L’interrogatoire du général de brigade Gilbert Diendéré, le présumé cerveau du coup de force perpétré contre la Transition burkinabè le 16 septembre 2015 et jours suivants, se poursuit au tribunal militaire de Ouagadougou. En ce 5e jour d’interrogatoire, la parole a été donnée aux avocats de l’accusé afin qu’ils puissent réagir aux observations du parquet. Et pour la défense du général de brigade, le parquet a une tendance à défendre la hiérarchie militaire et la Commission de réflexion et d’aide à la décision (CRAD). Elle a aussi remis en cause le travail de l’expert, qui selon elle a expressément occulté les éléments téléphoniques qui déchargeaient son client.
Ce lundi 3 décembre 2018, 5e jour d’interrogatoire du général Gilbert Diendéré, présumé cerveau du coup d’Etat du 16 septembre 2015, la parole a été donnée aux avocats de l’accusé afin qu’ils puissent réagir aux observations du parquet. Et pour la défense du général de brigade, le parquet a une tendance à défendre la hiérarchie militaire et la Commission de réflexion et d’aide à la décision (CRAD). Pour les avocats de l’officier supérieur de l’armée burkinabè, le parquet prend pour parole d’Evangile les affirmations du commandement militaire, alors que ses déclarations sont partiales d’autant plus qu’il a toutes les raisons, selon eux, d’avoir une dent contre leur client, qui dès le début de l’instruction l’a mis en cause. « Sur quelle base le parquet s’est fondé pour donner du crédit aux déclarations de la hiérarchie et considérer que le général dissimule la vérité ? » s’est interrogé Me Matthieu Somé.
Selon Me Yelkouni, ses craintes se sont accrues lorsqu’à une des audiences, le ministère public a eu à dire que la hiérarchie militaire est représentée à ce procès par les juges assesseurs qui composent le tribunal. Mais très vite, le président Seydou Ouédraogo a mis les pendules à l’heure en soulignant que les chefs militaires composant son tribunal sont assermentés et n’ont de casquette que celle de juge à ce procès.
Pour Me Olivier Yelkouni et ses pairs, le parquet a fait une sélection à charge des éléments téléphoniques pour enfoncer leur client, comme si les autres éléments ne faisaient pas partie du dossier. « D’où vient-il qu’on veuille nous opposer les premières déclarations et jeter à la poubelle les autres pièces du dossier. Le procès pénal est fait d’évolutions, et c’est de là que jaillit la vérité », souligne-t-il.
A l’instar des autres avocats de la défense, ceux du général de brigade ont aussi remis en cause le travail de l’expert dans le cadre de la retranscription des appels et messages téléphoniques. En effet, Me Matthieu Somé fait observer que de la retranscription des appels et messages téléphoniques concernant le général Diendéré faite par les experts, ceux du 16 au 21 septembre 2015 ont été expressément occultés, car faisant ressortir l’implication et le soutien de la hiérarchie militaire dans la consommation du coup d’Etat. « Cela nous inquiète et montre qu’on a instruit ce dossier à charge. On a dissimulé tous les éléments qui nous déchargeaient. On a choisi délibérément certaines parties lors de l’enquête et laissé d’autres. L’instruction a été faite seulement à charge Qu’est-ce qu’on veut cacher au peuple ? » s’est-il interrogé. « J’en conclus qu’on veut cacher les conversations échangées du 16 au 21 septembre 2015 dans la logique de la protection de la hiérarchie militaire », a déclaré le général de brigade.
Lors de leurs questions et observations à l’accusé, Alioun Zanré et ses pairs ont conclu que le président du Conseil national de la démocratie (CND) était de collusion avec des forces extérieures pendant les évènements du 16 septembre et jours suivants afin de consommer le coup d’Etat et d’asseoir son pouvoir. Cette thèse de la trahison décrite par le parquet a été rejetée par la défense du général, qui estime que pour l’heure, le ministère public n’a présenté aucune preuve matérielle et probante à cet effet, si ce ne sont des communications interceptées. « Si communiquer avec l’étranger fait penser à une intelligence avec l’étranger, il faut qu’on revoie la qualification des infractions. Le parquet doit nous envoyer tous les éléments constitutifs de cette infraction pour nous permettre de nous prononcer soit dans nos observations, soit dans nos plaidoiries », a déclaré Me Somé.
Comme cela fait partie de ses prérogatives, la défense du général s’est évertuée, lors de cette audience, à démonter les allégations du parquet qui chargeaient son client. En s’appuyant sur des procès-verbaux contenus dans le dossier, les conseils de l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence du Faso ont essayé de convaincre le tribunal que la hiérarchie militaire, durant les évènements du 16 septembre et jours suivants, a soutenu le CND et son président.
L’audience du général se poursuit demain au tribunal militaire avec les questions et observations des avocats de la partie civile.
Candys Solange Pilabré/Yaro