La conférence sur la rémunération des agents publics de l’Etat avait recommandé dans ses conclusions, concernant les fonds communs, leur plafonnement à 25% de la masse salariale annuelle des bénéficiaires. En effet, ces bonus qui ont atteint 55 milliards de FCFA en 2017 ont fait exploser la masse salariale au Burkina Faso, la faisant passer à plus de 50% du budget de l’Etat. C’est pourquoi le gouvernement a pris l’engagement, comme recommandé, de procéder à leur limitation d’ici janvier 2019. Vu que cette question des fonds communs a fait couler beaucoup d’encre et de salive, votre journal Radars Info Burkina (RIB) a promené son micro pour recueillir l’avis des acteurs du monde syndical et du citoyen lambda sur cette décision de l’exécutif.
Honoré Ouédraogo, cadre de l’administration publique : « Je partage largement les principes ayant guidé la tenue de la conférence sur la réforme de la rémunération : équité, solidarité, soutenabilité budgétaire. Chaque fonctionnaire, en faisant correctement son travail, contribue à créer les conditions nécessaires à l'accomplissement des missions des autres, dont la collecte des fonds. Chaque fonctionnaire fait donc entrer de l'argent dans les caisses de l'État d'une manière ou d'une autre. Et même si on ne veut pas octroyer un fonds commun à tous les fonctionnaires, on doit faire en sorte que ce facteur de motivation ne dépasse pas le salaire lui-même, qui est la rémunération principale ».
Nongo Grégoire Traoré, secrétaire général du Syndicat national des agents des impôts et des domaines (SNAID) : « Au niveau syndical, c’est par voie de presse que nous avons appris l’information. Nous n’avons aucune information officielle. Le gouvernement a organisé la conférence de remise à plat des salaires des fonctionnaires sans que la plupart des syndicats y participent. En tout cas, aucun syndicat du ministère de l’Economie et des Finances n’y a pris part. Les conclusions de la conférence dont vous faites cas ne nous ont donc pas été notifiées. Nous pensons que pour une décision de ce genre, le gouvernement aurait dû échanger avec les principaux concernés. Nous attendons donc de voir ce qu’il en sera et en temps opportun nous apprécierons, car aucun document officiel ne nous a été transmis jusque-là. Nous ne savons donc pas sur quelle base le fonds commun sera plafonné. La rémunération, c’est un ensemble et l’on ne peut pas s’appesantir seulement sur le fonds commun. Du reste, nous n’avons pas pris part à la conférence sur la rémunération parce que nous estimons que si on aborde cette question, il faut aussi aborder celle des recettes nationales. »
Abdoul Gouem, étudiant : « Vu que c'est dans l'intention d’une meilleure répartition des fruits de la croissance à tous les niveaux de la population et des travailleurs (je suppose), cette décision en elle-même n'est pas si dommageable si réellement le reste des fonds est utilisé convenablement pour actionner le développement du pays.
Mais si les uns doivent en jouir pendant que les autres sont au seuil du nécessaire vital, si les Talismans et les V8 doivent toujours pulluler dans nos villes, je pense qu'il serait mieux de laisser nos frères et sœurs du MINEFID jouir de leur fonds commun au lieu de laisser ces privilèges à seulement quelques personnes qui vont juste se les partager ».
Souleymane Badiel, secrétaire général du SYNTER : « Le fonds commun est une question qui doit être discutée avec les acteurs concernés. Les conséquences des décisions qui se prennent unilatéralement sont parfois désastreuses. Si le fonds commun pose problème, il faut en discuter avec ceux qui en bénéficient pour prendre des mesures appropriées dans l’intérêt des premiers concernés et de la nation en général ».
Salam Kondombo, ingénieur agronome : « Je pense que c'est une bonne mesure d’autant plus que l'État fait face à des difficultés liées au manque de ressources, à la grogne sociale et à l'effort de guerre que commandent les attaques terroristes. Cette mesure contribuera certainement à fléchir le taux que représente la masse salariale sur le budget de l'État. Pour y parvenir, l'État doit être ferme et éviter qu'il y ait d'autres mécanismes parallèles. A mon humble avis, d'autres mesures semblables comme la réduction du train de vie de l'État devraient suivre».
Francine Kanzié, communicatrice : « Je suis contre le principe qu’on remette en cause des acquis obtenus par des travailleurs burkinabè. Indexer le FC sur la masse salariale annuelle n’est pas très intéressant. Chaque corps de métier a ses avantages qu’on doit respecter. On devrait être dans une logique consistant à lutter pour améliorer les conditions du travailleur plutôt que de les faire régresser ».
Armelle Ouédraogo