De nos jours, avoir accès à l’information dans l’administration publique au Burkina Faso relève d’un véritable parcours du combattant pour les journalistes, les enquêteurs, etc. Ces derniers, dans la quête des renseignements nécessaires au traitement de certains sujets, butent sur une longue procédure administrative qui, en définitive, accouche généralement d’une souris. Pourtant, une loi a été votée sous la transition et était supposée mettre fin à ce calvaire. Malheureusement, le constat est que sa mise en œuvre tarde à être effective.
Adressez-vous à un agent de la fonction publique pour un entretien ou une interview dans l’optique de cueillir des informations à but académique ou journalistique et il vous demandera aussitôt : « Avez-vous une autorisation de mon supérieur hiérarchique ? » Cette question, qui revient comme une ritournelle, met mal à l’aise certains journalistes et chercheurs, qui ont pourtant besoin des informations sollicitées pour éclairer l’opinion sur des sujets d’intérêt. Or, un texte datant du 27 novembre 2015, à savoir la loi 051 portant droit d’accès à l’information publique et aux documents administratifs, a été voté par les autorités de la transition en vue de lever cet obstacle. Mais force est de reconnaître que cette disposition n’a pas changé grand-chose à la situation. Souvent, pour le contrôle de certaines institutions étatiques, les agents commis à cette tâche se heurtent au refus catégorique de leur interlocuteur de mettre à leur disposition les documents administratifs demandés pour consultation. A titre d’exemple, selon le contrôleur général de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), le Dr Luc Marius Ibriga, il a fallu l’intervention personnelle du président du Faso pour que les enquêteurs de cette institution puissent avoir accès aux documents nécessaires à leurs investigations.
Pour Domoutou Jean Paul Toé, directeur général de l’Observatoire burkinabè des médias (OBM), l’application de cette loi, dont le ministère de la Communication est chargé de la mise en œuvre, se heurte à une difficulté financière. A en croire ce dernier, lors d’un atelier au centre national de presse Norbert Zongo, il avait été recommandé que la mise en œuvre de ce texte soit reversée au Conseil supérieur de la Communication (CSC) comme c’est d’ailleurs le cas dans certains pays comme le Bénin, pour plus d’efficacité.
Dans un souci d’équilibre de l’information, nous avons voulu avoir aussi le son de cloche du ministère de la Communication sur la question mais il ne s’est trouvé aucun interlocuteur pour nous répondre, organisation du 11-Décembre oblige. Mais selon des sources dignes de foi, la mise en place d’une institution pour l’application de cette disposition serait en vue et des répondants aux sollicitations de ce genre pourraient être nommés.
Vivement que cela soit au plus vite une réalité afin de faciliter l’accès aux informations et aux sources documentaires pour le bonheur de tous.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné