Quelques jours après le drame de Yirgou, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) composé de plusieurs organisations syndicales et de la société civile s’est constitué pour lutter contre l’impunité et surtout la stigmatisation des communautés. Ce samedi 12 janvier 2019, une marche-meeting a été organisée à Ouagadougou et à Dori à cet effet.
Dès 8h, la population a pris d’assaut la place de la Nation, dans la capitale burkinabè, pour répondre à l’appel du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC). Membres des organisations syndicales et de la société civile, hommes politiques, représentants des communautés ethniques du Burkina, personne n’a voulu se faire raconter l’évènement. Comme il fallait s’y attendre, la communauté peuhle était la plus représentée. Sur les banderoles, on pouvait lire comme messages : « Devoir de justice pour Yirgou » ; « Droit de vivre pour tous au Faso » ; « Plus jamais ça ! » « Non à la stigmatisation, non au terrorisme ». Pour le Dr Daouda Barry, porte-parole dudit Collectif, « par cette mobilisation, le message que l’on a voulu passer est qu’au Burkina Faso, il n’y a pas de distinction ethnique, les populations sont suffisamment métissées. Nous ne devons pas faire de stigmatisations au point d’en arriver à des conflits ouverts comme l’ont vécu les habitants de Yirgou. Aujourd’hui, toutes les ethnies sont mobilisées pour dire non à cette bavure meurtrière, à ce massacre barbare qui a visé une ethnie. Nous disons non à cela et c’est l’objectif phare de cette marche. En outre, par cette manifestation, nous interpellons le gouvernement pour que justice soit rendue à toutes les victimes du massacre ». A en croire le Dr Barry, l’ampleur de la violence à Yirgou, c’est du jamais vu. Il estime à 70 le nombre de morts et à 6 000 celui de déplacés à cause de ce drame ignoble et martèle que le terrorisme n’a pas d’ethnie. Et de marteler que force doit rester à la loi dans l’Etat de droit où nous vivons.
Pour Seydou Barry, un des marcheurs, « Nous sommes sortis ce matin pour réclamer justice pour les victimes et surtout demander une prise en charge des survivants ». Pour ce dernier, cette situation était prévisible, car explique-t-il, par le passé, il y a toujours eu des affrontements entre communautés de cette localité. Mais cette fois-ci, c’est l’effet du terrorisme qui a le plus exacerbé le conflit.
Maître Ambroise Farama, avocat du Collectif, s’indigne de la terreur qu’ont vécue les habitants de Yirgou et réclame justice pour les victimes dans les meilleurs délais. Outre cela, il dénonce l’absence de promptitude dans l’intervention des Forces de défense et de sécurité, ce qui aurait pourtant permis de limiter les dégâts. Par ailleurs, l'auxiliaire de justice condamne l’attitude de certaines FDS qui infligent des sévices à des personnes simplement parce qu’elles ont des traits peuls. Pour terminer, il a invité la population burkinabè à rester unie et mobilisée pour combattre l’impunité et la stigmatisation des communautés, quelles qu'elles soient.
Pour rendre hommage aux victimes du drame de Yirgou, un collectif d’artistes musicien s’est constitué pour produire un titre qui fustige ce massacre et invite les Burkinabè à la cohésion. Afin de soutenir les survivants de Yirgou, ce collectif d’artistes musiciens organise un concert ce samedi 12 janvier au CENASA. Une quête sera organisée à cette occasion, laquelle servira à soutenir les blessés survivants de ce drame humain.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné