encore eu de problème sur mes déplacements personnels. Jusque-là, j’entre et je ressors comme d’habitude. Donc on attend de voir ce que ça va donner dans les semaines à venir », a déclaré Drissa Traoré, chargé de communication de la société Transport confort voyageurs (TCV).

Flora Sanou

mutifemi uneCe 6 février, est célébrée la Journée mondiale de lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). Elles sont certainement nombreuses, les filles et femmes qui vivent sous nos cieux avec des séquelles de ces pratiques.  A l’occasion de cette journée, Radars Info Burkina a tendu son micro à Zourata Zagré, victime d’excision depuis le bas âge. Sur le sujet, certains citoyens ont également opiné.

Zourata Zagré, cette jeune dame de 28 ans, est passée dans les mailles de l'excision. En effet, c'est en République de Côte d'Ivoire, à Derrière Wharf (Port Bouet), alors qu'elle était en bas âge, que ses parents lui ont fait subir cette mutilation. Ayant grandi dans l'ignorance, c'est à travers une causerie des parents qu'elle apprendra qu'elle était excisée.

"Je ne savais pas que j'étais excisée. J'entendais les parents dire en langue mooré : "òb kiënsa zagla bangwa" ce qui veut dire "telle personne a été excisée". On me montrait du doigt. C'est suite à cela que j'ai su que j’étais excisée", relate-t-elle.

Mais, c'est précisément à l'âge de 15 ans qu'elle va découvrir que la morphologie de sa partie génitale était différente de celle de son amie après une douche.

"Quand j'ai vu sa partie intime j'ai crié. C'est là que j'ai vu réellement la différence entre une fille excisée et celle non excisée. Je venais de découvrir que je n'étais pas pareille aux autres. Et comme à l'école, on nous enseigne que l'excision n'est pas une bonne pratique, je me suis dit qu'on m'a fait du mal. Je me sentais inférieure à celles qui n'étaient pas excisées. Je me sentais frustrée parce que je n'étais pas entière", dit-elle.

Ainsi, avec le mariage, Zourata Zagré faisait face à d’autres réalités, étant femme au foyer qui doit remplir son devoir conjugal.

Aujourd'hui reconstituée (après une chirurgie réparatrice) et mère d'un enfant, elle soutient que cela lui redonne confiance. « Cette réparation me redonne un peu confiance en moi, me fait me sentir entière et me redonne le courage de ne plus me sentir ruinée. Ça me donne une certaine satisfaction », a-t-elle confié.

mutifemi 2Désormais, elle lutte pour la cause des « survivantes des mutilations génitales féminines » et pour l’abandon de cette pratique. « On nous a fait du tort. On se sent vraiment mal. Il faut que cela serve de leçon, il faut que cela puisse conscientiser ceux qui sont toujours dans la pratique. Aux femmes victimes, je demande de vous battre. N’abandonnez pas. Peu importent les difficultés qu’on traverse actuellement, il faut que nous ayons un mental fort, pour protéger nos enfants de ce fait ».

L’excision ne guérit pas un mal ; elle est un mal en soi, déclare Carine Tapsoba. « Cette pratique n’est pas bonne au regard des conséquences qu’elle engendre dont la plus grave est la mort. "Cela fend le cœur. De ce fait, pourquoi ne pas arrêter complètement ?" interroge-t-elle

À l'en croire, des familles dans la capitale burkinabè continuent de faire cette pratique clandestinement. Donc, je lance vraiment un appel à l'arrêt de cette pratique. Ce n'est pas écrit quelque part que si on ne mutile pas on a des problèmes. Au contraire c’est quand on excise qu’on court un grand risque », a-t-elle martelé.

Cependant, certains estiment que c’est une bonne pratique qu’il faut améliorer.

Pour R.S., « On n’a jamais entendu qu’il y a une excision moderne. Les actions sont faites pour rompre complètement avec cette pratique ». Or, « l’effet de l’excision bien faite dans la société est positif », à son avis.

 C’est pourquoi il suggère « qu’on modernise la pratique pour qu'elle se fasse dans les hôpitaux. Cela permettra d’éviter les énormes conséquences issues des pratiques clandestines », selon lui.

Flora Sanou

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