Un mécanisme d'assurance agricole est mis à la disposition des agriculteurs burkinabè pour protéger leurs cultures contre les menaces climatiques. Il a été instauré par le gouvernement pour protéger les producteurs. L’assurance agricole, puisque c’est de cela qu’il s’agit, prend en compte les producteurs de maïs et de sorgho dans trois régions choisies pour la phase pilote. Elle est proposée à toute personne ayant une exploitation agricole et ne couvre pour le moment qu’un sinistre : la sécheresse. Radars Info Burkina s’est entretenu avec le patron de la Direction générale de la promotion économique rurale (DGPER), Mohamed Porgo, ce vendredi 19 août 2022 sur les avantages de cette assurance, tant pour les agriculteurs que pour le Burkina et sur le bilan des années déjà écoulées.
« L’assurance agricole est un instrument de gestion de risque agricole permettant aux ménages agricoles de transférer le risque au marché en souscrivant à une police d’assurance pour bénéficier d’une indemnisation en cas de survenance d’un sinistre », telle est la définition donnée par le premier responsable de la Direction générale de la promotion économique rurale (DGPER), le Dr Mohamed Porgo, de ce mécanisme.
Le risque couvert dans le cadre du mécanisme de l’assurance agricole du ministère de l’Agriculture est le risque de sécheresse.
C’est une assurance indicielle en expérimentation dans le cadre d’un projet dénommé Projet de gestion des risques agricoles et alimentaires (PRAA) et qui couvre les régions de la boucle du Mouhoun, du Centre-Ouest et de l’Est pour une phase pilote qui durera 3 ans.
D’après le DG Porgo, le mécanisme est fonctionnel depuis la campagne agricole 2020/2021.
Les spéculations concernées sont le maïs, le sorgho et le riz mais pour le moment, seule la première céréale citée est véritablement prise en compte.
La mise à l’échelle est prévue à partir de 2023 afin de prendre en compte l’ensemble des 13 régions du pays ainsi que d’autres spéculations.
Une période est indiquée pour la souscription. Selon le directeur général, « les producteurs peuvent commencer à souscrire une fois que le début de campagne est déclaré ». En effet, le mécanisme est doté d’un dispositif de déclenchement de début de saison basé sur la recherche des évènements pluvieux à partir 15 mai de chaque année.
Le début de la saison est déclaré dès lors que dans une période de 7 jours, il a été enregistré au moins trois 3 jours de pluie avec un cumul total (quantité cumulée sur les 7 jours) d’au moins 20 mm.
L’assurance agricole présente des avantages non négligeables, à en croire le premier responsable de la DGPER.
En effet, c’est un outil de gestion de risque qui permet de réduire la vulnérabilité du producteur aux chocs climatiques. Ainsi, le producteur souscrit à cette assurance pour un montant de 12 387 F CFA TTC à l’hectare dont 50% est subventionné par l’Etat (environ 6200 F CFA) et peut bénéficier d’indemnisation qui peut aller jusqu’à 130 000 F CFA en fonction de l’ampleur du sinistre subi.
L’avantage qu’elle présente pour l’Etat est qu'au-delà de la gestion des risques climatiques, l’assurance agricole est un instrument de stabilisation des revenus des producteurs et de renforcement de la stratégie de sécurité alimentaire des populations en zone rurale. C’est également un instrument de sécurisation de l’écosystème de financement agricole. De ce fait, cela peut inciter les institutions financières à davantage financer le secteur agricole, a affirmé le DG. C’est par ailleurs une extension du marché de risque au secteur agricole qui était jusque-là un marché manquant dans la finance agricole au Burkina Faso, a-t-il ajouté. Toujours selon Mohamed Porgo, les résultats des deux premières années d’expérimentation sont positifs. Pour corroborer ses dires, il a brandi les statistiques ci-après : « En 2020, les souscripteurs à l'assurance étaient au nombre de 369 avec 492 hectares dont 107 atteints par la sécheresse. En 2021, cet effectif est passé à 801 dont 432 nouveaux souscripteurs, soit un pourcentage de 117, 07% avec une superficie de 1305 hectares dont 194 touchés par le sinistre, ce qui donne un taux de variation de 165,29%. L’indemnisation de l'année 2020 s’élève à 4 761 450 FCFA pour les 107 cas de sinistre et elle est de 11 532 581 FCFA pour les 194 en 2021, soit une variation de 81,30%. »
« Au regard du bilan de ces deux premières années d’expérimentation du mécanisme agricole dans les trois régions pilotes, il y a une satisfaction globale avec les progrès qui ont été enregistrés d’une année à une autre. Les taux de souscription ont doublé entre deux années et pour cette troisième année, le mécanisme s’est étendu, en plus du maïs, au sorgho. Cependant, beaucoup d’efforts restent à faire pour améliorer le taux d’adhésion des producteurs au regard du potentiel disponible », a conclu le DGPER.
Flora Sanou