Le mercredi 22 janvier 2020, l’Assemblée nationale a adopté la loi portant fixation du quota et des modalités de positionnement des candidates et candidats aux élections législatives et municipales au Burkina Faso. Elle a pour objet de promouvoir une plus grande participation de toutes les franges de la population, c’est-à-dire aussi bien les hommes, les jeunes, les femmes que les personnes du troisième âge, aux postes électifs. Selon l’esprit de la loi, le taux de participation aux instances élues sera accru, permettant de ce fait la manifestation de la volonté réelle du peuple aux sphères de décision. Elle a été adoptée par 120 voix pour et une seule voix contre.
Pour les consultations électorales à venir, tout parti politique devra se conformer à la loi quota genre portant positionnement des candidates et candidats sur les listes des différents scrutins à un taux de 30%. En matière de sanctions, le ministre de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, a indiqué que "tout parti politique qui respecte les nouvelles dispositions bénéficiera d’un surplus de 20% du montant alloué par l’Etat pour la campagne électorale" Selon Kadidia Zongo, la seule députée ayant voté contre, les partis politiques vont présenter des têtes de liste de femmes dans les localités où ils sont sûrs qu’ils ne vont pas avoir d’élu. Par contre là où ils sont sûrs qu’ils vont avoir des élus, ils vont mettre des hommes en tête de liste, quitte à prendre une femme comme suppléante. Pour elle, au finish, ils vont présenter le visage d’un parti politique qui a respecté la loi pour bénéficier d’un financement de 20%. Elle estime qu’il n’y a pas de sanction qui peut contraindre les partis politiques au respect de cette loi.
Embouchant la même trompette que Kadidia Zongo, Nestorine Sangaré estime que cette loi n’est pas du tout contraignante pour les leaders des partis politiques. Les hommes en premier lieu ne sont pas prêts à l’appliquer. Pour elle, « le point sur lequel nous ne sommes pas satisfaites, c’est que la loi ne punit pas ceux qui ne l’appliquent pas. La loi récompense ceux qui l’appliquent. Elle n’est pas contraignante du tout, et compte tenu du fait que les leaders politiques hommes ne veulent pas appliquer la loi cela les arrange ». Qu’à cela ne tienne, l’opposition politique s’est réjouie, lors de son point de presse hebdomadaire ce mardi 28 janvier, du vote de cette loi.
De l’avis du juriste Nelson Bandaogo, « si les femmes ne sont pas capables de se battre pour s'imposer, alors cette loi ne saurait résoudre le problème ».
Au-delà de cette mêlée, l’on pourrait se poser cette question : les femmes elles-mêmes sont-elles prêtes à s’engager en grand nombre dans les formations politiques pour que cette loi sur le quota genre soit respectée ? Et si tel est le cas, auront-elles assez de leadership pour affronter les candidats des autres partis en compétition ? Du reste, la formation politique des hommes et surtout des femmes reste un défi à relever.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné