Le recrutement des 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) lancé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Burkina se poursuit. Le 4 novembre 2022, une équipe de Radars Info Burkina s’est rendue au gouvernorat de la région du Centre, lieu de réception des dossiers de candidature dans cette subdivision administrative, pour s’enquérir du déroulement de l'opération.
Dans la région du Centre, ils sont environ 1 000 Burkinabè à s’être déjà engagés volontairement pour défendre la mère patrie. Il est 15h30 le 4 novembre lorsque nous arrivons dans les locaux du haut-commissariat de la province du Kadiogo, région du Centre. Nous nous dirigeons vers le secrétaire général pour avoir quelques informations sur le déroulement du recrutement.
Visiblement prêt à échanger avec nous, le SG nous confie : « Il y a un grand engouement, contrairement au début de l’enrôlement». Et de poursuivre : « Aujourd'hui par exemple, nous avons été beaucoup bousculés ». Il faut noter qu’initialement, le recrutement devait prendre fin le 4 novembre, mais il a été prorogé jusqu'au 18 novembre prochain.
Nous prenons congé du SG, direction le gouvernorat de la région du Centre. Sur les lieux, les dossiers étaient toujours reçus. A 16h20, le chef de service des Ressources humaines (GRH) du gouvernorat décide d’arrêter les réceptions du jour en raison de la prorogation du délai de recrutement. Malgré cela, des volontaires continuaient à se présenter avec leurs dossiers, suppliant qu’on les enregistre. Tous les volontaires que nous avons approchés sur place n’ont qu’un objectif : défendre la mère patrie.
Une femme, une trentenaire affichant un grand sourire, arrive et déclare : « S’il vous plaît, je viens pour déposer mes dossiers pour le compte des VDP. » A notre question de savoir ce qui l'a motivée à venir s'enrôler, elle répond : « D'abord, c’est de ma patrie qu’il s’agit. Ensuite, c’est volontaire.»
Pour nous amener à bien cerner ses raisons, elle s’adresse à nous en langue nationale mooré en ces termes : « Ka tuùm lam n’datiye. Ka ligd lam n’datiye !» Traduction littérale : « Ce n’est pas du travail que je veux. Ce n’est pas non plus de l’argent ».
« Je suis consultante de profession. On n’a nulle part où aller en dehors de notre pays ! Donc on va défendre notre patrie », fait-elle comprendre.
Il en est de même pour cet homme, un quinquagénaire exerçant dans la fonction publique. « Si nous nous amusons, nous n’allons plus exister, n’en parlons pas de nos enfants. Donc s’il faut que je meures au combat pour que mes enfants puissent vivre, je suis prêt à le faire », a-t-il martelé.
Un autre volontaire, un étudiant d'une vingtaine d'années, nous lance avec une certaine rage : « Je veux défendre ma patrie parce que ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra le faire à ma place ».
Cependant, dans nos échanges, certains volontaires ont déploré le fait qu’on exige dans le dossier à déposer la copie légalisée de certains documents comme la Carte nationale d'identité burkinabè (CNIB). Cela, selon eux, constitue une barrière pour certaines personnes qui auraient pourtant bien voulu se faire enrôler.
« C’était mieux que les responsables simplifient les choses. Sinon cela peut être une raison pour certains de se désister parce que les légalisations impliquent des courses par-ci par-là ainsi qu’un coût », indique un volontaire.
Quand nous quittions les lieux, il était exactement 16h40 et selon le chef du service GRH du gouvernorat, au soir du 4 novembre, la compilation des dossiers réceptionnés au gouvernorat et au haut-commissariat donne un total d’environ 1 000 volontaires inscrits. L'Etat a besoin de 15 000 volontaires au niveau national et de 35 000 au niveau communal, soit 100 volontaires par commune.
Leur mission consistera, selon la Brigade de veille et de défense patriotique (BVDP), de protéger les populations et les biens de leurs communes d’origine aux côtés des Forces de défense et de sécurité (FDS).
Flora Sanou