Pour faire face à la désertification et à la sécheresse, des pratiques agroécologiques ont vu le jour dans les pays du Sahel. Radars Info Burkina a rencontré Zoumana Tou, conseiller technique auprès de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), chargé des questions de l’environnement, du changement climatique et de la communication, pour s’imprégner de l’état de l’adoption de la pratique agroécologique par les producteurs burkinabè.
Selon M. Tou, l’agroécologie se présente aujourd’hui comme une réponse pertinente permettant aux acteurs, notamment aux producteurs, d’améliorer leur résilience au changement climatique et de travailler dans une dynamique de gestion durable des ressources.
« Elle se caractérise par des pratiques telles que la production et l’utilisation de la fumure organique dans les exploitations agricoles, des actions de restauration des sols à travers l’aménagement des sites antiérosifs. Le Zaï et la demi-lune sont des pratiques qui permettent de restaurer le potentiel productif. La pratique agroécologie se matérialise également par l’utilisation des bios fertilisants, notamment l’engrais liquide et des bios pesticides », a fait savoir l’ingénieur en développement rural.
Zoumana Tou a déploré que cette pratique ne soit pas au rendez-vous dans certaines zones au Burkina. «Actuellement l’agroécologie est vraiment dans une situation où beaucoup de choses restent à faire. Certes, des efforts sont faits en la matière par les acteurs à la base ainsi que l’autorité, mais aujourd’hui beaucoup reste à faire. Selon les zones agroécologiques du pays, c’est pratiquement dans les zones Nord et Centre-Nord où cette pratique est adoptée par les producteurs. Par contre vers l’Ouest, pour le moment l’agroécologie n’est pas très développée. Les producteurs pensent qu’ils ont toujours le potentiel productif de la terre. Mais on remarque actuellement la disparition d’un certain nombre d’espèces végétales. Ce constat doit amener les producteurs de cette zone à se rendre compte qu’il faut qu’ils essaient d’adopter la pratique agroécologique. Un des combats et des défis des organisations comme la Chambre nationale d’agriculture est d’informer et de sensibiliser les acteurs à la base à une adoption de cette pratique imposée par les aléas climatiques», a-t-il indiqué.
A l’en croire, l’accompagnement des paysans en la matière se traduit par des actions d’information et de sensibilisation. « Il y a également des actions de renforcement des capacités techniques à travers la dotation en équipements et les formations avec l’appui des partenaires techniques et financiers. En plus, il y a des voyages d’échanges sur des initiatives individuelles de producteurs. Enfin, on identifie les bonnes pratiques agroécologiques pour les documenter afin d’élaborer des fiches techniques qui sont par la suite diffusées en langues nationales auprès des producteurs », a-t-il conclu.
Aly Tinto