Le Burkina Faso a connu plusieurs catastrophes naturelles ces dernières années liées aux eaux de pluie. On peut citer entre autres les inondations, l’écroulement des maisons, des voies totalement impraticables suite à la montée des eaux. Mais, la plus douloureuse demeure les pertes en vie humaines, que le pays enregistre de plus en plus à cause des eaux de pluie. Les fortes précipitations emportent certains riverains et surtout des enfants curieux, qui n’ont souvent pas peur du danger, et dont le seul péché est d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Il n’est pas rare de voir des badauds aux abords des voies submergées par les eaux de pluie, qui jouent aux secouristes, afin d’aider des usagers à traverser. Cela, moyennant quelques pièces de monnaie et avec tous les risques qu’ils encourent.
A Ouagadougou, lorsque le ciel pleure certains riverains se retrouvent dans le désarroi, car étant coupés du reste de la ville. Cela, parce que leurs principales voies d’accès se retrouvent submergées par les eaux. Rayongo fait partie de ces quartiers où la pluie ne fait aucune concession. L’accès y est difficile après toute pluie du fait de la montée des eaux, rendant ainsi ses voies impraticables.
Si beaucoup se retrouvent dans l’impasse face à cette conséquence de la pluie, des enfants y ont trouvé un moyen de se remplir les poches. En effet, à Rayongo, c’est avec désolation et consternation que nous avons constaté la présence d’un groupe d’enfants au bord d’une voie, qui avec ces dernières pluies s’est transformée en une large retenue d’eau à perte de vue. Profitant de ce spectacle malheureux, ces badauds s’érigent en secouristes pour aider les riverains à traverser « cette marre », moyennant quelques pièces de monnaie. Pendant que certains adultes rebroussent chemin à cause de la hauteur des eaux et du sol assez glissant, ces gamins inconscients bravent le danger à cœur joyeux.
Ces enfants dont l’âge est compris entre 10 et 15 ans déclarent être sur les lieux à chaque fois qu’une pluie survient afin d’aider les riverains à passer. C’est à croire ils y sont avec le concours des parents. Cette action salvatrice fort dangereuse est si anodine pour ces bambins, car elle est devenue pour eux un gagne pain. « À chaque pluie, nous sommes sur ces lieux. On aide les gens à traverser en contrepartie de quelques pièces de monnaie ».
A la question de savoir s’ils n’ont pas peur, ces enfants confient avoir peur, mais ce n’est pas un sentiment qui est de nature à freiner leur détermination. Pour eux ils sont les mieux placés pour aider la gens dans la mesure où ils habitent ce quartier, et connaissent bien la voix. Si pour certains, ce secourisme est né de la volonté de rendre service aux riverains, pour d’autres par contre, ce sont les conditions de vie difficiles dans lesquelles ils sont qui les a poussés à cette activité devenue par la force des choses saisonnière et hautement dangereuse « On n’a pas le choix, On a besoin d’argent », confie un jeune garçon.
Edwige SANOU