Chaque 20 juin, c’est la Journée mondiale dédiée au réfugié (JMR). L’insécurité dans les pays du Sahel a provoqué une crise humanitaire sans précédent. Le Burkina compte, à la date du 07 juin 2020, 921 471 personnes déplacées internes (PDI) et accueille également sur son territoire des réfugiés. A l’occasion de la JRM 2020, Radars Info Burkina a rencontré Shelubale Paul Ali-Pauni, représentant adjoint du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) Burkina, pour savoir quelle est la situation de ces personnes au Burkina.
Selon Shelubale Paul Ali-Pauni, 21 000 réfugiés sont enregistrés sur le sol burkinabè. 98% de ces réfugiés sont des Maliens. Les 2% sont des réfugiés d’autre pays comme le Burundi, la Centrafrique, le Congo, le Tchad et le Togo. « Les 2 % sont des réfugiés urbains. Ils habitent principalement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Quant aux réfugiés maliens, ils se localisent principalement dans le Sahel, précisément à Djibo, à travers le camp de Mentao, et à Dori à travers le camp de Goudebou. Le reste de ces réfugiés habitent avec la population locale dans les villages en dehors du camp », a-t-il ajouté.
La gestion de ces réfugiés consiste principalement pour le HCR à aller apporter la protection internationale auprès du gouvernement burkinabè. « En effet, c’est le gouvernement burkinabè qui est le premier à donner asile aux réfugiés. Le HCR vient en appui au gouvernement pour une assistance aux réfugiés. Cette assistance est multisectorielle. On leur donne presque tout, surtout lorsqu’ils arrivent nouvellement. S’ils sont dans un camp de réfugiés on s’assure qu’il y a de l’eau, qu’ils ont des abris, des latrines, qu’il y a l’école, qu’ils ont un centre de santé. Mais avec le temps, on les pousse à l’autonomisation, à savoir qu’ils puissent se prendre en charge et également qu’ils commencent à s’intégrer dans la vie du pays hôte et vivent comme tout citoyen de ce pays », a expliqué le représentant adjoint du HCR/Burkina.
La prise en charge de ces réfugiés au Sahel dans un contexte d’insécurité grandissante n’est pas sans difficultés. «Cette situation nous a limité l’accès à ces réfugiés. Depuis janvier, le HCR ne met plus pied à Djibo comme la plupart des populations du Burkina qui ont quitté la ville à cause de l’insécurité. Donc cette situation est vraiment une grande préoccupation. Mais avec le gouvernement à travers les Forces de défense et de sécurité (FDS), nous sommes en train de travailler pour que d’ici là nous puissions être en mesure d’arriver à Mentao et à Djibo pour pouvoir continuer à apporter notre assistance et notre protection aux réfugiés », a confié Ali-Pauni.
«Certes, nous déplorons l’insécurité, mais nous déplorons à plusieurs titres puisqu’à un moment elle a porté une sorte de stigmatisation sur nos réfugiés. Il y a eu des rumeurs sur eux. Parfois ils étaient accusés à tort. Heureusement au-dessus de toute cette situation, le gouvernement, par les FDS, a toujours fait en sorte que les réfugiés continuent à bénéficier de sa protection », a-t-il poursuivi.
Courant 2019, des réfugiés urbains ont occupé la devanture du HCR à Ouagadougou. « Ce sont des réfugiés qui essayaient de revendiquer des choses dont ils ne bénéficiaient pas. Ils voulaient tous se faire réinstaller. Ils veulent aller dans un pays autre que le Burkina. La réinstallation a des règles. Ce sont des réfugiés qui sont là depuis 20, voire plus de 25 ans. Normalement ils ne sont plus éligibles à une réinstallation. Malgré cela, ils ne voulaient rien entendre. Ils sont venus rester devant notre bureau, disant qu’ils ne partiraient que le jour où ils seraient réinstallés. Etant donné que nous avons épuisé toutes les solutions pour eux, nous avons saisi le gouvernement qui est en train d’étudier comment il pourra régler cette question », a expliqué le représentant adjoint du HCR/Burkina.
« A l’occasion de la JMR 2020, mon message est que le réfugié est une personne comme toute autre. Je voudrais également remercier le gouvernement burkinabè d’avoir ouvert ses frontières à ces réfugiés et de leur apporter assistance. C’est important. Le HCR vient en appui au gouvernement pour la protection internationale. Aux réfugiés nous demandons de s’intégrer dans le pays d’accueil. Nous avons ce qu’on appelle le pacte mondial des réfugiés, qui veut que tout réfugié soit inclus dans le programme national », a-t-il conclu.
Aly Tinto