Le cinéma est une véritable plateforme de la culture d’un pays. Il faut noter que de plus en plus, outre l’aspect culturel, le cinéma tend à devenir une industrie, comme c’est déjà le cas dans certains pays. Au Burkina, l’industrialisation de ce secteur pourrait bien être un moyen d’émergence économique.
« Il faut qu’on comprenne que le cinéma, c’est un business et que ce n’est pas un travail d’amateurs car il génère de l’économie », a déclaré le célèbre acteur international Issaka Sawadogo. Chose que certains ne semblent pas encore avoir comprise. Selon cet acteur, si nos pays, nos gouvernements, nos hommes d’affaires veulent émerger, si le pays veut avancer, il faut qu’ensemble nous prenions conscience que le cinéma africain doit occuper une place importante dans le développement.
Mouna Ndiaye, actrice, présentatrice et réalisatrice, abonde dans le même sens. « Je pense qu’on n’a pas encore compris ici que le cinéma est une industrie qui rapporte. Il faut que nos Etats comprennent cela. Voyez le cinéma de Nollywood ! Même si tout le monde n’est pas d’accord avec eux, ils sont autonomes. Ils produisent et consomment leurs propres films. Avec cet argent, ils font d’autres films et les choses vont en s’améliorant en matière de qualité de leurs productions », explique Mouna Ndiaye.
Le cinéma est une vitrine culturelle et un puissant moyen d’assimilation. Les grandes puissances telles les Etats-Unis d'Amérique ont pu s'imposer au monde à travers le cinéma, avec la mise en place d'entreprises cinématographiques comme Hollywood, dont les productions sont vues sur tous les continents. Les pays émergents comme l'Inde et la Chine ont aussi démontré que le cinéma pouvait contribuer de manière significative à l'économie d'un pays.
Toutefois, il faut noter que cela ne découle pas uniquement de la volonté des acteurs du domaine, l’engagement des politiques étant aussi primordial, puisqu'il s'agit de donner une certaine orientation, d’accompagner et aussi de booster un secteur donné et de lui permettre d'exister véritablement. « Les gens consomment les films ici au Burkina. Vous allez vous demander pourquoi ils ne consomment pas de films africains. L’une des raisons est qu’il n’y a pas assez de productions dans ce sens. Donc ils vont aller consommer le cinéma d’ailleurs. Si on a plus de productions, s’il y a un budget qui nous permet de réaliser des films, le public va les regarder et on pourra ainsi créer notre propre industrie du cinéma », argumente Mouna Ndiaye.
Rappelons aussi que le cinéma constitue un grand pourvoyeur d’emplois. En effet, « si l’Etat fait un apport d’un milliard pour un projet, il y aura des techniciens, des acteurs burkinabè qui vont être rémunérés, le matériel payé va servir à faire émerger la technologie du cinéma au Burkina Faso », affirme Issaka Sawadogo.
En somme, l’industrialisation du cinéma pourrait être une alternative au développement du 7e art burkinabè et même un moteur du développement économique du Burkina dans la mesure où le cinéma occupe une place de choix dans le développement d’un pays.
Edwige Sanou
