Lorsque vous êtes sur la RN4, sur le tronçon qui mène de l'ancien péage à Nioko 1 jusqu'à Bargo, vous retenez votre souffle, vous redoublez de prière et de vigilance ; un accident qui vous conduira sous terre à jamais est vite arrivé. “C'est une route de la mort”, se plaignent certains riverains, qui confient qu'il ne se passe pas un jour sans qu'un accident se produise sur ladite voie avec un grand nombre de cas graves, voire mortels.
Le lundi 14 novembre 2022 vers 21h30 à Ouagadougou, les corps sans vie de deux jeunes filles gisent sur la RN4 au quartier Sig-noghin, à hauteur de l'alimentation. Les deux malheureuses sont mortes, violemment percutées par un camion ben vers 19h. Pendant qu’elles tentaient de doubler le camion, leur moto (de type scooter) a glissé et elles sont tombées sous le camion qui les a écrasées. C’était des filles d'une même famille. "On a dit que c'était des jumelles", confie Salam, dit Salam Nonbédo, un mécanicien riverain. C'est donc une famillle qui sera inconsolable pendant plusieurs jours, marquée à jamais par cette mort brutale.
Souleymane Arnold, propriétaire d'un kiosque aux abords de la RN4, confie que les accidents sur cette voie sont récurrents. "Chaque jour que Dieu fait, il se produit un accident au moins sur cette voie", clame-t-il. Salam abonde dans le même sens en précisant qu'un autre accident s’est produit la veille de l'accident qui a coûté la vie aux jumelles. C'etait un monsieur qui a ete percuté par une voiture. "Ce dernier, fort heureusement, a été vite conduit à l'hôpital par une ambulance et a ainsi eu la vie sauve", ajoute Salam Nonbédo.
Les accidents, il n'en manque pas sur cette voie, comme l'ont relevé les riverains, qui sont chaque jour temoins de scènes violentes sur cette voie, certaines horribles ; d'autres dramatiques. En effet, Salam se souvient d'une deuxième scène aussi dramatique que le cas des soeurs jumelles. Il s'agit du cas d'un monsieur, de sa femme et de leur enfant, tous morts des suites d’un accident sur la même voie, cette fois-ci non loin de la station total de Nioko 1. "Le monsieur et sa femme ont été victimes de l'accident devant nous", raconte Salam. "Nous étions au kiosque non loin du feu de la station Total quand l'accident s’est produit. Nous n'avons pas su ce qui s'est passé ; on a juste entendu un grand bruit. Quand nous nous sommes approchés, nous avons vu que c'était trois personnes qu'un camion citerne avait écrasées. C'était les membres d'une même famille : un homme, sa femme et leur enfant. C'était horrible", a raconté Salam, qui ajoute que les accidentés étaient à moto.
Il faut une voie à double sens ici
Cette partie de la RN4 (après l'echangeur de l'Est en passant par l'ancien péage à Nioko 1 jusqu'à Gampéla) est un vrai cauchemar pour ceux qui l'empruntent et pour les riverains. Valentin Soré, un usager de la voie, trouve qu'il n'y a pas d'autres moyens pour contourner cette voie, sinon il n'allait plus l'emprunter. "Nous sommes habitués aux accidents de circulation sur cette voie. Parfois, c'est traumatisant pour nous qui sommes sur la voie", se plaint Kader, qui a sa boutique de vente de chaussures juste au bord de la chaussée. Interrogés sur les raisons des accidents à répétition, nos interlocuteurs étaient unanimes : c'est la proportion et l'architecture de la voie qui en sont la cause.
"La voie est étroite. Lorsque deux grosses vehicules se croisent, il n'y a plus le moindre passage, même pas pour un piéton, a fortiori un engin à deux roues. Ce qui fait que les personnes qui sont sur les engins à deux roues sont en danger quand ils sont sur cette voie", explique Souleymane.
Salam Nonbédo reconnaît qu'à Ouagadougou les usagers de la route circulent très mal. Cependant, il refute que ce soit la première et la seule raison des accidents sur ce tronçon. "La voie a été mal construite. Par endroits le goudron a été tellement fin que la construction a laissé des nids-de-poule. Les marges aux abords du goudron qui ont été faites pour les engins à deux roues sont tellement petites et mal faites que les personnes qui l'empruntent peuvent glisser et tomber facilement", regrette Salam. Nos interlocuteurs plaident pour une voie à double sens.
Etienne Lankoandé