Tué le 23 décembre 2021 lors d'une embuscade tendue par des hommes armés à quelques encablures de Titao, Ladji Yoro, de son vrai nom Soumaïla Ganamé, a été inhumé le dimanche 26 décembre au secteur 11 de Ouahigouya. La mort de cette icône de la résistance citoyenne aux terroristes dans le Lorum a provoqué une onde de choc à l’échelle nationale ; en témoignent les différents hommages qui lui sont rendus. Sa disparition est un coup dur pour le reste de sa troupe et les FDS qui tentent de sécuriser cette partie du territoire. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Drissa Traoré, analyste politique et journaliste à Canal 3, sur les défis que devront relever les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dans le Lorum sans Yoro.
Selon Drissa Traoré, Ladji Yoro, qui était le chef des Volontaires pour la défense de la patrie de la province du Lorum, a fait subir de nombreux revers aux terroristes par son héroïsme, souvent attribué à des pouvoirs mystiques. « Sa détermination et son engagement dépassaient l’entendement humain d’autant plus qu’il prenait d’énormes risques avec peu de moyens de lutte mis à sa disposition. Souvenez-vous qu’il avait, dans une vidéo devenue virale sur la toile, interpellé l’Etat sur leurs moyens de combat assez dérisoires. Cela avait suscité un tollé. Je ne sais pas si l’Etat avait pu rectifier le tir mais toujours est-il que de façon générale, les VDP combattent avec un type d’armes qui leur permet difficilement de prendre l’ascendant sur l’ennemi. On ne savait pas comment le combattant Yoro se débrouillait, mais il arrivait toujours, malgré les moyens de combat dérisoires, à opposer une résistance farouche à ceux qui nous endeuillent au point que d’aucuns lui avaient attribué des pouvoirs mystiques », a-t-il déclaré. A son avis, les chefs des groupes armés vont profiter de la mort de Yoro pour ragaillardir leurs combattants. « Il faut le rappeler, l’attaque a coûté la vie à une quarantaine de personnes, VDP comme civils, selon le communiqué officiel sans autre précision. On ne sait donc pas exactement le nombre de VDP tombés avec leur chef. Cela dit, perdre une figure de la résistance comme Ladji Yoro amène à reconsidérer un certain nombre de choses du point de vue dispositif. Il appartient pour l’heure à la hiérarchie militaire de remonter le moral des VDP qui sont les supplétifs de l’armée », a ajouté le journaliste. D’après ce dernier, il faut revoir la manière de solliciter les VDP afin qu'ils soient plus efficaces. Car laisser des supplétifs civils de l’armée comme les VDP en première ligne des escortes dans ces zones rouges alors qu’ils sont moins armés et moins entraînés que les soldats, ça pose problème. « Certainement que les stratèges de cette guerre, bien qu’elle soit asymétrique, ont une explication à cela. Mais sans pointer du doigt qui que soit, j’estime qu’un des principaux défis, c’est de revoir la manière d’impliquer les VDP, qui ne sont pas aussi aguerris que nos soldats dans cette lutte contre le terrorisme », a-t-il conclu.
En rappel, Ladji Yoro a été enterré au cimetière d’Oufré à Ouahigouya après avoir reçu les hommages du gouvernement et des autorités régionales du Nord. Il a été fait chevalier l'ordre de l'Etalon à titre posthume.
Barthélémy Paul Tindano