Les audiences ont été suspendues le mardi 8 févier 2022 au tribunal militaire de Ouagadougou dans le cadre du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons, tués le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente à Ouagadougou. Elles sont supposées reprendre le 1er mars prochain par les plaidoiries des avocats de la défense. Trois semaines, c’est donc le temps accordé aux avocats de la défense par le président du tribunal militaire, Urbain Somé, pour innocenter leurs clients ou atténuer les peines requises par le parquet militaire contre certains accusés.
Après les réquisitions du parquet militaire, le président du tribunal a demandé aux avocats de la défense le temps qu’ils veulent pour préparer leurs plaidoiries tout en leur rappelant qu’il avait accordé une semaine à la partie civile. Après concertations, la défense a demandé quatre semaines, une requête à laquelle le tribunal n’a pas accédé, lui accordant en définitive trois semaines. La défense avait également demandé les notes dont les avocats des victimes s’étaient servies pour leurs plaidoiries. Naturellement, ceux-ci les leur ont catégoriquement refusé.
S’il y a un point sur lequel la défense va certainement attaquer, c’est bien certaines charges qui pèsent sur les accusés, notamment l’infraction d’attentat à la sûreté de l’Etat pour ce qui concerne Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando et celles de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat pesant sur Yamba Elisé Ilboudo, Bossobè Traoré et Nabonswendé Ouédraogo.
En effet, l’infraction d’attentat à la sûreté de l’Etat sous-entend que l’on soit dans un Etat où le pouvoir est légal. Or, le président Thomas Sankara a accédé au pouvoir suite à un coup d’Etat. Cependant, le parquet militaire a anticipé pour battre en brèche les arguments de la défense. Selon les parquetiers, le recours au coup d’Etat était un acte nécessaire à l’époque. En plus, ont-ils souligné, le Conseil national de la révolution (CNR) répondait aux aspirations du peuple.
«Il (le CNR) était dirigé efficacement et équitablement par des responsables intègres et bénéficiait d’une légitimité nationale et internationale », soutient le procureur. Selon le parquet, le pouvoir du président Thomas Sankara était reconnu par des institutions sous-régionales et internationales. En témoignent la visite du Secrétaire général des Nations unies le 31 janvier 1984 au Burkina, le discours de Thomas Sankara au siège de l’ONU en 1984 et en 1987 au siège l’OUA à Addis-Abeba, la visite du président français François Mitterrand au Faso en 1986, etc.
Il faut noter également que des problèmes techniques ont perturbé l’exposé de la procureure au cours de cette réquisition lorsque celle-ci prononçait les infractions de certains accusés. En effet, des bruits soudains ont fortement résonné à deux reprises dans les enceintes acoustiques de la salle, changeant l’humeur de la procureure. Elle n’était d’ailleurs plus présente à la reprise lorsque le président du tribunal donnait la date de la prochaine audience.
Barthélémy Paul Tindano