Avoir une petite amie malléable à souhait, c’est le désir de beaucoup d’hommes. Ce désir semble aujourd’hui être une réalité avec les poupées sexuelles encore appelées « poupées chinoises », grandeur nature, réalistes et flexibles. Ces mannequins chinoises défraient actuellement la chronique sur les réseaux sociaux.
Une poupée sexuelle est un jouet sexuel, imitant le corps humain et permettant de réaliser des relations sexuelles. Elle est conçue avec des parties intimes semblables à celles d’une vraie femme. Créées par la société japonaise Orient Industry, ces poupées en silicone surnommées « dutch wives » (épouses hollandaises) au Japon, sont tellement réalistes que leurs medias sont convaincus que si l’on s’en en procure, on n’aura plus jamais besoin d’une petite amie. Cela, car la silicone utilisée lors de la fabrication de ces mannequins sexuelles permet une sensation du toucher de la peau naturelle. Décrites comme « un sextoy de dernière génération » (reproductions très réalistes de vos partenaires favorites), il est possible de les articuler à sa guise. Ce qui fait que les hommes peuvent avec elles, réaliser tous leurs fantasmes.
Des rumeurs affirment qu’elles auraient débarqué dans de nombreuses capitales africaines comme Ouagadougou, Douala, Abuja, Dakar et Abidjan. Quoi de plus normal pour troubler la quiétude des femmes africaines. Au grand marché de Ouagadougou, elles s’arracheraient comme de petits pains. Pourtant, il n’est pas donné à tout le monde de s’en en procurer, car il couterait au minimum un million de francs CFA. Une somme exorbitante par rapport au salaire moyen d’un Burkinabè qui est de quarante (40) mille franc CFA. Mais, aucun de la vingtaine de commerçants que nous avons rencontré ne l’a déjà vu en vente dans le marché. Au contraire, beaucoup s’indignent de cette nouvelle trouvaille qui, selon eux, est en porte-à-faux avec la morale humaine.
Sur cette question, les femmes ne font pas de cadeaux à la gente masculine. « Nous sommes irremplaçables. C’est la nouveauté qui vous excite tant. Vous allez manipuler la chose pendant un bout de temps. Quand vous allez vous lasser, c’est sur nous encore vous allez venir », s’exclame BN, qui a voulu garder l’anonymat. Egalement, sur la page facebook de secrets de séduction, les filles ne mâchent pas leurs mots. « Il faut être endiablé pour l'inventer, être un insensé pour l'encourager et un malade seulement pour l'acheter. Il faut aussi être un pervers pour l'utiliser et seulement être un humain pour ne pas l'accepter. Surtout, il faut être juste comme moi pour la dénoncer. Mon cœur saigne pour ce mal contre l'être humain », peut-on y lire. « Même la poupée qui vous rend heureux n'est pas conçue pour les gars fauchés ! Mais, vous pensez que c'est un meilleur remplacement pour vos copines ? Quelle folie ! », renchérit Myriam Charles, actrice nigériane.
A l’image de ces femmes, beaucoup d’hommes sont aussi contre ces bombes sexuelles. « A l'hôpital, pourrais-tu m'emmener et me porter si je ne peux pas marcher? Mais non! Je suis désolé pour toi, poupée! Tu ne peux remplacer celle que Dieu a créée. On ne vit pas seulement pour éjaculer et l’amour ne peut et ne doit se résumer qu’au sexe », s’indigne un internaute. Abdoulaye ZERBO, lui, préfère prendre financièrement en charge une fille que d’acheter une poupée, car pour lui, rien ne peut remplacer la présence humaine. Achille ALIRA va plus loin, « Avoir des relations sexuelles avec une poupée, c’est comme le faire avec un mort ».
En même temps, certains adeptes de la miss en silicone croient qu’avec l’avènement des poupées sexuelles, ils pourront désormais s’épanouir pleinement dans leur sexualité. « Avec elles, on peut satisfaire sa libido à tout moment de la journée sans avoir à supporter certaines caprices. En plus, elles n’ont pas de menstrues et ne peuvent pas transmettre des infections sexuellement transmissibles (IST) », déclare Monsieur AN qui a voulu garder l’anonymat. D’autres apprécient ces gadgets, car ils ne seront plus amenés à dépenser continuellement sur une femme. « C’est bien hein ! Le taux de racket va baisser considérablement, les chambres de passe seront obligées de fermer. Les filles qui font le malin et se prennent pour mamiwata vont se calmer un peu car elles ne sont plus indispensables », se réjouit Patrick OUEDRAOGO. Même son de cloche pour Michel NANA. « Avec les poupées sexuelles, finies les revendications de sachets noires, de robes de fin d’année, et d’argent tous azimuts », note t-il.
Si en ce moment, elles inondent les pages des réseaux sociaux avec des images d’elles mettant en avant leurs plus beaux atouts, l’on est amené à se demander ce qui a motivé leur création. En Chine par exemple, il y a un important déséquilibre hommes-femmes. Les Chinois sont trente-trois virgule six (33,6) millions plus nombreux que les chinoises. Actuellement en Chine, il naît toujours cent quatorze (114) garçons pour cent (100) filles. Cette pénurie de femmes serait un des facteurs qui alimente la demande de ces demoiselles en silicone. En Afrique, notamment au Burkina Faso, la population est très féminine. Les femmes représentent environ 52 % de la population pour 48% d'hommes (selon les résultats de l’Enquête Multisectorielle continue du premier trimestre de 2014). Ainsi, « Seules la curiosité, l’envie de satisfaire certains types de libidos qui ne sont pas admises par la morale et l’assouvissement de l’appétit sexuel sans pour autant avoir à subir et à supporter des caprices, qui peuvent amener les Africains à consommer un tel produit », explique Dr Raphaël TOU, psychologue.
Dr Raphaël TOU, psychologue
Si chacun vit sa sexualité comme il l’entend, il faut tout de même noter que l’utilisation d’un tel gadget n’est pas sans conséquences. Selon Dr TOU, ces miss sexuelles pourraient provoquer des divorces et causer de nouvelles formes de dépression chez les partenaires délaissés. Aussi, elles annihileraient les relations humaines et conduiraient de facto à une perte d’identité et de repères. D’ailleurs, le magazine Afrik mag du mardi 30 janvier 2018, a noté qu’au Botswana, Mohule, un concessionnaire d’automobiles à Gaborone, a divorcé de sa femme, après des ébats sexuels avec une poupée qu’il aurait achetée à deux mille six cents (2600) dollars aux Etats-Unis, soit plus d’un million et demi de francs CFA. Ce qui a amené les autorités botswanaises à interdire l’entrée de ces poupées sur leurs territoires.
Erica, 23 ans, robot présentatrice JT
La technologie évolue et les concepteurs des poupées ne cessent de l’améliorer quotidiennement afin qu’elles puissent véritablement se substituer à la femme. Le domaine de la communication n’est pas épargné par l’usage des poupées dans la vie quotidienne. Pour preuve, à partir du mois d’avril 2018, le robot Erica, créé par le Japonais Hiroshi ISHIGURO, devrait présenter un journal télévisé.
Candys Solange PILABRE/ YARO