« Le pont est cassé », « Marie Rose est là » ou « les Anglais ont débarqué » sont des messages codés utilisés par les jeunes filles pour parler de leurs menstrues. Cela est un indicateur du caractère tabou que revêt la communication autour de l’éducation sexuelle en Afrique et singulièrement au Burkina Faso. Cependant, selon le Centre de recherche et d’intervention en genre et développement (CRIGED), les parents devraient être les acteurs de premier plan dans cette communication pour garantir à leur progéniture une bonne formation physique et intellectuelle.
Il est ressorti d’une enquête réalisée dans la province de l’Oubritenga en 2015 par l’association des femmes africaines face au Sida sur l’éducation en matière de santé de la reproduction que les obstacles au changement de comportement des jeunes en matière de santé de la reproduction sont principalement les pesanteurs sociales telles le poids de la tradition et les religions. Tout comme les communautés de cette localité, à cause des us et coutumes, discuter de sexualité avec les enfants demeure un tabou au Burkina Faso. Pourtant la période d’adolescence de ceux-ci, caractérisée par le sentiment de toute-puissance et d’invulnérabilité, de tentation de prise de risque, doit être encadrée par les parents. A l’âge de la puberté, il s’opère un changement de l’organisme de l’adolescent, l’exposant ainsi à des risques et pressions auxquels il est confronté et laissé à lui-même.
En de pareilles circonstances, sans une vraie prise de conscience, ces enfants risquent de se lancer dans l’activité sexuelle, exercice auquel ils ne sont pas encore habilités. Cette pratique contribue souvent à leur échec sur le plan scolaire et, partant, celui social. A cette phase de maturation, les grossesses non désirées et la maternité précoce sont récurrentes chez les adolescentes. Chez les jeunes filles en particulier, les premières menstrues sont souvent des moments de calvaire si elles ne sont pas sensibilisées à cela. Selon Inoussa Sissao, agent à la direction de l’Education inclusive, « il y a des perceptions sociales qui entourent les menstrues et qui marginalisent la jeune fille. Ce qui l’empêche souvent, si elle est scolarisée, d’être assidue à l’école ». A cette étape de la vie, la gestion du cycle menstruel et surtout de ces implications, à savoir les précautions à prendre pour éviter les grossesses non désirées, devraient leur être enseignées par leurs parents. De même, les garçons devraient être renseignés sur l’évolution du cycle de développement de leur organe génital et les implications y afférentes.
Du fait de la panoplie d’informations et de la pluralité des medias auxquels ils ont accès, il est difficile pour eux de faire un bon tri des informations et de mieux orienter leurs comportements en matière de santé reproductive.
L’Eglise catholique au concile Vatican II, se référant aux enfants, affirmait : « Il faut les initier, au fur et à mesure qu’ils grandissent, à une éducation sexuelle positive et prudente ». Pour la chargée de communication du CRIGED, « cette éducation devrait être assurée par les parents. Ils devraient en être les acteurs de premiers plan en ce sens que le contenu de cette spéciale et la méthodologie pour l’aborder posent problème et nul ne peut les remplacer dans ce minimum de paquet à donner à leurs enfants ». Pour cette dernière, les parents ne devraient pas se contenter non plus de les avertir ou les menacer, mais au contraire avoir une ouverture d’esprit et dialoguer avec leurs enfants pour leur assurer une bonne éducation en matière de santé de la reproduction.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné