dimanche 13 octobre 2024

banquiers une« Comment, en cette ère de changements profonds, faire en sorte que le secteur bancaire et financier reste solide et résilient ? » C’est autour de cette problématique que s’est tenue, ce mercredi 21 février 2024, dans les locaux de l'Agence principale à Ouagadougou, la 1re rencontre trimestrielle, au titre de l'année 2024, réunissant la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B) de l'Union monétaire ouest-africaine. Objectif : examiner les enjeux et défis communs auxquels la profession bancaire est confrontée dans le contexte spécifique de chacun des Etats membres de l'Union.

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 https://fb.watch/qme18CiVEa/

 

Cette rencontre périodique, instituée depuis 2014 et qui entre dans le cadre de l'interaction dynamique entre les deux structures, a été conjointement présidée par le Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, Armand Badiel, et le président de l'APBEF-B, Diakarya Ouattara. Elle a enregistré la participation des Directeurs généraux des banques et établissements financiers ou de leurs représentants.

Selon le Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, Armand Badiel, c'est une réunion qui a permis d'avoir une lecture croisée de la vision des directeurs généraux des banques et établissements financiers pour qu'ensemble, ils puissent construire une lecture commune de la situation et de ce qui peut être engagé pour accompagner le financement de l'économie.

banquiers 2Les échanges ont ainsi porté sur la situation actuelle de l'environnement économique et financier, les défis qui s’imposent et les perspectives qui se dégagent tant sur le plan macro-économique que sur celui du fonctionnement du secteur.

Il en ressort que l’année 2023 a été un test de résistance des banques face à une réduction sensible en 2022 de la liquidité due à l’envergure du volume des transferts sur l'extérieur pour le règlement de la facture d'importations et des engagements financiers des Etats, notamment au titre du paiement des échéances de la dette extérieure.

Fort heureusement, les liquidités supplémentaires offertes par la Banque centrale à ses guichets de refinancement en faveur du système bancaire ont permis d'atténuer les tensions aiguës de trésorerie et de desserrer les contraintes de financement de la campagne cotonnière qui se sont élevées à 3 011 milliards de FCFA en 2023, apprend-on.

Ainsi, l’ensemble des créances sur les secteurs public et privé s’élevait à 4 293,8 milliards de FCFA à fin décembre 2023, soit une hausse de 4,9% par rapport à la même période en 2022.

En particulier, les banques ont soutenu l'économie par un accroissement de 5,8% des crédits en faveur des ménages et des entreprises non financières nationales, en dépit d'une augmentation sensible du coût effectif des ressources des établissements bancaires.

Par ailleurs, on retient des échanges que l’économie mondiale a une probabilité d'enregistrer une croissance plus forte que prévu en 2024.

Au niveau de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l'activité économique continue de maintenir son dynamisme, avec un taux de croissance attendu de 6,5%.

Concernant le Burkina Faso, en dépit d'un contexte difficile, l'activité économique devrait croître d’environ 5,8%, preuve d'une résilience remarquable de ce pays aux chocs successifs subis ces dernières années.

Le secteur bancaire du Burkina se porte bien

Selon le Directeur national de la BCEAO du Burkina, « le secteur bancaire et financier montre une bonne résilience et il faut se satisfaire de cette solidité de notre système bancaire ».

Le président de l'APBEF-B, Diakarya Ouattara, pour sa part, a assuré que « le secteur bancaire se portait bien » en fin 2023, même si ce fut une année de chocs, de difficultés et d'enjeux.

banquiers 3« Les banques et établissements financiers de notre pays ont pu travailler et dégager des performances assez appréciables. Il y a une situation de résilience qui se dégage. Au titre du financement de l'économie, il y a eu une évolution d’ensemble, bien que le taux de croissance soit moindre que celui de 2022 », a-t-il ajouté.

A l’en croire, au titre des ressources, l’on peut estimer que malgré les difficultés de liquidité connues au cours de 2023, « les banques s’en sortent bien avec un niveau de dépôts assez acceptable, ce qui nous permet d’emboîter avec plus de sérénité l’exercice 2024 ».

S’agissant du retrait du Burkina de la CEDEAO, il déclare qu’il y a moins d’inquiétudes à se faire, car « l’essentiel de nos activités commerciales se déroule avec la plupart des pays de l’UEMOA qui sont nos voisins immédiats et qui nous donnent accès aux différents ports ». Et d’insister : « Pour l’instant, il n’y a pas de panique. C’est une situation apolitique que nous vivons et nous pensons qu’il est prévu des mécanismes de négociation avec les Etats qui ne sont pas de l’UEMOA, pour faire en sorte que le secteur privé n’ait pas trop d’impact avec cette décision ».

Perspectives pour l’exercice 2024 du secteur bancaire au Burkina

Les acteurs bancaires ont souligné que 2024 est une année qui commence avec beaucoup de défis dans notre pays et dans la sous-région.photogroupebanquierLe défi majeur auquel ils sont confrontés est la fragilité de l'environnement macro-économique dans lequel ils évoluent. La priorité en cette année est donc la préservation de la stabilité et des fondements d'une croissance durable et inclusive.

De plus, la disponibilité des ressources dans l'immédiat est une forte contrainte, ont-ils affirmé. Par conséquent, le mouvement de consolidation des institutions opérant dans le secteur bancaire pourrait être une tendance fondamentale permettant aux banques et établissements financiers de se conformer, dans les délais requis, aux nouvelles exigences imposées par le régulateur qu’est la BCEAO, en matière de capital social minimum, fixé à 20 milliards de FCFA  depuis le 1er janvier 2024.

Par ailleurs, une attention accrue sera accordée à la transparence dans la tarification des services et au renforcement des mécanismes de protection des intérêts des déposants et des clients, car elle constitue un réel enjeu pour consolider la confiance des déposants dans le système bancaire.

Flora Sanou

retrospect2023L’année 2022 n’aura pas été un long fleuve tranquille pour l’économie burkinabè. Le pays a en effet connu des soubresauts, notamment avec un changement de régime à deux reprises, la guerre en Ukraine, la forte appréciation du dollar et surtout la double crise sécuritaire et alimentaire qui a sévi au niveau national. Sur le plan économique, l’année écoulée, pour de nombreux Burkinabè, pourrait être assimilée à la période 68-72. Retour sur l’actualité économique burkinabè en 2022.

En 2022, le Burkina Faso a connu deux coups d’Etat : le premier le 24 janvier et le second le 30 septembre. Ces évènements ont eu certainement un fort impact sur la vie économique de la Nation. Même si les institutions n’ont pas tenté d’évaluer cet impact économique, on peut retenir la suspension de l’exécution des budgets au sein de plusieurs administrations publiques, des collectivités territoriales, etc., qui a entraîné l’arrêt de certains services ou travaux publics. Cela a donc perturbé le fonctionnement de l’économie burkinabè et mis au chômage ou en difficulté financière des citoyens ainsi que des entreprises.

Toujours en 2022, le pays a enregistré une crise inflationniste sans précédent ayant dépassé celle de tous les autres pays membres de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). La période de pic a été le troisième trimestre de l’année écoulée. En effet, cette inflation a atteint 18% en août, soit le pic en 2022. Ensuite, elle est respectivement redescendue à 17 puis 15% en septembre et octobre 2022. Cette situation a non seulement des causes externes telles que la guerre en Ukraine, la forte appréciation du dollar (monnaie de paiement internationale) par rapport à d’autres monnaies comme l’euro, avec laquelle le franc CFA est en parité fixe (1€ = 655,975 F CFA), mais aussi et surtout des causes internes qui sont la forte dépendance de l’économie burkinabè vis-à-vis de l’extérieur (c’est une économie de consommation), la crise sécuritaire qui a occasionné un déplacement massif de plus de 1,8 million de Burkinabè sur le plan national, la mauvaise campagne saisonnière que le pays a connue en 2022, etc.

Sur le plan fiscal, au 30 juin 2022, la Direction générale des impôts (DGI) avait recouvré près de 584,59 milliards de F CFA sur une prévision de 550,33 milliards de F CFA, soit un taux de réalisation de plus de 106,23%. Rapporté aux prévisions annuelles de 1 105 milliards de F CFA retenues dans la loi de finances 2022, ce taux de recouvrement a été de 52,63%. Dans la même période, la Direction générale des douanes (DGD) a recouvré près de 423,55 milliards de F CFA, sur une prévision de recettes de 354,99 milliards de F CFA, soit un taux de recouvrement de 119,31%. Rapporté aux prévisions annuelles de 772,49 milliards de F CFA retenues dans la loi de finances 2022, ce taux de recouvrement est de 54,83% pour cette direction. Les performances réalisées par les deux régies de recettes, pour la première moitié de l’année 2022, présagent une bonne atteinte des objectifs en fin d’année.

En 2022 également, le Millennium challenge corporation (MCC) du gouvernement américain a suspendu ses activités avec le Burkina Faso, à la suite du coup d’Etat du 24 janvier 2022. En septembre 2022, le Conseil d’administration du MCC a voté la fin de l’assistance du MCC au Burkina Faso. Ce faisant, il prive le pays des 260 milliards de francs CFA prévus dans le cadre du second compact pour soutenir une croissance économique durable et inclusive, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables. Dans la même lancée, Washington a suspendu le Burkina de l’African Growth Opportunities Act (AGOA), un programme unilatéral de préférences commerciales qui offre aux pays éligibles la possibilité d’exporter, sans frais de douane ni quota sur le marché américain.

En 2023, les Burkinabè sont confrontés à d’énormes défis pour la survie de la Nation

L’année 2022, c’est le moins qu’on puisse dire, a été particulièrement éprouvante pour le Burkina Faso. Et les Burkinabè auront plusieurs défis à relever en 2023. Sur les plans économique et financier, le défi majeur pour les populations, ce sera à la fois de renouer avec un niveau de vie acceptable et de mettre fin aux multiples crises qui gangrènent la société, à travers une saine  gestion des affaires publiques. Cette gouvernance saine suppose une gestion dénuée de corruption et une répartition équitable des richesses. Il s’agira donc de lutter contre ce fléau qu'est la corruption sous toutes ses formes et de manière efficace. Si les institutions publiques n'y parviennent pas, vains seront les efforts déployés dans la lutte contre les autres fléaux tout aussi ravageurs qui minent la société burkinabè. 

Etienne Lankoandé

bdget2023L’Assemblée législative de transition (ALT) a adopté à l’unanimité le budget de l’Etat, exercice 2023, le 24 décembre 2022. Ce budget donne quitus au gouvernement de rechercher 604,5 milliards de F CFA à l’extérieur pour combler le manque à gagner. Par ailleurs, la commission pluridisciplinaire chargée de la réception et de la gestion des contributions pour le fonds de soutien à l’effort de guerre a mobilisé plus de 59 millions de F CFA en moins d’un moins de fonctionnement. Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.

L’actualité économique au Burkina a été marquée par le vote du budget de l’Etat, exercice 2023, par l’Assemblée législative de transition le 24 décembre 2022. Ce budget s'établit à 2 631,3 milliards de FCFA en recettes et à 3 235,9 milliards de FCFA en dépenses, soit un déficit budgétaire de 604,7 milliards de FCFA. Il est consacré à 28,42% au secteur de la défense-sécurité, à 11,5% au secteur de la santé, soit 266,7 milliards de F CFA, à 30%, soit 689,5 milliards, à l’éducation comprenant le préscolaire, le primaire, le secondaire, le supérieur, la formation professionnelle et technique. Le développement rural, composé des ministères de l’Agriculture, des Ressources animales et celui de l’Environnement, de l’eau et assainissement, s’en sort avec 5% du budget, soit 116,4 milliards de F CFA et enfin l’humanitaire avec 2,1% du budget, c’est-à-dire 48,6 milliards.

Par ailleurs, les syndicats des travailleurs du public et du privé, réunis au sein du l’Unité d’action syndicale (UAS), ont au cours de la semaine marqué leur refus d’accorder le prélèvement de 1% sur le salaire net des travailleurs dans le cadre de la mobilisation des fonds pour soutenir l’effort de guerre. Au-delà de l’IUTS qui était supposé être un impôt transitoire, les travailleurs du Burkina ne souhaitent pas accorder une part de leur salaire à un « ministère qui refuse un audit de la gestion des ressources mises à sa disposition depuis l’avènement de l’insécurité ». Par ailleurs, les travailleurs trouvent que plusieurs poches financières existent, telles que les restes à recouvrer, les sources d’évasion fiscale, l’audit de certains ministères et institutions, etc., mais que le gouvernement refuse d’explorer.

La commission pluridisciplinaire chargée de la réception et de la gestion des dons dans le cadre du fonds de soutien à la guerre a, en outre, dressé un premier bilan de 59 millions de F CFA mobilisés. Les dons en espèces à travers les opérateurs Moov Money et Orange Money ainsi que les transactions sur le compte Trésor s’élèvent à 59 944 542 FCFA. Cette commission n’est qu’à un mois de son installation. Au regard de l’objectif de départ qui est de 106 milliards de F CFA, il y a encore du chemin à faire.

Etienne Lankoandé

aabanquemondLa Banque mondiale (BM), dans son dernier rapport, a indiqué que l’avenir de l’humanité est menacé par la dégradation continue de la nature, due à l’action de l’homme. Elle invite l’humanité à recourir à des méthodes simples qui ont prouvé leur efficacité dans diverses contrées de la planète. Dans une autre rubrique consacrée à la dette internationale, la BM indique que la dette extérieure des pays pauvres a atteint 9 000 milliards de dollars en fin 2021 et que 60% de ces pays risquent le surendettement ou sont déjà surendettés. Au Burkina Faso, le gouvernement a ordonné de mettre fin aux fonctions des personnes nommées, détachées et recrutées à la Caisse des dépôts et de consignations du Burkina (CDC-BF) et de procéder à la dissolution de cette structure. Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.

Le gouvernement burkinabè a examiné le processus de dissolution de la Caisse des dépôts et de consignations du Burkina Faso (CDC-BF), dont les activités avaient été suspendues le 17 août dernier lors d'un Conseil des ministres. A la même occasion, le gouvernement avait mis en place une commission pour analyser la procédure de dissolution de la CDC-BF. En Conseil des ministres du 16 décembre, soit 4 mois après la suspension des activités, le gouvernement demande à ses ministres chargés du dossier de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de poursuivre le processus de dissolution. Il s’agit notamment de mettre fin aux fonctions des personnes nommées, détachées et recrutées à la CDC-BF, de diligenter l’audit de la gestion de la CDC-BF et de mettre en place un groupe de réflexion en vue de la création d’une nouvelle structure de financement du développement national plus consensuelle, financièrement et économiquement viable.

La troisième édition du « Mois du consommons local » a réuni, du 15 au 17 décembre 2022 à Ouagadougou, plusieurs producteurs et transformateurs de produits locaux sous le thème « Consommation des produits locaux, un levier d’accroissement des investissements productifs de développement et d’intégration régionale ». Le « Mois du consommons local » vise à accroître la consommation des produits locaux afin de promouvoir le développement endogène. A l’issue de ces trois années d’organisations, le gouvernement a fait le constat qu’environ 438 milliards de F CFA ont été engrangés par les producteurs et transformateurs des produits locaux. En plus du Label made in Burkina (qui a déjà labélisé le Faso danfani, le Kôkô donda, le Beurre de karité, le Chapeau de Saponé et le Poulet bicyclette), le gouvernement a mis en place sur la toile une vitrine des produits burkinabè, un site web appelé site web made in Burkina.

L’actualité économique est aussi marquée par la naissance de faux comptes sur les réseaux sociaux LinkedIn, Twitter et Facebook, portant l’image et le nom du Gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou. Une situation qui a amené la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à inviter le public à la vigilance et à ne pas se laisser abuser. « Ces comptes ne sont pas authentiques et relèvent d’une usurpation d’identité », écrit l’institution monétaire de l’UEMOA, dans un communiqué.

Dans son nouveau rapport sur la dette internationale, la Banque mondiale a souligné que le montant du service de la dette des pays les plus pauvres en 2022 est de 62 milliards de dollars dont plus de 66% dus à la Chine. Dans ce rapport, la Banque estime le montant de la dette extérieure de ces pays à 9 000 milliards de dollars en fin 2021, ajoutant que 60 % des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés.Les pays les plus pauvres représentent ceux éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA), le guichet concessionnel de la Banque Mondiale, dont le Burkina Faso et tous les autres pays membres de l’UEMOA. Le montant du service de la dette, selon le rapport, est en augmentation de 35% sur une année, soit la plus forte progression depuis 2000, peu après le lancement de l’Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE).

Dans son dernier rapport intitulé Préserver la biodiversité pour préserver notre avenir, publié le 7 décembre 2022, la même institution (la Banque mondiale) indique que plus de 50 % du PIB mondial, soit 44 000 milliards de dollars en valeur économique, dépendent des ressources naturelles. « La nature est la richesse de notre planète et nous devons la préserver si nous voulons préserver notre avenir. Or, sa dégradation menace nos économies, notre secteur financier et donc le développement », écrit-elle dans son rapport. La Banque mondiale montre qu’il existe pourtant des solutions intégrées qui commencent à porter leurs fruits sur tous les continents. Elle souhaite une appropriation de ces solutions car pour elle, « la nature n’a pas besoin de nous, mais nous ne pouvons pas nous passer d'elle ».

Etienne Lankoandé

décmbLa lutte contre la corruption a été annoncée par le président de la Transition, Ibrahim Traoré, dans son adresse à la Nation à l’occasion du 62e anniversaire de l’Indépendance du Burkina. « Notre lutte ne s’arrêtera que lorsque tous les enfants du Burkina Faso mangeront à leur faim et dormiront tranquillement dans leur pays », a déclaré le chef de l’Etat. Cette  allocution présidentielle a été prononcée au lendemain des Journées nationales du refus de la corruption (JNRC), pendant lesquelles des séances de sensibilisation ont été largement réalisées par le REN-LAC. En outre, le gouvernement a besoin de 106 milliards de FCFA en 2023 pour soutenir l’effort de guerre. Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.

Au Burkina Faso, les 17es Journées nationales de refus de la corruption (JNRC) se sont déroulées du 1er au 9 décembre 2022. A cette occasion, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a publié son rapport 2021 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Il ressort dudit document que la police municipale, la douane et la police nationale sont le trio de tête en termes de taux de corruption au Burkina et sur la période concernée. Pour le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, on ne peut pas reléguer la question de la bonne gouvernance au second plan parce qu’il y a l’insécurité et espérer obtenir un bon résultat. Un point de vue partagé par l’expert politologue, Abdoul Karim Saïdou, enseignant-chercheur à l’université Thomas-Sankara. Lors du panel organisé par le REN-LAC à l’occasion des JNRC, il a affirmé qu’un Etat gangréné par la corruption ne peut gagner aucune guerre. « C’est un État qui va à vau-l’eau. C’est un État qui est appelé à disparaître, à se désintégrer », a-t-il affirmé.

L’actualité économique au Burkina est également marquée par la décision du gouvernement de mettre en place un fonds de soutien à l’effort de guerre à hauteur de 106 milliards de F CFA l’an (salaires et équipement des VDP y compris). Pour financer ce fonds, le gouvernement a décidé de recourir à la participation citoyenne, en sollicitant des contributions volontaires et en proposant de prélever 1% du salaire net des travailleurs ou l’imposition d’une taxe sur les produits de grande consommation tel que les boissons, le tabac, la connexion Internet, les parfumeries et produits cosmétiques. Des structures comme le RENCOF sont montées au créneau, à ce sujet, pour attirer l’attention du gouvernement sur les effets que pourraient avoir les prélèvements sur l’inflation sur les prix des produits, déjà insupportables. Le Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) a invité le gouvernement à explorer d’autres pistes.

Sur le marché monétaire de l’UEMOA, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a relevé son taux directeur à 2,75% pour contenir l’inflation. Cette hausse, la troisième en 2022, s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022. Selon l’institution, elle devrait contribuer à ramener progressivement l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque centrale (1% à 3%) sur le moyen terme.

En rappel, le taux d’inflation dans l’UEMOA en octobre 2022 a atteint 8,4%. Ce taux est en hausse depuis plusieurs mois. A compter du 16 décembre 2022, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques commerciales passe de 2,50% à 2,75%. Quant au taux du guichet de prêt marginal, il passe de 4,50% à 4,75%.

Etienne Lankoandé

5 décmbrePour mieux lutter contre la corruption, le gouvernement burkinabè a lancé une campagne de sensibilisation des usagers de l’Administration et installé 25 comités anti-corruption au sein des structures centrales du ministère de l’Economie. En outre, en cours de semaine, précisément le 30 novembre, l’exécutif a adopté le budget de l’Etat, exercice 2023. Dans ce budget, les dépenses, qui se chiffrent à 3 235,9 milliards de F CFA, sont supérieures aux recettes de 604,7 milliards de F CFA. Au sein de l’UEMOA, le Burkina a une fois de plus battu le record en termes d’inflation au mois d’octobre avec un taux d’environ 15%. Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.

L'actualité économique est marquée par l’adoption du budget de l'Etat, exercice 2023, en Conseil des ministres du 30 novembre 2022. Pour ce budget, le gouvernement a estimé les dépenses publiques à 3 235,9 milliards de F CFA et la mobilisation des recettes à 2 631,2 milliards de F CFA, soit un déficit de 604,7 milliards de francs. Selon le ministre de l’Economie, Aboubacar Nacanabo, l’essentiel de ce budget est orienté vers la question sécuritaire avec son corollaire qui est la question humanitaire. Il ajoute que le gouvernement veut tout faire pour mobiliser le maximum de ressources et à moindre coût et, pour cela, le gouvernement invite tous les ministres à rationaliser les dépenses et encourage les régies de recettes à faire le maximum en matière de recouvrement. L'Etat prévoit également de recourir à un endettement raisonnable à un coût acceptable en vue de pouvoir combler le déficit budgétaire.

Par ailleurs, le jeudi 1er décembre 2022, le même ministère a lancé une campagne de sensibilisation à la lutte contre corruption au profit des usagers en vue de changer la donne et de redorer l'image du Burkina concernant ce fléau. En effet, l'indice de perception de la corruption au Burkina Faso, selon Transparency international, était de 42 points sur 100 en 2021 et de 40 points pour 100 en 2020, ce qui plaçait le pays à la 78e place sur 180 pays en 2021 et à la 88e place sur 187 en 2020. En outre, les structures du ministère de l'Economie et des Finances occupent une place de choix dans les classements annuels des structures publiques les plus corrompues faits par l'Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lute contre la corruption (ASCE-LC). Par cette campagne et les réformes au sein du département, le ministère entend assurer une gestion saine et transparence des finances publiques. Cela en procédant, entre autres, à la déconcentration de la chaîne de la dépense publique à travers la création de directions régionales du Budget et de cellules d'ordonnancement dans les institutions et départements ministériels, au renforcement de l'informatisation des services et, enfin, à la digitalisation des moyens de paiement. Le ministère dirigé par Aboubacar Nacanabo a procédé ainsi à la mise en place 25 Comités anti-corruption (CAC) au sein de ses structures centrales.

Sur le plan financier dans l'UEMOA, la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a indiqué que le total des crédits mis en place par le Burkina Faso est passé de 1931,4 milliards de F CFA en 2021 à 2397,9 milliards de F CFA en 2022, soit une augmentation de 24,2%. Pendant ce temps, le niveau du crédit mis en place par la Côte d'Ivoire (qui detient le niveau le plus élevé de l'espace communautaire) est de 6 380 milliards de F CFA en 2022, soit près de 3 fois celui du Burkina Faso. S’agissant du Sénégal, 2e dans l'UEMOA, le niveau du crédit est de 4 628,7 milliards de F CFA. Sur ce plan, la Guinée-Bissau occupe le dernier rang, après le Niger, avec un niveau de crédit de 140 milliards de F CFA en 2022.

Toujours dans l'espace UEMOA, la cherté de la vie s'est accrue au cours du mois d'octobre 2022, selon la BCEAO, qui déclare que l'inflation a atteint 8,4% en glissement annuel, après un niveau de 8,3% le mois précédent. Selon la BCEAO, les denrées alimentaires et les boissons non alcoolisées ont eu la plus grande part contributive à l'inflation, soit 5,8 points de pourcentage contre 6,1 le mois précédent. Le Burkina Faso arrive toujours en tête du classement avec une inflation de 15%, suivi respectivement du Sénégal (13%) et du Mali (10,2%). Le climat des affaires, dans le même temps, a connu une légère détérioration, selon la BCEAO. En effet, l'indicateur du climat des affaires s'est établi à 101,6 points en octobre 2022, en léger repli de 0,6% par rapport à la même période de l'année précédente. Cela est tributaire à la décélération des principaux indicateurs d'activités tels que l'indice du chiffre d'affaires dans le commerce, l'indice de la production industrielle et l'indice du chiffre d'affaires dans les services marchands.

Etienne Lankoandé

revueecoAprès avoir été exclu des pays qui peuvent exporter certains produits aux Etats-Unis sans droits de douane, le Burkina Faso vient d’être élu parmi les pays qui peuvent exporter 98% de leurs produits en Chine sans droits de douane. Une mesure qui aura un effet de détournement du trafic, comme le stipulent les théories économiques. Acculé par une inflation sans précédent et une chute vertigineuse de sa monnaie locale, le Ghana décide d’utiliser l’or dans ses échanges commerciaux pour contrer la menace. Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.

Une semaine après la suspension de l’exportation des céréales et des délivrances d’autorisations spéciales d’exportation desdites céréales, par un communiqué gouvernemental, le gouvernement a ajouté un second communiqué qui suspend les exportations de la farine de céréales comme le mil, le maïs et le sorgho. Il a, dans cette lancée, prévenu les contrevenants qu’ils s’exposent à des sanctions conformément à la réglementation en vigueur. Le hic, c’est que ladite réglementation, sa mise en œuvre et surtout le dispositif mis en œuvre par le gouvernement pour s’assurer du respect des mesures prises sont un peu méconnus des populations.

Pour ce qui est des échanges commerciaux, la Chine a décidé de supprimer, à compter du 1er décembre 2022, les droits de douane de 98% des produits exportés par 9 pays africains, parmi lesquels le Burkina Faso, le Bénin et la Guinée-Bissau. C’est au total 8 786 produits de 10 pays en développement qui bénéficieront de cette suppression de taxes. Pour le Burkina Faso, cette mesure intervient après que les Etats-Unis ont décidé de suspendre le pays de l’AGOA, une loi sur les opportunités de croissance en Afrique qui permet aux pays africains éligibles d’exporter certains produits aux États-Unis hors douanes. Ces 9 nouveaux pays viennent compléter une liste de 9 premiers pays africains désignés en septembre passé.

Dans la sous-région ouest-africaine, l’Etat ghanéen a décidé d’utiliser l’or, l’une de ses principales richesses, dans ses échanges commerciaux pour soutenir le cedi, très éprouvé par le contexte économique actuel, et amoindrir l’inflation. En effet, selon le vice-président, le Dr Mahamudu Bawamia, la demande de devises des importateurs de pétrole (raffiné ndlr) face à la baisse des réserves de change entraîne la dépréciation du cedi et une hausse du coût de la vie avec des prix plus élevés pour le carburant, le transport, les services publics, etc. La mesure, qui devrait entrer en vigueur dans le courant du premier trimestre 2023, pourra ainsi protéger l’économie ghanéenne. Pour les importations de produits comme le pétrole raffiné, le pays décide de les régler avec de l’or plutôt qu’avec des devises. Ainsi, le gouvernement a rajouté une mesure à l’adresse des compagnies minières, qui devront céder à partir du 1er janvier 2023, 20% de la totalité de leur stock d’or à l’institut d’émission monétaire.

Etienne Lankoandé

actuactuecContrairement à l’idée reçue selon laquelle c’est la diaspora ivoirienne qui transfère le plus d’argent au Burkina, en raison de la forte communauté burkinabè qui réside en Eburnie, c’est la diaspora ghanéenne qui arrive en tête du classement avec plus de 123 milliards de F CFA. Au contraire, c’est pour la Côte d’Ivoire que les fonds reçus proviennent en premier de sa diaspora installée au Burkina, avec plus de 118 milliards de F CFA. Par ailleurs, la BCEAO, créée le 12 mai 1962, célèbre 60 ans d’existence les 24 et 25 novembre 2022. Retour sur l’actualité économique de ces derniers temps.

Au Burkina Faso, c’est cette mesure du directeur général des impôts de suspendre les activités de formation et les ateliers délocalisés, à compter de la fin du mois de novembre 2022, qui a alimenté la rubrique économique des médias. Le DG des impôts souligne dans son communiqué que le budget 2022 de l’Etat rencontre quelques difficultés, d’où la nécessité d’opérer des ajustements afin de prendre en charge les actions prioritaires. Cette mesure, cela est certain, rencontre l’assentiment de ceux qui pointent du doigt les charges de fonctionnement de l’administration burkinabè, eux qui ont d’ailleurs toujours dénoncé cette pratique, surtout récurrente en fin d’année. Le DG des impôts informe cependant que ces activités pourraient reprendre au cours du premier trimestre de 2023. Dans la même lancée, le ministre du Commerce a maintenu la mesure qui suspend l’exportation des céréales (mil, maïs, sorgho, etc.) et du niébé sur toute l’étendue du territoire national. En conséquence, la délivrance des autorisations spéciales d’exportation de céréales a été également suspendue.

Sur le secteur du transfert de capitaux de la diaspora burkinabè, une étude de Migration policy institute (MPI) souligne que la diaspora ghanéenne est le principal pourvoyeur de fonds en direction du Burkina. En effet, selon cette étude, celle-ci transfère un peu plus de 123 milliards de francs CFA. L’Italie arrive en deuxième position avec environ 30 milliards de francs CFA. Le Mali est troisième avec plus de 26 milliards de francs CFA devant respectivement la France, le Niger, le Gabon, le Bénin, l’Allemagne, l’Espagne et la Suisse, tous dans le top 8 du classement. L’étude de MPI n’a cependant pas considéré tous les pays, si bien que des pays comme la Côte d’Ivoire, où vit une forte communauté burkinabè, de même que les Etats-Unis, n’ont pas figuré dans ce classement.

Plus loin dans ledit rapport, MPI déclare que les données disponibles sur les envois de fonds vers l’Afrique montrent que plusieurs pays du continent tirent leurs fonds de diasporas installées dans d’autres pays africains, contrairement à l’idée faussement répandue selon laquelle les migrants africains enverraient de l’argent dans le pays d’origine, systématiquement à partir de l’Europe ou des USA. Sur ce dernier volet, le Burkina est le pays où la diaspora ivoirienne transfère le plus d’argent à son pays d’origine, soit 118 milliards de F CFA. Le Ghana reste le premier pays pourvoyeur du Burkina avec ses 123 milliards de F CFA. Le Niger et le Bénin tirent le maximum de leurs transferts de leurs diasporas nigérianes.

Sur le marché financier, des sociétés de courtage boursier de 7 pays d'Afrique se sont connectées le vendredi 18 novembre, à l'occasion du début de la phase 1 des activités sur la plateforme d'interconnexion des bourses africaines. Elle (la plateforme) cumule actuellement un total de valorisation de 1 495 milliards $ pour les 7 premiers marchés participant à ce projet. Il s’agit des Bourses de l’UEMOA (la BRVM), de Casablanca (Maroc), de Lagos (Nigeria), de Johannesbourg (Afrique du Sud), de Nairobi (Kenya), d’Egypte et de l'Île Maurice. Deux autres entités qui ont rejoint l'initiative récemment, le Botswana et le Ghana, seront intégrées dans le cadre de la 2e phase du projet, qui interviendra en 2023. Selon l'Association des marchés financiers d'Afrique (ASEA), qui a communiqué cette information, l’objectif recherché est de « faciliter les transactions transfrontalières et la libre circulation des capitaux sur le continent ».

Etienne Lankoandé

craecLes Etats-Unis vont exclure le Burkina de l’African Growth and opportunity act (AGOA), à compter du 1er janvier 2023. Ainsi, aucune exportation du Burkina Faso vers les Etats-Unis ne pourra désormais plus bénéficier d’exonérations douanières, ce qui réduit du même coup la compétitivité du Faso. Au sein de l’UEMOA, les tensions inflationnistes internationales ont réduit les réserves de change de la BCEAO de 2225,3 milliards de F CFA et de 1,9 mois leur capacité à assurer les importations des pays membres. Retour sur l’actualité économique.

A compter du 1er janvier 2023, le Burkina Faso ne sera plus bénéficiaire de l’African growth and opportunity act (AGOA), un accord commercial qui lie la première puissance mondiale aux pays africains. C’est du moins l’annonce faite le 2 novembre 2022 par la Maison-Blanche, qui a justifié cette décision par l'absence de progrès vers un retour à la démocratie, après les deux coups d'Etat militaires perpétré au Faso depuis début 2022. L’AGOA est une loi américaine sur les opportunités de croissance en Afrique qui vise à faciliter les exportations africaines vers les États-Unis. Elle permet aux pays bénéficiaires d’exporter beaucoup de produits aux États-Unis, hors douanes. Quand on examine les statiques, on constate que dans la note trimestrielle des statistiques du commerce extérieur de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) 2021, les Etats-Unis ne figurent pas parmi le top dix des pays clients du Burkina Faso. Au 4e trimestre 2021, le total des exportations du Burkina s’élevait à 2 794,6 milliards de F CFA, celles en direction des Etats-Unis étaient de 3 à 4 milliards de F CFA et environ 1 milliard de F CFA bénéficient de l’AGOA. Au regard des statistiques, cette « fatwa » de l’Oncle Sam aura donc un impact sur l’économie burkinabè, certes, mais celui-ci ne sera pas pour autant très alarmant. Dans un communiqué, l'ambassadrice américaine au Commerce, Katherine Tai, a insisté sur la nécessité pour le « Burkina Faso de prendre les décisions nécessaires pour répondre aux conditions de l'accord et au retour de la démocratie ».

Dans l’espace UEMOA, les pressions inflationnistes internationales continuent de créer des soucis aux économies des pays membres. Sur le plan commercial notamment, il y a un alourdissement de leurs factures d’importations, à en croire la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). En effet, les réserves de change gérées par ladite banque ont été amputées de 2225,3 milliards de F CFA sur les 9 premiers mois de 2022 pour s’établir à 11 811,1 milliards de F CFA en fin septembre 2022. Un niveau qui garantit 4,6 mois d’importations de biens et services aux pays membres de l’Union, contre près de 6,5 mois d’importations il y a un an, soit une baisse de 1,9 mois d’importations.

La Banque mondiale, abondant dans le même sens, indique que les données disponibles entre juin et septembre 2022 révèlent que 84,2 % des économies à faible revenu, 88,9 % de celles à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 93 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d’entre elles affichant même une inflation à deux chiffres. La part des pays à revenu élevé touchés par la montée de l’inflation dans l’alimentation atteint désormais 87,5 %. Ces tensions inflationnistes ont même conduit les commerçants ghanéens à prendre d’assaut les rues pour exiger le départ du président de la République.

Etienne Lankoandé

gouvernmm31 octobre 2014 - 31 octobre 2022, cela fait huit ans qu’une insurrection populaire a balayé le régime de Blaise Compaoré qui a régné pendant 27 ans. A côté des crimes de sang, commis pendant ces 27 années pour des mobiles de pouvoir et de mainmise financière, il y a évidemment des crimes économiques et financiers. Les successeurs de Blaise n’ont pas fait mieux sur ce dernier volet. Quid de l’héritage de la gouvernance de Compaoré au Burkina ?

Au-delà des crimes de sang tels les assassinats de Sankara et de ses compagnons, de Norbert Zongo, de Dabo Boukari, du juge Nébié, de Justin Zongo, des militaires au sein du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) et dans d’autres corps, etc., les crimes économiques ont également marqué d’une tache indélébile le régime de Blaise Compaoré. La mauvaise gouvernance des structures étatiques, le clientélisme, la corruption, le détournement de deniers publics…, la liste est bien longue. Les espoirs du Burkinabè moyen de pouvoir bien se soigner, éduquer convenablement ses enfants, se nourrir, s’habiller et se loger décemment se sont envolés sous les 27 ans de présidence de Blaise Compaoré. Les chiffres sur les crimes économiques de ces 27 ans, s’ils existent, sont difficiles à trouver. Les personnes ou structures incriminées n’ayant pas fait l’objet de poursuites judiciaires, par respect pour la présomption d’innocence, Radars Info Burkina ne fera pas mention de cas de crimes à proprement parler. Mais ils ont fait la pluie et le beau temps pendant la période sous revue au grand dam des hommes dits intègres. Les lanceurs d’alertes n’ont pas manqué de le révéler tout le long de la gouvernance de l’ex-président du Faso.

Le Burkina porte encore les séquelles de la gestion chaotique qui a été réservée à son économie sous cette ère. Pire, la rouille qui a attaqué le système de gouvernance a été si profonde qu’il a paru impossible de l’endiguer. Les successeurs de Compaoré n’ont pas pu s’empêcher de replonger dans le même mode de gouvernance ; crimes économiques et financiers, entraves à la justice, etc. De l’affaire Guiro sous Compaoré, on est arrivé à l’affaire charbon fin après lui. Le pouvoir d’achat du Burkinabè s’est davantage érodé, les emplois ont continué à se faire rares. Les crimes économiques jadis combattus ont continué de plus belle, empêchant la société de rompre avec la situation de pauvreté dans laquelle elle a vécu assez longtemps. Compaoré est parti, le désert continue d’avancer. La quantité de produits d’élevage que produisait le Burkina a continué à chuter, les produits agricoles ont subi le même sort.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et cette fois-ci eu égard à l’insécurité qui a poussé les Burkinabè dans un avoir ras-le-bol, la commémoration de l’insurrection de 2014 pour la 8e année a trouvé le Burkina Faso dans une autre phase de transition, après une pseudo-insurrection. Les nouveaux tenants du pouvoir semblent avoir compris la racine du mal. Mieux que leurs prédécesseurs, ils semblent détenir la solution au problème et peut-être n’ont pas connu la rouille qui a entamé l’intégrité de ceux qui ont travaillé avec le régime de Compaoré. Ils veulent un partenariat respectueux de la souveraineté du Burkina, réduire le train de vie de l’Etat ainsi que les lourdeurs administratives. Ils veulent aussi repenser l’agriculture et la technologie au Burkina ; bref, l’éléphant annoncé est arrivé bien géant. Reste à voir s’il jouit de toutes ses facultés physiques et mentales pour livrer une guerre sans merci aux problèmes du Burkinabè, qui n’a que trop souffert.

Etienne Lankoandé

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