samedi 23 novembre 2024

Fonds de soutien à l’effort de guerre : « L’audit des budgets de la Défense et des entreprises d’Etat est préférable au prélèvement d’une taxe » (Adama Bayala)

adamabayalaPour la prise en charge et l’équipement des 50 000 nouveaux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) récemment recrutés, le gouvernement burkinabè a besoin d’environ 104 milliards de F CFA. Au nombre des canaux proposés pour recouvrer ladite somme figure l’instauration d’une taxe sur les produits de grande consommation. Une idée que rejette le Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF), en raison des conséquences drastiques qu’elle pourrait avoir sur les conditions de vie des populations, déjà victimes d’une inflation record dans l’UEMOA. Pour en savoir davantage, une équipe de Radars Info Burkina a échangé avec le président dudit réseau, Adama Bayala. Pour lui, un tel prélèvement pourrait aggraver la situation des Burkinabè.

Le président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) a d’abord salué à leur juste valeur les efforts déployés pour la mobilisation des ressources humaines, matérielles, techniques et financières dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. Cependant, affirme-t-il, certaines voies de recours, comme l’instauration d’une taxe sur les produits de grande consommation, dans un contexte de flambée sans précédent des prix, ne devaient même pas être imaginées. « Les pauvres consommateurs, encore clients, les seuls d’ailleurs qui ont encore un faible pouvoir d’achat, seraient taxés doublement », estime M. Bayala. En effet, argumente-t-il, « le gouvernement prélèverait 1% sur leurs salaires, d’une part et, d’autre part, ils vont saigner encore avec une nouvelle vague inflationniste induite par l’application desdites taxes ». A l’en croire, c’est évident que les nouvelles taxes vont entraîner l’augmentation des prix des boissons, des produits cosmétiques et des parfums, produits qui avaient connu une augmentation de 15 à 30%, suite à la double augmentation des prix des hydrocarbures à la pompe. « A cette occasion, le prix de certaines boissons a augmenté avec une marge de 50 à 100 F CFA, les pommades de 300 à 700 F CFA. L’effet domino de la plausible augmentation desdits produits, c’est l’augmentation des prix des produits de nécessité. Entendez par là le riz, le mil, le maïs, les huiles alimentaires, le sucre, le lait, etc. », a-t-il soutenu.

Le président du RENCOF redoute donc le dépérissement du panier de la ménagère, l’explosion de la famine, l’expansion de la malnutrition et la paralysie de la consommation et, partant, de l’économie à cause d’une amplification de l’inflation, qui a atteint 18% en août 2022 et qui, depuis lors, reste la plus élevée de l’UEMOA. Il faut donc abandonner cette idée pour le bien des populations burkinabè et, partant, pour celui de l’économie, foi d’Adama Bayala du RENCOF.

Le gouvernement devait plutôt voir le cas des pertes de fonds dans les grandes entreprises d’Etat

Pour le financement de ce fonds, le gouvernement burkinabè avait-il meilleur choix que l’imposition d’une taxe ? « Evidemment », répond Adama Bayala. Pour lui, il y a plusieurs autres moyens de recours qui pourraient être explorés et qui, s’ils aboutissaient, seraient plus bénéfiques à la Nation burkinabè. « Nous croyons qu’il y a des poches à explorer et à exploiter », affirme-t-il. Et de renchérir : « Sur la base de suspicions, nous pensons à la déperdition et à la volatilisation d’énormes sous à la SONABHY, la SONABEL, la SOFITEX, l’ONEA et la LONAB. Le dernier scandale à la LONAB parle si fort ! La publication des audits, déjà réalisés, l’infirmeront ou le confirmeront. Nous pensons également à l’audit des budgets de la Défense et de la Sécurité pour s’assurer qu’il n’y a pas de déperditions ». A son avis, ce sont autant de moyens de recours qui pourraient compenser largement le prélèvement d’une taxe. Il ajoute que plusieurs autres moyens de même nature existent et que les exemples sont légion. « Nous pensons aussi à la volatilisation de ressources avec des commerçants et non des moindres qui échappent au fisc, aux exonérations sur les activités minières. Pour un pays minier, voyez combien les populations souffrent ! Nous le répétons : il existe énormément de poches insoupçonnées et les autorités le savent mieux que quiconque !» a-t-il martelé. Adama Bayala pense au contraire que le gouvernement peut mieux faire pour son peuple qui souffre « en baissant les prix des hydrocarbures, car le prix du baril de pétrole a significativement baissé sur le marché international, passant de 113 dollars, au moment de l’augmentation en mai dernier, à environ 75 dollars aujourd’hui ».

Etienne Lankoandé

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